1915 : LA TURQUIE, SES HEROS, SES ASSASSINS
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68762
Publie le : 09-11-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - , la > de 1915.
Malheureusement, cet humaniste est aussi un ardent defenseur des
fameuses Cela fait longtemps que j'ai
lu pour la première fois le livre Cehenneme Ovgu, Gundelik Hayatta
Totalitarizm (Prisonniers de nous-memes : le totalitarisme dans la
vie quotidienne) de Gunduz Vassaf, mais je me souviens toujours de
cette phrase qu'il contenait. À chaque fois que j'entends le mot >, je ne peux m'empecher d'y accoler celui de >.
Vassaf raconte comment nous echappons a la liberte via les heros et
comment nous recreons l'ordre, encore et toujours. Les heros nous sont
presentes comme des hommes de sacrifice qui font preuve de courage
et non de faiblesse humaine. Ce sont des leaders, des militaires,
des religieux, des revolutionnaires, des combattants de la liberte
et autres.
Tout peuple a ses propres heros. Lorsque nous essayons de ressembler
a ces heros, nous devenons des hommes qui desirent l'ordre dans
lequel nous sommes. J'ai recemment etudie un heros qui n'etait pas un
dictateur. Ce heros ne ressemble pas aux autres. Et nous, le peuple
de Turquie, nous ne le connaissons pas, car le connaître requiert
de passer par un processus inhabituel tant cognitif que spirituel,
une confrontation enorme, et des remords.
Il y a la un grand paradoxe. Si nous pouvions le connaître, nous
serions plus riches et nos âmes seraient plus tranquilles. Cependant,
pour se familiariser avec lui, nous devons tout d'abord passer par
une perturbation spirituelle et un etat d'inconfort. Nous savons qu'il
existe grâce aux films etrangers. En regardant La liste de Schindler
de Steven Spielberg ou Hotel Rwanda de Terry George, en realite, nous
assistons a sa vie. Cependant, la culture dans laquelle nous avons
grandi nous empeche de mieux le connaître. Nous ne connaissons pas
la signification du refus de participer a une campagne d'assassinats
sur la base du remords individuel et de la conscience, tandis que
la societe et l'Etat commettaient un crime immense et que ce crime
devenait une partie de notre vie quotidienne et le symbole d'un
nouveau statu quo.
Nous avons des Schindler d'Hollywood, mais il n'y pas eu de films
sur eux dans ce pays. Leurs noms ne figurent pas dans les livres
d'histoire. Du point de vue de notre histoire formelle, ce sont des
traîtres. Je pense que l'une des grandes pertes associees a notre
echec de nous confronter a la tragedie de 1915 est d'etre prives de
la possibilite de les connaître. De fait, nous avons un sentiment de
culpabilite dans notre subconscient. Mais nous ne connaissons pas les
histoires de ces gens qui n'ont pas participe aux actes horribles,
tandis que toute la communaute etait impliquee, ceux qui ont refuse
d'obeir aux ordres et qui ont abrite chez eux leurs voisins armeniens.
Nous ne les connaissons pas. Nous ne savons pas ce que pensait Urfalý
Hacý Halil du monde exterieur, lorsqu'il refermait la porte de sa
maison, lui qui a cache ses voisins armeniens chez lui pendant un
an, a apporte du pain pour huit personnes supplementaires; comment
ses relations avec la communaute ont change ou a quel point il avait
peur de ces decrets qui punissaient de mort tous ceux qui cachaient
des Armeniens chez eux. Afin que nous puissions savoir et sentir
tout cela, nous devrions tout d'abord nous confronter aux mensonges
de notre histoire et ressentir l'atmosphère des massacres et des
tragedies dans ce pays.
Si nous reussissions a passer ces etapes, nous connaîtrions, non
seulement Hacý Halil mais egalement les bureaucrates ottomans qui
n'ont pas obei aux ordres de deportation des Armeniens et qui ont
ete executes ou exiles pour desobeissance. Le gouverneur Celal de
Konya, le gouverneur Hasan Mazhar d'Ankara, le gouverneur Resit Pasa
de Kastamonu, le gouverneur Feri de Basrat, le gouverneur Mehmet Cemal
Bey de Yozgat, le gouverneur Faik Ali Ozansoy de Kutahya, le gouverneur
Bedii Nuri de Muntefek, le gouverneur Huseyin Nesimi Bey du district
de Lice et le gouverneur Sabit Bey du district de Batman nous guideront
tous sur le chemin de la purification spirituelle et de la serenite.
