REVUE DE PRESSE
Le talent et la lumière de Shart
Par Zéna ZALZAL | 07/03/2012
Exposition La galerie Hamazkayin rend hommage à Shart, un peintre
franco-arménien de renommée internationale, disparu il y a un an, à
travers un accrochage d'une trentaine de toiles prêtées par des
collectionneurs privés.
« Je vis avec les hommes, je partage leurs peines et leurs joies »,
répétait Sarkis Artinian, alias Shart, qui avait bizarrement choisi ce
pseudonyme qui sonne comme Sharp (tranchant en anglais). Alors que
rien n'est plus doux, plus lumineux et tendre que le regard porté par
ce peintre sur les êtres et la vie. Un regard profondément aimant et
sensible retranscrit dans des toiles d'une émouvante beauté. Et d'une
magistrale qualité. Né à Beyrouth en 1927, de parents arméniens,
Sarkis Artinian - pas encore Shart - montre, très jeune, des
dispositions pour le dessin. À 15 ans, il est apprenti dessinateur au
service géographique des FFL. À 20 ans, il part pour l'Italie et passe
par Paris, où il fait la connaissance de Carzou, fréquente les
ateliers de la capitale française et entame des recherches effrénées
sur l'abstraction. Durant quelques années, ce passionné de dessin
nourrira son talent de voyages et de visites de musées à travers
l'Europe, où il décrochera même, en 1951, un prix de dessin en
Scandinavie. Ce sera le premier des 17 prix internationaux qu'il
glanera au cours de sa carrière. Laquelle débute véritablement, en
1952, par une première exposition à Beyrouth, avant de décoller
internationalement très rapidement après son installation à Paris où,
naturalisé français, il vécut jusqu'à la fin de ses jours. Soixante
ans plus tard, c'est à Beyrouth, dont il gardait la nostalgie malgré
des années passées en France - et où devait se tenir son ultime
exposition programmée à quelques jours d'intervalle de son décès en
janvier 2011 -, que ses fils ont voulu lui rendre un hommage à travers
l'exposition d'une trentaine de ses `uvres de ses différentes
périodes. Un très bel accrochage, à but non commercial, auquel ont
participé 17 collectionneurs en prêtant, gracieusement, leurs toiles
jusqu'au 10 mars, à la galerie Hamazkayin*. Laquelle déploie sur ses
cimaises essentiellement des `uvres à l'huile, mais aussi quelques
aquarelles, lithos et encres de Chine de ce peintre de la douceur des
sentiments. Car il se dégage de toutes les toiles exposées un
expressionnisme tendre, un humanisme feutré qui, du portrait de la
jeune Arménienne au regard triste baptisé Fille à la Colombe (daté de
1955 et la plus ancienne pièce de cette sélection) à la lumineuse
scène de marché au poisson intitulée Gens de la mer, évoque la vie des
gens d'un pinceau trempé dans une souriante sollicitude. Un pinceau à
la technique sans faille, traçant avec fermeté, vigueur et amplitude
des lignes simples encerclant une palette chromatique d'une grande
harmonie. Un pinceau qui, au fil des années et des périodes
thématiques, va se libérer et évoluer vers un dessin moins angulaire,
des couleurs plus claires, veloutées et contrastées. Et qui, de la
grave splendeur des paysages de Bretagne, de Neige en banlieue ou de
Neige sur Montmartre (dans les années soixante), ainsi que des figures
d'enfants tristes (de la même époque), va se diriger vers de joyeuses
descriptions de corps de métier (Personnages de cirque, Famille de
baladins, Marchands...) à travers des scènes de genre plus
grouillantes et colorées.
L'hommage de Picasso Plus il avance en ge, plus Shart semble ne
vouloir retenir que les moments de grce et le côté ensoleillé de la
vie. La preuve, même les Quais de Notre-Dame, huile peinte en 1989, se
nimbent d'une lumière rosée. Une tonalité qui imprégnera désormais
l'ensemble des `uvres de cet artiste qui a conscience de la laideur du
monde, mais lui tourne le dos. Un artiste dont Picasso aurait loué le
talent par ces mots : « Il y a des peintres qui transforment le soleil
en une tache jaune, mais il y en a d'autres qui, grce à leur art et à
leur intelligence, transforment une tache jaune en un soleil. Shart
fait partie des seconds. » Un peintre dont l'art séduit les yeux et
réchauffe le c`ur !
* Bourj Hammoud, Shaghzoyan Center. Horaires d'ouverture : tous les
jours de 10h à 20h. Tél. : 01/241262- 3- 4.
http://www.lorientlejour.com/category/Culture/article/748563/Le_talent_et_la_lumiere_de_Shart.html
dimanche 11 mars 2012,
Stéphane ©armenews.com
Le talent et la lumière de Shart
Par Zéna ZALZAL | 07/03/2012
Exposition La galerie Hamazkayin rend hommage à Shart, un peintre
franco-arménien de renommée internationale, disparu il y a un an, à
travers un accrochage d'une trentaine de toiles prêtées par des
collectionneurs privés.
