ISRAËL
Le Jérusalem Arménien dans les Limbes
The Armenian Mirror-Spectator
8 mars 2012
Par Edmond Y. Azadian
Deux Patriarches arméniens dans un état végétatif - l'un à Istanbul et
l'autre à Jérusalem - voilà qui n'est pas de bonne augure pour
l'Eglise Arménienne dans son ensemble. Ces deux patriarches occupent
dans la hiérarchie de l'église arménienne deux sièges importants, et
ils sont tous deux impotents par un coup tragique de la nature. Mais
ce qui est plus tragique encore, c'est le silence oppressant envers
ces deux situations qui règne dans le monde arménien. Les deux
patriarcats sont situés dans des pays où ne règne pas un amour éperdu
envers les Arméniens.
Pour ce qui concerne le patriarcat d'Istanbul, la communauté s'est
avérée incapable de prendre les décisions qui s'imposaient dès lors
qu'on a su que le Patriarche Mesrop Mutafian était atteint d'un mal
incurable. Deux propositions différentes avaient été soumises aux
autorités turques : élire un nouveau patriarche ou élire un patriarche
coadjuteur pour diriger les affaires du Patriarcat. Les autorités
préférèrent une troisième solution, en faveur de l'évêque Aram
Ateshian, relativement peu connu de la communauté mais bien placé pour
mener à bien l'agenda politique de la Turquie.
S'agissant du Patriarcat de Jérusalem, la gravité de la situation
était prévisible. A plusieurs reprises, le Patriarche vieillissant
Torkom Manoogian avait montré son incapacité à défendre les intérêts
du patriarcat dans certaines affaires immobilières, et il était tout à
fait évident qu'il pourrait exposer encore plus le patrimoine du
patriarcat aux appétits des requins lorgnant sur ces biens immobiliers
de grande valeur.
Les Arméniens vivent à Jérusalem depuis des temps immémoriaux. En 95
avant Jésus Christ, Jérusalem faisait partie de l'empire de Tigrane
II. Mais le patriarcat ne s'y était établi qu'au septième siècle,
quand le calife Umar Ibn Khattab proclama Abraham I, évêque haut placé
dans la hiérarchie de l'Eglise Arménienne, comme patriarche de
l'Eglise Arménienne et chef des confessions orthodoxes d'Orient
(Assyriens, Coptes et Abyssiniens) pour neutraliser l'autorité du
Patriarcat Orthodoxe Grec Sophronius. Ce n'est pas un hasard si un
autre dirigeant musulman, Fatih Sultan Mohammed, contribua à a
fondation du Patriarchat d'Istanbul, après la conquête de cette ville
en 1453, sur les mêmes motivations politiques, c'est-à-dire la
neutralisation de l'église byzantine. Evidemment, les Arméniens
tirèrent profit de ces rivalités, mais ils s'attirèrent de ce fait
l'hostilité perpétuelle de l'Eglise Orthodoxe Grecque, jusqu'à
aujourd'hui. A ce propos, le rapprochement récent d'Israël et de
Chypre (et par extension, la Grèce) peut amener de l'eau au moulin de
la rivalité entre les églises du patriarcat grec et les Arméniens dans
la Ville Sainte.
Mais les Arméniens n'ont nul besoin d'ennemis étrangers. Ils sont
parfaitement capables de se détruire eux-mêmes et de détruire leurs
propres institutions. On estime généralement à 16 000 le nombre
d'Arméniens vivant à Jérusalem au moment de la partition de 1948. Ce
nombre a atteint 25 000 au plus haut. Aujourd'hui, ils sont moins de 1
000. On peut à bon droit se demander pourquoi ces gens, se sentant en
sécurité et ayant des perspectives de prospérité dans 'le seul pays
démocratique du Moyen Orient`, iraient rechercher des opportunités
dans des terres lointaines. La réponse à cette question est donnée
dans l'un des journaux de la presse israélienne, Ha'aretz, par un
journaliste nommé Nir Hossan qui écrit : `La communauté chrétienne de
Jérusalem se sent comme prise d'assaut, et c'est le cas en particulier
des Chrétiens qui vivent au voisinage des Juifs. Les prêtres de la
Vieille Ville, les prêtres arméniens en particulier, qui doivent
souvent traverser le Quartier Juif, disent qu'on leur crache dessus
tous les jours`.
Le crachat pourrait encore ne pas être l'acte le plus offensant à
l'encontre des Arméniens, qui sont assis sur une mine d'or. L'appétit
ravageur des colons et développeurs juifs finira par exproprier le
patriarcat de ses possessions immobilières, avec l'assentiment
bienveillant des autorités israéliennes.
