JUSQU'OES JUSQU'A QUAND ? PAR JACQUES PANOSSIAN
Ara
armenews.com
mercredi 28 mars 2012
Jusqu'où et jusque quand allons-nous accepter l'abus de pouvoir et
allons-nous nous soumettre a l'arbitraire dans l'Eglise Apostolique
Armenienne de France ?
Le traitement qui vient d'etre applique dans ce dernier episode de
la crise de Nice n'est pas le seul cas, ni meme peut-etre le plus
important, mais il est exemplaire.
1-. Souvenons-nous d'abord qu'en decembre 2009 les troubles provoques
par le Père V dans la paroisse de Nice avaient atteint un niveau qui
a amene l'intervention des forces de police. Le 21 mars 2010, les
fauteurs de troubles qui, a quelques exceptions près, ne sont pas de
la paroisse ont empeche par leurs violences la tenue de l'Assemblee
Generale (AG) de l'association paroissiale et le renouvellement de
son Conseil d'administration. Les peripeties qui ont suivi donnèrent
pretexte a la "decision primatiale" du 19 mai 2010. Dans ma Lettre
Ouverte publiee le 11 juin 2010 j'ai denonce l'illegitimite de cette
"decision primatiale" consistant a evincer le Conseil Paroissial
et a le remplacer par une commission designee, non elue, composee
pour moitie de non-adherents a l'association et dotee de pouvoirs
exorbitants.
Quels qu'aient ete les torts des differents acteurs de la crise, le
Primat n'avait en rien le droit de dissoudre le Conseil Paroissial ni
d'ordonner aucune des dispositions concernant la gestion de la paroisse
: il avait deliberement viole les statuts du Diocèse et des Paroisses
(dates de septembre 2005 et toujours en vigueur) et enfreint le droit
des associations.
2-. Le Diocèse pendant deux ans s'est obstine a vouloir faire appliquer
la "decision primatiale" legalement irrecevable. Il a poursuivi la
politique d'obstruction a la convocation de l'AG, y compris par
procedure judiciaire, mais a echoue finalement. Convoquee par un
administrateur judiciaire l'AG s'est tenue le 6 fevrier 2012 avec
164 presents ou representes sur 256 membres adherents, un Conseil
Paroissial a ete elu par 154 voix.
A l'annonce de la convocation de l'AG, l'echec de l'obstruction -
pourtant previsible - a mis en effervescence le Saint Siège, le
Primat et le Diocèse qui ont proclame une serie de decisions d'une
extreme gravite, totalement illicites et injustifiees, prenant cette
fois ouvertement pour cible l'association paroissiale tout entière,
precedant meme la reunion effective de son AG :
- immixtion du Catholicos et du Conseil Spirituel Supreme (CSS)
dans un problème interne a l'Union-Diocèse et concernant la gestion
d'une paroisse
- ejection arbitraire, par le Catholicos et le CSS, de cette paroisse
hors de l'Eglise, sans un quelconque motif recevable
- irrespect des statuts par le Primat, le Conseil Diocesain et
l'Assemblee des Delegues Diocesains, manquement a leur responsabilite
d'elus en acceptant une ingerence exterieure dans le fonctionnement
du Diocèse
- exclusion d'un membre fondateur de l'Union-Diocèse, alors qu'aucune
disposition a cet egard n'est prevue dans les statuts
- declaration d'intention de deposseder une association de son
patrimoine.
3-. Dans cette affaire, rien ne concerne le culte proprement dit :
l'Evangile, la doctrine, les sacrements ou les rites de l'Eglise.
3.1 Pour l'organisation et le fonctionnement de l'Eglise Apostolique
Armenienne, après le genocide et la bolchevisation, le seul canon
de reference est la "Règlementation speciale pour la reunion de
l'Assemblee Ecclesiale Nationale" du 19 juin 1945. Cette Règlementation
precise que l'Assemblee Ecclesiale Nationale est l'organe legislatif
supreme de l'Eglise et que sont dans ses attributions l'election du
catholicos et des membres du Conseil Spirituel Supreme, l'etablissement
de sa propre constitution, l'instruction et la resolution des problèmes
affectant l'Eglise et les questions canoniques : le rejet hors de
l'Eglise d'une communaute est suffisamment grave et extraordinaire
pour relever de cette dernière categorie. Jamais cette Assemblee
elue representant les religieux et les fidèles laïcs repartis dans
le monde n'a prononce une telle sanction.
3.2 Que disent nos statuts ? L'article 1.2 stipule que le Diocèse est
"sous l'autorite spirituelle du Catholicos", et non pas que ce dernier
y exerce une autorite administrative ou de gestion. Il est vrai que
le Catholicos, a la difference de ses predecesseurs, a defroque
des pretres par douzaines ; s'engagerait-t-il a present dans une
campagne sans precedent d'abus de pouvoir : l'expulsion de communautes
paroissiales entières - plus de 250 membres a Nice ! Quant au Conseil
Spirituel Supreme, il n'est pas cite dans nos statuts ; d'ailleurs,
constitue aujourd'hui de religieux et quelques laïcs choisis par le
Catholicos, ce n'est guère plus qu'une chambre d'enregistrement.
