LA CULPABILITE DE LA TURQUIE ET LA RESPONSABILITE DE L'OCCIDENT - EROL OZKORAY ET LAURENT LEYLEKIAN
Stephane
armenews.com
jeudi 15 mars 2012
Le 28 octobre dernier, les autorites de la Republique de Turquie ont
procede a une vaste rafle dans les milieux progressistes de ce pays
: des centaines de militants pacifiques de la cause kurde et des
intellectuels liberaux de toutes tendances ont ete arbitrairement
arretes.
Beaucoup sont toujours maintenus en detention preventive sous couvert
d'appartenance a une organisation terroriste. Parmi eux, on compte
notamment le professeur Buþra Ersanli, autorite en matière de droit
constitutionnel et Ragip Zarakolu, editeur et membre fondateur de
l'Association turque des Droits de l'Homme ainsi que son fils Deniz.
Depuis lors, nous assistons a une grave derive autoritariste de la
part de la Turquie qui l'eloigne chaque jour un peu plus des standards
europeens : les premières arrestations de septembre et d'octobre se
sont revelees n'etre que le prelude a une mise en coupe reglee de
l'ensemble des forces democratiques d'un pays où règne desormais la
peur. Ce lundi 14 fevrier par exemple, plus de deux cents personnes
ont encore ete arbitrairement ecrouees dans le silence assourdissant
de la communaute internationale.
Dans le meme temps, a l'Est du pays, les operations militaires contre
les populations civiles kurdes redoublent de violence. Tous ceux
qui connaissent un peu ce pays savent par exemple pertinemment que
le raid meurtrier de l'aviation turque contre des "contrebandiers"
kurdes, le 28 decembre dernier, n'a rien de "l'erreur" pour laquelle le
gouvernement a presente d'hypocrites excuses mais constitue un ballon
d'essai visant a tester le niveau de consentement des Occidentaux.
L'absence totale de reaction de ces derniers, ajoutee a l'eradication
en cours de toute possibilite de contestation interne, nous fait
desormais serieusement craindre la mise en ~\uvre d'une politique
d'extermination generalisee contre les Kurdes selon le meme mecanisme
que celui, bien rôde, qui fut mis en ~\uvre contre les Armeniens
en 1915.
A cet egard, nous ne pouvons que rappeler la France et l'ensemble
des puissances occidentales a leurs engagements politiques et a
leurs devoirs moraux : il existe un fil rouge, un fil sanglant, qui
constitue la trame permanente de la politique d'Etat de la Turquie
contre toute expression de diversite ou d'alterite. Ce fil lie le
genocide de 1915 a l'invasion de Chypre, les pogroms de 1955 contre
les Grecs au massacre actuel des Kurdes.
Cette politique d'Etat se doit d'etre combattue vigoureusement par
tous ceux qui se reclament de la democratie et de la pensee critique.
Sur ce point, croire qu'on peut amener la Turquie a reconnaître le
genocide de 1915 en s'abstenant de penaliser sa negation en France
est une illusion aussi dangereuse que celle consistant a croire
qu'on peut la conduire a reconnaître les droits sociopolitiques de
ses minorites en l'assurant de notre soutien contre le PKK. Qu'ils en
soient conscients ou non, les parlementaires francais qui ont soumis
la loi de penalisation du negationnisme a une saisine du Conseil
constitutionnel se sont indirectement faits les auxiliaires de la
politique repressive et meurtrière de la Turquie au Kurdistan.
En consequence, nous appelons la France et l'ensemble des Etats
europeens a penaliser la negation du genocide des Armeniens, a stopper
la Turquie dans ses menees militaires contre sa minorite kurde et a
exiger la liberation immediate des centaines de prisonniers politiques
qui croupissent dans ses geôles, dont Ragip Zarakolu recemment nomine
pour le prix Nobel de la Paix. Car consentir aux politiques mortifères
d'Ankara, c'est abolir la pretention universaliste de l'Occident et
c'est oberer le futur democratique de la Turquie.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Stephane
armenews.com
jeudi 15 mars 2012
Le 28 octobre dernier, les autorites de la Republique de Turquie ont
procede a une vaste rafle dans les milieux progressistes de ce pays
: des centaines de militants pacifiques de la cause kurde et des
intellectuels liberaux de toutes tendances ont ete arbitrairement
arretes.