Et cependant, en face de ces gros appétits, nous avons un patriarche
comateux et moribond et une Confrérie divisée, incapable de gérer ses
affaires. Bien que le moins étendu des quartiers de Jérusalem, comparé
aux quartiers juif, chrétien et musulman, le quartier arménien couvre
un sixième de la Vieille Ville. Mais le patriarcat possède des
propriétés en dehors des limites de la Vieille Ville, qu'elle a
notoirement géré en dépit du bon sens à travers les siècles.
Les Arméniens ont traversé sporadiquement les `Crises de Jérusalem` en
ne faisant qu'alerter la communauté mondiale pour qu'elle vienne à son
secours, mais en même temps, la transparence et la tenue des comptes
ne sont pas dans le vocabulaire du Patriarche.
Les trésors et les biens accumulés au cours des siècles sont les
présents des Arméniens confiés à la Fraternité, supposée de n'agir
qu'en temps que dépositaire de ces richesses. Mais rares sont les
chefs spirituels qui ont bien compris ce rôle ; la plupart d'entre eux
se sont comportés comme s'ils étaient propriétaires du lieu saint.
Cela n'est certainement pas une critique dirigée contre un patriarche
en particulier ou tel membre de la Confrérie.
Un cas typique de crise historique s'est produit en 1914, juste avant
la Première Guerre Mondiale et le Génocide des Arméniens. A cette
époque, le Patriarcat de Jérusalem était sous la tutelle du Conseil
National Central à Istanbul, qui décida de dépêcher une délégation
dirigée par deux chefs réputés pour résoudre la crise. L'un de ces
deux chefs était l'Archevêque Malachian Ormanian, lui-même un
personnage de dimension historique en tant qu'ancien patriarche et
historien par ses études approfondies sur l'histoire de l'église
arménienne et sa théologie. L'autre chef était Vahan Tekeyan, un poète
de classe internationale et une personnalité publique parfaitement
intègre.
Dès l'arrivée de la délégation à Jérusalem, l'Archevêque Ormanian
man`uvra avec les membres de la Confrérie pour rendre discréditer la
participation de Tekeyan. La guerre éclata par la suite et tout cela
sombra dans une confusion encore plus grande. C'est un problème
endémique ; à chaque fois qu'un corps de rang plus élevé s'emploie à
exercer son autorité pour remettre la maison de Jérusalem en ordre, le
clergé se ligue et déclare sa fière indépendance, avec l'arrogance de
`ceux qui savent mieux que les autres`. Mais cette bravoure ne
s'exerce que contre l'autorité arménienne, laïque ou spirituelle. Dès
lors qu'il s'agit d'une autorité quelle qu'elle soit, la Confrérie est
docile et malléable. C'est là que se perd la partie.
L'Eglise russe de Jérusalem recevait énormément de Moscou, même à
l'époqie soviétique. Mais notre clergé rencle à demander la
protection du Gouvernement arménien ou même celle du Chef Spirituel de
l'Eglise arménienne ou de toute autre institution. Cette réaction
excessive à tout avis extérieur ou aide extérieure est protégée par le
droit des les lieux saints. Ce droit est issu d'un décret du Sultan
ottoman Abdul Majid pris en 1852, connu sous le nom de Status Quo, qui
régit les droits, privilèges et l'autorité des différentes religions.
Ce droit a été appliqué par le pouvoir ottoman, le pouvoir colonial
britannique, jordanien et israélien.
D'une part, il protège les diverses religions et sociétés contre
l'ingérence du pouvoir en place et d'autre part, il préserve le sort
des richesses considérables détenues par telle Confrérie à qui elles
ont été confiées.
Les années précédentes ont été consacrées à des discussions avec la
Confrérie de Saint Jacques pour prévoir une succession en douceur,
tandis que la santé du Patriarche se dégradait. L'an passé, une
convocation de la Confrérie été annulée à deux reprises. A son ordre
du jour figurait principalement l'élection d'un nouveau Patriarche.
Cette délicate succession exige un avenant au règlement intérieur du
Patriarcat, et il en a été préparé un. Cependant, la procrastination
du Patriarche a conduit à l'impasse actuelle. A ce jour, le Grand
Sacristain du Patriarcat, l'Archevêque Nourhan Manoukian, a assuré la
responsabilité de la gestion des affaires courantes du Patriarcat.
