Le Temps, Suisse
Samedi 19 Mai 2012
Rachmaninov et l'me d'une jeune pianiste
Nareh Arghamanyan joue le compositeur russe avec une profondeur à la
fois organique et sophistiquée
par Jonas Pulver
Le piano de Rachmaninov est une épopée dans laquelle tant de solistes
s'engouffrent au triple galop. Les écueils guettent et - rendent les
partitions désuètes. Clavier chevauché plutôt que fresque déployée.
Surenchère plutôt qu'emphase. Démonstrativité au lieu de tempérament.
En réalité, le répertoire solo du compositeur russe requiert un
étrange équilibre de domination technique et de pudeur expressive. Pas
de distance, ni de froideur, bien au contraire. Mais une façon de se
laisser faire par les notes et leur douce poésie. Une me
contemplative.
Voilà justement ce qui fait toute la valeur du jeu de Nareh
Arghamanyan, dont les premiers pas chez PentaTone sont placés sous le
signe de Rachmaninov. Cette jeune pianiste arménienne, née en 1989, a
réalisé ses études à Yerevan et Vienne, avant de remporter en 2008 le
Premier Prix du Concours de Montréal.
Ce qui frappe immédiatement dans les Morceaux de fantaisie Op. 3,
c'est la grande profondeur des plans sonores, leur souplesse à la fois
organique et sophistiquée. Le fameux Prélude en do dièse mineur est un
torrent lent et majestueux, dont les graves lourds et granitiques
contrastent avec un lyrisme d'écumes - tourbillonnantes. Pétries
d'intelligence et de réserve, les Etudes-tableaux Op. 33 révèlent des
merveilles de tendresse (N° 3) et d'ivresses fugaces (N° 5). Les
vastes Variations sur un thème de - Corelli, patiemment architecturées,
se laissent le temps de jouir de leurs mystères un brin archaïsants,
avant une procession finale aux flammes amples et moirées.
Samedi 19 Mai 2012
Rachmaninov et l'me d'une jeune pianiste
Nareh Arghamanyan joue le compositeur russe avec une profondeur à la
fois organique et sophistiquée
par Jonas Pulver
Le piano de Rachmaninov est une épopée dans laquelle tant de solistes
s'engouffrent au triple galop. Les écueils guettent et - rendent les
partitions désuètes. Clavier chevauché plutôt que fresque déployée.
Surenchère plutôt qu'emphase. Démonstrativité au lieu de tempérament.
En réalité, le répertoire solo du compositeur russe requiert un
étrange équilibre de domination technique et de pudeur expressive. Pas
de distance, ni de froideur, bien au contraire. Mais une façon de se
laisser faire par les notes et leur douce poésie. Une me
contemplative.
Voilà justement ce qui fait toute la valeur du jeu de Nareh
Arghamanyan, dont les premiers pas chez PentaTone sont placés sous le
signe de Rachmaninov. Cette jeune pianiste arménienne, née en 1989, a
réalisé ses études à Yerevan et Vienne, avant de remporter en 2008 le
Premier Prix du Concours de Montréal.
Ce qui frappe immédiatement dans les Morceaux de fantaisie Op. 3,
c'est la grande profondeur des plans sonores, leur souplesse à la fois
organique et sophistiquée. Le fameux Prélude en do dièse mineur est un
torrent lent et majestueux, dont les graves lourds et granitiques
contrastent avec un lyrisme d'écumes - tourbillonnantes. Pétries
d'intelligence et de réserve, les Etudes-tableaux Op. 33 révèlent des
merveilles de tendresse (N° 3) et d'ivresses fugaces (N° 5). Les
vastes Variations sur un thème de - Corelli, patiemment architecturées,
se laissent le temps de jouir de leurs mystères un brin archaïsants,
avant une procession finale aux flammes amples et moirées.