Le Huffington Post
2 Mars 2012
Talaat Pacha, le Hitler turc, acquiert ses lettres de noblesse en France
par Séta Papazian.Présidente du collectif de Vigilance arménienne
contre le négationnisme
Après le rejet par le Conseil constitutionnel de la loi Boyer
pénalisant la négation de tous les génocides reconnus par la loi, le
collectif Van (Vigilance arménienne contre le négationnisme) exprime
sa consternation et son indignation de voir le négationnisme protégé
en France au nom "de la liberté d'expression et de communication".
Loin d'apparaître comme une réponse purement juridique, l'invalidation
décrétée par le Conseil constitutionnel est lourde de considérations
essentiellement économico-politiques. La Realpolitik qui a guidé les
débats délétères des trois derniers mois et la décision rendue ce 28
février 2012 donnent de facto ses lettres de noblesse à un
négationnisme outrancier et haineux qui sévit sur les territoires de
la république française, symbolisé par les banderoles du comité Talaat
Pacha (le Hitler turc), brandies -sans que quiconque ne s'en offusque-
durant trois manifestations parisiennes réunissant jusqu'à 30.000
personnes.
Au-delà des membres du Conseil constitutionnel, les parlementaires qui
ont déposé la saisine visant à faire annuler le vote démocratique de
leurs collègues députés et sénateurs sont désormais responsables
devant l'Histoire des dévoiements dangereux qu'ils ont choisi
d'autoriser en toute conscience.
Ce faisant, ils ont également abandonné à leur sort les courageux
intellectuels de Turquie, tel l'éditeur Ragip Zarakolu, emprisonné en
Turquie dans l'indifférence générale, nominé pour le prix Nobel de la
Paix, ou l'historien turc Taner Akçam, régulièrement menacé de mort.
Ces personnalités turques ont, malgré les risques encourus, pris fait
et cause pour une loi pénalisant la négation du génocide arménien, à
l'instar de celle punissant la contestation de la Shoah: défenseurs
des droits humains, ils savent que ce négationnisme n'est que la
continuation du génocide arménien de 1915 et qu'il encourage tous les
passages à l'acte et toutes les falsifications. Selon la presse
azérie, la grande Assemblée nationale de la Turquie (TBMM) a examiné
ce 28 février une résolution accusant les Arméniens de "génocide".
Cela démontre, s'il en était encore besoin, l'honnêteté intellectuelle
de ceux qui, en Turquie, arguent que "ce n'est pas au Parlement de
faire l'histoire".
Afin d'imposer son historiographie de la négation, la Turquie use et
abuse de pressions économiques, diplomatiques, universitaires,
juridiques et politiques, ou utilise un système de récompenses
honorifiques (voire plus): des pratiques inquiétantes pour
l'indépendance de la France et la liberté d'expression. Ankara aligne
des moyens médiatiques, financiers et logistiques contre lesquels il
est impossible de lutter avec des moyens purement académiques. La
décision du Conseil constitutionnel porte donc un message exécrable
adressé à l'ensemble de la communauté nationale et internationale: le
crime paye. Et malheureusement, l'argent du crime finance sa négation.
Le Collectif VAN continuera avec ses partenaires des organisations
juives, tutsi, darfouries, kurdes, turques,
assyro-chaldéennes-syriaques, grecques, chypriotes, à sensibiliser les
citoyens et les médias sur les génocides et leur négation.
Il est inadmissible, près d'un siècle après 1915, d'entendre des
slogans tels que "vous êtes tous des Arméniens, vous êtes tous des
btards", ou des menaces comme "nos grands-parents vous ont massacrés,
nous allons continuer le travail", et de lire des devoirs de
collégiens français où il est affirmé: "le génocide arménien n'a pas
existé, mais s'il avait existé, ils [les Arméniens] l'auraient bien
mérité".