3.3 Le Primat, le Conseil Diocesain, les Delegues ont ete elus dans
leur fonction par les membres de l'Union-Diocèse, c'est-a-dire les
associations paroissiales, pour promouvoir leur cooperation dans
l'Eglise armenienne de France, non comme representants du Catholicos
ni aucunement mandates pour detruire ou spolier l'une d'elles.
3.4 L'article 6 des memes statuts decrit les precautions et les
recours a mettre en ~\uvre dans la procedure d'exclusion d'un membre
physique, un individu, par son association paroissiale ; mais rien
n'est mentionne pour l'exclusion d'une association par l'Union-Diocèse
: il faudrait pour le moins modifier les statuts avant d'envisager
cette hypothèse, en prevoyant - au minimum - autant de precautions
et de recours que pour un simple individu !
3.5 Quant au projet de spoliation, il est très exactement contraire a
l'article 9 alinea e et a l'article 13 des "Statuts Types des Paroisses
Armeniennes", modèle annexe aux statuts du Diocèse, declarant : "le
patrimoine present et futur" demeure la propriete de l'association
paroissiale.
4-. Nos eglises se depeuplent. Le renouvellement des generations n'est
pas assure dans nos associations paroissiales. Les jeunes estiment
que notre Eglise n'est plus de notre temps. L'autoritarisme arbitraire
de l'un, la soumission ou la passivite des autres, l'incantation aux
règles et traditions d'un monde disparu, l'interdit sur toute remise
en question donnent l'image d'une institution figee, depassee où le
message chretien est devenu fade.
L'Eglise ne retrouvera son caractère populaire que par le dynamisme
libere des associations qui animent les paroisses, associations
vivantes, ouvertes - solidaires mais diverses et autonomes. Alors le
Saint Siège sera source d'inspiration, non centre de standardisation et
de contrôle, le Diocèse sera un espace d'echanges et de mutualisation
et non un organe de repression. Car c'est aux associations paroissiales
de definir l'organisation et de fixer les règles de fonctionnement
de leur Union, de veiller a leur application : c'est donc a elles
d'affirmer leur determination en ce sens, de pratiquer le respect
mutuel mais de refuser l'amalgame entre guide spirituel d'une part,
direction des associations et Union d'autre part.
Ara
armenews.com
mercredi 28 mars 2012
Jusqu'où et jusque quand allons-nous accepter l'abus de pouvoir et
allons-nous nous soumettre a l'arbitraire dans l'Eglise Apostolique
Armenienne de France ?
Le traitement qui vient d'etre applique dans ce dernier episode de
la crise de Nice n'est pas le seul cas, ni meme peut-etre le plus
important, mais il est exemplaire.
1-. Souvenons-nous d'abord qu'en decembre 2009 les troubles provoques
par le Père V dans la paroisse de Nice avaient atteint un niveau qui
a amene l'intervention des forces de police. Le 21 mars 2010, les
fauteurs de troubles qui, a quelques exceptions près, ne sont pas de
la paroisse ont empeche par leurs violences la tenue de l'Assemblee
Generale (AG) de l'association paroissiale et le renouvellement de
son Conseil d'administration. Les peripeties qui ont suivi donnèrent
pretexte a la "decision primatiale" du 19 mai 2010. Dans ma Lettre
Ouverte publiee le 11 juin 2010 j'ai denonce l'illegitimite de cette
"decision primatiale" consistant a evincer le Conseil Paroissial
et a le remplacer par une commission designee, non elue, composee
pour moitie de non-adherents a l'association et dotee de pouvoirs
exorbitants.
Quels qu'aient ete les torts des differents acteurs de la crise, le
Primat n'avait en rien le droit de dissoudre le Conseil Paroissial ni
d'ordonner aucune des dispositions concernant la gestion de la paroisse
: il avait deliberement viole les statuts du Diocèse et des Paroisses
(dates de septembre 2005 et toujours en vigueur) et enfreint le droit
des associations.
2-. Le Diocèse pendant deux ans s'est obstine a vouloir faire appliquer
la "decision primatiale" legalement irrecevable. Il a poursuivi la
politique d'obstruction a la convocation de l'AG, y compris par
procedure judiciaire, mais a echoue finalement. Convoquee par un
administrateur judiciaire l'AG s'est tenue le 6 fevrier 2012 avec
164 presents ou representes sur 256 membres adherents, un Conseil
Paroissial a ete elu par 154 voix.
