" UNE FEMME PORTE LE FOULARD A LA COMMEMORATION DU 24 AVRIL " PAR ETYEN MAHCUPYAN
Stephane
armenews.com
http://www.todayszaman.com/columnistDetail_getNewsById.action
mardi 8 mai 2012
Jusqu'a present, pour tous les gouvernements de la Republique turque,
la question armenienne reste un problème recurrent.
Dès lors qu'on approche de la date du 24 avril, ou a chaque fois que le
parlement d'un pays etranger vote sur la reconnaissance du genocide,
il devient habituel pour nous de reagir et d'exprimer la reprobation
nationale par notre ministre des affaires etrangères.
Entre temps, chaque fois que nous avons obtenu d'un pays occidental
qu'il retropedale en mettant dans la balance le poids commercial et
militaire de la Turquie, nous avons pris cela comme une victoire. Le
point fondamental, c'est qu'aux yeux du gouvernement comme aux yeux de
la societe, la question armenienne tend a etre prise pour une question
de "politique etrangère" ; c'est un peu comme si ces evenements ne
s'etaient pas passes en Anatolie, mais au cours d'un conflit avec
un pays ennemi, a la frontière geographique de notre pays. L'un des
facteurs qui favorise cette perception, c'est que d'après l'histoire
officielle de notre pays, les deplacements forces se sont deroules
en temps de guerre, alors que des forces etrangères cherchaient a
diviser l'Anatolie, nos territoires de l'interieur constituant en
quelque sorte une frontière. De ce fait, les Armeniens ne pouvaient
plus etre consideres comme faisant partie des nations anciennes (le
millet) de l'Empire ottoman, mais comme une tribu agressive en guerre
avec l'etat. C'est de cette facon que la decision de la deportation
forcee des Armeniens a pu etre decidee...
L'adhesion de la communaute turque a cette thèse a ete en outre
sollicitee par l'etat ; en depit de sa diversite, la communaute
a repondu a cette invitation. D'un autre côte, il y avait des
implications entre la question armenienne et le regime republicain
parce que les fondateurs du nouveau regime n'etaient autres que les
cercles du Comite Union et Progrès (CUP) proches des communautes. En
outre, les Kemalistes avaient sur les non-musulmans les memes approches
que le CUP. Il est sûr que plusieurs annees après l'instauration de
la republique, les non-musulmans commencèrent a subir une pression
croissante a travers les lois et les pratiques deliberees. Finalement,
la societe se sentait redevable envers l'etat qui l'avait sauvee de
la domination des puissances etrangères, et par suite, elle avait
adopte sans poser des questions sa position officielle sur la question
armenienne.
Lorsque le debat sur le genocide reapparut après 1980, l'etat, dans
l'esprit du regime du 12 septembre, commenca a dire a ses citoyens,
ouvertement, ce dont ils devaient penser de ce problème. Et ceux dont
le discours differait de celui officiel de l'etat etaient consideres
comme des traîtres, puis broyes par les lois penales. L'opinion
publique en general pensait qu'un conflit s'installait, de plus en
plus important, et considerait que la bonne chose a faire etait de
se ranger a la position de l'etat...
Ce schema commenca a changer au milieu des annees 1990. Des
organisations laïques montrèrent des signes de division, des democrates
prenant leurs distances avec l'etat sur les sujets du nationalisme
et de a laïcite. Le premier accroc important se produisit entre les
groupes des democrates laïcs et les intellectuels du camp islamiste
alors engage dans les changements, et au moment du coup d'etat du
28 fevrier 1997, la division au sein des groupes laïcs battait son
plein. Après quelques temps, le Mouvement Democratie Nouvelle commenca
a mettre en cause le discours de l'etat sous diverses formes, les
intellectuels de la communaute armenienne lancèrent le journal Agos et
une opposition "progressiste" emergea du Parti Islamiste du Salut (RP).
Le Parti Justice et Developpement (AKP) agit comme une revolution
silencieuse qui ramena ces diverses tendances a la separation vers un
unique parti. En plus de servir de reference aux groupes islamistes
pour definir leurs actions, ce mouvement sert de mediateur entre la
societe et le besoin de "reformer" l'etat. Ce changement se produit a
une telle vitesse que le president du parlement Cemil Cicek, qui avait
dit de la conference armenienne de 2005, "ils nous poignardent ans
le dos", ressent a present le besoin d'aborder la question armenienne
dans le contexte de l'initiative de nouvelle constitution ; il insiste
a present sur la necessite de se confronter a fond avec son passe.
L'AKP n'est pas le moteur de ce changement surprenant...Le changement
reel se poursuit au sein de la communaute islamique, et l'energie
qui se degage de ce changement depasse les reticences du gouvernement.
Cette annee, une femme portant le foulard a lu le communique de
presse concernant la commemoration du 24 avril au nom de tous les
participants. Beaucoup d'intellectuels et de journalistes de groupes
islamistes ont exprime leur respect pour la peine issue du deplacement
des Armeniens, et ont condamne la mentalite pro-CUP. L'association
des droits de l'homme et de Solidarite avec les Peuples Opprimes
(Mazlum-Der), l'association des droits de l'homme la plus importante
parmi les groupes islamistes, a publie un communique de presse
extremement respectueux pour les pertes en vies humaines, qui
soulignait la realite historique et son refus du jargon d'etat. De ce
point de vue, la Turquie est sur le point de franchir un seuil... La
politique de negation est a present percue comme ridicule qui ne touche
a present que les TV nationalistes (ulusalci). Il est peu probable que
le gouvernement reste indifferent a la liberation mentale des groupes
islamistes. Mais l'Occident devrait s'abstenir de considerer cette
question, une fois de plus, comme un sujet de 'politique etrangère"...
