Le Monde, France
28 fevr 2012
Génocide arménien : Hollande s'engage à reprendre le dossier s'il est élu
LEMONDE.FR avec AFP | 28.02.12 |
Les réactions sont contrastées dans la classe politique mardi 28
février à la suite de la décision du Conseil constitutionnel de
censurer la loi pénalisant la contestation du génocide arménien,
jugeant qu'elle était contraire à la liberté d'expression. Ce texte
est à l'origine d'une brouille entre la France et la Turquie.
La loi, définitivement adoptée par le Parlement le 23 janvier, était
soutenue par Nicolas Sarkozy. Ce denier a d'ailleurs chargé le
gouvernement de préparer un nouveau texte de loi réprimant la
contestation des génocides, dont le génocide arménien, a annoncé
l'Elysée moins d'une heure après l'annonce de la décision des Sages.
"IL Y AURA À REPRENDRE CE DOSSIER"
Le candidat socialiste, François Hollande, a annoncé qu'il reprendra,
s'il est élu, la question du génocide arménien "dans l'apaisement et
dans la conciliation". "La date de proposition de loi n'était pas
forcément la meilleure en fin de législature. Donc de toutes manières,
il y aura à reprendre ce dossier - j'en prends l'engagement - dans
l'apaisement, dans la conciliation et en même temps, dans la volonté
d'aboutir", a assuré M. Hollande.
"Mais je veux dire ici toute ma solidarité aux Arméniens de France
parce que je sais ce qu'ils attendaient. Je veux dire aussi aux Turcs
de France qui s'étaient mobilisés, qu'ils avaient finalement tort
d'imaginer que c'était contre eux", a fait valoir le candidat
socialiste.
"OBSTINATION" DE SARKOZY
Le candidat du MoDem à la présidentielle, François Bayrou, a estimé
mardi que la relance par M. Sarkozy de la procédure sur la loi
punissant la constestation du génocide arménien traduisait "une
obstination".
"La relance de cette procédure par Nicolas Sarkozy traduit aujourd'hui
une obstination dont on comprend bien l'inspiration en période
électorale mais qu'un chef d'Etat dans sa responsabilité ne devrait
pas encourager", a déclaré le député et président du MoDem.
"UNE DISCRIMINATION INTOLÉRABLE"
La loi avait été portée à l'Assemblée nationale par Valérie Boyer,
députée UMP de Marseille, où vit une forte communauté arménienne. Pour
cette dernière, la décision du Conseil constitutionnel "est une
tristesse" car elle crée "une inégalité de traitement, une
discrimination parce que la France a reconnu deux génocides : la Shoah
et le génocide de 1915", a-t-elle déclaré sur BFM TV.
Constatant que "les victimes de la Shoah sont protégées des actes de
négationnisme, alors que les victimes et les descendants de victimes
de 1915 ne le sont pas", elle juge "cette discrimination intolérable".
"PROTÉGER LA LIBERTÉ D'EXPRESSION"
De leur côté, les députés UMP Michel Diefenbacher et Jacques Myard se
sont réjouis de la décision des Sages. Ils font partie du groupe de
députés, en grande majorité UMP, qui avaient formé un recours contre
la loi réprimant la négation du génocide arménien. MM. Diefenbacher et
Myard affirment que "la vérité historique" ne pouvait être établie "en
aucun cas par la loi".
Les deux parlementaires ont rappelé devant la presse que leur démarche
de saisir le Conseil constitutionnel, "soutenue par plus de 70 députés
de tous bords, a été engagée en conscience, hors de toute
préoccupation partisane, dans le seul but de protéger la liberté
d'expression et la recherche historique".
Signataire du recours, le député UMP Lionel Tardy, s'est dit "même pas
surpris", sur Twitter, par la décision du Conseil. "Cette loi était
une erreur", a estimé de son côté le député UMP, Yves Jégo, sur le
réseau social.
"UNE VICTOIRE DU DROIT"
De son côté, le groupe RDSE (à majorité des radicaux de gauche) du
Sénat, à l'origine du recours de sénateurs contre la loi réprimant la
négation du génocide arménien, a estimé, mardi, que sa censure par le
Conseil constitutionnel était "une victoire du droit".
"L'invalidation de ce texte est d'abord une victoire du droit en même
temps qu'une victoire politique pour le groupe du RDSE qui se réjouit
de cette décision et salue l'analyse du Conseil constitutionnel,
déclare le groupe dans un communiqué. La nation des droits de l'homme
issue du siècle des Lumières ne saurait se reconnaître dans de
déplorables gesticulations législatives."
C'est le président du RDSE, Jacques Mézard, qui avait été l'initiateur
du recours de plus de 60 sénateurs appartenant à l'ensemble des
courants politiques du Sénat.
UNE LOI CONTESTÉE TOUS AZIMUTS
De son côté, la Turquie accueille "avec satisfaction" la censure de
cette loi qui était à l'origine d'une crise diplomatique entre Paris
et Ankara, a réagi, mardi, l'ambassade turque à Paris.
La proposition de loi UMP avait été contestée tous azimuts,
indépendamment des appartenances partisanes, et jusqu'au sein même du
gouvernement par les ministres Alain Juppé (affaires étrangères) et
Bruno Le Maire (agriculture).
