GENOCIDE ARMENIEN: LA TURCISATION DES BIENS ARMENIENS CONFISQUES
www.collectifvan.org
Publie le : 23-05-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
livre cette information traduite par Georges Festa et publiee sur le
site Armenian Trends - Mes Armenies le 20 mai 2012.
Legende photo: Ceremonie d'ouverture de l'eglise Sourp Giragos,
Diyarbakir (Turquie), 22.10.2011 (c) www.youtube.com
Armenian Trends - Mes Armenies
dimanche 20 mai 2012
Repenser la turcisation des biens armeniens confisques / Revisiting
the Turkification of Confiscated Armenian Assets
par Raffi Bedrosyan [Bedrossian]
The Armenian Weekly, 17.04.2012
Si quelqu'un assassine quelqu'un d'autre, puis s'empare des biens
et des proprietes de cette personne assassinee, il est probable
qu'il vivra des benefices de son crime. Dès lors que les autorites
decouvrent son crime, il est probable qu'il sera reconnu coupable -
par n'importe quel tribunal, n'importe où -, puis condamne, puni et
oblige de restituer ces biens et proprietes illegalement obtenus. Or,
si un peuple en massacre un autre, et s'empare des biens et des
proprietes du peuple massacre, il semble que des règles differentes
s'appliquent, et que les coupables - et leurs enfants - puissent
continuer a vivre des benefices de ce crime. Il semble aussi que leurs
heritiers puissent continuer a menacer les heritiers du peuple massacre
de nouveaux massacres, au cas où, precisons, ils osent faire etat du
massacre ou exiger la restitution de leurs biens et proprietes. Telle
fut la saga des peuples turc et armenien, de 1915 a nos jours.
Le massacre en 1915 d'un peuple - ou, peut-etre, plus exactement,
la tentative de massacre d'un peuple - n'eut pas seulement pour
resultat l'elimination des Armeniens de leur patrie vieille de 4
000 ans en l'espace de moins de deux ans, mais inaugura aussi un
processus toujours en cours de transfert de richesses, de biens et
d'avoirs des Armeniens vers les Turcs. Ce processus, lance en 1915 par
les dirigeants ittihadistes de la Turquie ottomane, a perdure sans
interruption avec la republique de Turquie, qui lui succeda, durant
des decennies, via divers decrets legislatifs. Processus acheve par
la turcisation complète et juridique de l'ensemble des biens et des
proprietes des Armeniens - a savoir de la presence economique des
Armeniens - en Anatolie.
Cette etude tentera d'expliquer le processus juridique de turcisation,
livre des exemples illustrant l'enormite des biens concernes, et aborde
des initiatives recentes pour inverser ce processus (y compris des
mesures prises par les Armeniens et d'autres annoncees par l'actuel
gouvernement de Turquie).
***
En turc, kilifina uydurmak signifie > est une description
parfaite du processus legislatif de la turcisation des biens armeniens.
Le 27 mai 1915, quelques semaines seulement après le debut de
la deportation des Armeniens en avril 1915, le Parlement ottoman
vota la legislation relative aux deportations. A laquelle succeda
la legislation sur les liquidations, qui tenta de conferer une
apparence de legalite au pillage des biens des Armeniens, qui eut
lieu après les deportations. Cette legislation, en date du 10 juin
1915, renforcee, qui plus est, le 26 septembre 1915, orchestra la
formation des Commissions de liquidation au sein des provinces où
se produisirent les deportations. Cette legislation definit les
Armeniens comme des > et leurs biens en
tant que >, comme si les Armeniens les avaient
deliberement abandonnes. Elle livre les premières mesures pour
liquider ces biens et donne a l'Etat le pouvoir de decider a qui
ces biens doivent etre attribues, ou vendus, et pour quel montant,
sans l'approbation de leurs proprietaires (mais en leur nom). En
janvier 1916, 33 commissions de liquidation furent constituees,
couvrant l'ensemble de l'Anatolie, recensant, etablissant des listes,
evaluant et versant en depôt certains avoirs pour un retour ulterieur
des Armeniens, mais aussi vendant ou repartissant d'autres biens auprès
de refugies musulmans. La legislation stipulait de meme que les biens
appartenant a des fondations caritatives armeniennes, comme les eglises
ou les ecoles, fussent transferes au Directoire d'Etat en charge des
Fondations caritatives ou au Tresor Public. L'argent comptant et les
biens meubles des deportes devaient etre collectes et conserves sur un
compte bancaire special au nom des proprietaires. Naturellement, ayant
deja fait leurs choix, des milliers d'officiels du gouvernement et de
membres des Commissions de Liquidation s'enrichirent, comme le firent
des milliers de Turcs et de Kurdes dans ces regions, s'emparant des
maisons, des fermes, des vergers, des entrepôts, des manufactures,
des mines, des hôtels, des magasins, des reserves, des outils de
travail et du betail, possedes auparavant par les Armeniens.
