ARMENIE : LA TOTALE
Les Echos
http://www.lesechos.fr/opinions/favilla/0201924253099-armenie-la-totale-297976.php
5 mars 2012
France
Le Conseil constitutionnel disposait de plusieurs terrains juridiques
pour declarer contraire a la Constitution la loi reprimant la
contestation du genocide armenien, recemment adoptee par le Parlement.
Il a choisi le plus radical : " Le legislateur a porte une atteinte
inconstitutionnelle a l'exercice de la liberte d'expression et de
communication. " C'est donc l'une des composantes les plus precieuses
de la democratie, selon les propres termes du Conseil constitutionnel,
qui a ete meconnue par le Parlement. Rarement une censure du juge
supreme aura ete aussi cinglante. A lire sa decision, on ne sait ce
qui l'emporte entre l'accablement et la colère.
L'accablement, car de nombreux juristes eminents, a commencer
par le plus respecte d'entre eux, l'ancien president du Conseil
constitutionnel, Robert Badinter, avait mis en garde contre l'adoption
de ce texte quand il etait encore temps d'arreter cette mecanique
absurde. Sans oublier tous les historiens qui imploraient le pouvoir
de ne pas confondre l'histoire et le droit. Il y a la colère aussi,
devant l'ampleur des degâts : une brouille profonde et durable avec un
pays, la Turquie, qui est a la fois un des acteurs majeurs du theâtre
mediterraneen et l'une des puissances economiques les plus dynamiques
du monde actuel ; un doute tout aussi profond et durable jete sur
la pertinence de la loi Gayssot relative au genocide juif ; enfin,
la faute de violation de la liberte d'expression jetee au visage d'un
Parlement dont c'est le devoir sacre de la proteger. C'est vraiment
la totale.
Et tout cela pour quoi ? Parce que le president de la Republique,
aussitôt rejoint par son principal concurrent, Francois Hollande,
ainsi qu'une large majorite de deputes et senateurs de droite et de
gauche ont rivalise de demagogie a l'egard de nos concitoyens d'origine
armenienne pour obtenir leurs votes lors des prochaines elections
presidentielles et legislatives. Quelques-uns, la aussi des deux
bords, ont sauve l'honneur en saisissant le Conseil constitutionnel
et celui-ci l'a conforte. L'honneur est sauf mais l'insondable betise
est consommee.
Les Echos
http://www.lesechos.fr/opinions/favilla/0201924253099-armenie-la-totale-297976.php
5 mars 2012
France
Le Conseil constitutionnel disposait de plusieurs terrains juridiques
pour declarer contraire a la Constitution la loi reprimant la
contestation du genocide armenien, recemment adoptee par le Parlement.
Il a choisi le plus radical : " Le legislateur a porte une atteinte
inconstitutionnelle a l'exercice de la liberte d'expression et de
communication. " C'est donc l'une des composantes les plus precieuses
de la democratie, selon les propres termes du Conseil constitutionnel,
qui a ete meconnue par le Parlement. Rarement une censure du juge
supreme aura ete aussi cinglante. A lire sa decision, on ne sait ce
qui l'emporte entre l'accablement et la colère.
L'accablement, car de nombreux juristes eminents, a commencer
par le plus respecte d'entre eux, l'ancien president du Conseil
constitutionnel, Robert Badinter, avait mis en garde contre l'adoption
de ce texte quand il etait encore temps d'arreter cette mecanique
absurde. Sans oublier tous les historiens qui imploraient le pouvoir
de ne pas confondre l'histoire et le droit. Il y a la colère aussi,
devant l'ampleur des degâts : une brouille profonde et durable avec un
pays, la Turquie, qui est a la fois un des acteurs majeurs du theâtre
mediterraneen et l'une des puissances economiques les plus dynamiques
du monde actuel ; un doute tout aussi profond et durable jete sur
la pertinence de la loi Gayssot relative au genocide juif ; enfin,
la faute de violation de la liberte d'expression jetee au visage d'un
Parlement dont c'est le devoir sacre de la proteger. C'est vraiment
la totale.
Et tout cela pour quoi ? Parce que le president de la Republique,
aussitôt rejoint par son principal concurrent, Francois Hollande,
ainsi qu'une large majorite de deputes et senateurs de droite et de
gauche ont rivalise de demagogie a l'egard de nos concitoyens d'origine
armenienne pour obtenir leurs votes lors des prochaines elections
presidentielles et legislatives. Quelques-uns, la aussi des deux
bords, ont sauve l'honneur en saisissant le Conseil constitutionnel
et celui-ci l'a conforte. L'honneur est sauf mais l'insondable betise
est consommee.