L'UNION SACREE, PAR RENE DZAGOYAN
Ara
armenews.com
jeudi 1er mars 2012
Le Conseil Constitutionnel a rendu son verdict. Le mardi 28 fevrier
2012, la loi votee par le Parlement a ete declaree contraire a la
Constitution. La voie est ouverte en France au negationnisme turc.
Soyons-en certain : le gouvernement d'Ankara en profitera, mais
contrairement au passe, il en profitera avec subtilite, se cachant,
comme il a commence a le faire, derrière des journalistes bon teint,
des historiens naïfs et des parlementaires a la solde, le tout pilote
par des societes de communication grassement payees par les industriels
de l'Institut du Bosphore, dont les messages seront largement relayes
par les associations turques en region.
L'offensive d'Ankara ne se limitera pas a la negation du Genocide.
Elle s'etendra a l'Armenie et au Karabagh. On en a deja senti
les effets avec les manifestations sur Khodjalou, en France, aux
Etats-Unis, a Istanbul ou a Bakou. La encore, ca n'est qu'un debut.
Pour retourner l'opinion contre nous, la Turquie et l'Azerbaïdjan
mettront tout l'argent necessaire et tous leurs reseaux en branle, avec
un seul objectif : faire passer les bourreaux pour des victimes et par
la meme, faire passer la Diaspora pour les complices de ces bourreaux.
Le but final de l'operation est double : pour Ankara, eliminer
l'obstacle que constitue la reconnaissance du Genocide a l'entree
de la Turquie dans l'Europe ; pour Bakou, affaiblir l'Armenie et
le Karabagh dans les negociations de Minsk, voire justifier par
avance une aventure militaire. Bakou et Ankara ont fait alliance
et pour eux l'Armenie et la Diaspora sont les deux ailes d'un meme
front. Ce mardi 28 fevrier, avec l'appui du Conseil Constitutionnel,
ils ont emporte une place, mais ils n'ont pas gagne la guerre. Dès
aujourd'hui s'ouvre un nouveau champ de bataille.
Les forces en presence sont inegales, certes, mais elles l'ont
toujours ete. Au Karabagh, la guerre a ete gagnee par une poignee
d'hommes sur une armee cinq fois plus nombreuse. Aujourd'hui,
les forces armeniennes, inferieures en nombre, tiennent encore en
echec les divisions azeries surequipees. On gagne les guerres avec
des hommes, pas avec des machines. De meme en France, en 2001, la
machine de guerre turque, financee par Ankara et soutenue par le monde
du commerce, n'a pas pu empecher la loi sur la reconnaissance. De
meme en 2006, les efforts conjugues de la diplomatie ankariote et
de la sphère des affaires n'a pas pu arreter la loi sur la negation
a l'Assemblee Nationale, non plus qu'en decembre 2011 et en janvier
2012, quand, soumis aux tirs croises des dignitaires turcs et azeris,
des politiciens de l'Institut du Bosphore et de la presse alimentee
par des boîtes de communication, les Parlementaires francais ont
massivement vote la loi Boyer. Par son immense succès, loin devant les
evenements au rabais de l'Annee de la Turquie, l'annee de l'Armenie a
montre que le socle des elus amis des Armeniens comme notre ancrage
dans la vie culturelle et sociale des regions est solide et le sera
sans doute encore plus après le camouflet que vient d'infliger a la
France les Turcs et le Conseil Constitutionnel reunis. Autre avantage,
la position des deux candidats aux presidentielles, Nicolas Sarkozy
et Francois Hollande, qui, de toute evidence, sauront rendre la gifle
qu'ils viennent de recevoir. Restent les journalistes qui, esperons-le,
evalueront assez vite ce que valent ces Etats turc et azeri par le seul
denombrement de leurs collègues emprisonnes au-dela du Bosphore. Et
s'ils ne le font pas, nous les y aiderons. Au lendemain de sa prise
de pouvoir, Talaat disait a l'ambassadeur Morgenthau qu'il suffisait
de quinze hommes determines pour changer l'histoire d'un pays. Nous
sommes plus que quinze.
