La Montagne, France
3 fevr 2012
Loi censurée sur la négation du génocide arménien : le sénateur
cantalien qui a surpris Sarkozy
Comment le sénateur cantalien Jacques Mézard, président du groupe
radical, a réussi à faire mordre la poussière au gouvernement et à
éviter à la France une grave crise avec la Turquie.
" On y va ! " Ce 31 janvier, Jacques Mézard tient à se rendre
personnellement au Conseil constitutionnel. Le sénateur radical a
réussi. Il dispose des soixante signatures nécessaires pour demander
l'annulation de la loi punissant la négation du génocide arménien.
En coulisse, la bataille des signatures a été aussi rude que discrète.
Certains parlementaires ont fait l'objet de pressions de l'Elysée mais
aussi du PS, à l'origine huit mois plus tôt d'une proposition de loi
similaire.
Grande première dans l'histoire du Sénat, ces signatures - au nombre
de 82 -, émanent de l'ensemble des groupes politiques. Les quinze élus
du groupe RDSE que Jacques Mézard préside le suivent dans cette
bataille " pour la liberté d'expression ". Tout comme une majorité des
membres de la commission des lois opposée au texte. L'ancien président
UMP du Sénat, Christian Poncelet, ou l'ex-responsable communiste
Robert Hue rallient sa position.
Sur le terrain, d'autres préoccupations surgissent. La Fédération
nationale bovine contacte les parlementaires. L'enjeu économique est
de taille. Les exportations bovines françaises vers la Turquie
représentent un marché de 1,2 milliard d'euros par an. C'est ce
débouché qui a permis la remontée des prix.
Ce 31 janvier, le simple dépôt du recours a pour conséquence la
suspension des sanctions économiques. L'affaire fait la une en
Turquie. " Cela a créé beaucoup d'espoir et de joie, notamment dans la
classe politique qui a unanimement remercié la France ", observe le
journal Turquie aujourd'hui. Pour certains membres du gouvernement
d'Ankara, Jacques Mézard " a sauvé les valeurs " de la France.
L'intéressé multiplie les interviews dans les médias turcs. Il est
l'invité du 13-Heures. Sans concessions, il répète : " Cette affaire
est une folie. Je n'ai rien contre les Arméniens, je ne conteste pas
l'existence du génocide mais ce n'est pas au Parlement d'écrire
l'histoire. Il ne peut pas voter une loi qui punit ceux qui la
contestent. "
Dans les couloirs du Palais du Luxembourg, il s'en prend à Nicolas
Sarkozy qui " cherche à monter les communautés les unes contre les
autres pour des raisons purement électoralistes ".
Mardi dernier, lorsque le Conseil constitutionnel censure la loi, les
représentants des éleveurs disent leur soulagement. Un responsable
d'Airbus appelle personnellement Jacques Mézard pour le remercier
d'avoir évité un éventuel boycott.
Radios et télés turques se précipitent à nouveau dans son bureau du
Sénat. En France, l'élu cantalien ne fait l'objet que de rares
citations. Nul n'est prophète en son pays...
Richard Benguigui
From: A. Papazian
3 fevr 2012
Loi censurée sur la négation du génocide arménien : le sénateur
cantalien qui a surpris Sarkozy
Comment le sénateur cantalien Jacques Mézard, président du groupe
radical, a réussi à faire mordre la poussière au gouvernement et à
éviter à la France une grave crise avec la Turquie.
" On y va ! " Ce 31 janvier, Jacques Mézard tient à se rendre
personnellement au Conseil constitutionnel. Le sénateur radical a
réussi. Il dispose des soixante signatures nécessaires pour demander
l'annulation de la loi punissant la négation du génocide arménien.
En coulisse, la bataille des signatures a été aussi rude que discrète.
Certains parlementaires ont fait l'objet de pressions de l'Elysée mais
aussi du PS, à l'origine huit mois plus tôt d'une proposition de loi
similaire.
Grande première dans l'histoire du Sénat, ces signatures - au nombre
de 82 -, émanent de l'ensemble des groupes politiques. Les quinze élus
du groupe RDSE que Jacques Mézard préside le suivent dans cette
bataille " pour la liberté d'expression ". Tout comme une majorité des
membres de la commission des lois opposée au texte. L'ancien président
UMP du Sénat, Christian Poncelet, ou l'ex-responsable communiste
Robert Hue rallient sa position.
Sur le terrain, d'autres préoccupations surgissent. La Fédération
nationale bovine contacte les parlementaires. L'enjeu économique est
de taille. Les exportations bovines françaises vers la Turquie
représentent un marché de 1,2 milliard d'euros par an. C'est ce
débouché qui a permis la remontée des prix.
Ce 31 janvier, le simple dépôt du recours a pour conséquence la
suspension des sanctions économiques. L'affaire fait la une en
Turquie. " Cela a créé beaucoup d'espoir et de joie, notamment dans la
classe politique qui a unanimement remercié la France ", observe le
journal Turquie aujourd'hui. Pour certains membres du gouvernement
d'Ankara, Jacques Mézard " a sauvé les valeurs " de la France.
L'intéressé multiplie les interviews dans les médias turcs. Il est
l'invité du 13-Heures. Sans concessions, il répète : " Cette affaire
est une folie. Je n'ai rien contre les Arméniens, je ne conteste pas
l'existence du génocide mais ce n'est pas au Parlement d'écrire
l'histoire. Il ne peut pas voter une loi qui punit ceux qui la
contestent. "
Dans les couloirs du Palais du Luxembourg, il s'en prend à Nicolas
Sarkozy qui " cherche à monter les communautés les unes contre les
autres pour des raisons purement électoralistes ".
Mardi dernier, lorsque le Conseil constitutionnel censure la loi, les
représentants des éleveurs disent leur soulagement. Un responsable
d'Airbus appelle personnellement Jacques Mézard pour le remercier
d'avoir évité un éventuel boycott.
Radios et télés turques se précipitent à nouveau dans son bureau du
Sénat. En France, l'élu cantalien ne fait l'objet que de rares
citations. Nul n'est prophète en son pays...
Richard Benguigui
From: A. Papazian