DES PHOTOS DE STUDIO FONT REVIVRE LA FRANCE ET L'ALGERIE DES ANNEES 1950-70
Jean Eckian
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=84229
Par Beatrice ROMAN-AMAT
MARSEILLE, 08 nov 2012 (AFP) - Les pantalons a pattes d'elephant
côtoient les tenues traditionnelles brodees, les tatouages berbères sur
le menton des femmes les lunettes de soleil : exposees a Marseille,
des photos prises en studio redonnent vie au quotidien en France et
en Algerie des annees 1950 a 1970.
Intitulee "Pour Memoire(s)", cette exposition installee sur le campus
Saint-Charles de l'universite s'inscrit dans le cadre des rencontres
d'Averroès, une manifestation organisee a Marseille et dans sa region,
autour de problematiques mediterraneennes.
Les quelque 150 photos exposees ont ete prises entre le milieu des
annees 1950 et la fin des annees 1970, dans deux studios distincts,
l'un situe a Marseille, l'autre dans un village algerien de la region
des Aurès. Des familles, des couples et des personnes seules y posent,
parfois raides et empruntees, parfois avec des attitudes vivantes et
theâtrales, dans un decor très sobre.
Ces photos en noir et blanc ont ete prises sans intention artistique.
Celles realisees a Marseille servaient souvent a montrer a la famille
restee au pays la reussite sociale des personnes photographiees.
"Il y avait beaucoup de Senegalais et de Maghrebins. Les gens venaient
faire des photos pour prouver qu'ils avaient gagne de l'argent ici.
Ils venaient avec un costume, avec un transistor", se souvient avec
une certaine emotion Gregoire Keussayan, l'auteur d'une partie des
photos exposees. Sur l'une d'entre elles, un homme pose fièrement,
son livret de Caisse d'epargne a la main.
Des photos miraculees
Gregoire Keussayan tient toujours le petit "Studio Rex" que son père,
arrive d'Armenie dans les annees 1930, a ouvert dans le quartier
marseillais de la porte d'Aix.
"Je suis content que ces photos soient preservees. Nous, tous les
dix ans, on les detruisait", se souvient-il. Aujourd'hui, a l'ère du
numerique, il ne fait presque plus que des photos d'identite, pour les
passeports biometriques, dans la petite pièce - toujours la mem e- qui
lui sert de studio, et envisage de fermer boutique dans un ou deux ans.
En 2006, les Archives de Marseille ont achete le fonds photographique
du Studio Rex, ressuscitant des visages et des postures tombes dans
l'oubli. Les negatifs des photos algeriennes, du fonds Lazhar Mansouri,
ont pour leur part failli etre brûles après la mort du photographe
et ont ete sauves de justesse par un photographe kabyle.
"Les deux fonds parlent de la confrontation entre deux temporalites :
la tradition et la modernite", commente Jose Echenique, des Ateliers
de l'Image, a l'origine de l'exposition, avec le lieu de creation
marseillais Les Bancs publics.
L'une des photos montre ainsi un homme en costume traditionnel, longue
robe noire et cape blanche, posant entre deux petits garcons qui
arborent T-shirts et lunettes de soleil. Sur d'autres, les vetements
occidentaux des femmes ou la cigarette ostensiblement tenue devant
l'objectif constituent autant de signes d'emancipation par rapport
a la culture d'origine. Ailleurs, la presence du drapeau algerien
temoigne de la fierte de l'independance. Souvent emouvantes, parfois
intriguantes, ces photos d'anonymes invitent le visiteur a imaginer
les histoires qu'elles cachent, sur les deux rives de la Mediterranee.
Exposition "Pour Memoire(s)", a l'espace Fernand Pouillon, a Marseille,
jusqu'au 8 decembre.
jeudi 8 novembre 2012, Jean Eckian ©armenews.com
Jean Eckian
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=84229
Par Beatrice ROMAN-AMAT
MARSEILLE, 08 nov 2012 (AFP) - Les pantalons a pattes d'elephant
côtoient les tenues traditionnelles brodees, les tatouages berbères sur
le menton des femmes les lunettes de soleil : exposees a Marseille,
des photos prises en studio redonnent vie au quotidien en France et
en Algerie des annees 1950 a 1970.
Intitulee "Pour Memoire(s)", cette exposition installee sur le campus
Saint-Charles de l'universite s'inscrit dans le cadre des rencontres
d'Averroès, une manifestation organisee a Marseille et dans sa region,
autour de problematiques mediterraneennes.
Les quelque 150 photos exposees ont ete prises entre le milieu des
annees 1950 et la fin des annees 1970, dans deux studios distincts,
l'un situe a Marseille, l'autre dans un village algerien de la region
des Aurès. Des familles, des couples et des personnes seules y posent,
parfois raides et empruntees, parfois avec des attitudes vivantes et
theâtrales, dans un decor très sobre.
Ces photos en noir et blanc ont ete prises sans intention artistique.
Celles realisees a Marseille servaient souvent a montrer a la famille
restee au pays la reussite sociale des personnes photographiees.
"Il y avait beaucoup de Senegalais et de Maghrebins. Les gens venaient
faire des photos pour prouver qu'ils avaient gagne de l'argent ici.
Ils venaient avec un costume, avec un transistor", se souvient avec
une certaine emotion Gregoire Keussayan, l'auteur d'une partie des
photos exposees. Sur l'une d'entre elles, un homme pose fièrement,
son livret de Caisse d'epargne a la main.
Des photos miraculees
Gregoire Keussayan tient toujours le petit "Studio Rex" que son père,
arrive d'Armenie dans les annees 1930, a ouvert dans le quartier
marseillais de la porte d'Aix.
"Je suis content que ces photos soient preservees. Nous, tous les
dix ans, on les detruisait", se souvient-il. Aujourd'hui, a l'ère du
numerique, il ne fait presque plus que des photos d'identite, pour les
passeports biometriques, dans la petite pièce - toujours la mem e- qui
lui sert de studio, et envisage de fermer boutique dans un ou deux ans.
En 2006, les Archives de Marseille ont achete le fonds photographique
du Studio Rex, ressuscitant des visages et des postures tombes dans
l'oubli. Les negatifs des photos algeriennes, du fonds Lazhar Mansouri,
ont pour leur part failli etre brûles après la mort du photographe
et ont ete sauves de justesse par un photographe kabyle.
"Les deux fonds parlent de la confrontation entre deux temporalites :
la tradition et la modernite", commente Jose Echenique, des Ateliers
de l'Image, a l'origine de l'exposition, avec le lieu de creation
marseillais Les Bancs publics.
L'une des photos montre ainsi un homme en costume traditionnel, longue
robe noire et cape blanche, posant entre deux petits garcons qui
arborent T-shirts et lunettes de soleil. Sur d'autres, les vetements
occidentaux des femmes ou la cigarette ostensiblement tenue devant
l'objectif constituent autant de signes d'emancipation par rapport
a la culture d'origine. Ailleurs, la presence du drapeau algerien
temoigne de la fierte de l'independance. Souvent emouvantes, parfois
intriguantes, ces photos d'anonymes invitent le visiteur a imaginer
les histoires qu'elles cachent, sur les deux rives de la Mediterranee.
Exposition "Pour Memoire(s)", a l'espace Fernand Pouillon, a Marseille,
jusqu'au 8 decembre.
jeudi 8 novembre 2012, Jean Eckian ©armenews.com