Les avantages en notre faveur sont nombreux, mais le dispositif
turco-azeri comporte un element strategique absent de notre
organisation : l'etroite relation entre leur Diaspora turcophone et
les autorites de Bakou-Ankara. Soyons clair sur ce point : a l'heure
où les Armeniens du dedans comme du dehors sont percues comme les
deux faces d'un meme adversaire, les relations entre le gouvernement
d'Erevan et la Diaspora francaise ne marchent pas. En lieu et place
de moyens a la hauteur des enjeux, on distribue diplômes, medailles
et colifichets. En lieu et place d'une strategie commune, on attise
les divisions et les clivages. En lieu et place d'une politique
d'encouragement aux forces vives et libres de leur parole, et parfois
et justement indignees par des derives inadmissibles, on conforte la
courtisanerie et la docilite. En retour, pour s'etre concentree a la
fois sur le seul thème du Genocide, les organisations francaises en
ont oublie d'autres fondamentaux, parmi lesquels la permanente defense
du Karabagh, comme l'ont helas demontre l'offensive sans reponse de
l'Azerbaïdjan sur Khodjalou et l'absence de communication mediatique
sur les pogroms de Soumgaït. A avoir chacun sa politique dans son coin,
on finit par n'en avoir aucune.
Devant l'indeniable percee turco-azerie en France qui est, selon
leurs propres termes " la forteresse des Armeniens ", l'heure n'est
plus aux magouillages a la petite semaine ou a la reproduction a
l'identique du " Spiurk Comite " de jadis. Face a un adversaire
commun, l'heure est a une strategie commune, une strategie où les
autorites d'Erevan comprendraient enfin que la Diaspora francaise,
plus que l'Armenie elle-meme, est un obstacle a l'avancee turque en
Europe, où elles comprendraient que consolider la Diaspora revient
a consolider ses forces sur le terrain et autour des tables de
negociations, où elles comprendraient que defendre en France
l'existence et l'honneur du Karabagh dans les medias, le monde
politique et l'opinion publique revient a lui redonner sa place et
son honneur sur la scène internationale. La puissance mise en ~\uvre
par la Turquie et l'Azerbaïdjan en France et en Europe est telle que
ni l'Armenie ne peut s'y opposer sans la Diaspora, ni la Diaspora
l'affronter sans l'Armenie. L'heure est a l'Union Sacree.
Ara
armenews.com
jeudi 1er mars 2012
Le Conseil Constitutionnel a rendu son verdict. Le mardi 28 fevrier
2012, la loi votee par le Parlement a ete declaree contraire a la
Constitution. La voie est ouverte en France au negationnisme turc.
Soyons-en certain : le gouvernement d'Ankara en profitera, mais
contrairement au passe, il en profitera avec subtilite, se cachant,
comme il a commence a le faire, derrière des journalistes bon teint,
des historiens naïfs et des parlementaires a la solde, le tout pilote
par des societes de communication grassement payees par les industriels
de l'Institut du Bosphore, dont les messages seront largement relayes
par les associations turques en region.
L'offensive d'Ankara ne se limitera pas a la negation du Genocide.
Elle s'etendra a l'Armenie et au Karabagh. On en a deja senti
les effets avec les manifestations sur Khodjalou, en France, aux
Etats-Unis, a Istanbul ou a Bakou. La encore, ca n'est qu'un debut.
Pour retourner l'opinion contre nous, la Turquie et l'Azerbaïdjan
mettront tout l'argent necessaire et tous leurs reseaux en branle, avec
un seul objectif : faire passer les bourreaux pour des victimes et par
la meme, faire passer la Diaspora pour les complices de ces bourreaux.
Le but final de l'operation est double : pour Ankara, eliminer
l'obstacle que constitue la reconnaissance du Genocide a l'entree
de la Turquie dans l'Europe ; pour Bakou, affaiblir l'Armenie et
le Karabagh dans les negociations de Minsk, voire justifier par
avance une aventure militaire. Bakou et Ankara ont fait alliance
et pour eux l'Armenie et la Diaspora sont les deux ailes d'un meme
front. Ce mardi 28 fevrier, avec l'appui du Conseil Constitutionnel,
ils ont emporte une place, mais ils n'ont pas gagne la guerre. Dès
aujourd'hui s'ouvre un nouveau champ de bataille.
