TURQUIE : 10 000 PRISONNIERS POLITIQUES KURDES EN GREVE DE LA FAIM
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68720
Publie le : 08-11-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Depuis le 5 novembre, dix
mille prisonniers politiques kurdes ont rejoint la grève de la faim
lancee le 12 septembre par 700 d'entre eux repartis dans une
soixantaine de prisons. Le pronostic vital est deja engage pour ceux
et celles qui ont depasse le seuil fatidique des cinquante jours. A
première vue la lutte est inegale et Erdogan a fait savoir qu'il ne
voulait pas negocier et crie au chantage. Pourtant, l'ouverture d'un
dialogue mettrait fin au mouvement et creerait les conditions pour une
paix negociee avec tous les protagonistes. La condition première est
le respect pour ces hommes et ces femmes, detenus pour 7 000 d'entre
eux sans jugement, certains depuis trois ans et 8 mois. Le Collectif
VAN vous soumet cette information publiee sur le site des Amities
kurdes de Bretagne le 7 novembre 2012.
Legende photo: Une quinzaine de Kurdes observent une grève de la faim
a l'eglise Saint-Maurice de Strasbourg. Photo Dominique Gutekunst
Amities kurdes de Bretagne
Hier 700 grevistes de la faim, aujourd'hui 10 000, le mouvement kurde
engage une epreuve de force sans precedent dans les prisons turques
mercredi 7 novembre 2012
par Amities kurdes de Bretagne
"C'est une revolte ? Non, Sire, c'est une revolution". Ce dialogue
surrealiste tenu en 1789 après la prise de la Bastille pourrait etre
d'actualite tant l'opinion parait ignorante de ce qui se passe
reellement aujourd'hui au Kurdistan de Turquie. Meme le premier
ministre turc, RT Erdogan, ne semble pas avoir pris la mesure de cette
epreuve de force.
Depuis le 5 novembre, dix mille prisonniers politiques kurdes ont
rejoint la grève de la faim lancee le 12 septembre par 700 d'entre eux
repartis dans une soixantaine de prisons. Le pronostic vital est deja
engage pour ceux et celles qui ont depasse le seuil fatidique des
cinquante jours. A première vue la lutte est inegale et Erdogan a fait
savoir qu'il ne voulait pas negocier et crie au chantage.
Pourtant, l'ouverture d'un dialogue mettrait fin au mouvement et
creerait les conditions pour une paix negociee avec tous les
protagonistes. La condition première est le respect pour ces hommes et
ces femmes, detenus pour 7 000 d'entre eux sans jugement, certains
depuis trois ans et 8 mois.
Que peuvent les tanks, les armes chimiques contre ces militants du
parti pro kurde BDP (Parti pour la Paix et la Democratie), deputes,
maires, conseillers municipaux, presidents et membres des sections
locales, des federations regionales et du conseil national du BDP et
du KCK, l'Union des communautes du Kurdistan, tous accuses d'etre
membres d'une organisation "terroriste", tous decides a engager le
combat "jusqu'a la mort" ? Il en est de meme pour les journalistes et
les avocats poursuivis pour les memes motifs.
Large soutien en Europe et dans les differentes parties du Kurdistan
Tous les partis politiques de Turquie, d'Iran, d'Irak, de Syrie
soutiennent le mouvement de grève de la faim et les revendications des
grevistes : le droit de se defendre devant les tribunaux dans sa
langue maternelle, le droit d'apprendre et de parler librement sa
langue maternelle, l'elargissement des conditions de detention
d'Abdullah Ocalan permettant un dialogue constructif et l'ouverture de
negociations. Depuis des semaines les Kurdes manifestent a travers la
Turquie et dans la diaspora pour exiger la liberation d'Ocalan et de
tous les prisonniers politiques. Ils etaient 10 000 (6 000 selon la
police) le 2 novembre a Bruxelles, 600 devant le Parlement europeen de
Strasbourg. On note aussi des grèves de la faim de solidarite a
Toronto, en Russie, aux Etats-Unis, au Moyen Orient et dans
differentes villes de France, comme a Vannes, Rennes, et Nantes. En
Turquie les manifestations ont donne lieu a de sevères affrontements,
notamment a Diyarbakir. Une depeche de l'AFP fait etat de brutalites
policières a Istanbul : "la police a fait usage de gaz lacrymogènes et
de canons a eau sans avertissement prealable pour disperser la foule
qui criait des slogans tels que : "Evacuez les prisons" et "Liberte
pour les detenus". Les manifestants ont egalement scande des slogans
en faveur du chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK,
interdit), Abdullah Ocalan, condamne a la prison a vie et detenu a
l'isolement".
Appel aux gouvernements turc et francais
Nombre de deputes et de senateurs francais ont ete alertes, notamment
Mme Elisabeth Guigou, presidente de la Commission des Affaires
etrangères de l'Assemblee nationale. Jean Rene Marsac, depute
socialiste d'Ille et Vilaine est intervenu auprès de Laurent Fabius,
ministre des Affaires etrangères et les 17 deputes Europe Ecologie Les
Verts (EELV) ont cosigne une lettre adresse au Premier ministre
Erdogan pour lui exprimer leur inquietude sur l'etat de sante des
prisonniers et pour lui rappeler que l'ouverture de negociations pour
une solution politique de la question kurde est attendue par tous les
democrates.
"Les grevistes de la faim demandent a votre gouvernement d'entamer des
negociations avec Abdullah Ocalan, afin de resoudre la question kurde.
Ils reclament par ailleurs la levee de l'isolement total dans lequel
est detenu ce dernier depuis plus d'un an et demi." Le parti
communiste francais demande aux autorites francaises d'intervenir
ainsi que l'Association nationale des elus communistes et republicains
(ANECR) dont une delegation qui se trouve a Diyarbakir depuis le 31
octobre et qui a pu constater l'extreme gravite de la situation.
L'ANECR lance un appel aux medias francais et les invite a informer
urgemment de la situation : "les prisonniers politiques revendiquent
de pouvoir se defendre dans leur langue maternelle, que celle-ci
puisse etre enseignee a l'ecole ainsi que la fin du placement en
isolement du leader kurde, Abdullah Ocalan, emprisonne sur l'Ile
d'Imrali, et prive de toute visite depuis 27 juillet 2011. Ces
revendications ne sont pas excessives. Elles doivent etre entendues".
Temoignage en direct de Diyarbakir
De Diyarbakir, deux photographes rennais qui animent un atelier photo
pour les enfants du quartier de Ben u Sen temoignent (4 novembre 2012)
:
première sortie avec les gamins - ils sont 13, 5 garcons et 8 filles
(he oui !), entre 11 et 14 ans. Ils sont sympas, motives et attentifs.
Ca fait un peu de legèrete dans une atmosphère generale assez pesante.
Hier en fin de journee, alors qu'on prenait des photos, deux vehicules
blindes se sont portes a notre niveau. Il a fallu les accompagner au
poste. Encadres de plusieurs gros bras prolonges par des kalachnikovs,
surveilles par les deux blindes, ca avait de la gueule dans la lumière
du crepuscule... ! Par contre devoir effacer nos images, ca nous a
moins amuses. On n'a pas ete les seuls journalistes etrangers a etre
inquietes en ce jour de manif. Il faut dire que cette dernière avait
ete interdite par les autorites, et que le rassemblement a ete
disperse d'emblee, non sans une certaine brutalite. Deux realisateurs
francais du film "Je suis kurde", actuellement presente au festival du
film kurde de Diyarbakir, ont ete arretes. Un realisateur kurde qui
les accompagnait s'est fait tabasser sous leurs yeux, et tous ont ete
conduits dans un commissariat pour y etre interroges. Il a fallu que
la delegation de l'ANECR, presente sur les lieux, en appelle a
l'intervention de l'ambassade de France pour les faire liberer. Une
journaliste de la RAI a subi le meme sort et perdu elle aussi une
partie de ses images.
La ville semble avoir retrouve un certain calme aujourd'hui, mais un
calme oppressant, celui qui precède un nouvel orage. L'entree
aujourd'hui dans la grève de la faim des 10 000 prisonniers politiques
kurdes ajoute encore a la dimension de l'evenement.
Andre Metayer
Retour a la rubrique
Source/Lien : Amities kurdes de Bretagne
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68720
Publie le : 08-11-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Depuis le 5 novembre, dix
mille prisonniers politiques kurdes ont rejoint la grève de la faim
lancee le 12 septembre par 700 d'entre eux repartis dans une
soixantaine de prisons. Le pronostic vital est deja engage pour ceux
et celles qui ont depasse le seuil fatidique des cinquante jours. A
première vue la lutte est inegale et Erdogan a fait savoir qu'il ne
voulait pas negocier et crie au chantage. Pourtant, l'ouverture d'un
dialogue mettrait fin au mouvement et creerait les conditions pour une
paix negociee avec tous les protagonistes. La condition première est
le respect pour ces hommes et ces femmes, detenus pour 7 000 d'entre
eux sans jugement, certains depuis trois ans et 8 mois. Le Collectif
VAN vous soumet cette information publiee sur le site des Amities
kurdes de Bretagne le 7 novembre 2012.
Legende photo: Une quinzaine de Kurdes observent une grève de la faim
a l'eglise Saint-Maurice de Strasbourg. Photo Dominique Gutekunst
Amities kurdes de Bretagne
Hier 700 grevistes de la faim, aujourd'hui 10 000, le mouvement kurde
engage une epreuve de force sans precedent dans les prisons turques
mercredi 7 novembre 2012
par Amities kurdes de Bretagne
"C'est une revolte ? Non, Sire, c'est une revolution". Ce dialogue
surrealiste tenu en 1789 après la prise de la Bastille pourrait etre
d'actualite tant l'opinion parait ignorante de ce qui se passe
reellement aujourd'hui au Kurdistan de Turquie. Meme le premier
ministre turc, RT Erdogan, ne semble pas avoir pris la mesure de cette
epreuve de force.
Depuis le 5 novembre, dix mille prisonniers politiques kurdes ont
rejoint la grève de la faim lancee le 12 septembre par 700 d'entre eux
repartis dans une soixantaine de prisons. Le pronostic vital est deja
engage pour ceux et celles qui ont depasse le seuil fatidique des
cinquante jours. A première vue la lutte est inegale et Erdogan a fait
savoir qu'il ne voulait pas negocier et crie au chantage.
Pourtant, l'ouverture d'un dialogue mettrait fin au mouvement et
creerait les conditions pour une paix negociee avec tous les
protagonistes. La condition première est le respect pour ces hommes et
ces femmes, detenus pour 7 000 d'entre eux sans jugement, certains
depuis trois ans et 8 mois.
Que peuvent les tanks, les armes chimiques contre ces militants du
parti pro kurde BDP (Parti pour la Paix et la Democratie), deputes,
maires, conseillers municipaux, presidents et membres des sections
locales, des federations regionales et du conseil national du BDP et
du KCK, l'Union des communautes du Kurdistan, tous accuses d'etre
membres d'une organisation "terroriste", tous decides a engager le
combat "jusqu'a la mort" ? Il en est de meme pour les journalistes et
les avocats poursuivis pour les memes motifs.
Large soutien en Europe et dans les differentes parties du Kurdistan
Tous les partis politiques de Turquie, d'Iran, d'Irak, de Syrie
soutiennent le mouvement de grève de la faim et les revendications des
grevistes : le droit de se defendre devant les tribunaux dans sa
langue maternelle, le droit d'apprendre et de parler librement sa
langue maternelle, l'elargissement des conditions de detention
d'Abdullah Ocalan permettant un dialogue constructif et l'ouverture de
negociations. Depuis des semaines les Kurdes manifestent a travers la
Turquie et dans la diaspora pour exiger la liberation d'Ocalan et de
tous les prisonniers politiques. Ils etaient 10 000 (6 000 selon la
police) le 2 novembre a Bruxelles, 600 devant le Parlement europeen de
Strasbourg. On note aussi des grèves de la faim de solidarite a
Toronto, en Russie, aux Etats-Unis, au Moyen Orient et dans
differentes villes de France, comme a Vannes, Rennes, et Nantes. En
Turquie les manifestations ont donne lieu a de sevères affrontements,
notamment a Diyarbakir. Une depeche de l'AFP fait etat de brutalites
policières a Istanbul : "la police a fait usage de gaz lacrymogènes et
de canons a eau sans avertissement prealable pour disperser la foule
qui criait des slogans tels que : "Evacuez les prisons" et "Liberte
pour les detenus". Les manifestants ont egalement scande des slogans
en faveur du chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK,
interdit), Abdullah Ocalan, condamne a la prison a vie et detenu a
l'isolement".
Appel aux gouvernements turc et francais
Nombre de deputes et de senateurs francais ont ete alertes, notamment
Mme Elisabeth Guigou, presidente de la Commission des Affaires
etrangères de l'Assemblee nationale. Jean Rene Marsac, depute
socialiste d'Ille et Vilaine est intervenu auprès de Laurent Fabius,
ministre des Affaires etrangères et les 17 deputes Europe Ecologie Les
Verts (EELV) ont cosigne une lettre adresse au Premier ministre
Erdogan pour lui exprimer leur inquietude sur l'etat de sante des
prisonniers et pour lui rappeler que l'ouverture de negociations pour
une solution politique de la question kurde est attendue par tous les
democrates.
"Les grevistes de la faim demandent a votre gouvernement d'entamer des
negociations avec Abdullah Ocalan, afin de resoudre la question kurde.
Ils reclament par ailleurs la levee de l'isolement total dans lequel
est detenu ce dernier depuis plus d'un an et demi." Le parti
communiste francais demande aux autorites francaises d'intervenir
ainsi que l'Association nationale des elus communistes et republicains
(ANECR) dont une delegation qui se trouve a Diyarbakir depuis le 31
octobre et qui a pu constater l'extreme gravite de la situation.
L'ANECR lance un appel aux medias francais et les invite a informer
urgemment de la situation : "les prisonniers politiques revendiquent
de pouvoir se defendre dans leur langue maternelle, que celle-ci
puisse etre enseignee a l'ecole ainsi que la fin du placement en
isolement du leader kurde, Abdullah Ocalan, emprisonne sur l'Ile
d'Imrali, et prive de toute visite depuis 27 juillet 2011. Ces
revendications ne sont pas excessives. Elles doivent etre entendues".
Temoignage en direct de Diyarbakir
De Diyarbakir, deux photographes rennais qui animent un atelier photo
pour les enfants du quartier de Ben u Sen temoignent (4 novembre 2012)
:
première sortie avec les gamins - ils sont 13, 5 garcons et 8 filles
(he oui !), entre 11 et 14 ans. Ils sont sympas, motives et attentifs.
Ca fait un peu de legèrete dans une atmosphère generale assez pesante.
Hier en fin de journee, alors qu'on prenait des photos, deux vehicules
blindes se sont portes a notre niveau. Il a fallu les accompagner au
poste. Encadres de plusieurs gros bras prolonges par des kalachnikovs,
surveilles par les deux blindes, ca avait de la gueule dans la lumière
du crepuscule... ! Par contre devoir effacer nos images, ca nous a
moins amuses. On n'a pas ete les seuls journalistes etrangers a etre
inquietes en ce jour de manif. Il faut dire que cette dernière avait
ete interdite par les autorites, et que le rassemblement a ete
disperse d'emblee, non sans une certaine brutalite. Deux realisateurs
francais du film "Je suis kurde", actuellement presente au festival du
film kurde de Diyarbakir, ont ete arretes. Un realisateur kurde qui
les accompagnait s'est fait tabasser sous leurs yeux, et tous ont ete
conduits dans un commissariat pour y etre interroges. Il a fallu que
la delegation de l'ANECR, presente sur les lieux, en appelle a
l'intervention de l'ambassade de France pour les faire liberer. Une
journaliste de la RAI a subi le meme sort et perdu elle aussi une
partie de ses images.
La ville semble avoir retrouve un certain calme aujourd'hui, mais un
calme oppressant, celui qui precède un nouvel orage. L'entree
aujourd'hui dans la grève de la faim des 10 000 prisonniers politiques
kurdes ajoute encore a la dimension de l'evenement.
Andre Metayer
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