« Je vis avec les hommes, je partage leurs peines et leurs joies »,
répétait Sarkis Artinian, alias Shart, qui avait bizarrement choisi ce
pseudonyme qui sonne comme Sharp (tranchant en anglais). Alors que
rien n'est plus doux, plus lumineux et tendre que le regard porté par
ce peintre sur les êtres et la vie. Un regard profondément aimant et
sensible retranscrit dans des toiles d'une émouvante beauté. Et d'une
magistrale qualité. Né à Beyrouth en 1927, de parents arméniens,
Sarkis Artinian - pas encore Shart - montre, très jeune, des
dispositions pour le dessin. À 15 ans, il est apprenti dessinateur au
service géographique des FFL. À 20 ans, il part pour l'Italie et passe
par Paris, où il fait la connaissance de Carzou, fréquente les
ateliers de la capitale française et entame des recherches effrénées
sur l'abstraction. Durant quelques années, ce passionné de dessin
nourrira son talent de voyages et de visites de musées à travers
l'Europe, où il décrochera même, en 1951, un prix de dessin en
Scandinavie. Ce sera le premier des 17 prix internationaux qu'il
glanera au cours de sa carrière. Laquelle débute véritablement, en
1952, par une première exposition à Beyrouth, avant de décoller
internationalement très rapidement après son installation à Paris où,
naturalisé français, il vécut jusqu'à la fin de ses jours. Soixante
ans plus tard, c'est à Beyrouth, dont il gardait la nostalgie malgré
des années passées en France - et où devait se tenir son ultime
exposition programmée à quelques jours d'intervalle de son décès en
janvier 2011 -, que ses fils ont voulu lui rendre un hommage à travers
l'exposition d'une trentaine de ses `uvres de ses différentes
périodes. Un très bel accrochage, à but non commercial, auquel ont
participé 17 collectionneurs en prêtant, gracieusement, leurs toiles
jusqu'au 10 mars, à la galerie Hamazkayin*. Laquelle déploie sur ses
cimaises essentiellement des `uvres à l'huile, mais aussi quelques
aquarelles, lithos et encres de Chine de ce peintre de la douceur des
sentiments. Car il se dégage de toutes les toiles exposées un
expressionnisme tendre, un humanisme feutré qui, du portrait de la
jeune Arménienne au regard triste baptisé Fille à la Colombe (daté de
1955 et la plus ancienne pièce de cette sélection) à la lumineuse
scène de marché au poisson intitulée Gens de la mer, évoque la vie des
gens d'un pinceau trempé dans une souriante sollicitude. Un pinceau à
la technique sans faille, traçant avec fermeté, vigueur et amplitude
des lignes simples encerclant une palette chromatique d'une grande
harmonie. Un pinceau qui, au fil des années et des périodes
thématiques, va se libérer et évoluer vers un dessin moins angulaire,
des couleurs plus claires, veloutées et contrastées. Et qui, de la
grave splendeur des paysages de Bretagne, de Neige en banlieue ou de
Neige sur Montmartre (dans les années soixante), ainsi que des figures
d'enfants tristes (de la même époque), va se diriger vers de joyeuses
descriptions de corps de métier (Personnages de cirque, Famille de
baladins, Marchands...) à travers des scènes de genre plus
grouillantes et colorées.
L'hommage de Picasso Plus il avance en ge, plus Shart semble ne
vouloir retenir que les moments de grce et le côté ensoleillé de la
vie. La preuve, même les Quais de Notre-Dame, huile peinte en 1989, se
nimbent d'une lumière rosée. Une tonalité qui imprégnera désormais
l'ensemble des `uvres de cet artiste qui a conscience de la laideur du
monde, mais lui tourne le dos. Un artiste dont Picasso aurait loué le
talent par ces mots : « Il y a des peintres qui transforment le soleil
en une tache jaune, mais il y en a d'autres qui, grce à leur art et à
leur intelligence, transforment une tache jaune en un soleil. Shart
fait partie des seconds. » Un peintre dont l'art séduit les yeux et
réchauffe le c`ur !
* Bourj Hammoud, Shaghzoyan Center. Horaires d'ouverture : tous les
jours de 10h à 20h. Tél. : 01/241262- 3- 4.
http://www.lorientlejour.com/category/Culture/article/748563/Le_talent_et_la_lumiere_de_Shart.html
dimanche 11 mars 2012,
Stéphane ©armenews.com