REVUE DE PRESSE
Stéphanie Chevrier réalise un rêve de jeunesse à la tête de sa maison d'édition
J'ai toujours rêvé de faire ce métier, même sans savoir à quoi cela
correspondait`, avoue Stéphanie Chevrier, 43 ans, fondatrice et
directrice de la maison d'édition Don Quichotte, qui clame son amour
des auteurs, des livres `bien cornés`, avant de retracer son parcours.
C'est par la petite porte qu'elle est entrée chez Carrère en 1993,
après une licence de lettres modernes et de longues vacances en
Amérique du Sud. Elle fait ses premières armes dans la communication.
Elle commence à toucher l'édition du doigt quand Hachette l'engage
quelques années plus tard comme responsable d'édition. Elle rencontre
alors Catherine Breillat, Alexandre Lacroix, Gilbert Sinoué. En 2001,
elle intègre Flammarion. La toute fraîche directrice littéraire,
chargée de développer son département de littérature générale, est
désormais responsable d'un budget et d'une ligne éditoriale. Elle
édite une trentaine d'ouvrages par an. `Ses` auteurs : Paul Moreira,
le Cambodgien Rithy Panh, Richard Bohringer ou Coline Serreau.
DES BIOGRAPHIES DES HISTOIRES VÉCUES
`Si je ne me lance pas maintenant, je ne le ferai jamais`, se dit
alors Stéphanie. Elle quitte Flammarion pour fonder Don Quichotte en
2008. Mais elle n'a ni indemnités ni fortune personnelle à investir.
Hervé de La Martinière, qui souhaite partager l'aventure, prend 100 %
de Don Quichotte qui devient une marque du Seuil. En échange,
Stéphanie Chevrier bénéficie d'une totale liberté éditoriale. En 2009,
elle publie son premier livre : A voix basse, de Charles Aznavour.
Ce qui lui plaît dans ce métier ? `J'aime qu'on me raconte des
histoires`, dit-elle. Elle édite donc des biographies, des
autobiographies et des histoires vécues. Mais `je ne publie pas des
people`, se défend-elle.
Avec Aznavour, `on publie sur le génocide arménien`. Akhénaton ?
`C'est l'histoire des quartiers de Marseille, c'est un auteur qui a
une vision de la société.` Avec le récent livre de Diam's - en piles à
la Fnac -, `on raconte la célébrité, la dépression, la conversion à
l'islam d'une jeune femme française, qui assume le fait de se
couvrir`. Car l'engagement constitue l'autre moteur de son activité,
qui s'exprime, par exemple, à travers Un enfant est mort, de Charles
Enderlin. `Ce n'est pas le football qui m'intéresse, ajoute-t-elle,
mais l'enfant d'Ouvéa`, en référence à Christian Karembeu. Kanak
d'Anne Pitoiset et Claudine Wéry.
Et ça marche, comme en témoignent les 15 000 exemplaires de N'oubliez
pas, d'Edwy Plenel, qui lui permet d'éditer ensuite Résistances, de
Stéphane Hessel et Aung San Suu Kyi.
FABRICE LUCHINI Pour exercer son métier comme elle rêvait de le faire,
il faut `être au four et au moulin sur toute la chaîne de production.
Un éditeur accompli est quelqu'un qui sent les sujets, assure la
direction littéraire du texte, surtout dans le cas de nouveaux auteurs
et est responsable de la promo...`.
Le plus difficile ? `Etre sélectif : j'édite parfois un auteur qui ne
sera l'auteur que d'un seul livre`, souligne-t-elle. `Quand on signe
avec un auteur, on part à l'aventure.` Par exemple, cela fait quatre
ans qu'elle envisage de travailler avec Fabrice Luchini : `Quand me
rendras-tu ton texte ?`, lance-t-elle à son adresse.
Des regrets ? `Sur des sujets parfois sensibles, on s'investit` pour,
à l'arrivée, n'être `qu'une ligne dans un budget`, constate-t-elle.
`Une année efface trop souvent l'autre`, regrette-t-elle. Mais la
liberté qu'elle a conquise gomme tout : les angoisses, l'énergie
consacrée à chaque titre, et les regrets.
