LE GéNOCIDE ARMéNIEN ET LES TENDANCES ACTUELLES DE LA POLITIQUE TURQUE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=64064
Publié le : 22-05-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
livre cette information traduite par Georges Festa et publiée sur
le site Armenian Trends - Mes Arménies le 21 mai 2012.
Légende photo: Musée des Arts turcs et islamiques, Istanbul
(Turquie), oct. 2007 © http://en.wikipedia.org
Armenian Trends - Mes Arménies
lundi 21 mai 2012
La question du génocide arménien et les tendances actuelles de
la politique turque / The issue of the Armenian Genocide and modern
tendancies of Turkey's policy
par Ruben Melkonyan
Fondation Noravank, 14.05.2012
Chacun sait la place importante qu'occupe le combat contre la
reconnaissance internationale du génocide arménien dans l'agenda de
la politique étrangère de la Turquie. A l'aube de 2015, la Turquie
mobilise toutes ses méthodes éprouvées et en intègre de nouvelles
dans sa politique tant étrangère qu'intérieure.
En particulier, d'énormes ressources financières sont mises au
service de l'édition, de la traduction et de la diffusion d'une
littérature anti-scientifique niant le génocide arménien.
La Â" pensée universitaire Â" turque tente de diffuser de nouveaux
faits Â" irréfutables Â". Plus précisément : de récentes
déclarations, selon lesquelles de nouvelles informations importantes
concernant le procès de Malte auraient été découvertes. Selon
certains documents d'archives anglo-américaines, les officiels turcs,
qui furent responsables de la mise en Å"uvre du génocide et placés
sous bonne garde a Malte, furent relâchés, Â" aucune preuve a leur
encontre n'ayant été trouvée Â". Le fait que certains intellectuels
turcs présentent cette Â" découverte Â" aux autorités turques en
gage d'argument de poids est, de même, illustré par le fait que
le ministre Egemen BagıÅ~_, qui se trouve être aussi le principal
négociateur avec l'Union Européenne, se soit récemment rendu a
Malte, où il fit la déclaration suivante : Â" La Turquie a été
déclarée non coupable au regard des événements de 1915, lors
du procès de Malte. Le tribunal acquitta les officiels ottomans
qui avaient été arrêtés en liaison avec les événements
qui se produisirent en 1915. La décision fut prise par le juge
britannique. Â" Il a aussi été annoncé que la Turquie se servirait
de cette Â" importante découverte Â" au niveau international comme
argument prouvant Â" qu'il n'y a pas eu de génocide arménien Â".
Rappelons que de nombreux officiels ottomans, lesquels préparèrent,
perpétrèrent et furent complices du génocide arménien, furent
arrêtés après la Première Guerre mondiale et qu'une partie d'entre
eux fut emmenée a Malte. Puis, suite au développement du mouvement
kémaliste, la situation changea et les criminels turcs, qui étaient
détenus a Malte, firent l'objet d'un marchandage politique entre
autorités britanniques et kémalistes ; en particulier, un échange de
prisonniers anglais et turcs fut mis en place. De retour en Turquie,
nombre de ces criminels occupèrent des postes importants, devenant
ministres, membres du Parlement, gouverneurs, etc. De nombreux faits
prouvent qu'ils furent élargis sur des bases politiques, et non
juridiques ; le style caractéristique de la diplomatie et de la
mentalité britanniques se reflète dans le rapport d'un diplomate
anglais de haut rang, dans lequel, évoquant les Turcs qui furent
libérés, ce dernier déclare : Â" Moins nous parlons de ces gens,
mieux cela vaut, mais je fis de mon mieux pour éclaircir cette
question passablement épineuse de savoir pourquoi les exilés turcs
furent élargis. J'estime que tout un chacun eÃ"t agi de même. Les
membres du Parlement étaient d'avis qu'un seul prisonnier anglais
valait bien une cargaison de prisonniers turcs. Tel fut le motif de
cet échange. Â"
Les milieux analytiques turcs s'impliquent aussi activement dans le
combat visant la reconnaissance internationale du génocide arménien ;
leur activité et leurs analyses sont, naturellement, en phase avec la
politique officielle de l'Etat. Ainsi, le directeur du Centre d'Etudes
Stratégiques sur le Caucase, Khatam Jabbarli, s'est dit préoccupé
du fait que la question du génocide arménien soit plus souvent
