TURQUIE : ERDOGAN DANS LA LIGNE DE MIRE DES FEMINISTES APRES DES PROPOS SUR L'AVORTEMENT
Stephane
armenews.com
mercredi 30 mai 2012
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a souleve l'indignation
de nombreuses femmes dans son pays en assimilant publiquement la
semaine dernière l'avortement a un "meurtre". Dans les milieux
feministes, on prepare la contre-attaque.
Pour les defenseurs des droits des femmes, M. Erdogan, qui est depuis
dix ans a la tete d'un gouvernement islamo-conservateur et s'est deja
illustre en incitant chaque foyer a faire au moins trois enfants,
est desormais un "ennemi des femmes" patente.
M. Erdogan a mis le feu aux poudres vendredi en estimant au cours
d'une conference sur la demographie que l'avortement etait un complot
visant a saper la croissance economique de la Turquie, tout en se
declarant hostile a la cesarienne.
"Que vous tuiez le bebe dans le ventre de sa mère ou que vous le
tuiez après sa naissance, il n'y a aucune difference", a-t-il affirme.
Le chef du gouvernement a repasse les plats un peu plus tard, assenant
pendant une reunion des branches feminines de son Parti de la justice
et du developpement (AKP) que "chaque avortement est un Uludere".
Il faisait allusion a la mort en decembre de 34 habitants du village
d'Uludere, dans le sud-est de la Turquie, bombardes par erreur par
l'aviation turque qui les avait pris pour des rebelles kurdes.
Une première manifestation a reuni dimanche devant les locaux
stambouliotes de M. Erdogan une centaine de femmes au cri de "C'est
notre uterus, nous avons des cesariennes et des avortements".
Et mardi, quelque 300 representantes d'associations de femmes doivent
rencontrer la ministre de la Famille et des Politiques sociales,
Fatma Sahin.
Dans les milieux feministes, on accuse M. Erdogan de se livrer a des
jeux politiques au detriment des femmes.
"Les naissances par cesarienne et l'avortement ont un fondement legal
en Turquie. La tentative du Premier ministre de changer l'ordre du
jour du pays en attaquant les femmes est une grave erreur", a declare
Canan Gullu, presidente de la Federation des associations de femmes.
"Au cours d'une telle reunion de son parti, le Premier ministre aurait
mieux fait de parler des problèmes des femmes comme le chômage, les
violences conjugales et leur poids insuffisant dans la vie politique",
a-t-elle ajoute.
Les femmes parlementaires du principal parti d'opposition, le Parti
republicain du peuple (CHP, centre-gauche), ont quant a elles appele
M. Erdogan a "arreter de monter la garde devant le vagin des femmes".
Les reflexions du Premier ministre, qui avait deja tente en 2004
de faire de l'adultère un delit avant de retirer son projet, font
craindre une eventuelle remise en cause par le gouvernement du droit
a l'avortement, legal en Turquie depuis 1983 pendant les 10 premières
semaines de la grossesse.
Mme Sahin a toutefois assure que le gouvernement n'entendait pas
restreindre le droit des familles a decider du nombre de leurs enfants.
"C'est le droit le plus naturel pour chaque famille que de planifier
le nombre des enfants qu'elle souhaite avoir", a-t-elle dit. "Il est
hors de question pour nous de s'ingerer dans ce droit".
Mme Sahin a par ailleurs pris la defense de M. Erdogan concernant
les cesariennes, dans un pays où elles sont pratiquees au cours d'un
accouchement sur deux.
"L'Organisation mondiale de la sante affirme que ce taux ne devrait pas
depasser 15 a 20%. Si vous regardez la moyenne dans l'Union europeenne,
elle ne depasse pas 20%", a declare la ministre.
