YOURI DJORKAEFF. A L'APPROCHE DU CHAMPIONNAT D'EUROPE DE FOOTBALL,
La Croix
Vendredi 8 Juin 2012
France
d'anciens internationaux racontent leurs glorieux souvenirs et
commentent le temps present. Aujourd'hui, un des champions du monde
de 1998 : " De la joie, du panache, de l'envie "; Euro 2012. Memoires
du football (5/5)
par FOURNEL Jean-Francois
Jeudi dernier a Decines, une banlieue au sud de Lyon où est installee
la famille Djorkaeff depuis des decennies. Le rendez-vous etait
a 16 h 30. Detail rarissime dans le milieu du football souvent
peu soucieux des règles de courtoisie, Youri Djorkaeff est pile a
l'heure. Il descend tout juste du TGV qu'il a pris de Roissy après un
vol transatlantique depuis New York où il vit depuis 2004, d'abord
comme joueur au Metro Stars, le club où il a termine sa carrière,
puis comme retraite des terrains, goûtant la liberte d'une vie normale
avec sa femme et ses trois enfants. " C'est la-bas que j'ai pris le
metro pour la première fois, raconte-t-il avec un sourire. Ici en
France c'etait impossible de vivre comme tout le monde, aux Etats-Unis
personne ne reconnaît les footballeurs dans la rue. "
Après des annees de gloire pas toujours simples a porter en France, le
Snake (le " Serpent ") son surnom en anglais s'est glisse facilement
dans la peau d'un Americain. " Je tiens a rester un Francais a New
York, precise-t-il. Je ne demanderai jamais mon passeport americain,
ni ma carte verte. Je suis Francais et fier de l'etre. Ce pays a tout
donne a mes grands-parents quand ils ont quitte l'Armenie après le
genocide, a mes yeux c'est le plus beau du monde. Tenez, je viens de
passer près de trois heures le nez a la fenetre du train a admirer
le paysage. "
Comme chaque mois, il est venu remplir ses fonctions de president
de l'UGA Decines (Union generale armenienne), un club local où ses
frères occupent egalement les premiers rôles a la suite du père, Jean
Djorkaeff, ancien international dans les annees 1960 qui a egalement
fait les beaux jours de l'Olympique lyonnais. " Ce mois-ci, je suis
venu superviser le recrutement des joueurs pour l'annee prochaine,
rencontrer des sponsors et soutenir les benevoles qui en bavent avec
les gamins. Avant c'etait simple, ils leur apprenaient le football,
point final, maintenant il faut pratiquement les eduquer. "
Cette fois, Youri Djorkaeff est moins presse qu'a l'habitude. Il a
pris le temps de parrainer une vente aux enchères au profit de la
Fondation du football, qui reverse une petite partie des benefices
des clubs professionnels au profit d'equipes amateurs ayant un projet
social. Ces trois dernières annees, il profitait de ses voyages
mensuels pour remplir ses obligations de consultant tele pour les
grands matchs sur Orange Sport. Mais la chaîne vient de fermer et
l'ancien milieu se retrouve au chômage, meme s'il refuse ce mot. "
On n'a pas le droit de l'employer quand on a eu la chance que j'ai
connue dans ma carrière. Disons qu'une page se tourne et que d'autres
vont s'ecrire. "
Les changements de cap ne font pas peur a ce globe-trotteur qui a
change huit fois de club et cinq fois de pays au cours d'une carrière
professionnelle qui a eu son apogee au Paris Saint-Germain en 1996,
avant de connaître la fortune que l'on sait avec les Bleus en finale de
la Coupe du monde 1998. Un fait d'armes qui le met en position legitime
pour donner son avis sur ses lointains successeurs qui entament lundi
leur Euro contre l'Angleterre. " Cette equipe comporte de bons joueurs,
c'est certain. Vont-ils etre assez forts tous ensemble ? C'est la
question que je me pose comme tout le monde.