débattue dans la presse turque et qu'il y ait des journalistes turcs
qui défendent les points de vue arméniens et exigent des excuses de
la part de la Turquie. Citant comme exemple récent l'éditorialiste
du journal Radikal, Orhan Cengiz. Jabbarli conclut son article sur
une note pessimiste pour la Turquie et note : Â" Le fait que ce genre
d'opinions s'expriment dans la presse turque devrait être regardé
comme un succès notable de la propagande arménienne. Â"
Dans le contexte des préparatifs de 2015, la Turquie déclare
que son ennemi numéro 1 est la diaspora arménienne, tandis que
l'Azerbaïdjan s'engage lui aussi dans ce combat. Tous deux tentent
de composer une force nouvelle dans la lutte contre la reconnaissance
internationale du génocide arménien et la diaspora arménienne -
le lobby turco-azerbaïdjanais, qui est particulièrement actif en
Europe et aux Etats-Unis. Par exemple, il existe une organisation
aux Etats-Unis affublée d'un nom plutôt typique - les Â" Jeunes
Turcs Â" - qui organise des manifestations Â" contre les mensonges
arméniens Â", Â" en mémoire des officiels turcs assassinés par
l'ASALA Â", des Â" événements de Khojaly Â". Ces Â" Jeunes Turcs Â"
précisent qu'ils sont soutenus non seulement par les Azerbaïdjanais
vivant aux Etats-Unis, mais aussi par des Ouzbeks, des Turkmènes,
des Ouïghours et des représentants d'autres nations turciques.
Parallèlement, la Turquie recourt a certaines méthodes plus occultes.
Il y a quelques années, son ministre des Affaires Etrangères,
Ahmet Davutoglu, chargea des diplomates turcs de repérer parmi les
communautés arméniennes quelles figures seraient prêtes au Â"
dialogue Â" et a travailler activement avec eux.
Rappelons que dans ce combat contre la reconnaissance internationale
du génocide arménien, tous les grands partis turcs, en dépit
de leur orientation idéologique, sont impliqués. Naturellement,
l'essentiel de la politique de déni est mis en Å"uvre par le parti
Justice et Développement au pouvoir, mais le Parti Républicain du
Peuple et le parti du Mouvement National, dans l'opposition, tentent
néanmoins de lui emboîter le pas. Il a été ainsi décidé, lors
de la dernière session plénière du Parti Républicain du Peuple,
sous la présidence du dirigeant de ce parti, Kemal Kılıcdaroglu,
de faire appel a Å~^ukru Elekdag, un ancien diplomate et parlementaire
turc - et falsificateur des plus notables - de présenter un rapport
sur les Â" revendications arméniennes Â" et de faire des propositions
pour s'y opposer. Ce parti fit une déclaration officielle, selon
laquelle il s'apprête a lancer une campagne a grande échelle contre
la reconnaissance du génocide arménien. Le président du parti du
Mouvement National, Devlet Bahceli, lors d'un récent discours en
France, a critiqué la décision médiatique du Sénat de ce pays et
menacé la diaspora arménienne. Appelant dans le même temps les
Turcs a lutter Â" contre les revendications arméniennes Â" en Â"
joignant leurs efforts Â".
De leur côté, les autorités turques tentent de combiner leur
posture nationaliste avec des mesures et des déclarations censées
être démocratiques, où l'on ne saurait voir qu'une pantomime
manifeste. Des officiels turcs de haut rang s'efforcent de se ranger
a des formules toutes faites, du genre Â" souffrance commune Â", Â"
pertes mutuelles Â".
Lors de sa récente visite a une foire du Livre, le Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan a publiquement acheté l'ouvrage
Arméniens et Turcs : une souffrance commune, du journaliste turc
Taha Akyol, agissant comme s'il s'intéressait au sujet. Le plus
remarquable est que le président du Parlement turc, Cemil Cicek,
ait participé a un symposium intitulé Â" Première étape vers un
partage des souffrances et panser les plaies Â", organisé par le
Parti social-démocrate de Turquie, il y a peu, où il a notamment
déclaré : Â" Après la Première Guerre mondiale, un exil eut lieu,
ce qui eut pour conséquence que les Arméniens, avec qui nous vivions
côte a côte depuis des lustres, furent contraints de quitter leur
patrie. Nous partageons une même souffrance et nous devons tout
d'abord l'accepter. Â" En fait, a l'aube du 24 avril, Â" Cemil 301 Â"
tente d'arborer le masque d'un officiel européen tolérant...