Malheureusement, il n'y a que peu de chances que la santé du
Patriarche s'améliore. Autour de ce problème, règne un silence
mondial, ce qui est très dangereux. Les candidats qui pourraient y
succéder et améliorer la situation n` semblent pas intéressés. Mais
d'un autre côté, les candidats qui sont prêts à accéder au siège et à
imiter le style de vie de l'extravagant Patriarche Yeghishe Derderian
se tiennent prêts à saisir cette opportunité.
Ce n'est pas seulement le patrimoine matériel du Patriarcat qui est en
cause, ce sont également les richesses culturelles et historiques. La
tentative de vente de 28 manuscrits enluminés chez Sotheby à Londres
est encore dans les esprits. Les autorités turques et israéliennes
gardent elles aussi un `il intéressé sur les archives du Patriarcat
d'Istanbul transférées pour leur préservation à Jérusalem pendant la
Première Guerre Mondiale. Elles recèlent des documents accusateurs sur
le Génocide des Arméniens.
Jérusalem est un souci pour tous, et oui, l'affaire de chaque
Arménien. La Confrérie doit se mettre à la portée de la communauté
arménienne du monde, dépasser les dispositions du Status Quo, et élire
un digne successeur et aussi recourir à la coopération d'experts
immobiliers et financiers pour sauver notre héritage en Terre Sainte.
Prions pour le rétablissement de notre Patriarche malade mais avant
tout, prions pour préserver le futur plein de menaces du Patriarcat de
Jérusalem, aujourd'hui dans les limbes.
Commentaire et traduction de Gilbert Béguian
Un appel très convaincant d'Edmond Azadian aux Arméniens du monde sur
le sort des Patriarcats de Constantinople et de Jérusalem. Un texte
plein d'informations et d'explications historiques et sociologiques
(les sources de l'hostilité de l'Eglise orthodoxe en particulier
Grecque contre l'Eglise Arménienne, ou le transfert des archives à
Jérusalem ). En moins de trois pages, sans jamais accuser, mettant
l'accent sur les travers du comportement des chefs arméniens qu'ils
soient religieux ou politiques, l'auteur en tire des leçons que les
Arméniens du monde devraient méditer ; sur les ravages de la désunion.
GB
dimanche 25 mars 2012,
Jean Eckian ©armenews.com
Le Jérusalem Arménien dans les Limbes
The Armenian Mirror-Spectator
8 mars 2012
Par Edmond Y. Azadian
Deux Patriarches arméniens dans un état végétatif - l'un à Istanbul et
l'autre à Jérusalem - voilà qui n'est pas de bonne augure pour
l'Eglise Arménienne dans son ensemble. Ces deux patriarches occupent
dans la hiérarchie de l'église arménienne deux sièges importants, et
ils sont tous deux impotents par un coup tragique de la nature. Mais
ce qui est plus tragique encore, c'est le silence oppressant envers
ces deux situations qui règne dans le monde arménien. Les deux
patriarcats sont situés dans des pays où ne règne pas un amour éperdu
envers les Arméniens.
Pour ce qui concerne le patriarcat d'Istanbul, la communauté s'est
avérée incapable de prendre les décisions qui s'imposaient dès lors
qu'on a su que le Patriarche Mesrop Mutafian était atteint d'un mal
incurable. Deux propositions différentes avaient été soumises aux
autorités turques : élire un nouveau patriarche ou élire un patriarche
coadjuteur pour diriger les affaires du Patriarcat. Les autorités
préférèrent une troisième solution, en faveur de l'évêque Aram
Ateshian, relativement peu connu de la communauté mais bien placé pour
mener à bien l'agenda politique de la Turquie.
S'agissant du Patriarcat de Jérusalem, la gravité de la situation
était prévisible. A plusieurs reprises, le Patriarche vieillissant
Torkom Manoogian avait montré son incapacité à défendre les intérêts
du patriarcat dans certaines affaires immobilières, et il était tout à
fait évident qu'il pourrait exposer encore plus le patrimoine du
patriarcat aux appétits des requins lorgnant sur ces biens immobiliers
de grande valeur.