From: Baghdasarian
Stephane
armenews.com
http://www.todayszaman.com/columnistDetail_getNewsById.action
mardi 8 mai 2012
Jusqu'a present, pour tous les gouvernements de la Republique turque,
la question armenienne reste un problème recurrent.
Dès lors qu'on approche de la date du 24 avril, ou a chaque fois que le
parlement d'un pays etranger vote sur la reconnaissance du genocide,
il devient habituel pour nous de reagir et d'exprimer la reprobation
nationale par notre ministre des affaires etrangères.
Entre temps, chaque fois que nous avons obtenu d'un pays occidental
qu'il retropedale en mettant dans la balance le poids commercial et
militaire de la Turquie, nous avons pris cela comme une victoire. Le
point fondamental, c'est qu'aux yeux du gouvernement comme aux yeux de
la societe, la question armenienne tend a etre prise pour une question
de "politique etrangère" ; c'est un peu comme si ces evenements ne
s'etaient pas passes en Anatolie, mais au cours d'un conflit avec
un pays ennemi, a la frontière geographique de notre pays. L'un des
facteurs qui favorise cette perception, c'est que d'après l'histoire
officielle de notre pays, les deplacements forces se sont deroules
en temps de guerre, alors que des forces etrangères cherchaient a
diviser l'Anatolie, nos territoires de l'interieur constituant en
quelque sorte une frontière. De ce fait, les Armeniens ne pouvaient
plus etre consideres comme faisant partie des nations anciennes (le
millet) de l'Empire ottoman, mais comme une tribu agressive en guerre
avec l'etat. C'est de cette facon que la decision de la deportation
forcee des Armeniens a pu etre decidee...
L'adhesion de la communaute turque a cette thèse a ete en outre
sollicitee par l'etat ; en depit de sa diversite, la communaute
a repondu a cette invitation. D'un autre côte, il y avait des
implications entre la question armenienne et le regime republicain
parce que les fondateurs du nouveau regime n'etaient autres que les
cercles du Comite Union et Progrès (CUP) proches des communautes. En
outre, les Kemalistes avaient sur les non-musulmans les memes approches
que le CUP. Il est sûr que plusieurs annees après l'instauration de
la republique, les non-musulmans commencèrent a subir une pression
croissante a travers les lois et les pratiques deliberees. Finalement,
la societe se sentait redevable envers l'etat qui l'avait sauvee de
la domination des puissances etrangères, et par suite, elle avait
adopte sans poser des questions sa position officielle sur la question
armenienne.
Lorsque le debat sur le genocide reapparut après 1980, l'etat, dans
l'esprit du regime du 12 septembre, commenca a dire a ses citoyens,
ouvertement, ce dont ils devaient penser de ce problème. Et ceux dont
le discours differait de celui officiel de l'etat etaient consideres
comme des traîtres, puis broyes par les lois penales. L'opinion
publique en general pensait qu'un conflit s'installait, de plus en
plus important, et considerait que la bonne chose a faire etait de
se ranger a la position de l'etat...
Ce schema commenca a changer au milieu des annees 1990. Des
organisations laïques montrèrent des signes de division, des democrates
prenant leurs distances avec l'etat sur les sujets du nationalisme
et de a laïcite. Le premier accroc important se produisit entre les
groupes des democrates laïcs et les intellectuels du camp islamiste
alors engage dans les changements, et au moment du coup d'etat du
28 fevrier 1997, la division au sein des groupes laïcs battait son
plein. Après quelques temps, le Mouvement Democratie Nouvelle commenca
a mettre en cause le discours de l'etat sous diverses formes, les
intellectuels de la communaute armenienne lancèrent le journal Agos et
une opposition "progressiste" emergea du Parti Islamiste du Salut (RP).
Le Parti Justice et Developpement (AKP) agit comme une revolution
silencieuse qui ramena ces diverses tendances a la separation vers un
unique parti. En plus de servir de reference aux groupes islamistes
pour definir leurs actions, ce mouvement sert de mediateur entre la
societe et le besoin de "reformer" l'etat. Ce changement se produit a
une telle vitesse que le president du parlement Cemil Cicek, qui avait
dit de la conference armenienne de 2005, "ils nous poignardent ans
le dos", ressent a present le besoin d'aborder la question armenienne
dans le contexte de l'initiative de nouvelle constitution ; il insiste
a present sur la necessite de se confronter a fond avec son passe.
L'AKP n'est pas le moteur de ce changement surprenant...Le changement
reel se poursuit au sein de la communaute islamique, et l'energie
qui se degage de ce changement depasse les reticences du gouvernement.
Cette annee, une femme portant le foulard a lu le communique de
presse concernant la commemoration du 24 avril au nom de tous les
participants. Beaucoup d'intellectuels et de journalistes de groupes
islamistes ont exprime leur respect pour la peine issue du deplacement
des Armeniens, et ont condamne la mentalite pro-CUP. L'association
des droits de l'homme et de Solidarite avec les Peuples Opprimes
(Mazlum-Der), l'association des droits de l'homme la plus importante
parmi les groupes islamistes, a publie un communique de presse
extremement respectueux pour les pertes en vies humaines, qui
soulignait la realite historique et son refus du jargon d'etat. De ce
point de vue, la Turquie est sur le point de franchir un seuil... La
politique de negation est a present percue comme ridicule qui ne touche
a present que les TV nationalistes (ulusalci). Il est peu probable que
le gouvernement reste indifferent a la liberation mentale des groupes
islamistes. Mais l'Occident devrait s'abstenir de considerer cette
question, une fois de plus, comme un sujet de 'politique etrangère"...
From: Baghdasarian