ARMENIE, DES MEMOIRES VIVANTES
MarsActu
http://www.marsactu.fr/culture-2013/armenie-des-memoires-vivantes-27358.html
5 mars 2012
France
Photographe pour l'agence Vu, Kathryn Cook s'est associee, dans le
cadre de Marseille-Provence 2013 et des ateliers de l'EuroMediterranee,
a l'Association Jeunesse Armenienne de France (JAF) en partenariat
avec les Editions Bec en l'air, en vue de produire l'exposition
"Memory of trees", sur l'histoire armenienne.
La silhouette frele et le sourire angelique de l'americaine Kathryn
Cook cachent une force de caractère et une determination hors du
commun. Son travail, Memory of trees, compose de cinquante tirages
et d'une scenographie incluant des enregistrements en plusieurs
langues melees, est le resultat d'un long periple au cours duquel
la photographe a sillonne la Turquie jusqu'a la frontière syrienne,
le Liban et les Etat-Unis a la rencontre de la diaspora armenienne.
En 2006, lorsqu'elle se rend pour la première fois en Turquie,
" sans avoir l'idee de travailler sur ce sujet ", elle apprend par
hasard l'existence de l'article 301 du code penal Turc interdisant
"tout denigrement" de l'identite turque, de l'Etat turc, de son
gouvernement et de ses institutions. Dans ce cadre la, quiconque
surpris a mentionner l'existence du genocide armenien peut etre
sevèrement puni.
La meme annee une macabre decouverte se fait jour : des fosses
communes exhumees a la frontière syrienne devoilent les restes de
victimes armeniennes de 1915. Le long parcours de Kathryn Cook la mène
finalement a Marseille, asile pour de nombreux rescapes du genocide
- la communaute armenienne s'y elève a près de 100 000 personnes -
telle Obsana, presentee comme la plus ancienne survivante du genocide.
Aller de l'avant Accueillie en residence par la JAF de mars 2011
a septembre 2012, la jeune femme poursuit son travail de memoire,
recueillant photographies et temoignages. La demarche de Kathryn
Cook est motivee par une volonte d'interroger cette memoire commune,
de susciter et d'encourager la discussion afin de construire un futur
pacifie entre les peuples : " Ce qui m'interesse est la manière dont
on transmet la memoire. Dans le cas de la communaute armenienne de
Marseille, je cherche a connecter, a retablir un lien entre l'endroit
où elle etait originaire et l'endroit où elle s'est implantee. "
Le titre meme de son travail, Memory of trees symbolise une
farouche volonte d'aller de l'avant : lorsque la photographe prend
connaissance de l'existence d'un petit village, Agacli, dont le nom
armenien signifie " l'endroit des arbres ", elle se rend sur place,
au sud-est de la Turquie. Elle decouvre alors que la tradition
d'elevage des vers a soie a perdure generations après generations,
en depit de l'epuration ethnique de 1915, faisant près d'un million
cinq cent mille morts. Travaillant egalement sur le genocide rwandais,
et d'une manière plus large sur la conscience collective des societes
post-genocidaires, l'artiste a publie ses cliches dans l'ensemble de
la presse internationale, d'Orient et d'Occident.
Reflexion commune Le projet s'inscrit dans le cadre des ateliers
de l'EuroMediterranee où les artistes, places en residence dans des
entreprises, impliquent les salaries au c~\ur du processus de creation
de l'~\uvre. Ainsi, Kathryn Cook puise une partie de son travail au
sein de la JAF, association issue de la Resistance inspiree par Missak
Manouchian, qui a pour but le developpement culturel et artistique
des jeunes francais d'origine armenienne.
Un partenariat avec les Editions Bec en l'air, maison independante
specialisee dans l'edition des beaux livres de photographies permet
l'aboutissement d'une telle initiative. Avec un livre publie sur le
genocide cambodgien et un autre sur celui de la Republique democratique
du Congo, l'entreprise enterine un style deja bien marque : " quand
on m'a parle du projet de Kathryn Cook, on me l'a presente en disant :
"Tiens voila un projet impubliable, bien trop polemique".
J'ai repondu, "c'est pour moi "", raconte Fabienne Pava, responsable
de la maison d'edition.
Elle se sent largement impliquee dans le projet, dans la mesure où "
generalement les editeurs arrivent plutôt a la fin de la chaîne. La,
nous sommes associes a la creation, nous pouvons reflechir ensemble ".
Par ailleurs, l'editrice ne cache pas son admiration pour la
photographe : " Meme si Kathryn est encore jeune, on remarque deja
une très belle personne, très engagee ".
L'exposition sonore Memory of trees sera presentee en 2013 par le
MuCem, et accompagnera la sortie d'une monographie.