Soulignons que, bien que la plupart des mouvements non gouvernements
en Turquie soient orchestrés par l'Etat, des initiatives courageuses
existent, malgré tout. Citons, entre autres, l'Initiative Droits de
l'Homme et Â" Dites non au racisme et au nationalisme ! Â", qui ont
organisé des manifestations en mémoire des victimes du génocide
arménien le 24 avril dernier. Lors de cet événement, organisé place
Taksim a Istanbul, le militaire d'origine arménienne Sevak Balici,
qui fut tué le 24 avril l'an passé, fut commémoré en tant que
victime du nationalisme. Les organisateurs adressèrent deux lettres
où ils présentaient leur position et leurs analyses au Catholicos de
tous les Arméniens et a son homologue de Cilicie. Il est a remarquer
que cette organisation de défense des droits de l'homme avait choisi
un lieu hautement symbolique pour honorer les victimes - le bâtiment
du Musée des Arts turcs et islamiques, qui servit en 1915 de prison
pour les Arméniens déportés. Point particulièrement important
de ces manifestations, le fait que, contrairement a l'appel a signer
le document Â" Nous présentons nos excuses aux Arméniens Â", la le
terme de génocide arménien est utilisé.
Rappelons que le nombre de gens, au sein de la société turque,
qui estiment qu'il vaut mieux reconnaître le génocide arménien,
s'excuser et affranchir ainsi le pays du fait d'être otage de sa
propre politique, va croissant. Et relevons que ces gens prennent
plutôt en compte les intérêts de la Turquie que le point de vue
arménien.
Parallèlement, le nombre de Turcs et de Kurdes, prêts a faire face
a leur histoire, est trop réduit en Turquie - les organisateurs de
l'initiative Â" Dites non au racisme et au nationalisme ! Â" sont
d'avis qu'il est impossible de faire changer d'avis l'opinion en
Turquie, grâce aux seules forces de mouvements de gauche tels que
le leur.
En résumé, disons que, d'un côté, la politique de déni de la
Turquie rencontre certaines difficultés, tout en élaborant, de
l'autre, des modalités moins visibles, s'agrégeant d'autres forces,
lesquelles créent de nouveaux obstacles pour l'Arménie et l'identité
arménienne sur la voie d'une reconnaissance internationale de la
vérité historique.
_____________
Source : http://www.noravank.am/eng/articles/detail.php?ELEMENT_ID=6486
Traduction : © Georges Festa - 05.2012.
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From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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Publié le : 22-05-2012
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Légende photo: Musée des Arts turcs et islamiques, Istanbul
(Turquie), oct. 2007 © http://en.wikipedia.org
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La question du génocide arménien et les tendances actuelles de
la politique turque / The issue of the Armenian Genocide and modern
tendancies of Turkey's policy
par Ruben Melkonyan
Fondation Noravank, 14.05.2012
Chacun sait la place importante qu'occupe le combat contre la
reconnaissance internationale du génocide arménien dans l'agenda de
la politique étrangère de la Turquie. A l'aube de 2015, la Turquie
mobilise toutes ses méthodes éprouvées et en intègre de nouvelles
dans sa politique tant étrangère qu'intérieure.
En particulier, d'énormes ressources financières sont mises au
service de l'édition, de la traduction et de la diffusion d'une
littérature anti-scientifique niant le génocide arménien.
La Â" pensée universitaire Â" turque tente de diffuser de nouveaux
faits Â" irréfutables Â". Plus précisément : de récentes
déclarations, selon lesquelles de nouvelles informations importantes
concernant le procès de Malte auraient été découvertes. Selon
certains documents d'archives anglo-américaines, les officiels turcs,
qui furent responsables de la mise en Å"uvre du génocide et placés
sous bonne garde a Malte, furent relâchés, Â" aucune preuve a leur
encontre n'ayant été trouvée Â". Le fait que certains intellectuels
turcs présentent cette Â" découverte Â" aux autorités turques en
gage d'argument de poids est, de même, illustré par le fait que
le ministre Egemen BagıÅ~_, qui se trouve être aussi le principal
négociateur avec l'Union Européenne, se soit récemment rendu a
Malte, où il fit la déclaration suivante : Â" La Turquie a été
déclarée non coupable au regard des événements de 1915, lors
du procès de Malte. Le tribunal acquitta les officiels ottomans
qui avaient été arrêtés en liaison avec les événements
qui se produisirent en 1915. La décision fut prise par le juge
britannique. Â" Il a aussi été annoncé que la Turquie se servirait
de cette Â" importante découverte Â" au niveau international comme
argument prouvant Â" qu'il n'y a pas eu de génocide arménien Â".