J'ajouterai une dimension qui me semble manquer a ce groupe : de la
joie, du panache, de l'envie. On a le sentiment que, a l'image du
football d'aujourd'hui, ils calculent tout. Moi je leur souhaite de
s'amuser sur le terrain. La victoire viendra (ou pas) en plus. "
La Croix
Vendredi 8 Juin 2012
France
d'anciens internationaux racontent leurs glorieux souvenirs et
commentent le temps present. Aujourd'hui, un des champions du monde
de 1998 : " De la joie, du panache, de l'envie "; Euro 2012. Memoires
du football (5/5)
par FOURNEL Jean-Francois
Jeudi dernier a Decines, une banlieue au sud de Lyon où est installee
la famille Djorkaeff depuis des decennies. Le rendez-vous etait
a 16 h 30. Detail rarissime dans le milieu du football souvent
peu soucieux des règles de courtoisie, Youri Djorkaeff est pile a
l'heure. Il descend tout juste du TGV qu'il a pris de Roissy après un
vol transatlantique depuis New York où il vit depuis 2004, d'abord
comme joueur au Metro Stars, le club où il a termine sa carrière,
puis comme retraite des terrains, goûtant la liberte d'une vie normale
avec sa femme et ses trois enfants. " C'est la-bas que j'ai pris le
metro pour la première fois, raconte-t-il avec un sourire. Ici en
France c'etait impossible de vivre comme tout le monde, aux Etats-Unis
personne ne reconnaît les footballeurs dans la rue. "
Après des annees de gloire pas toujours simples a porter en France, le
Snake (le " Serpent ") son surnom en anglais s'est glisse facilement
dans la peau d'un Americain. " Je tiens a rester un Francais a New
York, precise-t-il. Je ne demanderai jamais mon passeport americain,
ni ma carte verte. Je suis Francais et fier de l'etre. Ce pays a tout
donne a mes grands-parents quand ils ont quitte l'Armenie après le
genocide, a mes yeux c'est le plus beau du monde. Tenez, je viens de
passer près de trois heures le nez a la fenetre du train a admirer
le paysage. "
Comme chaque mois, il est venu remplir ses fonctions de president
de l'UGA Decines (Union generale armenienne), un club local où ses
frères occupent egalement les premiers rôles a la suite du père, Jean
Djorkaeff, ancien international dans les annees 1960 qui a egalement
fait les beaux jours de l'Olympique lyonnais. " Ce mois-ci, je suis
venu superviser le recrutement des joueurs pour l'annee prochaine,
rencontrer des sponsors et soutenir les benevoles qui en bavent avec
les gamins. Avant c'etait simple, ils leur apprenaient le football,
point final, maintenant il faut pratiquement les eduquer. "
Cette fois, Youri Djorkaeff est moins presse qu'a l'habitude. Il a
pris le temps de parrainer une vente aux enchères au profit de la
Fondation du football, qui reverse une petite partie des benefices
des clubs professionnels au profit d'equipes amateurs ayant un projet
social. Ces trois dernières annees, il profitait de ses voyages
mensuels pour remplir ses obligations de consultant tele pour les
grands matchs sur Orange Sport. Mais la chaîne vient de fermer et
l'ancien milieu se retrouve au chômage, meme s'il refuse ce mot. "
On n'a pas le droit de l'employer quand on a eu la chance que j'ai
connue dans ma carrière. Disons qu'une page se tourne et que d'autres
vont s'ecrire. "
Les changements de cap ne font pas peur a ce globe-trotteur qui a
change huit fois de club et cinq fois de pays au cours d'une carrière
professionnelle qui a eu son apogee au Paris Saint-Germain en 1996,
avant de connaître la fortune que l'on sait avec les Bleus en finale de
la Coupe du monde 1998. Un fait d'armes qui le met en position legitime
pour donner son avis sur ses lointains successeurs qui entament lundi
leur Euro contre l'Angleterre. " Cette equipe comporte de bons joueurs,
c'est certain. Vont-ils etre assez forts tous ensemble ? C'est la
question que je me pose comme tout le monde.
J'ajouterai une dimension qui me semble manquer a ce groupe : de la
joie, du panache, de l'envie. On a le sentiment que, a l'image du
football d'aujourd'hui, ils calculent tout. Moi je leur souhaite de
s'amuser sur le terrain. La victoire viendra (ou pas) en plus. "