Les forces en presence sont inegales, certes, mais elles l'ont
toujours ete. Au Karabagh, la guerre a ete gagnee par une poignee
d'hommes sur une armee cinq fois plus nombreuse. Aujourd'hui,
les forces armeniennes, inferieures en nombre, tiennent encore en
echec les divisions azeries surequipees. On gagne les guerres avec
des hommes, pas avec des machines. De meme en France, en 2001, la
machine de guerre turque, financee par Ankara et soutenue par le monde
du commerce, n'a pas pu empecher la loi sur la reconnaissance. De
meme en 2006, les efforts conjugues de la diplomatie ankariote et
de la sphère des affaires n'a pas pu arreter la loi sur la negation
a l'Assemblee Nationale, non plus qu'en decembre 2011 et en janvier
2012, quand, soumis aux tirs croises des dignitaires turcs et azeris,
des politiciens de l'Institut du Bosphore et de la presse alimentee
par des boîtes de communication, les Parlementaires francais ont
massivement vote la loi Boyer. Par son immense succès, loin devant les
evenements au rabais de l'Annee de la Turquie, l'annee de l'Armenie a
montre que le socle des elus amis des Armeniens comme notre ancrage
dans la vie culturelle et sociale des regions est solide et le sera
sans doute encore plus après le camouflet que vient d'infliger a la
France les Turcs et le Conseil Constitutionnel reunis. Autre avantage,
la position des deux candidats aux presidentielles, Nicolas Sarkozy
et Francois Hollande, qui, de toute evidence, sauront rendre la gifle
qu'ils viennent de recevoir. Restent les journalistes qui, esperons-le,
evalueront assez vite ce que valent ces Etats turc et azeri par le seul
denombrement de leurs collègues emprisonnes au-dela du Bosphore. Et
s'ils ne le font pas, nous les y aiderons. Au lendemain de sa prise
de pouvoir, Talaat disait a l'ambassadeur Morgenthau qu'il suffisait
de quinze hommes determines pour changer l'histoire d'un pays. Nous
sommes plus que quinze.
Les avantages en notre faveur sont nombreux, mais le dispositif
turco-azeri comporte un element strategique absent de notre
organisation : l'etroite relation entre leur Diaspora turcophone et
les autorites de Bakou-Ankara. Soyons clair sur ce point : a l'heure
où les Armeniens du dedans comme du dehors sont percues comme les
deux faces d'un meme adversaire, les relations entre le gouvernement
d'Erevan et la Diaspora francaise ne marchent pas. En lieu et place
de moyens a la hauteur des enjeux, on distribue diplômes, medailles
et colifichets. En lieu et place d'une strategie commune, on attise
les divisions et les clivages. En lieu et place d'une politique
d'encouragement aux forces vives et libres de leur parole, et parfois
et justement indignees par des derives inadmissibles, on conforte la
courtisanerie et la docilite. En retour, pour s'etre concentree a la
fois sur le seul thème du Genocide, les organisations francaises en
ont oublie d'autres fondamentaux, parmi lesquels la permanente defense
du Karabagh, comme l'ont helas demontre l'offensive sans reponse de
l'Azerbaïdjan sur Khodjalou et l'absence de communication mediatique
sur les pogroms de Soumgaït. A avoir chacun sa politique dans son coin,
on finit par n'en avoir aucune.
Devant l'indeniable percee turco-azerie en France qui est, selon
leurs propres termes " la forteresse des Armeniens ", l'heure n'est
plus aux magouillages a la petite semaine ou a la reproduction a
l'identique du " Spiurk Comite " de jadis. Face a un adversaire
commun, l'heure est a une strategie commune, une strategie où les
autorites d'Erevan comprendraient enfin que la Diaspora francaise,
plus que l'Armenie elle-meme, est un obstacle a l'avancee turque en
Europe, où elles comprendraient que consolider la Diaspora revient
a consolider ses forces sur le terrain et autour des tables de
negociations, où elles comprendraient que defendre en France
l'existence et l'honneur du Karabagh dans les medias, le monde
politique et l'opinion publique revient a lui redonner sa place et
son honneur sur la scène internationale. La puissance mise en ~\uvre
par la Turquie et l'Azerbaïdjan en France et en Europe est telle que
ni l'Armenie ne peut s'y opposer sans la Diaspora, ni la Diaspora
l'affronter sans l'Armenie. L'heure est a l'Union Sacree.