Le sort des dossiers appartenant a ces 33 commissions de liquidation
reste un mystère. L'Etat turc, qui se vante que toutes ses archives
sont ouvertes (et qui persiste a demander que les archives armeniennes
soient ouvertes, alors qu'elles sont, de fait, ouvertes), continue
de garder secrètes ces archives cruciales relatives aux biens des
Armeniens. Chose interessante, en 2005, lorsque l'actuel gouvernement
turc tenta de satisfaire aux initiatives de modernisation de l'Union
Europeenne en traduisant, numerisant et rendant publics l'ancien
cadastre et les archives notariales ottomanes, il fut empeche de
le faire par un sevère rappel a l'ordre - en date du 26 août 2005 -
emanant du Conseil a la Securite Nationale des Forces armees turques.
fut remplace par >. La legislation stipulait qu'au
cas où ces personnes revenaient, elles se verraient remettre leurs
biens et depôts ; en cas contraire, tous les biens seraient vendus,
les benefices allant au Tresor Public, après verification par les
tribunaux concernant les personnes disparues ou en fuite. Comme la
condition de verification par les tribunaux au sujet des personnes
disparues ou en fuite s'avera difficile a remplir, la legislation fut
revue le 29 avril 1923, accordant aux personnes disparues ou en fuite,
ou aux precedents proprietaires, quatre mois (s'ils se trouvaient dans
le pays) ou six mois (s'ils etaient a l'etranger) pour reclamer leurs
biens. En septembre 1923, le Parlement vota une legislation interdisant
le retour des Armeniens en Cilicie et en Anatolie Orientale. Via
d'autres amendements figurant dans une nouvelle legislation en date
du 13 mars 1926, l'Etat vendit les biens a des investisseurs turcs
locaux moyennant une estimation basse, et non actualisee, datant de
la guerre en 1915, de ces memes biens. (L'on estime que la valeur de
ces biens a ete multipliee plus de 12 fois entre 1915 et 1926.) Il
etait aussi specifie que tout Armenien de retour ne se verrait pas
remettre des biens physiques, mais de l'argent comptant, en se basant
sur une estimation legiferee en 1915.
Cette legislation fut effective jusqu'en 1988 ; au cas où, jusqu'a
cette date, n'importe quel Armenien venait reclamer des compensations,
celles-ci etaient censees etre etablies d'après l'estimation operee en
1915. En août 1926, la legislation fut introduite au nom de l'Etat,
afin de nationaliser chaque bien abandonne, et non reclame par les
Armeniens, avant le traite de Lausanne de 1924.
Une autre legislation, en date du 31 mai 1926, permit aux familles et
aux heritiers de > - officiels executes par le gouvernement
d'Istanbul pour leur rôle dans les deportations d'Armeniens - ou
d'ittihadistes assassines par des Armeniens, de percevoir des pensions
au titre de
From: Baghdasarian
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Publie le : 23-05-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
livre cette information traduite par Georges Festa et publiee sur le
site Armenian Trends - Mes Armenies le 20 mai 2012.
Legende photo: Ceremonie d'ouverture de l'eglise Sourp Giragos,
Diyarbakir (Turquie), 22.10.2011 (c) www.youtube.com
Armenian Trends - Mes Armenies
dimanche 20 mai 2012
Repenser la turcisation des biens armeniens confisques / Revisiting
the Turkification of Confiscated Armenian Assets
par Raffi Bedrosyan [Bedrossian]
The Armenian Weekly, 17.04.2012
Si quelqu'un assassine quelqu'un d'autre, puis s'empare des biens
et des proprietes de cette personne assassinee, il est probable
qu'il vivra des benefices de son crime. Dès lors que les autorites
decouvrent son crime, il est probable qu'il sera reconnu coupable -
par n'importe quel tribunal, n'importe où -, puis condamne, puni et
oblige de restituer ces biens et proprietes illegalement obtenus. Or,
si un peuple en massacre un autre, et s'empare des biens et des
proprietes du peuple massacre, il semble que des règles differentes
s'appliquent, et que les coupables - et leurs enfants - puissent
continuer a vivre des benefices de ce crime. Il semble aussi que leurs
heritiers puissent continuer a menacer les heritiers du peuple massacre
de nouveaux massacres, au cas où, precisons, ils osent faire etat du
massacre ou exiger la restitution de leurs biens et proprietes. Telle
fut la saga des peuples turc et armenien, de 1915 a nos jours.
Le massacre en 1915 d'un peuple - ou, peut-etre, plus exactement,
la tentative de massacre d'un peuple - n'eut pas seulement pour
resultat l'elimination des Armeniens de leur patrie vieille de 4
000 ans en l'espace de moins de deux ans, mais inaugura aussi un
processus toujours en cours de transfert de richesses, de biens et
d'avoirs des Armeniens vers les Turcs. Ce processus, lance en 1915 par
les dirigeants ittihadistes de la Turquie ottomane, a perdure sans
interruption avec la republique de Turquie, qui lui succeda, durant
des decennies, via divers decrets legislatifs. Processus acheve par
la turcisation complète et juridique de l'ensemble des biens et des
proprietes des Armeniens - a savoir de la presence economique des
Armeniens - en Anatolie.
Cette etude tentera d'expliquer le processus juridique de turcisation,
livre des exemples illustrant l'enormite des biens concernes, et aborde
des initiatives recentes pour inverser ce processus (y compris des
mesures prises par les Armeniens et d'autres annoncees par l'actuel
gouvernement de Turquie).