Rappelons que de nombreux officiels ottomans, lesquels préparèrent,
perpétrèrent et furent complices du génocide arménien, furent
arrêtés après la Première Guerre mondiale et qu'une partie d'entre
eux fut emmenée a Malte. Puis, suite au développement du mouvement
kémaliste, la situation changea et les criminels turcs, qui étaient
détenus a Malte, firent l'objet d'un marchandage politique entre
autorités britanniques et kémalistes ; en particulier, un échange de
prisonniers anglais et turcs fut mis en place. De retour en Turquie,
nombre de ces criminels occupèrent des postes importants, devenant
ministres, membres du Parlement, gouverneurs, etc. De nombreux faits
prouvent qu'ils furent élargis sur des bases politiques, et non
juridiques ; le style caractéristique de la diplomatie et de la
mentalité britanniques se reflète dans le rapport d'un diplomate
anglais de haut rang, dans lequel, évoquant les Turcs qui furent
libérés, ce dernier déclare : Â" Moins nous parlons de ces gens,
mieux cela vaut, mais je fis de mon mieux pour éclaircir cette
question passablement épineuse de savoir pourquoi les exilés turcs
furent élargis. J'estime que tout un chacun eÃ"t agi de même. Les
membres du Parlement étaient d'avis qu'un seul prisonnier anglais
valait bien une cargaison de prisonniers turcs. Tel fut le motif de
cet échange. Â"
Les milieux analytiques turcs s'impliquent aussi activement dans le
combat visant la reconnaissance internationale du génocide arménien ;
leur activité et leurs analyses sont, naturellement, en phase avec la
politique officielle de l'Etat. Ainsi, le directeur du Centre d'Etudes
Stratégiques sur le Caucase, Khatam Jabbarli, s'est dit préoccupé
du fait que la question du génocide arménien soit plus souvent
débattue dans la presse turque et qu'il y ait des journalistes turcs
qui défendent les points de vue arméniens et exigent des excuses de
la part de la Turquie. Citant comme exemple récent l'éditorialiste
du journal Radikal, Orhan Cengiz. Jabbarli conclut son article sur
une note pessimiste pour la Turquie et note : Â" Le fait que ce genre
d'opinions s'expriment dans la presse turque devrait être regardé
comme un succès notable de la propagande arménienne. Â"
Dans le contexte des préparatifs de 2015, la Turquie déclare
que son ennemi numéro 1 est la diaspora arménienne, tandis que
l'Azerbaïdjan s'engage lui aussi dans ce combat. Tous deux tentent
de composer une force nouvelle dans la lutte contre la reconnaissance
internationale du génocide arménien et la diaspora arménienne -
le lobby turco-azerbaïdjanais, qui est particulièrement actif en
Europe et aux Etats-Unis. Par exemple, il existe une organisation
aux Etats-Unis affublée d'un nom plutôt typique - les Â" Jeunes
Turcs Â" - qui organise des manifestations Â" contre les mensonges
arméniens Â", Â" en mémoire des officiels turcs assassinés par
l'ASALA Â", des Â" événements de Khojaly Â". Ces Â" Jeunes Turcs Â"
précisent qu'ils sont soutenus non seulement par les Azerbaïdjanais
vivant aux Etats-Unis, mais aussi par des Ouzbeks, des Turkmènes,
des Ouïghours et des représentants d'autres nations turciques.
Parallèlement, la Turquie recourt a certaines méthodes plus occultes.
Il y a quelques années, son ministre des Affaires Etrangères,
Ahmet Davutoglu, chargea des diplomates turcs de repérer parmi les
communautés arméniennes quelles figures seraient prêtes au Â"
dialogue Â" et a travailler activement avec eux.