A l'annonce de la convocation de l'AG, l'echec de l'obstruction -
pourtant previsible - a mis en effervescence le Saint Siège, le
Primat et le Diocèse qui ont proclame une serie de decisions d'une
extreme gravite, totalement illicites et injustifiees, prenant cette
fois ouvertement pour cible l'association paroissiale tout entière,
precedant meme la reunion effective de son AG :
- immixtion du Catholicos et du Conseil Spirituel Supreme (CSS)
dans un problème interne a l'Union-Diocèse et concernant la gestion
d'une paroisse
- ejection arbitraire, par le Catholicos et le CSS, de cette paroisse
hors de l'Eglise, sans un quelconque motif recevable
- irrespect des statuts par le Primat, le Conseil Diocesain et
l'Assemblee des Delegues Diocesains, manquement a leur responsabilite
d'elus en acceptant une ingerence exterieure dans le fonctionnement
du Diocèse
- exclusion d'un membre fondateur de l'Union-Diocèse, alors qu'aucune
disposition a cet egard n'est prevue dans les statuts
- declaration d'intention de deposseder une association de son
patrimoine.
3-. Dans cette affaire, rien ne concerne le culte proprement dit :
l'Evangile, la doctrine, les sacrements ou les rites de l'Eglise.
3.1 Pour l'organisation et le fonctionnement de l'Eglise Apostolique
Armenienne, après le genocide et la bolchevisation, le seul canon
de reference est la "Règlementation speciale pour la reunion de
l'Assemblee Ecclesiale Nationale" du 19 juin 1945. Cette Règlementation
precise que l'Assemblee Ecclesiale Nationale est l'organe legislatif
supreme de l'Eglise et que sont dans ses attributions l'election du
catholicos et des membres du Conseil Spirituel Supreme, l'etablissement
de sa propre constitution, l'instruction et la resolution des problèmes
affectant l'Eglise et les questions canoniques : le rejet hors de
l'Eglise d'une communaute est suffisamment grave et extraordinaire
pour relever de cette dernière categorie. Jamais cette Assemblee
elue representant les religieux et les fidèles laïcs repartis dans
le monde n'a prononce une telle sanction.
3.2 Que disent nos statuts ? L'article 1.2 stipule que le Diocèse est
"sous l'autorite spirituelle du Catholicos", et non pas que ce dernier
y exerce une autorite administrative ou de gestion. Il est vrai que
le Catholicos, a la difference de ses predecesseurs, a defroque
des pretres par douzaines ; s'engagerait-t-il a present dans une
campagne sans precedent d'abus de pouvoir : l'expulsion de communautes
paroissiales entières - plus de 250 membres a Nice ! Quant au Conseil
Spirituel Supreme, il n'est pas cite dans nos statuts ; d'ailleurs,
constitue aujourd'hui de religieux et quelques laïcs choisis par le
Catholicos, ce n'est guère plus qu'une chambre d'enregistrement.
3.3 Le Primat, le Conseil Diocesain, les Delegues ont ete elus dans
leur fonction par les membres de l'Union-Diocèse, c'est-a-dire les
associations paroissiales, pour promouvoir leur cooperation dans
l'Eglise armenienne de France, non comme representants du Catholicos
ni aucunement mandates pour detruire ou spolier l'une d'elles.
3.4 L'article 6 des memes statuts decrit les precautions et les
recours a mettre en ~\uvre dans la procedure d'exclusion d'un membre
physique, un individu, par son association paroissiale ; mais rien
n'est mentionne pour l'exclusion d'une association par l'Union-Diocèse
: il faudrait pour le moins modifier les statuts avant d'envisager
cette hypothèse, en prevoyant - au minimum - autant de precautions
et de recours que pour un simple individu !
3.5 Quant au projet de spoliation, il est très exactement contraire a
l'article 9 alinea e et a l'article 13 des "Statuts Types des Paroisses
Armeniennes", modèle annexe aux statuts du Diocèse, declarant : "le
patrimoine present et futur" demeure la propriete de l'association
paroissiale.
4-. Nos eglises se depeuplent. Le renouvellement des generations n'est
pas assure dans nos associations paroissiales. Les jeunes estiment
que notre Eglise n'est plus de notre temps. L'autoritarisme arbitraire
de l'un, la soumission ou la passivite des autres, l'incantation aux
règles et traditions d'un monde disparu, l'interdit sur toute remise
en question donnent l'image d'une institution figee, depassee où le
message chretien est devenu fade.
L'Eglise ne retrouvera son caractère populaire que par le dynamisme
libere des associations qui animent les paroisses, associations
vivantes, ouvertes - solidaires mais diverses et autonomes. Alors le
Saint Siège sera source d'inspiration, non centre de standardisation et
de contrôle, le Diocèse sera un espace d'echanges et de mutualisation
et non un organe de repression. Car c'est aux associations paroissiales
de definir l'organisation et de fixer les règles de fonctionnement
de leur Union, de veiller a leur application : c'est donc a elles
d'affirmer leur determination en ce sens, de pratiquer le respect
mutuel mais de refuser l'amalgame entre guide spirituel d'une part,
direction des associations et Union d'autre part.