Les Arméniens vivent à Jérusalem depuis des temps immémoriaux. En 95
avant Jésus Christ, Jérusalem faisait partie de l'empire de Tigrane
II. Mais le patriarcat ne s'y était établi qu'au septième siècle,
quand le calife Umar Ibn Khattab proclama Abraham I, évêque haut placé
dans la hiérarchie de l'Eglise Arménienne, comme patriarche de
l'Eglise Arménienne et chef des confessions orthodoxes d'Orient
(Assyriens, Coptes et Abyssiniens) pour neutraliser l'autorité du
Patriarcat Orthodoxe Grec Sophronius. Ce n'est pas un hasard si un
autre dirigeant musulman, Fatih Sultan Mohammed, contribua à a
fondation du Patriarchat d'Istanbul, après la conquête de cette ville
en 1453, sur les mêmes motivations politiques, c'est-à-dire la
neutralisation de l'église byzantine. Evidemment, les Arméniens
tirèrent profit de ces rivalités, mais ils s'attirèrent de ce fait
l'hostilité perpétuelle de l'Eglise Orthodoxe Grecque, jusqu'à
aujourd'hui. A ce propos, le rapprochement récent d'Israël et de
Chypre (et par extension, la Grèce) peut amener de l'eau au moulin de
la rivalité entre les églises du patriarcat grec et les Arméniens dans
la Ville Sainte.
Mais les Arméniens n'ont nul besoin d'ennemis étrangers. Ils sont
parfaitement capables de se détruire eux-mêmes et de détruire leurs
propres institutions. On estime généralement à 16 000 le nombre
d'Arméniens vivant à Jérusalem au moment de la partition de 1948. Ce
nombre a atteint 25 000 au plus haut. Aujourd'hui, ils sont moins de 1
000. On peut à bon droit se demander pourquoi ces gens, se sentant en
sécurité et ayant des perspectives de prospérité dans 'le seul pays
démocratique du Moyen Orient`, iraient rechercher des opportunités
dans des terres lointaines. La réponse à cette question est donnée
dans l'un des journaux de la presse israélienne, Ha'aretz, par un
journaliste nommé Nir Hossan qui écrit : `La communauté chrétienne de
Jérusalem se sent comme prise d'assaut, et c'est le cas en particulier
des Chrétiens qui vivent au voisinage des Juifs. Les prêtres de la
Vieille Ville, les prêtres arméniens en particulier, qui doivent
souvent traverser le Quartier Juif, disent qu'on leur crache dessus
tous les jours`.
Le crachat pourrait encore ne pas être l'acte le plus offensant à
l'encontre des Arméniens, qui sont assis sur une mine d'or. L'appétit
ravageur des colons et développeurs juifs finira par exproprier le
patriarcat de ses possessions immobilières, avec l'assentiment
bienveillant des autorités israéliennes.
Et cependant, en face de ces gros appétits, nous avons un patriarche
comateux et moribond et une Confrérie divisée, incapable de gérer ses
affaires. Bien que le moins étendu des quartiers de Jérusalem, comparé
aux quartiers juif, chrétien et musulman, le quartier arménien couvre
un sixième de la Vieille Ville. Mais le patriarcat possède des
propriétés en dehors des limites de la Vieille Ville, qu'elle a
notoirement géré en dépit du bon sens à travers les siècles.
Les Arméniens ont traversé sporadiquement les `Crises de Jérusalem` en
ne faisant qu'alerter la communauté mondiale pour qu'elle vienne à son
secours, mais en même temps, la transparence et la tenue des comptes
ne sont pas dans le vocabulaire du Patriarche.
Les trésors et les biens accumulés au cours des siècles sont les
présents des Arméniens confiés à la Fraternité, supposée de n'agir
qu'en temps que dépositaire de ces richesses. Mais rares sont les
chefs spirituels qui ont bien compris ce rôle ; la plupart d'entre eux
se sont comportés comme s'ils étaient propriétaires du lieu saint.
Cela n'est certainement pas une critique dirigée contre un patriarche
en particulier ou tel membre de la Confrérie.
Un cas typique de crise historique s'est produit en 1914, juste avant
la Première Guerre Mondiale et le Génocide des Arméniens. A cette
époque, le Patriarcat de Jérusalem était sous la tutelle du Conseil
National Central à Istanbul, qui décida de dépêcher une délégation
dirigée par deux chefs réputés pour résoudre la crise. L'un de ces
deux chefs était l'Archevêque Malachian Ormanian, lui-même un
personnage de dimension historique en tant qu'ancien patriarche et
historien par ses études approfondies sur l'histoire de l'église
arménienne et sa théologie. L'autre chef était Vahan Tekeyan, un poète
de classe internationale et une personnalité publique parfaitement
intègre.
