OPINION
Le grand turc et la République
Un article du professeur Gérard Boissière, parût sur le site de
l'association arméno-bretonne Menez Ararat :
Il faisait beau, j'étais à la campagne, au soleil, quand les
informations ont annoncé la décision des « sages ». Je m'y attendais,
mais le coup à été brutal ! Ce fût, malgré tout, un coup de tonnerre
dans un ciel serein.
De quels sages s'agit-il ? Les signataires sont : Jean-Louis DEBRÉ,
Président, Jacques BARROT, Claire BAZY MALAURIE, Guy CANIVET, Michel
CHARASSE, Renaud DENOIX de SAINT MARC, Valéry GISCARD d'ESTAING et
Pierre STEINMETZ Les qualifier de « sages » est, je crois, au vu du
résultat, en oublier la définition. Le Dictionnaire de l'Académie de
1778, défini le sage comme : « Prudent, circonspect, judicieux, avisé.
Il signifie aussi modéré, retenu, qui est maitre de ses passions,
réglé dans ses m`urs, dans sa conduite ».
Chacun se souvient comment le Président Debré avait interrompu la
séance de l'Assemblée Nationale quand le sujet avait été abordé pour
la première fois (18 mai 2006). C'était tout simplement un coup de
force. On pouvait a priori avoir des doutes sur l'objectivité d'une
telle instance, c'est d'ailleurs ce qu'avait souligné le Canard
Enchaîné. La confiance, excessive, manifestée au Conseil
Constitutionnel par le CCAF n'était pas de mise. Il faut relire leur
communiqué au vu du résultat ! Il a réagit contre la démarche de Me
Kalfayan jugée virulente (A. Toranian), il l'a condamnée. Le résultat
est là désormais...
Quand on regarde les commentaires de la Décision n° 2012-647 DC du 28
février 2012 (voir le site du CC). L'essentiel de l'argumentaire est
basé sur la liberté d'expression en se référant à la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen. Finalement ce qui apparaît le plus
clair c'est que, comme chacun sait, « Qui veux noyer son chien
l'accuse de la rage ».
Il faut se souvenir du déchainement formidable des « amis des
Arméniens », du moins se définissant comme tels dans la presse, que ce
soit J. Daniel, C. Imbert, B. Guetta et tant d'autres... Ils
compatissent mais ... ils sont tout simplement complices des
négationnistes. Il faut tout de même savoir que B. Guetta, par
exemple, est membre de l'Institut du Bosphore dont les buts sont
clairement affichés. Cette structure est partisane, c'est sa fonction.
Il ne saurait donc, en aucun cas, être objectif sur le sujet du
génocide des Arméniens. Trop d'intérêts financiers sont en jeu. Par
ailleurs il se dit, en sourdine, car c'est difficile à prouver, que
certains journalistes touchent de l'argent en provenance de Turquie
quand les articles sont satisfaisants au regard turc. L'emploi
systématique du terme « loi mémorielle » était tout à fait inadapté,
mais voulu, pour faire capoter le projet. Même Amnesty International a
participé à la désinformation. Reporter sans Frontières aussi, je leur
avais écrit, sans succès, et sans réponse, évidemment. Eux possèdent
la vérité, on ne discute pas leurs opinions !
Que retenir ?
Premièrement : Une ignorance, sinon totale, au moins très large de
l'histoire de cette période du côté des hommes politiques. Ce qui ne
les empêche pas d'avoir d'autant plus de certitudes, bien au
contraire. Ce fût le premier crime contre l'humanité du 20ème siècle,
désormais le nier est légal au nom de la liberté d'expression. Les
responsables du génocide furent jugés, et condamnés, au Tribunal de
Constantinople en juillet 1919. Et il y eu d'autres procès.
Deuxièmement : Une confiance absolue dans « Liberté pour l'Histoire »
qui n'est qu'un lobby corporatiste n'ayant jamais travaillé sur le
problème. Ils ne connaissent même pas la bibliographie élémentaire sur
le sujet. Ignorance et médiocrité intellectuelle, là encore. De plus
ils confondent systématiquement les faits et les interprétations.
Autant que je sache, l'école française d'histoire ne fait pas
l'admiration des historiens du monde entier. Ils feraient mieux de se
préoccuper du fait que certaines parties des programmes ne sont pas
enseignées, par peur de réactions communautaristes.
Troisièmement : Badinter, c'est à lui seul une institution qui ne
répond pas au courrier quand ça ne l'arrange pas. Qui se déifie quand
il parle de justice, mais l'oublie opportunément, sur le génocide des
Arméniens.
Quatrièmement : La presse qui a été hostile. Même les commentaires les
plus anodins rappelaient la loi sur le génocide des Arméniens, alors
que le mot « Arménien » n'y figure pas. Faute volontaire ou pas ? Il y
a eu dans Marianne un dessin « humoristique » qui aurait fait l'objet
d'une attaque en justice s'il s'était agit de juifs. Même les guignols
(Canal+), ont participé de façon immonde.
Cinquièmement : La Shoah est UNIQUE. Par définition, rien d'autre ne
peut y être comparé. C'était clairement le sens de l'intervention de
G. Gorce (PS) qui ne m'a pas répondu non plus. C'est aussi l'avis d'E.
Benbassa chez les Verts (guidée par un membre de l'Institut du
Bosphore : G. Carcassonne). Pourtant ils étaient pour la pénalisation,
jadis...
Bref une vie juive n'est pas équivalente à une vie arménienne si je
comprends bien. La mémoire de la première doit être défendue, pas
celle de la seconde...
Je n'ai pas envie de continuer, la barque est assez chargée, mais, ce
que je vois, c'est qu'il c'est développé clairement de
l'ANTIARMENISME. Et c'est très grave, d'autant qu'il est devenu, pour
certains, dogmatique, donc non accessible à l'argumentation.
Maintenant la question suivante est : avons-nous (tous autant que nous
sommes en France), fait ce qu'il fallait ? Cette question DOIT être
posée. Je ne vais pas y répondre. Chacun sait ce qu'il a fait, et ce
qu'il n'a pas fait. Il convient de s'interroger et conclure
honnêtement. Quand je constate que le Dr O. B., dont je vous avais
envoyé un texte, est intervenu auprès de TOUS les sénateurs bretons je
suppose que ça laisse des traces...
Finalement, la politique française se fait bien à Ankara, Erdogan fait
de nous « quelques milliers de voix du devchirmé ». C'est dire le
mépris où nous sommes tenus. La porte au négationnisme est ouverte, et
probablement, aussi, à l'antisémitisme...
Le combat continue. Comment ? En combattant l'ignorance, en faisant
savoir ce qui s'est passé, ce qui se passe, en Turquie. En s'informant
soi-même pour ensuite être en mesure de mieux informer. L'avenir reste
devant nous, nous allons voir si le déchainement récent de haine
d'Istanbul va se propager vers l'ouest. Allons-nous, nous aussi,
adopter le désormais célèbre « modèle turc » ?
La voie est ouverte.
G. BOSSIERE 02/03/2012
http://menezararat.fr/WordPress/ ?p=186
samedi 3 mars 2012,
Ara ©armenews.com
Le grand turc et la République
Un article du professeur Gérard Boissière, parût sur le site de
l'association arméno-bretonne Menez Ararat :
Il faisait beau, j'étais à la campagne, au soleil, quand les
informations ont annoncé la décision des « sages ». Je m'y attendais,
mais le coup à été brutal ! Ce fût, malgré tout, un coup de tonnerre
dans un ciel serein.
De quels sages s'agit-il ? Les signataires sont : Jean-Louis DEBRÉ,
Président, Jacques BARROT, Claire BAZY MALAURIE, Guy CANIVET, Michel
CHARASSE, Renaud DENOIX de SAINT MARC, Valéry GISCARD d'ESTAING et
Pierre STEINMETZ Les qualifier de « sages » est, je crois, au vu du
résultat, en oublier la définition. Le Dictionnaire de l'Académie de
1778, défini le sage comme : « Prudent, circonspect, judicieux, avisé.
Il signifie aussi modéré, retenu, qui est maitre de ses passions,
réglé dans ses m`urs, dans sa conduite ».
Chacun se souvient comment le Président Debré avait interrompu la
séance de l'Assemblée Nationale quand le sujet avait été abordé pour
la première fois (18 mai 2006). C'était tout simplement un coup de
force. On pouvait a priori avoir des doutes sur l'objectivité d'une
telle instance, c'est d'ailleurs ce qu'avait souligné le Canard
Enchaîné. La confiance, excessive, manifestée au Conseil
Constitutionnel par le CCAF n'était pas de mise. Il faut relire leur
communiqué au vu du résultat ! Il a réagit contre la démarche de Me
Kalfayan jugée virulente (A. Toranian), il l'a condamnée. Le résultat
est là désormais...
Quand on regarde les commentaires de la Décision n° 2012-647 DC du 28
février 2012 (voir le site du CC). L'essentiel de l'argumentaire est
basé sur la liberté d'expression en se référant à la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen. Finalement ce qui apparaît le plus
clair c'est que, comme chacun sait, « Qui veux noyer son chien
l'accuse de la rage ».
Il faut se souvenir du déchainement formidable des « amis des
Arméniens », du moins se définissant comme tels dans la presse, que ce
soit J. Daniel, C. Imbert, B. Guetta et tant d'autres... Ils
compatissent mais ... ils sont tout simplement complices des
négationnistes. Il faut tout de même savoir que B. Guetta, par
exemple, est membre de l'Institut du Bosphore dont les buts sont
clairement affichés. Cette structure est partisane, c'est sa fonction.