Près de 100 ans après avoir programmé et mis en `uvre l'extermination
du peuple arménien vivant dans l'Empire ottoman, Talaat Pacha a acquis
ses lettres de noblesse en France.
http://www.huffingtonpost.fr/seta-papazian/genocide-armenien-hitler_b_1313061.html?ref=france
2 Mars 2012
Talaat Pacha, le Hitler turc, acquiert ses lettres de noblesse en France
par Séta Papazian.Présidente du collectif de Vigilance arménienne
contre le négationnisme
Après le rejet par le Conseil constitutionnel de la loi Boyer
pénalisant la négation de tous les génocides reconnus par la loi, le
collectif Van (Vigilance arménienne contre le négationnisme) exprime
sa consternation et son indignation de voir le négationnisme protégé
en France au nom "de la liberté d'expression et de communication".
Loin d'apparaître comme une réponse purement juridique, l'invalidation
décrétée par le Conseil constitutionnel est lourde de considérations
essentiellement économico-politiques. La Realpolitik qui a guidé les
débats délétères des trois derniers mois et la décision rendue ce 28
février 2012 donnent de facto ses lettres de noblesse à un
négationnisme outrancier et haineux qui sévit sur les territoires de
la république française, symbolisé par les banderoles du comité Talaat
Pacha (le Hitler turc), brandies -sans que quiconque ne s'en offusque-
durant trois manifestations parisiennes réunissant jusqu'à 30.000
personnes.
Au-delà des membres du Conseil constitutionnel, les parlementaires qui
ont déposé la saisine visant à faire annuler le vote démocratique de
leurs collègues députés et sénateurs sont désormais responsables
devant l'Histoire des dévoiements dangereux qu'ils ont choisi
d'autoriser en toute conscience.
Ce faisant, ils ont également abandonné à leur sort les courageux
intellectuels de Turquie, tel l'éditeur Ragip Zarakolu, emprisonné en
Turquie dans l'indifférence générale, nominé pour le prix Nobel de la
Paix, ou l'historien turc Taner Akçam, régulièrement menacé de mort.
Ces personnalités turques ont, malgré les risques encourus, pris fait
et cause pour une loi pénalisant la négation du génocide arménien, à
l'instar de celle punissant la contestation de la Shoah: défenseurs
des droits humains, ils savent que ce négationnisme n'est que la
continuation du génocide arménien de 1915 et qu'il encourage tous les
passages à l'acte et toutes les falsifications. Selon la presse
azérie, la grande Assemblée nationale de la Turquie (TBMM) a examiné
ce 28 février une résolution accusant les Arméniens de "génocide".
Cela démontre, s'il en était encore besoin, l'honnêteté intellectuelle
de ceux qui, en Turquie, arguent que "ce n'est pas au Parlement de
faire l'histoire".
Afin d'imposer son historiographie de la négation, la Turquie use et
abuse de pressions économiques, diplomatiques, universitaires,
juridiques et politiques, ou utilise un système de récompenses
honorifiques (voire plus): des pratiques inquiétantes pour
l'indépendance de la France et la liberté d'expression. Ankara aligne
des moyens médiatiques, financiers et logistiques contre lesquels il
est impossible de lutter avec des moyens purement académiques. La
décision du Conseil constitutionnel porte donc un message exécrable
adressé à l'ensemble de la communauté nationale et internationale: le
crime paye. Et malheureusement, l'argent du crime finance sa négation.
Le Collectif VAN continuera avec ses partenaires des organisations
juives, tutsi, darfouries, kurdes, turques,
assyro-chaldéennes-syriaques, grecques, chypriotes, à sensibiliser les
citoyens et les médias sur les génocides et leur négation.
Il est inadmissible, près d'un siècle après 1915, d'entendre des
slogans tels que "vous êtes tous des Arméniens, vous êtes tous des
btards", ou des menaces comme "nos grands-parents vous ont massacrés,
nous allons continuer le travail", et de lire des devoirs de
collégiens français où il est affirmé: "le génocide arménien n'a pas
existé, mais s'il avait existé, ils [les Arméniens] l'auraient bien
mérité".
Près de 100 ans après avoir programmé et mis en `uvre l'extermination
du peuple arménien vivant dans l'Empire ottoman, Talaat Pacha a acquis
ses lettres de noblesse en France.
http://www.huffingtonpost.fr/seta-papazian/genocide-armenien-hitler_b_1313061.html?ref=france