LE MONDE ECONOMIE | 29.10.2012 à 11h09 - Mis à jour le 29.10.2012 à 16h44
Par Pierre Jullien
dimanche 4 novembre 2012,
Stéphane ©armenews.com
Stéphanie Chevrier réalise un rêve de jeunesse à la tête de sa maison d'édition
J'ai toujours rêvé de faire ce métier, même sans savoir à quoi cela
correspondait`, avoue Stéphanie Chevrier, 43 ans, fondatrice et
directrice de la maison d'édition Don Quichotte, qui clame son amour
des auteurs, des livres `bien cornés`, avant de retracer son parcours.
C'est par la petite porte qu'elle est entrée chez Carrère en 1993,
après une licence de lettres modernes et de longues vacances en
Amérique du Sud. Elle fait ses premières armes dans la communication.
Elle commence à toucher l'édition du doigt quand Hachette l'engage
quelques années plus tard comme responsable d'édition. Elle rencontre
alors Catherine Breillat, Alexandre Lacroix, Gilbert Sinoué. En 2001,
elle intègre Flammarion. La toute fraîche directrice littéraire,
chargée de développer son département de littérature générale, est
désormais responsable d'un budget et d'une ligne éditoriale. Elle
édite une trentaine d'ouvrages par an. `Ses` auteurs : Paul Moreira,
le Cambodgien Rithy Panh, Richard Bohringer ou Coline Serreau.
DES BIOGRAPHIES DES HISTOIRES VÉCUES
`Si je ne me lance pas maintenant, je ne le ferai jamais`, se dit
alors Stéphanie. Elle quitte Flammarion pour fonder Don Quichotte en
2008. Mais elle n'a ni indemnités ni fortune personnelle à investir.
Hervé de La Martinière, qui souhaite partager l'aventure, prend 100 %
de Don Quichotte qui devient une marque du Seuil. En échange,
Stéphanie Chevrier bénéficie d'une totale liberté éditoriale. En 2009,
elle publie son premier livre : A voix basse, de Charles Aznavour.
Ce qui lui plaît dans ce métier ? `J'aime qu'on me raconte des
histoires`, dit-elle. Elle édite donc des biographies, des
autobiographies et des histoires vécues. Mais `je ne publie pas des
people`, se défend-elle.
Avec Aznavour, `on publie sur le génocide arménien`. Akhénaton ?
`C'est l'histoire des quartiers de Marseille, c'est un auteur qui a
une vision de la société.` Avec le récent livre de Diam's - en piles à
la Fnac -, `on raconte la célébrité, la dépression, la conversion à
l'islam d'une jeune femme française, qui assume le fait de se
couvrir`. Car l'engagement constitue l'autre moteur de son activité,
qui s'exprime, par exemple, à travers Un enfant est mort, de Charles
Enderlin. `Ce n'est pas le football qui m'intéresse, ajoute-t-elle,
mais l'enfant d'Ouvéa`, en référence à Christian Karembeu. Kanak
d'Anne Pitoiset et Claudine Wéry.
Et ça marche, comme en témoignent les 15 000 exemplaires de N'oubliez
pas, d'Edwy Plenel, qui lui permet d'éditer ensuite Résistances, de
Stéphane Hessel et Aung San Suu Kyi.
FABRICE LUCHINI Pour exercer son métier comme elle rêvait de le faire,
il faut `être au four et au moulin sur toute la chaîne de production.
Un éditeur accompli est quelqu'un qui sent les sujets, assure la
direction littéraire du texte, surtout dans le cas de nouveaux auteurs
et est responsable de la promo...`.
Le plus difficile ? `Etre sélectif : j'édite parfois un auteur qui ne
sera l'auteur que d'un seul livre`, souligne-t-elle. `Quand on signe
avec un auteur, on part à l'aventure.` Par exemple, cela fait quatre
ans qu'elle envisage de travailler avec Fabrice Luchini : `Quand me
rendras-tu ton texte ?`, lance-t-elle à son adresse.
Des regrets ? `Sur des sujets parfois sensibles, on s'investit` pour,
à l'arrivée, n'être `qu'une ligne dans un budget`, constate-t-elle.
`Une année efface trop souvent l'autre`, regrette-t-elle. Mais la
liberté qu'elle a conquise gomme tout : les angoisses, l'énergie
consacrée à chaque titre, et les regrets.
LE MONDE ECONOMIE | 29.10.2012 à 11h09 - Mis à jour le 29.10.2012 à 16h44
Par Pierre Jullien
dimanche 4 novembre 2012,
Stéphane ©armenews.com