MarsActu
http://www.marsactu.fr/culture-2013/armenie-des-memoires-vivantes-27358.html
5 mars 2012
France
Photographe pour l'agence Vu, Kathryn Cook s'est associee, dans le
cadre de Marseille-Provence 2013 et des ateliers de l'EuroMediterranee,
a l'Association Jeunesse Armenienne de France (JAF) en partenariat
avec les Editions Bec en l'air, en vue de produire l'exposition
"Memory of trees", sur l'histoire armenienne.
La silhouette frele et le sourire angelique de l'americaine Kathryn
Cook cachent une force de caractère et une determination hors du
commun. Son travail, Memory of trees, compose de cinquante tirages
et d'une scenographie incluant des enregistrements en plusieurs
langues melees, est le resultat d'un long periple au cours duquel
la photographe a sillonne la Turquie jusqu'a la frontière syrienne,
le Liban et les Etat-Unis a la rencontre de la diaspora armenienne.
En 2006, lorsqu'elle se rend pour la première fois en Turquie,
" sans avoir l'idee de travailler sur ce sujet ", elle apprend par
hasard l'existence de l'article 301 du code penal Turc interdisant
"tout denigrement" de l'identite turque, de l'Etat turc, de son
gouvernement et de ses institutions. Dans ce cadre la, quiconque
surpris a mentionner l'existence du genocide armenien peut etre
sevèrement puni.
La meme annee une macabre decouverte se fait jour : des fosses
communes exhumees a la frontière syrienne devoilent les restes de
victimes armeniennes de 1915. Le long parcours de Kathryn Cook la mène
finalement a Marseille, asile pour de nombreux rescapes du genocide
- la communaute armenienne s'y elève a près de 100 000 personnes -
telle Obsana, presentee comme la plus ancienne survivante du genocide.
Aller de l'avant Accueillie en residence par la JAF de mars 2011
a septembre 2012, la jeune femme poursuit son travail de memoire,
recueillant photographies et temoignages. La demarche de Kathryn
Cook est motivee par une volonte d'interroger cette memoire commune,
de susciter et d'encourager la discussion afin de construire un futur
pacifie entre les peuples : " Ce qui m'interesse est la manière dont
on transmet la memoire. Dans le cas de la communaute armenienne de
Marseille, je cherche a connecter, a retablir un lien entre l'endroit
où elle etait originaire et l'endroit où elle s'est implantee. "
Le titre meme de son travail, Memory of trees symbolise une
farouche volonte d'aller de l'avant : lorsque la photographe prend
connaissance de l'existence d'un petit village, Agacli, dont le nom
armenien signifie " l'endroit des arbres ", elle se rend sur place,
au sud-est de la Turquie. Elle decouvre alors que la tradition
d'elevage des vers a soie a perdure generations après generations,
en depit de l'epuration ethnique de 1915, faisant près d'un million
cinq cent mille morts. Travaillant egalement sur le genocide rwandais,
et d'une manière plus large sur la conscience collective des societes
post-genocidaires, l'artiste a publie ses cliches dans l'ensemble de
la presse internationale, d'Orient et d'Occident.
Reflexion commune Le projet s'inscrit dans le cadre des ateliers
de l'EuroMediterranee où les artistes, places en residence dans des
entreprises, impliquent les salaries au c~\ur du processus de creation
de l'~\uvre. Ainsi, Kathryn Cook puise une partie de son travail au
sein de la JAF, association issue de la Resistance inspiree par Missak
Manouchian, qui a pour but le developpement culturel et artistique
des jeunes francais d'origine armenienne.
Un partenariat avec les Editions Bec en l'air, maison independante
specialisee dans l'edition des beaux livres de photographies permet
l'aboutissement d'une telle initiative. Avec un livre publie sur le
genocide cambodgien et un autre sur celui de la Republique democratique
du Congo, l'entreprise enterine un style deja bien marque : " quand
on m'a parle du projet de Kathryn Cook, on me l'a presente en disant :
"Tiens voila un projet impubliable, bien trop polemique".
J'ai repondu, "c'est pour moi "", raconte Fabienne Pava, responsable
de la maison d'edition.
Elle se sent largement impliquee dans le projet, dans la mesure où "
generalement les editeurs arrivent plutôt a la fin de la chaîne. La,
nous sommes associes a la creation, nous pouvons reflechir ensemble ".
Par ailleurs, l'editrice ne cache pas son admiration pour la
photographe : " Meme si Kathryn est encore jeune, on remarque deja
une très belle personne, très engagee ".
L'exposition sonore Memory of trees sera presentee en 2013 par le
MuCem, et accompagnera la sortie d'une monographie.