Il ne saurait donc, en aucun cas, être objectif sur le sujet du
génocide des Arméniens. Trop d'intérêts financiers sont en jeu. Par
ailleurs il se dit, en sourdine, car c'est difficile à prouver, que
certains journalistes touchent de l'argent en provenance de Turquie
quand les articles sont satisfaisants au regard turc. L'emploi
systématique du terme « loi mémorielle » était tout à fait inadapté,
mais voulu, pour faire capoter le projet. Même Amnesty International a
participé à la désinformation. Reporter sans Frontières aussi, je leur
avais écrit, sans succès, et sans réponse, évidemment. Eux possèdent
la vérité, on ne discute pas leurs opinions !
Que retenir ?
Premièrement : Une ignorance, sinon totale, au moins très large de
l'histoire de cette période du côté des hommes politiques. Ce qui ne
les empêche pas d'avoir d'autant plus de certitudes, bien au
contraire. Ce fût le premier crime contre l'humanité du 20ème siècle,
désormais le nier est légal au nom de la liberté d'expression. Les
responsables du génocide furent jugés, et condamnés, au Tribunal de
Constantinople en juillet 1919. Et il y eu d'autres procès.
Deuxièmement : Une confiance absolue dans « Liberté pour l'Histoire »
qui n'est qu'un lobby corporatiste n'ayant jamais travaillé sur le
problème. Ils ne connaissent même pas la bibliographie élémentaire sur
le sujet. Ignorance et médiocrité intellectuelle, là encore. De plus
ils confondent systématiquement les faits et les interprétations.
Autant que je sache, l'école française d'histoire ne fait pas
l'admiration des historiens du monde entier. Ils feraient mieux de se
préoccuper du fait que certaines parties des programmes ne sont pas
enseignées, par peur de réactions communautaristes.
Troisièmement : Badinter, c'est à lui seul une institution qui ne
répond pas au courrier quand ça ne l'arrange pas. Qui se déifie quand
il parle de justice, mais l'oublie opportunément, sur le génocide des
Arméniens.
Quatrièmement : La presse qui a été hostile. Même les commentaires les
plus anodins rappelaient la loi sur le génocide des Arméniens, alors
que le mot « Arménien » n'y figure pas. Faute volontaire ou pas ? Il y
a eu dans Marianne un dessin « humoristique » qui aurait fait l'objet
d'une attaque en justice s'il s'était agit de juifs. Même les guignols
(Canal+), ont participé de façon immonde.
Cinquièmement : La Shoah est UNIQUE. Par définition, rien d'autre ne
peut y être comparé. C'était clairement le sens de l'intervention de
G. Gorce (PS) qui ne m'a pas répondu non plus. C'est aussi l'avis d'E.
Benbassa chez les Verts (guidée par un membre de l'Institut du
Bosphore : G. Carcassonne). Pourtant ils étaient pour la pénalisation,
jadis...
Bref une vie juive n'est pas équivalente à une vie arménienne si je
comprends bien. La mémoire de la première doit être défendue, pas
celle de la seconde...
Je n'ai pas envie de continuer, la barque est assez chargée, mais, ce
que je vois, c'est qu'il c'est développé clairement de
l'ANTIARMENISME. Et c'est très grave, d'autant qu'il est devenu, pour
certains, dogmatique, donc non accessible à l'argumentation.
Maintenant la question suivante est : avons-nous (tous autant que nous
sommes en France), fait ce qu'il fallait ? Cette question DOIT être
posée. Je ne vais pas y répondre. Chacun sait ce qu'il a fait, et ce
qu'il n'a pas fait. Il convient de s'interroger et conclure
honnêtement. Quand je constate que le Dr O. B., dont je vous avais
envoyé un texte, est intervenu auprès de TOUS les sénateurs bretons je
suppose que ça laisse des traces...
Finalement, la politique française se fait bien à Ankara, Erdogan fait
de nous « quelques milliers de voix du devchirmé ». C'est dire le
mépris où nous sommes tenus. La porte au négationnisme est ouverte, et
probablement, aussi, à l'antisémitisme...
Le combat continue. Comment ? En combattant l'ignorance, en faisant
savoir ce qui s'est passé, ce qui se passe, en Turquie. En s'informant
soi-même pour ensuite être en mesure de mieux informer. L'avenir reste
devant nous, nous allons voir si le déchainement récent de haine
d'Istanbul va se propager vers l'ouest. Allons-nous, nous aussi,
adopter le désormais célèbre « modèle turc » ?
La voie est ouverte.
G. BOSSIERE 02/03/2012
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samedi 3 mars 2012,
Ara ©armenews.com