Le Monde, France
24 mai 2012
Azerbaïdjan : abondance de pétrole et pénurie de liberté
Par Guillaume Perrier
Avec le concours de l'Eurovision, la jeune république d'Azerbaïdjan
organise pour la première fois un événement de portée internationale.
Le 26 mai, plus de 100 millions de téléspectateurs auront les yeux
braqués sur le "palais de cristal" de Bakou, une enceinte de 23 000
places btie à grands frais sur la rive de la mer Caspienne.
Cette grande fête donne au régime, dirigé d'une main de fer par Ilham
Aliev depuis 2003, l'occasion d'organiser une campagne de promotion
sans précédent pour son pays. Ce petit Etat turcophone du Caucase du
Sud, riche en ressources énergétiques, coincé entre la Russie et
l'Iran, entend montrer un visage moderne et laïque pour attirer les
investisseurs occidentaux. Mais derrière ce décor bti à coups de
pétrodollars, l'Azerbaïdjan présente surtout le visage d'un régime
prédateur et kleptomane, où toute opposition est muselée et où les
clans au pouvoir se sont accaparés les richesses.
Quelle est la situation politique ? En mars 2009, le président
azerbaïdjanais, Ilham Aliev, fit organiser un référendum
constitutionnel, ratifié sans surprise avec environ 90 % des voix. Un
score habituel pour les scrutins nationaux. La principale réforme
adoptée concernait l'abolition de la limitation du nombre de mandats
présidentiels, ce qui permet au leader de s'aménager une présidence à
vie. La prochaine élection présidentielle, en 2013, devrait donc être
une formalité. La famille Aliev, alliée au clan Pachayev - celui de la
première dame, Mehriban -, règnait déjà sur le pays et ses immenses
ressources depuis près de quarante-cinq ans lorsque Haydar, le père,
prit la tête de la République soviétique d'Azerbaïdjan.
Chef du Parti du nouvel Azerbaïdjan, Ilham Aliev a bti son pouvoir
sur le culte de la personnalité de son père : ses portraits et ses
citations ornent les rues de Bakou et sa naissance est célébrée chaque
10 mai par une Fête de la rose très nord-coréenne. Mais il s'est bien
gardé de démocratiser le pays. A chaque élection, les observateurs des
différentes organisations internationales dénoncent des fraudes
massives. En 2010, les élections législatives dessinent même une
Chambre où, pour la première fois, pas un seul député de l'opposition
n'est élu...
L'existence de partis d'opposition, tels le Front populaire
d'Azerbaïdjan ou le parti Egalité (Musavat), de l'opposant historique
Issa Gambar, est tolérée. Mais des milliers de membres de ces
formations ont été emprisonnés ou condamnés à l'exil. Le 6 mars
dernier, la police a violemment dispersé une réunion d'opposants. Les
rassemblements demeurent interdits.
Où en sont les droits de l'homme ? A l'approche de l'Eurovision, le
régime a fait place nette et a renforcé sa pression. Dictature
policière, l'Azerbaïdjan compte parmi les pays prédateurs pour la
liberté de la presse. Sept journalistes sont actuellement détenus.
"Des dizaines de journalistes critiques du pouvoir ont été condamnés
par la justice, emprisonnés ou soumis à des amendes ces dernières
années, le plus souvent pour des motifs politiques ou des accusations
factices liées à des affaires de drogue, apparemment en représailles à
leurs écrits", rapporte l'organisation Human Rights Watch dans un
rapport publié en avril sur la situation des droits de l'homme dans le
pays.
En 2011, deux journalistes du quotidien Azadliq ("Liberté") ont été
kidnappés par des hommes cagoulés qui les ont menacés de mort s'ils ne
cessaient pas leurs activités contre le régime. Les coups de filet
contre les dissidents se sont intensifiés depuis 2010. En décembre
2011, Zeynal Bagirzade est mort après avoir été torturé dans une
prison de la province du Nakhitchevan.