Rappelons que dans ce combat contre la reconnaissance internationale
du génocide arménien, tous les grands partis turcs, en dépit
de leur orientation idéologique, sont impliqués. Naturellement,
l'essentiel de la politique de déni est mis en Å"uvre par le parti
Justice et Développement au pouvoir, mais le Parti Républicain du
Peuple et le parti du Mouvement National, dans l'opposition, tentent
néanmoins de lui emboîter le pas. Il a été ainsi décidé, lors
de la dernière session plénière du Parti Républicain du Peuple,
sous la présidence du dirigeant de ce parti, Kemal Kılıcdaroglu,
de faire appel a Å~^ukru Elekdag, un ancien diplomate et parlementaire
turc - et falsificateur des plus notables - de présenter un rapport
sur les Â" revendications arméniennes Â" et de faire des propositions
pour s'y opposer. Ce parti fit une déclaration officielle, selon
laquelle il s'apprête a lancer une campagne a grande échelle contre
la reconnaissance du génocide arménien. Le président du parti du
Mouvement National, Devlet Bahceli, lors d'un récent discours en
France, a critiqué la décision médiatique du Sénat de ce pays et
menacé la diaspora arménienne. Appelant dans le même temps les
Turcs a lutter Â" contre les revendications arméniennes Â" en Â"
joignant leurs efforts Â".
De leur côté, les autorités turques tentent de combiner leur
posture nationaliste avec des mesures et des déclarations censées
être démocratiques, où l'on ne saurait voir qu'une pantomime
manifeste. Des officiels turcs de haut rang s'efforcent de se ranger
a des formules toutes faites, du genre Â" souffrance commune Â", Â"
pertes mutuelles Â".
Lors de sa récente visite a une foire du Livre, le Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan a publiquement acheté l'ouvrage
Arméniens et Turcs : une souffrance commune, du journaliste turc
Taha Akyol, agissant comme s'il s'intéressait au sujet. Le plus
remarquable est que le président du Parlement turc, Cemil Cicek,
ait participé a un symposium intitulé Â" Première étape vers un
partage des souffrances et panser les plaies Â", organisé par le
Parti social-démocrate de Turquie, il y a peu, où il a notamment
déclaré : Â" Après la Première Guerre mondiale, un exil eut lieu,
ce qui eut pour conséquence que les Arméniens, avec qui nous vivions
côte a côte depuis des lustres, furent contraints de quitter leur
patrie. Nous partageons une même souffrance et nous devons tout
d'abord l'accepter. Â" En fait, a l'aube du 24 avril, Â" Cemil 301 Â"
tente d'arborer le masque d'un officiel européen tolérant...
Soulignons que, bien que la plupart des mouvements non gouvernements
en Turquie soient orchestrés par l'Etat, des initiatives courageuses
existent, malgré tout. Citons, entre autres, l'Initiative Droits de
l'Homme et Â" Dites non au racisme et au nationalisme ! Â", qui ont
organisé des manifestations en mémoire des victimes du génocide
arménien le 24 avril dernier. Lors de cet événement, organisé place
Taksim a Istanbul, le militaire d'origine arménienne Sevak Balici,
qui fut tué le 24 avril l'an passé, fut commémoré en tant que
victime du nationalisme. Les organisateurs adressèrent deux lettres
où ils présentaient leur position et leurs analyses au Catholicos de
tous les Arméniens et a son homologue de Cilicie. Il est a remarquer
que cette organisation de défense des droits de l'homme avait choisi
un lieu hautement symbolique pour honorer les victimes - le bâtiment
du Musée des Arts turcs et islamiques, qui servit en 1915 de prison
pour les Arméniens déportés. Point particulièrement important
de ces manifestations, le fait que, contrairement a l'appel a signer
le document Â" Nous présentons nos excuses aux Arméniens Â", la le
terme de génocide arménien est utilisé.
Rappelons que le nombre de gens, au sein de la société turque,
qui estiment qu'il vaut mieux reconnaître le génocide arménien,
s'excuser et affranchir ainsi le pays du fait d'être otage de sa
propre politique, va croissant. Et relevons que ces gens prennent
plutôt en compte les intérêts de la Turquie que le point de vue
arménien.
Parallèlement, le nombre de Turcs et de Kurdes, prêts a faire face
a leur histoire, est trop réduit en Turquie - les organisateurs de
l'initiative Â" Dites non au racisme et au nationalisme ! Â" sont
d'avis qu'il est impossible de faire changer d'avis l'opinion en
Turquie, grâce aux seules forces de mouvements de gauche tels que
le leur.
En résumé, disons que, d'un côté, la politique de déni de la
Turquie rencontre certaines difficultés, tout en élaborant, de
l'autre, des modalités moins visibles, s'agrégeant d'autres forces,
lesquelles créent de nouveaux obstacles pour l'Arménie et l'identité
arménienne sur la voie d'une reconnaissance internationale de la
vérité historique.
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Source : http://www.noravank.am/eng/articles/detail.php?ELEMENT_ID=6486
Traduction : © Georges Festa - 05.2012.
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