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/28/genocide-armenien-des-deputes-ump-saluent-la-decision-du-conseil-constitutionnel_1649524_1471069.html
28 fevr 2012
Génocide arménien : Hollande s'engage à reprendre le dossier s'il est élu
LEMONDE.FR avec AFP | 28.02.12 |
Les réactions sont contrastées dans la classe politique mardi 28
février à la suite de la décision du Conseil constitutionnel de
censurer la loi pénalisant la contestation du génocide arménien,
jugeant qu'elle était contraire à la liberté d'expression. Ce texte
est à l'origine d'une brouille entre la France et la Turquie.
La loi, définitivement adoptée par le Parlement le 23 janvier, était
soutenue par Nicolas Sarkozy. Ce denier a d'ailleurs chargé le
gouvernement de préparer un nouveau texte de loi réprimant la
contestation des génocides, dont le génocide arménien, a annoncé
l'Elysée moins d'une heure après l'annonce de la décision des Sages.
"IL Y AURA À REPRENDRE CE DOSSIER"
Le candidat socialiste, François Hollande, a annoncé qu'il reprendra,
s'il est élu, la question du génocide arménien "dans l'apaisement et
dans la conciliation". "La date de proposition de loi n'était pas
forcément la meilleure en fin de législature. Donc de toutes manières,
il y aura à reprendre ce dossier - j'en prends l'engagement - dans
l'apaisement, dans la conciliation et en même temps, dans la volonté
d'aboutir", a assuré M. Hollande.
"Mais je veux dire ici toute ma solidarité aux Arméniens de France
parce que je sais ce qu'ils attendaient. Je veux dire aussi aux Turcs
de France qui s'étaient mobilisés, qu'ils avaient finalement tort
d'imaginer que c'était contre eux", a fait valoir le candidat
socialiste.
"OBSTINATION" DE SARKOZY
Le candidat du MoDem à la présidentielle, François Bayrou, a estimé
mardi que la relance par M. Sarkozy de la procédure sur la loi
punissant la constestation du génocide arménien traduisait "une
obstination".
"La relance de cette procédure par Nicolas Sarkozy traduit aujourd'hui
une obstination dont on comprend bien l'inspiration en période
électorale mais qu'un chef d'Etat dans sa responsabilité ne devrait
pas encourager", a déclaré le député et président du MoDem.
"UNE DISCRIMINATION INTOLÉRABLE"
La loi avait été portée à l'Assemblée nationale par Valérie Boyer,
députée UMP de Marseille, où vit une forte communauté arménienne. Pour
cette dernière, la décision du Conseil constitutionnel "est une
tristesse" car elle crée "une inégalité de traitement, une
discrimination parce que la France a reconnu deux génocides : la Shoah
et le génocide de 1915", a-t-elle déclaré sur BFM TV.
Constatant que "les victimes de la Shoah sont protégées des actes de
négationnisme, alors que les victimes et les descendants de victimes
de 1915 ne le sont pas", elle juge "cette discrimination intolérable".
"PROTÉGER LA LIBERTÉ D'EXPRESSION"
De leur côté, les députés UMP Michel Diefenbacher et Jacques Myard se
sont réjouis de la décision des Sages. Ils font partie du groupe de
députés, en grande majorité UMP, qui avaient formé un recours contre
la loi réprimant la négation du génocide arménien. MM. Diefenbacher et
Myard affirment que "la vérité historique" ne pouvait être établie "en
aucun cas par la loi".
Les deux parlementaires ont rappelé devant la presse que leur démarche
de saisir le Conseil constitutionnel, "soutenue par plus de 70 députés
de tous bords, a été engagée en conscience, hors de toute
préoccupation partisane, dans le seul but de protéger la liberté
d'expression et la recherche historique".
Signataire du recours, le député UMP Lionel Tardy, s'est dit "même pas
surpris", sur Twitter, par la décision du Conseil. "Cette loi était
une erreur", a estimé de son côté le député UMP, Yves Jégo, sur le
réseau social.
"UNE VICTOIRE DU DROIT"
De son côté, le groupe RDSE (à majorité des radicaux de gauche) du
Sénat, à l'origine du recours de sénateurs contre la loi réprimant la
négation du génocide arménien, a estimé, mardi, que sa censure par le
Conseil constitutionnel était "une victoire du droit".
"L'invalidation de ce texte est d'abord une victoire du droit en même
temps qu'une victoire politique pour le groupe du RDSE qui se réjouit
de cette décision et salue l'analyse du Conseil constitutionnel,
déclare le groupe dans un communiqué. La nation des droits de l'homme
issue du siècle des Lumières ne saurait se reconnaître dans de
déplorables gesticulations législatives."
C'est le président du RDSE, Jacques Mézard, qui avait été l'initiateur
du recours de plus de 60 sénateurs appartenant à l'ensemble des
courants politiques du Sénat.
UNE LOI CONTESTÉE TOUS AZIMUTS
De son côté, la Turquie accueille "avec satisfaction" la censure de
cette loi qui était à l'origine d'une crise diplomatique entre Paris
et Ankara, a réagi, mardi, l'ambassade turque à Paris.
La proposition de loi UMP avait été contestée tous azimuts,
indépendamment des appartenances partisanes, et jusqu'au sein même du
gouvernement par les ministres Alain Juppé (affaires étrangères) et
Bruno Le Maire (agriculture).
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/28/genocide-armenien-des-deputes-ump-saluent-la-decision-du-conseil-constitutionnel_1649524_1471069.html