Le 4 mars 2011, deux jeunes militants qui avaient tenté d'organiser,
via le réseau social Facebook, un rassemblement dans le centre de
Bakou en soutien aux soulèvements démocratiques dans les pays arabes
ont été muselés. Des centaines de personnes qui participaient à ces
rassemblements furent arrêtées. Le régime craint de voir se développer
un tel mouvement en Azerbaïdjan. L'un des initiateurs des
rassemblements, Bakhtiyar Hajiyev, est toujours en prison, malgré la
campagne de soutien menée par Amnesty International en faveur de ce
prisonnier de conscience.
Le pouvoir a également profité de la reconstruction du centre-ville de
Bakou pour démolir les bureaux de plusieurs ONG de défense des droits
de l'homme hébergées dans un immeuble appartenant à l'activiste Leyla
Yunus : l'Institut pour la paix et la démocratie a été détruit à coups
de bulldozer, sans préavis et en pleine nuit.
De quoi le pays vit-il ? L'Azerbaïdjan est inondé de pétrodollars et
c'est sans doute ce qui permet au clan Aliev de maintenir son emprise.
Déjà surnommée la "Dubaï du Caucase", Bakou est hérissée de chantiers
de constructions et des dizaines de projets délirants sortent de terre
chaque année. En huit ans, le produit intérieur brut (PIB) a été
multiplié par trois. Les salaires ont augmenté, même s'ils restent bas
: la pension de retraite d'un petit fonctionnaire s'élève à environ
100 euros par mois. L'Azerbaïdjan est assis sur des ressources
énergétiques colossales qui comptent pour près 90 % des revenus du
pays. Les taux de croissance se sont envolés : 26,4 % en 2005, 34,6 %
en 2006, 41 % début 2007...
D'immenses gisements de pétrole offshore - le complexe
d'Azeri-Chirag-Guneshli produit plus d'un million de barils par jour -
ont été découverts dans les années 1990. De quoi créer un second boom
énergétique à Bakou, berceau historique de l'industrie pétrolière
après celui qui, à la fin XIXe siècle, avait attiré les Rockefeller,
Nobel et Rothschild. L'oléoduc qui relie Bakou, Tbilissi (Géorgie) et
Ceyhan (Turquie), en service depuis 2006, devrait générer des
retombées d'environ 160 milliards de dollars d'ici trente ans. Les
réserves sont estimées à 7 milliards de barils et 2012 devrait
constituer le pic de production.
Des gisements de gaz naturel ont été découverts, dont les réserves
sont estimées à 2 500 milliards de mètres cubes. A Shah Deniz, la
deuxième phase de développement vient d'être lancée et Total a annoncé
récemment la découverte d'un gisement au large d'Absharon. Grce au
terminal de Sangatchai, opérationnel depuis 2007, l'Azerbaïdjan est un
exportateur majeur de gaz. L'or bleu est exporté vers l'Europe et la
Russie.
Quel est l'enjeu stratégique du pays ? Les ressources de l'Azerbaïdjan
sont convoitées par toutes les grandes puissances, et notamment
l'Europe, pour qui l'ouverture d'un corridor énergétique de la
Caspienne à la Méditerranée permet de contourner la Russie. La survie
de ce projet (Nabucco) dépend en grande partie du gaz de Bakou. La
Russie et les Etats-Unis ménagent aussi le clan Aliev. L'OTAN avait un
temps envisagé d'installer en Azerbaïdjan une partie de son bouclier
antimissile avant de reculer devant l'opposition russe. La France
n'est pas en reste : Ilham Aliev a été décoré en 2007 de la grande
croix de la Légion d'honneur et, en mars, Frédéric Mitterrand, alors
ministre de la culture, inaugurait à Bakou une grande exposition avec
la première dame, Mehriban Aliyeva, financée par Total et par la
Fondation Haydar Aliev, principale caisse noire du régime. Quelques
doutes ont tout de même été exprimés dans des télégrammes
diplomatiques américains révélés en 2010 par WikiLeaks dans lesquels
Washington comparait la famille Aliev aux Corleone de Sicile.
Coincé entre la Russie et l'Iran, avec lequel il entretient des
relations compliquées, l'Azerbaïdjan occupe une position stratégique.
Son rapprochement récent avec Israël, qui lui fournit de l'équipement
militaire, a nourri les rumeurs. Israël aurait commencé à investir des
terrains dans le pays pour y déployer son aviation en vue d'une
attaque aérienne contre les installations militaires iraniennes.
Où en est le conflit avec l'Arménie ? L'Arménie voisine continue
d'occuper 16 % du territoire de l'Azerbaïdjan : la région du Karabakh,
revendiquée par les Arméniens, et les districts adjacents. Chaque
semaine ou presque, des soldats sont tués dans des accrochages sur la
ligne de cessez-le-feu, en vigueur depuis 1994. Le conflit du Karabakh
est gelé depuis près de vingt ans et aucun plan de paix n'a pu
aboutir. Le conflit avec l'Arménie, qui a fait plus de 30 000 morts,
demeure une épine dans le pied d'Ilham Aliev. Près d'un million de
déplacés internes vivent dans des camps de réfugiés ou des logements
de fortune. Avec ses revenus énergétiques, l'Azerbaïdjan a joué la
carte de la dissuasion militaire, dépensant sans compter pour acquérir
des équipements modernes. Bakou menace régulièrement Erevan de
reprendre le conflit armé si l'Arménie refuse d'évacuer les
territoires occupés. Sans surprise, l'Arménie boycotte la cérémonie de
l'Eurovision. Le budget azerbaïdjanais de la défense équivaut
aujourd'hui au budget total de l'Arménie.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/18/abondance-de-petrole-et-penurie-de-liberte_1703956_3232.html
24 mai 2012
Azerbaïdjan : abondance de pétrole et pénurie de liberté
Par Guillaume Perrier
Avec le concours de l'Eurovision, la jeune république d'Azerbaïdjan
organise pour la première fois un événement de portée internationale.
Le 26 mai, plus de 100 millions de téléspectateurs auront les yeux
braqués sur le "palais de cristal" de Bakou, une enceinte de 23 000
places btie à grands frais sur la rive de la mer Caspienne.
Cette grande fête donne au régime, dirigé d'une main de fer par Ilham
Aliev depuis 2003, l'occasion d'organiser une campagne de promotion
sans précédent pour son pays. Ce petit Etat turcophone du Caucase du
Sud, riche en ressources énergétiques, coincé entre la Russie et
l'Iran, entend montrer un visage moderne et laïque pour attirer les
investisseurs occidentaux. Mais derrière ce décor bti à coups de
pétrodollars, l'Azerbaïdjan présente surtout le visage d'un régime
prédateur et kleptomane, où toute opposition est muselée et où les
clans au pouvoir se sont accaparés les richesses.
Quelle est la situation politique ? En mars 2009, le président
azerbaïdjanais, Ilham Aliev, fit organiser un référendum
constitutionnel, ratifié sans surprise avec environ 90 % des voix. Un
score habituel pour les scrutins nationaux. La principale réforme
adoptée concernait l'abolition de la limitation du nombre de mandats
présidentiels, ce qui permet au leader de s'aménager une présidence à
vie. La prochaine élection présidentielle, en 2013, devrait donc être
une formalité. La famille Aliev, alliée au clan Pachayev - celui de la
première dame, Mehriban -, règnait déjà sur le pays et ses immenses
ressources depuis près de quarante-cinq ans lorsque Haydar, le père,
prit la tête de la République soviétique d'Azerbaïdjan.
Chef du Parti du nouvel Azerbaïdjan, Ilham Aliev a bti son pouvoir
sur le culte de la personnalité de son père : ses portraits et ses
citations ornent les rues de Bakou et sa naissance est célébrée chaque
10 mai par une Fête de la rose très nord-coréenne. Mais il s'est bien
gardé de démocratiser le pays. A chaque élection, les observateurs des
différentes organisations internationales dénoncent des fraudes
massives. En 2010, les élections législatives dessinent même une
Chambre où, pour la première fois, pas un seul député de l'opposition
n'est élu...
L'existence de partis d'opposition, tels le Front populaire
d'Azerbaïdjan ou le parti Egalité (Musavat), de l'opposant historique
Issa Gambar, est tolérée. Mais des milliers de membres de ces
formations ont été emprisonnés ou condamnés à l'exil. Le 6 mars
dernier, la police a violemment dispersé une réunion d'opposants. Les
rassemblements demeurent interdits.
Où en sont les droits de l'homme ? A l'approche de l'Eurovision, le
régime a fait place nette et a renforcé sa pression. Dictature
policière, l'Azerbaïdjan compte parmi les pays prédateurs pour la
liberté de la presse. Sept journalistes sont actuellement détenus.
"Des dizaines de journalistes critiques du pouvoir ont été condamnés
par la justice, emprisonnés ou soumis à des amendes ces dernières
années, le plus souvent pour des motifs politiques ou des accusations
factices liées à des affaires de drogue, apparemment en représailles à
leurs écrits", rapporte l'organisation Human Rights Watch dans un
rapport publié en avril sur la situation des droits de l'homme dans le
pays.
En 2011, deux journalistes du quotidien Azadliq ("Liberté") ont été
kidnappés par des hommes cagoulés qui les ont menacés de mort s'ils ne
cessaient pas leurs activités contre le régime. Les coups de filet
contre les dissidents se sont intensifiés depuis 2010. En décembre
2011, Zeynal Bagirzade est mort après avoir été torturé dans une
prison de la province du Nakhitchevan.
Le 4 mars 2011, deux jeunes militants qui avaient tenté d'organiser,
via le réseau social Facebook, un rassemblement dans le centre de
Bakou en soutien aux soulèvements démocratiques dans les pays arabes
ont été muselés. Des centaines de personnes qui participaient à ces
rassemblements furent arrêtées. Le régime craint de voir se développer
un tel mouvement en Azerbaïdjan. L'un des initiateurs des
rassemblements, Bakhtiyar Hajiyev, est toujours en prison, malgré la
campagne de soutien menée par Amnesty International en faveur de ce
prisonnier de conscience.
Le pouvoir a également profité de la reconstruction du centre-ville de
Bakou pour démolir les bureaux de plusieurs ONG de défense des droits
de l'homme hébergées dans un immeuble appartenant à l'activiste Leyla
Yunus : l'Institut pour la paix et la démocratie a été détruit à coups
de bulldozer, sans préavis et en pleine nuit.
De quoi le pays vit-il ? L'Azerbaïdjan est inondé de pétrodollars et
c'est sans doute ce qui permet au clan Aliev de maintenir son emprise.
Déjà surnommée la "Dubaï du Caucase", Bakou est hérissée de chantiers
de constructions et des dizaines de projets délirants sortent de terre
chaque année. En huit ans, le produit intérieur brut (PIB) a été
multiplié par trois. Les salaires ont augmenté, même s'ils restent bas
: la pension de retraite d'un petit fonctionnaire s'élève à environ
100 euros par mois. L'Azerbaïdjan est assis sur des ressources
énergétiques colossales qui comptent pour près 90 % des revenus du
pays. Les taux de croissance se sont envolés : 26,4 % en 2005, 34,6 %
en 2006, 41 % début 2007...
