REVUE DE PRESSE
Des faïences opposent le Louvre et la Turquie
Elodie Maurot et Delphine Nerbollier
La Croix - 30/10/2012
La Turquie accuse le Louvre d'exposer, dans son nouveau département
des arts de l'Islam, des `uvres « volées » dont elle réclame la
restitution.
Quels sont les objets du litige ?
L'affaire a été lancée par le journal turc Radikal qui a publié samedi
27 octobre un article intitulé « Elles sont toutes à nous » . Le
journal fait notamment référence à trois panneaux de faïence d'Iznik,
exposées au Louvre dans le tout nouveau département des arts de
l'Islam.
Selon le quotidien, ces faïences proviendraient de la mosquée Piyale
Pasha, `uvre de l'architecte ottoman Sinan, et située dans le quartier
stambouliote de Kasimpasa. La Turquie estime à huit le nombre de
panneaux dérobés dans cette mosquée achevée en 1573. Jusqu'à présent,
cinq avaient été identifiés dans des musées américains et européens.
Selon Ankara, les trois derniers se trouvent donc à Paris.
D'autres pièces de la collection du département des arts de l'Islam
font l'objet de litige. Parmi eux se trouvent des faïences originaires
des tombeaux des sultans Selim II, Murat III et de la bibliothèque de
Mahmut Ier . Selon Ankara, elles ont été emportées en France dans les
années 1880 par Albert Sorlin Dorigny. Chargé de les restaurer, il les
aurait offertes au Louvre au lieu de les rendre. Comment réagit le
gouvernement turc ?
Le ministre de la culture, Ertugrul Günay, a confirmé les allégations
lancées par le journal. Il a déjà envoyé au Louvre deux
fonctionnaires, qui ont rendu un rapport. « Nous suivons de très près
ces `uvres inestimables qui ont été volées, a déclaré le ministre.
Nous avons entamé un processus pour (les) récupérer. »
Avec cette affaire, ce ministre turc tient une nouvelle occasion de
faire entendre sa voix, lui qui `uvre avec insistance pour le retour
de milliers de pièces, selon lui dérobées ou pillées et exposées en
dehors de son pays. Jusqu'à présent, Ertugrul Günay a hautement
médiatisé les cas de l'autel de Pergame, exposé au Musée d'État de
Berlin, et du trésor de Troie, visible en partie au Musée Pouchkine de
Moscou et dont 24 pièces viennent d'être restituées par un musée
américain.
Mais les méthodes employées par Ankara pour faire valoir ses demandes
font parfois l'objet de polémique. En 2011, afin de récupérer le
sphinx d'Hattusa, les autorités turques avaient menacé de priver de
fouilles l'Institut allemand d'archéologie sur ce même site d'Hattusa.
Quelle est la position de la France ?
Les autorités françaises ont déjà été saisies, il y a plusieurs
années, d'une demande de restitution de carreaux de faïence provenant
du mausolée de Selim II. Au regard du droit international (convention
de l'Unesco du 14 novembre 1970) et du droit français, il avait été
conclu que les `uvres ne pouvaient faire l'objet d'une procédure de
restitution.
Pour le Louvre, interrogé lundi 29 octobre, cette position reste
valable à propos de la nouvelle polémique. Le musée français indique
que toutes ces `uvres « ont été acquises au XIXe siècle de bonne foi
par les institutions françaises » et qu'elles sont entrées dans ses
collections, « par don ou achat, dans des conditions légales » .
Concernant la provenance des carreaux aujourd'hui revendiqués, le
catalogue officiel indique que des études scientifiques remettent en
question l'idée qu'ils proviendraient de la mosquée Piyale Pasha et
que « leur provenance reste un mystère ». Pour le musée, la réponse «
la plus constructive » à ce type de différend passe par « une
politique d'ouverture et le développement de coopération scientifique
» avec les autorités turques.
dimanche 4 novembre 2012,
Stéphane ©armenews.com
From: Baghdasarian
Des faïences opposent le Louvre et la Turquie
Elodie Maurot et Delphine Nerbollier
La Croix - 30/10/2012
La Turquie accuse le Louvre d'exposer, dans son nouveau département
des arts de l'Islam, des `uvres « volées » dont elle réclame la
restitution.