Beaucoup sont toujours maintenus en detention preventive sous couvert
d'appartenance a une organisation terroriste. Parmi eux, on compte
notamment le professeur Buþra Ersanli, autorite en matière de droit
constitutionnel et Ragip Zarakolu, editeur et membre fondateur de
l'Association turque des Droits de l'Homme ainsi que son fils Deniz.
Depuis lors, nous assistons a une grave derive autoritariste de la
part de la Turquie qui l'eloigne chaque jour un peu plus des standards
europeens : les premières arrestations de septembre et d'octobre se
sont revelees n'etre que le prelude a une mise en coupe reglee de
l'ensemble des forces democratiques d'un pays où règne desormais la
peur. Ce lundi 14 fevrier par exemple, plus de deux cents personnes
ont encore ete arbitrairement ecrouees dans le silence assourdissant
de la communaute internationale.
Dans le meme temps, a l'Est du pays, les operations militaires contre
les populations civiles kurdes redoublent de violence. Tous ceux
qui connaissent un peu ce pays savent par exemple pertinemment que
le raid meurtrier de l'aviation turque contre des "contrebandiers"
kurdes, le 28 decembre dernier, n'a rien de "l'erreur" pour laquelle le
gouvernement a presente d'hypocrites excuses mais constitue un ballon
d'essai visant a tester le niveau de consentement des Occidentaux.
L'absence totale de reaction de ces derniers, ajoutee a l'eradication
en cours de toute possibilite de contestation interne, nous fait
desormais serieusement craindre la mise en ~\uvre d'une politique
d'extermination generalisee contre les Kurdes selon le meme mecanisme
que celui, bien rôde, qui fut mis en ~\uvre contre les Armeniens
en 1915.
A cet egard, nous ne pouvons que rappeler la France et l'ensemble
des puissances occidentales a leurs engagements politiques et a
leurs devoirs moraux : il existe un fil rouge, un fil sanglant, qui
constitue la trame permanente de la politique d'Etat de la Turquie
contre toute expression de diversite ou d'alterite. Ce fil lie le
genocide de 1915 a l'invasion de Chypre, les pogroms de 1955 contre
les Grecs au massacre actuel des Kurdes.
Cette politique d'Etat se doit d'etre combattue vigoureusement par
tous ceux qui se reclament de la democratie et de la pensee critique.
Sur ce point, croire qu'on peut amener la Turquie a reconnaître le
genocide de 1915 en s'abstenant de penaliser sa negation en France
est une illusion aussi dangereuse que celle consistant a croire
qu'on peut la conduire a reconnaître les droits sociopolitiques de
ses minorites en l'assurant de notre soutien contre le PKK. Qu'ils en
soient conscients ou non, les parlementaires francais qui ont soumis
la loi de penalisation du negationnisme a une saisine du Conseil
constitutionnel se sont indirectement faits les auxiliaires de la
politique repressive et meurtrière de la Turquie au Kurdistan.
En consequence, nous appelons la France et l'ensemble des Etats
europeens a penaliser la negation du genocide des Armeniens, a stopper
la Turquie dans ses menees militaires contre sa minorite kurde et a
exiger la liberation immediate des centaines de prisonniers politiques
qui croupissent dans ses geôles, dont Ragip Zarakolu recemment nomine
pour le prix Nobel de la Paix. Car consentir aux politiques mortifères
d'Ankara, c'est abolir la pretention universaliste de l'Occident et
c'est oberer le futur democratique de la Turquie.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress