SYRIE
Crimes crapuleux ou à caractère confessionnel en hausse dans les
régions où l'État est absent
L'extorsion de fonds et les exactions à caractère confessionnel sont
devenues monnaie courante dans le nord syrien où des hommes armés à
l'appartenance politique ou religieuse confuse terrorisent la
population en profitant de la disparition de l'État, selon des
militants et des habitants.
Lundi, un bus venant du Liban a été intercepté et ses passagers
chrétiens pris en otages, près de Saraqeb, dans le nord-ouest du pays.
C'est aussi aux abords de cette ville rebelle que des combattants ont
tué et exécuté de sang froid 28 soldats de l'armée régulière.
« Nous avons passé sans problème des barrages de l'Armée syrienne
libre (ASL, rebelles) dans les régions de Homs et de Hama, mais quand
nous sommes arrivés à Saraqeb, ce fut différent », a raconté un
passager chrétien, disant s'appeler Marc, 26 ans. « D'habitude, les
rebelles recherchent les soldats et les chabbiha (miliciens
prorégime), mais cette fois c'était totalement différent. Trois
hommes, dont deux masqués, sont montés à bord et ont demandé aux
chrétiens de lever la main », a-t-il expliqué. Marc a
vraisemblablement échappé à la mort en étant assis à côté du
chauffeur, les assaillants l'ayant pris pour son adjoint. Neuf
chrétiens, dont sept Arméniens, ont été contraints de descendre tandis
que les assaillants examinaient les cartes d'identité des autres
passagers. « Toi aussi, dehors ! Tu soutiens » Bachar el-Assad,
ont-ils lancé à un Kurde.
Les Kurdes sont accusés d'être des agents du régime et les chrétiens
ont la réputation de pencher en faveur d'Assad.
Un militant des droits de l'homme, qui refuse de révéler son nom,
accuse les islamistes radicaux : « C'est le Front el-Nosra. Il les a
enlevés car ce sont des chrétiens et des Kurdes et que pour lui ces
deux communautés sont hostiles. »
Selon Marc, un groupe d'une trentaine d'insurgés a arrêté un autre
bus, devant le sien, et en ont sorti deux jeunes femmes par les
cheveux. Dans son bus, un des hommes armés a forcé les femmes à
couvrir leurs cheveux avec leur veste en les traitant de prostituées.
« Il a obligé une chrétienne à retirer sa croix pour la piétiner. Une
femme voilée lui a dit : `Mon fils, nous n'agissons pas ainsi en
Syrie. Ce sont nos voisins, ils n'ont rien à faire avec la politique'
», a poursuivi Marc. « Ce sont des infidèles », lui a-t-on rétorqué.
Le lendemain, un des passagers d'une soixantaine d'années a été libéré
après avoir été sévèrement battu. Il a été relché pour tenter
d'obtenir le paiement d'une rançon de 3,3 millions de livres syriennes
(48 000 USD), pour éviter la mort des otages. Les Arméniens tentent de
rassembler la somme, a confié un membre de cette communauté à Alep.
Pour les organisations de défense des droits de l'homme, si
l'extorsion de fonds est en plein essor à cause de la guerre civile,
les crimes confessionnels deviennent courants dans ce pays
majoritairement sunnite mais dirigé par la minorité alaouite du clan
Assad. « Dans les zones ayant échappé au contrôle du régime, c'est le
chaos et le désespoir, car le gouvernement poursuit ses attaques. Dans
une telle atmosphère, il est naturel que se développe l'extrémisme,
qui est le résultat et non la cause de l'inaction de la communauté
internationale », note Abdel Basset Saida, chef du Conseil national
syrien (CNS), principale coalition de l'opposition.
Selon un militant des droits de l'homme, les jihadistes étrangers
pratiquent le « lavage de cerveau » sur certains combattants locaux :
« Ils sont un danger pour la révolution syrienne car ils ne
comprennent pas ce que signifie la démocratie. Ils viennent combattre
les mécréants. » Pour d'autres, si la dimension islamiste existe, elle
ne doit pas être surestimée, notamment lorsqu'elle est liée à des
motifs crapuleux. « Il y a des gens armés qui sont des
révolutionnaires, d'autres qui prétendent être des révolutionnaires
mais qui sont des criminels et aussi des révolutionnaires qui
utilisent des méthodes criminelles », explique un militant d'Alep,
Abou Hicham. « Ils savent que les chrétiens ont de l'argent et qu'ils
paieront », affirme de son côté un autre Alépin de 33 ans, soulignant
que Saraqeb est connue pour ses rapts. « Cela n'a rien à voir avec la
religion, c'est du business », insiste-t-il.
dimanche 4 novembre 2012,
Stéphane ©armenews.com
Crimes crapuleux ou à caractère confessionnel en hausse dans les
régions où l'État est absent
L'extorsion de fonds et les exactions à caractère confessionnel sont
devenues monnaie courante dans le nord syrien où des hommes armés à
l'appartenance politique ou religieuse confuse terrorisent la
population en profitant de la disparition de l'État, selon des
militants et des habitants.