L'avortement a d'abord ete autorise en Turquie uniquement pour des
raisons medicales, mais le champ de la loi s'est elargi dans les
annees 1980. Le nombre annuel des avortements etait de 70.000 en 2011,
en augmentation de 10.000 par rapport a 2009.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120528.AFP7545/turquie-erdogan-dans-la-ligne-de-mire-des-feministes-apres-des-propos-sur-l-avortement.html
Stephane
armenews.com
mercredi 30 mai 2012
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a souleve l'indignation
de nombreuses femmes dans son pays en assimilant publiquement la
semaine dernière l'avortement a un "meurtre". Dans les milieux
feministes, on prepare la contre-attaque.
Pour les defenseurs des droits des femmes, M. Erdogan, qui est depuis
dix ans a la tete d'un gouvernement islamo-conservateur et s'est deja
illustre en incitant chaque foyer a faire au moins trois enfants,
est desormais un "ennemi des femmes" patente.
M. Erdogan a mis le feu aux poudres vendredi en estimant au cours
d'une conference sur la demographie que l'avortement etait un complot
visant a saper la croissance economique de la Turquie, tout en se
declarant hostile a la cesarienne.
"Que vous tuiez le bebe dans le ventre de sa mère ou que vous le
tuiez après sa naissance, il n'y a aucune difference", a-t-il affirme.
Le chef du gouvernement a repasse les plats un peu plus tard, assenant
pendant une reunion des branches feminines de son Parti de la justice
et du developpement (AKP) que "chaque avortement est un Uludere".
Il faisait allusion a la mort en decembre de 34 habitants du village
d'Uludere, dans le sud-est de la Turquie, bombardes par erreur par
l'aviation turque qui les avait pris pour des rebelles kurdes.
Une première manifestation a reuni dimanche devant les locaux
stambouliotes de M. Erdogan une centaine de femmes au cri de "C'est
notre uterus, nous avons des cesariennes et des avortements".
Et mardi, quelque 300 representantes d'associations de femmes doivent
rencontrer la ministre de la Famille et des Politiques sociales,
Fatma Sahin.
Dans les milieux feministes, on accuse M. Erdogan de se livrer a des
jeux politiques au detriment des femmes.
"Les naissances par cesarienne et l'avortement ont un fondement legal
en Turquie. La tentative du Premier ministre de changer l'ordre du
jour du pays en attaquant les femmes est une grave erreur", a declare
Canan Gullu, presidente de la Federation des associations de femmes.
"Au cours d'une telle reunion de son parti, le Premier ministre aurait
mieux fait de parler des problèmes des femmes comme le chômage, les
violences conjugales et leur poids insuffisant dans la vie politique",
a-t-elle ajoute.
Les femmes parlementaires du principal parti d'opposition, le Parti
republicain du peuple (CHP, centre-gauche), ont quant a elles appele
M. Erdogan a "arreter de monter la garde devant le vagin des femmes".
Les reflexions du Premier ministre, qui avait deja tente en 2004
de faire de l'adultère un delit avant de retirer son projet, font
craindre une eventuelle remise en cause par le gouvernement du droit
a l'avortement, legal en Turquie depuis 1983 pendant les 10 premières
semaines de la grossesse.
Mme Sahin a toutefois assure que le gouvernement n'entendait pas
restreindre le droit des familles a decider du nombre de leurs enfants.
"C'est le droit le plus naturel pour chaque famille que de planifier
le nombre des enfants qu'elle souhaite avoir", a-t-elle dit. "Il est
hors de question pour nous de s'ingerer dans ce droit".
Mme Sahin a par ailleurs pris la defense de M. Erdogan concernant
les cesariennes, dans un pays où elles sont pratiquees au cours d'un
accouchement sur deux.
"L'Organisation mondiale de la sante affirme que ce taux ne devrait pas
depasser 15 a 20%. Si vous regardez la moyenne dans l'Union europeenne,
elle ne depasse pas 20%", a declare la ministre.
L'avortement a d'abord ete autorise en Turquie uniquement pour des
raisons medicales, mais le champ de la loi s'est elargi dans les
annees 1980. Le nombre annuel des avortements etait de 70.000 en 2011,
en augmentation de 10.000 par rapport a 2009.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120528.AFP7545/turquie-erdogan-dans-la-ligne-de-mire-des-feministes-apres-des-propos-sur-l-avortement.html