***
En turc, kilifina uydurmak signifie > est une description
parfaite du processus legislatif de la turcisation des biens armeniens.
Le 27 mai 1915, quelques semaines seulement après le debut de
la deportation des Armeniens en avril 1915, le Parlement ottoman
vota la legislation relative aux deportations. A laquelle succeda
la legislation sur les liquidations, qui tenta de conferer une
apparence de legalite au pillage des biens des Armeniens, qui eut
lieu après les deportations. Cette legislation, en date du 10 juin
1915, renforcee, qui plus est, le 26 septembre 1915, orchestra la
formation des Commissions de liquidation au sein des provinces où
se produisirent les deportations. Cette legislation definit les
Armeniens comme des > et leurs biens en
tant que >, comme si les Armeniens les avaient
deliberement abandonnes. Elle livre les premières mesures pour
liquider ces biens et donne a l'Etat le pouvoir de decider a qui
ces biens doivent etre attribues, ou vendus, et pour quel montant,
sans l'approbation de leurs proprietaires (mais en leur nom). En
janvier 1916, 33 commissions de liquidation furent constituees,
couvrant l'ensemble de l'Anatolie, recensant, etablissant des listes,
evaluant et versant en depôt certains avoirs pour un retour ulterieur
des Armeniens, mais aussi vendant ou repartissant d'autres biens auprès
de refugies musulmans. La legislation stipulait de meme que les biens
appartenant a des fondations caritatives armeniennes, comme les eglises
ou les ecoles, fussent transferes au Directoire d'Etat en charge des
Fondations caritatives ou au Tresor Public. L'argent comptant et les
biens meubles des deportes devaient etre collectes et conserves sur un
compte bancaire special au nom des proprietaires. Naturellement, ayant
deja fait leurs choix, des milliers d'officiels du gouvernement et de
membres des Commissions de Liquidation s'enrichirent, comme le firent
des milliers de Turcs et de Kurdes dans ces regions, s'emparant des
maisons, des fermes, des vergers, des entrepôts, des manufactures,
des mines, des hôtels, des magasins, des reserves, des outils de
travail et du betail, possedes auparavant par les Armeniens.
Le sort des dossiers appartenant a ces 33 commissions de liquidation
reste un mystère. L'Etat turc, qui se vante que toutes ses archives
sont ouvertes (et qui persiste a demander que les archives armeniennes
soient ouvertes, alors qu'elles sont, de fait, ouvertes), continue
de garder secrètes ces archives cruciales relatives aux biens des
Armeniens. Chose interessante, en 2005, lorsque l'actuel gouvernement
turc tenta de satisfaire aux initiatives de modernisation de l'Union
Europeenne en traduisant, numerisant et rendant publics l'ancien
cadastre et les archives notariales ottomanes, il fut empeche de
le faire par un sevère rappel a l'ordre - en date du 26 août 2005 -
emanant du Conseil a la Securite Nationale des Forces armees turques.
fut remplace par >. La legislation stipulait qu'au
cas où ces personnes revenaient, elles se verraient remettre leurs
biens et depôts ; en cas contraire, tous les biens seraient vendus,
les benefices allant au Tresor Public, après verification par les
tribunaux concernant les personnes disparues ou en fuite. Comme la
condition de verification par les tribunaux au sujet des personnes
disparues ou en fuite s'avera difficile a remplir, la legislation fut
revue le 29 avril 1923, accordant aux personnes disparues ou en fuite,
ou aux precedents proprietaires, quatre mois (s'ils se trouvaient dans
le pays) ou six mois (s'ils etaient a l'etranger) pour reclamer leurs
biens. En septembre 1923, le Parlement vota une legislation interdisant
le retour des Armeniens en Cilicie et en Anatolie Orientale. Via
d'autres amendements figurant dans une nouvelle legislation en date
du 13 mars 1926, l'Etat vendit les biens a des investisseurs turcs
locaux moyennant une estimation basse, et non actualisee, datant de
la guerre en 1915, de ces memes biens. (L'on estime que la valeur de
ces biens a ete multipliee plus de 12 fois entre 1915 et 1926.) Il
etait aussi specifie que tout Armenien de retour ne se verrait pas
remettre des biens physiques, mais de l'argent comptant, en se basant
sur une estimation legiferee en 1915.
Cette legislation fut effective jusqu'en 1988 ; au cas où, jusqu'a
cette date, n'importe quel Armenien venait reclamer des compensations,
celles-ci etaient censees etre etablies d'après l'estimation operee en
1915. En août 1926, la legislation fut introduite au nom de l'Etat,
afin de nationaliser chaque bien abandonne, et non reclame par les
Armeniens, avant le traite de Lausanne de 1924.
Une autre legislation, en date du 31 mai 1926, permit aux familles et
aux heritiers de > - officiels executes par le gouvernement
d'Istanbul pour leur rôle dans les deportations d'Armeniens - ou
d'ittihadistes assassines par des Armeniens, de percevoir des pensions
au titre de
From: Baghdasarian