Dès l'arrivée de la délégation à Jérusalem, l'Archevêque Ormanian
man`uvra avec les membres de la Confrérie pour rendre discréditer la
participation de Tekeyan. La guerre éclata par la suite et tout cela
sombra dans une confusion encore plus grande. C'est un problème
endémique ; à chaque fois qu'un corps de rang plus élevé s'emploie à
exercer son autorité pour remettre la maison de Jérusalem en ordre, le
clergé se ligue et déclare sa fière indépendance, avec l'arrogance de
`ceux qui savent mieux que les autres`. Mais cette bravoure ne
s'exerce que contre l'autorité arménienne, laïque ou spirituelle. Dès
lors qu'il s'agit d'une autorité quelle qu'elle soit, la Confrérie est
docile et malléable. C'est là que se perd la partie.
L'Eglise russe de Jérusalem recevait énormément de Moscou, même à
l'époqie soviétique. Mais notre clergé rencle à demander la
protection du Gouvernement arménien ou même celle du Chef Spirituel de
l'Eglise arménienne ou de toute autre institution. Cette réaction
excessive à tout avis extérieur ou aide extérieure est protégée par le
droit des les lieux saints. Ce droit est issu d'un décret du Sultan
ottoman Abdul Majid pris en 1852, connu sous le nom de Status Quo, qui
régit les droits, privilèges et l'autorité des différentes religions.
Ce droit a été appliqué par le pouvoir ottoman, le pouvoir colonial
britannique, jordanien et israélien.
D'une part, il protège les diverses religions et sociétés contre
l'ingérence du pouvoir en place et d'autre part, il préserve le sort
des richesses considérables détenues par telle Confrérie à qui elles
ont été confiées.
Les années précédentes ont été consacrées à des discussions avec la
Confrérie de Saint Jacques pour prévoir une succession en douceur,
tandis que la santé du Patriarche se dégradait. L'an passé, une
convocation de la Confrérie été annulée à deux reprises. A son ordre
du jour figurait principalement l'élection d'un nouveau Patriarche.
Cette délicate succession exige un avenant au règlement intérieur du
Patriarcat, et il en a été préparé un. Cependant, la procrastination
du Patriarche a conduit à l'impasse actuelle. A ce jour, le Grand
Sacristain du Patriarcat, l'Archevêque Nourhan Manoukian, a assuré la
responsabilité de la gestion des affaires courantes du Patriarcat.
Malheureusement, il n'y a que peu de chances que la santé du
Patriarche s'améliore. Autour de ce problème, règne un silence
mondial, ce qui est très dangereux. Les candidats qui pourraient y
succéder et améliorer la situation n` semblent pas intéressés. Mais
d'un autre côté, les candidats qui sont prêts à accéder au siège et à
imiter le style de vie de l'extravagant Patriarche Yeghishe Derderian
se tiennent prêts à saisir cette opportunité.
Ce n'est pas seulement le patrimoine matériel du Patriarcat qui est en
cause, ce sont également les richesses culturelles et historiques. La
tentative de vente de 28 manuscrits enluminés chez Sotheby à Londres
est encore dans les esprits. Les autorités turques et israéliennes
gardent elles aussi un `il intéressé sur les archives du Patriarcat
d'Istanbul transférées pour leur préservation à Jérusalem pendant la
Première Guerre Mondiale. Elles recèlent des documents accusateurs sur
le Génocide des Arméniens.
Jérusalem est un souci pour tous, et oui, l'affaire de chaque
Arménien. La Confrérie doit se mettre à la portée de la communauté
arménienne du monde, dépasser les dispositions du Status Quo, et élire
un digne successeur et aussi recourir à la coopération d'experts
immobiliers et financiers pour sauver notre héritage en Terre Sainte.
Prions pour le rétablissement de notre Patriarche malade mais avant
tout, prions pour préserver le futur plein de menaces du Patriarcat de
Jérusalem, aujourd'hui dans les limbes.
Commentaire et traduction de Gilbert Béguian
Un appel très convaincant d'Edmond Azadian aux Arméniens du monde sur
le sort des Patriarcats de Constantinople et de Jérusalem. Un texte
plein d'informations et d'explications historiques et sociologiques
(les sources de l'hostilité de l'Eglise orthodoxe en particulier
Grecque contre l'Eglise Arménienne, ou le transfert des archives à
Jérusalem ). En moins de trois pages, sans jamais accuser, mettant
l'accent sur les travers du comportement des chefs arméniens qu'ils
soient religieux ou politiques, l'auteur en tire des leçons que les
Arméniens du monde devraient méditer ; sur les ravages de la désunion.
GB
dimanche 25 mars 2012,
Jean Eckian ©armenews.com