Lundi, un bus venant du Liban a été intercepté et ses passagers
chrétiens pris en otages, près de Saraqeb, dans le nord-ouest du pays.
C'est aussi aux abords de cette ville rebelle que des combattants ont
tué et exécuté de sang froid 28 soldats de l'armée régulière.
« Nous avons passé sans problème des barrages de l'Armée syrienne
libre (ASL, rebelles) dans les régions de Homs et de Hama, mais quand
nous sommes arrivés à Saraqeb, ce fut différent », a raconté un
passager chrétien, disant s'appeler Marc, 26 ans. « D'habitude, les
rebelles recherchent les soldats et les chabbiha (miliciens
prorégime), mais cette fois c'était totalement différent. Trois
hommes, dont deux masqués, sont montés à bord et ont demandé aux
chrétiens de lever la main », a-t-il expliqué. Marc a
vraisemblablement échappé à la mort en étant assis à côté du
chauffeur, les assaillants l'ayant pris pour son adjoint. Neuf
chrétiens, dont sept Arméniens, ont été contraints de descendre tandis
que les assaillants examinaient les cartes d'identité des autres
passagers. « Toi aussi, dehors ! Tu soutiens » Bachar el-Assad,
ont-ils lancé à un Kurde.
Les Kurdes sont accusés d'être des agents du régime et les chrétiens
ont la réputation de pencher en faveur d'Assad.
Un militant des droits de l'homme, qui refuse de révéler son nom,
accuse les islamistes radicaux : « C'est le Front el-Nosra. Il les a
enlevés car ce sont des chrétiens et des Kurdes et que pour lui ces
deux communautés sont hostiles. »
Selon Marc, un groupe d'une trentaine d'insurgés a arrêté un autre
bus, devant le sien, et en ont sorti deux jeunes femmes par les
cheveux. Dans son bus, un des hommes armés a forcé les femmes à
couvrir leurs cheveux avec leur veste en les traitant de prostituées.
« Il a obligé une chrétienne à retirer sa croix pour la piétiner. Une
femme voilée lui a dit : `Mon fils, nous n'agissons pas ainsi en
Syrie. Ce sont nos voisins, ils n'ont rien à faire avec la politique'
», a poursuivi Marc. « Ce sont des infidèles », lui a-t-on rétorqué.
Le lendemain, un des passagers d'une soixantaine d'années a été libéré
après avoir été sévèrement battu. Il a été relché pour tenter
d'obtenir le paiement d'une rançon de 3,3 millions de livres syriennes
(48 000 USD), pour éviter la mort des otages. Les Arméniens tentent de
rassembler la somme, a confié un membre de cette communauté à Alep.
Pour les organisations de défense des droits de l'homme, si
l'extorsion de fonds est en plein essor à cause de la guerre civile,
les crimes confessionnels deviennent courants dans ce pays
majoritairement sunnite mais dirigé par la minorité alaouite du clan
Assad. « Dans les zones ayant échappé au contrôle du régime, c'est le
chaos et le désespoir, car le gouvernement poursuit ses attaques. Dans
une telle atmosphère, il est naturel que se développe l'extrémisme,
qui est le résultat et non la cause de l'inaction de la communauté
internationale », note Abdel Basset Saida, chef du Conseil national
syrien (CNS), principale coalition de l'opposition.
Selon un militant des droits de l'homme, les jihadistes étrangers
pratiquent le « lavage de cerveau » sur certains combattants locaux :
« Ils sont un danger pour la révolution syrienne car ils ne
comprennent pas ce que signifie la démocratie. Ils viennent combattre
les mécréants. » Pour d'autres, si la dimension islamiste existe, elle
ne doit pas être surestimée, notamment lorsqu'elle est liée à des
motifs crapuleux. « Il y a des gens armés qui sont des
révolutionnaires, d'autres qui prétendent être des révolutionnaires
mais qui sont des criminels et aussi des révolutionnaires qui
utilisent des méthodes criminelles », explique un militant d'Alep,
Abou Hicham. « Ils savent que les chrétiens ont de l'argent et qu'ils
paieront », affirme de son côté un autre Alépin de 33 ans, soulignant
que Saraqeb est connue pour ses rapts. « Cela n'a rien à voir avec la
religion, c'est du business », insiste-t-il.
dimanche 4 novembre 2012,
Stéphane ©armenews.com