D'immenses gisements de pétrole offshore - le complexe
d'Azeri-Chirag-Guneshli produit plus d'un million de barils par jour -
ont été découverts dans les années 1990. De quoi créer un second boom
énergétique à Bakou, berceau historique de l'industrie pétrolière
après celui qui, à la fin XIXe siècle, avait attiré les Rockefeller,
Nobel et Rothschild. L'oléoduc qui relie Bakou, Tbilissi (Géorgie) et
Ceyhan (Turquie), en service depuis 2006, devrait générer des
retombées d'environ 160 milliards de dollars d'ici trente ans. Les
réserves sont estimées à 7 milliards de barils et 2012 devrait
constituer le pic de production.
Des gisements de gaz naturel ont été découverts, dont les réserves
sont estimées à 2 500 milliards de mètres cubes. A Shah Deniz, la
deuxième phase de développement vient d'être lancée et Total a annoncé
récemment la découverte d'un gisement au large d'Absharon. Grce au
terminal de Sangatchai, opérationnel depuis 2007, l'Azerbaïdjan est un
exportateur majeur de gaz. L'or bleu est exporté vers l'Europe et la
Russie.
Quel est l'enjeu stratégique du pays ? Les ressources de l'Azerbaïdjan
sont convoitées par toutes les grandes puissances, et notamment
l'Europe, pour qui l'ouverture d'un corridor énergétique de la
Caspienne à la Méditerranée permet de contourner la Russie. La survie
de ce projet (Nabucco) dépend en grande partie du gaz de Bakou. La
Russie et les Etats-Unis ménagent aussi le clan Aliev. L'OTAN avait un
temps envisagé d'installer en Azerbaïdjan une partie de son bouclier
antimissile avant de reculer devant l'opposition russe. La France
n'est pas en reste : Ilham Aliev a été décoré en 2007 de la grande
croix de la Légion d'honneur et, en mars, Frédéric Mitterrand, alors
ministre de la culture, inaugurait à Bakou une grande exposition avec
la première dame, Mehriban Aliyeva, financée par Total et par la
Fondation Haydar Aliev, principale caisse noire du régime. Quelques
doutes ont tout de même été exprimés dans des télégrammes
diplomatiques américains révélés en 2010 par WikiLeaks dans lesquels
Washington comparait la famille Aliev aux Corleone de Sicile.
Coincé entre la Russie et l'Iran, avec lequel il entretient des
relations compliquées, l'Azerbaïdjan occupe une position stratégique.
Son rapprochement récent avec Israël, qui lui fournit de l'équipement
militaire, a nourri les rumeurs. Israël aurait commencé à investir des
terrains dans le pays pour y déployer son aviation en vue d'une
attaque aérienne contre les installations militaires iraniennes.
Où en est le conflit avec l'Arménie ? L'Arménie voisine continue
d'occuper 16 % du territoire de l'Azerbaïdjan : la région du Karabakh,
revendiquée par les Arméniens, et les districts adjacents. Chaque
semaine ou presque, des soldats sont tués dans des accrochages sur la
ligne de cessez-le-feu, en vigueur depuis 1994. Le conflit du Karabakh
est gelé depuis près de vingt ans et aucun plan de paix n'a pu
aboutir. Le conflit avec l'Arménie, qui a fait plus de 30 000 morts,
demeure une épine dans le pied d'Ilham Aliev. Près d'un million de
déplacés internes vivent dans des camps de réfugiés ou des logements
de fortune. Avec ses revenus énergétiques, l'Azerbaïdjan a joué la
carte de la dissuasion militaire, dépensant sans compter pour acquérir
des équipements modernes. Bakou menace régulièrement Erevan de
reprendre le conflit armé si l'Arménie refuse d'évacuer les
territoires occupés. Sans surprise, l'Arménie boycotte la cérémonie de
l'Eurovision. Le budget azerbaïdjanais de la défense équivaut
aujourd'hui au budget total de l'Arménie.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/18/abondance-de-petrole-et-penurie-de-liberte_1703956_3232.html