Quels sont les objets du litige ?
L'affaire a été lancée par le journal turc Radikal qui a publié samedi
27 octobre un article intitulé « Elles sont toutes à nous » . Le
journal fait notamment référence à trois panneaux de faïence d'Iznik,
exposées au Louvre dans le tout nouveau département des arts de
l'Islam.
Selon le quotidien, ces faïences proviendraient de la mosquée Piyale
Pasha, `uvre de l'architecte ottoman Sinan, et située dans le quartier
stambouliote de Kasimpasa. La Turquie estime à huit le nombre de
panneaux dérobés dans cette mosquée achevée en 1573. Jusqu'à présent,
cinq avaient été identifiés dans des musées américains et européens.
Selon Ankara, les trois derniers se trouvent donc à Paris.
D'autres pièces de la collection du département des arts de l'Islam
font l'objet de litige. Parmi eux se trouvent des faïences originaires
des tombeaux des sultans Selim II, Murat III et de la bibliothèque de
Mahmut Ier . Selon Ankara, elles ont été emportées en France dans les
années 1880 par Albert Sorlin Dorigny. Chargé de les restaurer, il les
aurait offertes au Louvre au lieu de les rendre. Comment réagit le
gouvernement turc ?
Le ministre de la culture, Ertugrul Günay, a confirmé les allégations
lancées par le journal. Il a déjà envoyé au Louvre deux
fonctionnaires, qui ont rendu un rapport. « Nous suivons de très près
ces `uvres inestimables qui ont été volées, a déclaré le ministre.
Nous avons entamé un processus pour (les) récupérer. »
Avec cette affaire, ce ministre turc tient une nouvelle occasion de
faire entendre sa voix, lui qui `uvre avec insistance pour le retour
de milliers de pièces, selon lui dérobées ou pillées et exposées en
dehors de son pays. Jusqu'à présent, Ertugrul Günay a hautement
médiatisé les cas de l'autel de Pergame, exposé au Musée d'État de
Berlin, et du trésor de Troie, visible en partie au Musée Pouchkine de
Moscou et dont 24 pièces viennent d'être restituées par un musée
américain.
Mais les méthodes employées par Ankara pour faire valoir ses demandes
font parfois l'objet de polémique. En 2011, afin de récupérer le
sphinx d'Hattusa, les autorités turques avaient menacé de priver de
fouilles l'Institut allemand d'archéologie sur ce même site d'Hattusa.
Quelle est la position de la France ?
Les autorités françaises ont déjà été saisies, il y a plusieurs
années, d'une demande de restitution de carreaux de faïence provenant
du mausolée de Selim II. Au regard du droit international (convention
de l'Unesco du 14 novembre 1970) et du droit français, il avait été
conclu que les `uvres ne pouvaient faire l'objet d'une procédure de
restitution.
Pour le Louvre, interrogé lundi 29 octobre, cette position reste
valable à propos de la nouvelle polémique. Le musée français indique
que toutes ces `uvres « ont été acquises au XIXe siècle de bonne foi
par les institutions françaises » et qu'elles sont entrées dans ses
collections, « par don ou achat, dans des conditions légales » .
Concernant la provenance des carreaux aujourd'hui revendiqués, le
catalogue officiel indique que des études scientifiques remettent en
question l'idée qu'ils proviendraient de la mosquée Piyale Pasha et
que « leur provenance reste un mystère ». Pour le musée, la réponse «
la plus constructive » à ce type de différend passe par « une
politique d'ouverture et le développement de coopération scientifique
» avec les autorités turques.
dimanche 4 novembre 2012,
Stéphane ©armenews.com
From: Baghdasarian