Si nous pouvions supporter la douleur et regarder notre histoire avec
honnetete, les gens croyants de ce pays promouvraient la tradition
honorable des musulmans qui se sont fortement opposes aux assassinats
des Armeniens a Bogazlayan, soulignant qu'il n'y a pas de meurtre
de personnes innocentes dans le Coran. Si nous pouvions regarder
1915 honnetement et parler ouvertement de tout, nous commencerions a
rencontrer les vrais heros. Bien sûr, cela viendra après une immense
douleur et le deuil. Ils seront nos vrais heros.
Après tant d'annees, nous avons fait quelques progrès dans la
confrontation au passe, mais il reste un long chemin a parcourir. Je
pense que ces heros nous guideront dans ce voyage. Je m'incline devant
eux avec un grand respect.
(c)Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 6 novembre
2012 - 6:00 - www.collectifvan.org
Version originale en turc :
1915: Katiller ve kahramanlar
Lire aussi :
1915, le crime >
Genocide : un procès turc contre des Armeniens et Sarkozy
L'Etat turc encourage les meurtriers de Malatya
Pour les turcophones :
Ermeni soykýrýmý ve toprak
1915, Dersim, yuzleþme...
Retour a la rubrique
Source/Lien : Today's Zaman
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Publie le : 09-11-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - , la > de 1915.
Malheureusement, cet humaniste est aussi un ardent defenseur des
fameuses Cela fait longtemps que j'ai
lu pour la première fois le livre Cehenneme Ovgu, Gundelik Hayatta
Totalitarizm (Prisonniers de nous-memes : le totalitarisme dans la
vie quotidienne) de Gunduz Vassaf, mais je me souviens toujours de
cette phrase qu'il contenait. À chaque fois que j'entends le mot >, je ne peux m'empecher d'y accoler celui de >.
Vassaf raconte comment nous echappons a la liberte via les heros et
comment nous recreons l'ordre, encore et toujours. Les heros nous sont
presentes comme des hommes de sacrifice qui font preuve de courage
et non de faiblesse humaine. Ce sont des leaders, des militaires,
des religieux, des revolutionnaires, des combattants de la liberte
et autres.
Tout peuple a ses propres heros. Lorsque nous essayons de ressembler
a ces heros, nous devenons des hommes qui desirent l'ordre dans
lequel nous sommes. J'ai recemment etudie un heros qui n'etait pas un
dictateur. Ce heros ne ressemble pas aux autres. Et nous, le peuple
de Turquie, nous ne le connaissons pas, car le connaître requiert
de passer par un processus inhabituel tant cognitif que spirituel,
une confrontation enorme, et des remords.
Il y a la un grand paradoxe. Si nous pouvions le connaître, nous
serions plus riches et nos âmes seraient plus tranquilles. Cependant,
pour se familiariser avec lui, nous devons tout d'abord passer par
une perturbation spirituelle et un etat d'inconfort. Nous savons qu'il
existe grâce aux films etrangers. En regardant La liste de Schindler
de Steven Spielberg ou Hotel Rwanda de Terry George, en realite, nous
assistons a sa vie. Cependant, la culture dans laquelle nous avons
grandi nous empeche de mieux le connaître. Nous ne connaissons pas
la signification du refus de participer a une campagne d'assassinats
sur la base du remords individuel et de la conscience, tandis que
la societe et l'Etat commettaient un crime immense et que ce crime
devenait une partie de notre vie quotidienne et le symbole d'un
nouveau statu quo.
Nous avons des Schindler d'Hollywood, mais il n'y pas eu de films
sur eux dans ce pays. Leurs noms ne figurent pas dans les livres
d'histoire. Du point de vue de notre histoire formelle, ce sont des
traîtres. Je pense que l'une des grandes pertes associees a notre
echec de nous confronter a la tragedie de 1915 est d'etre prives de
la possibilite de les connaître. De fait, nous avons un sentiment de
culpabilite dans notre subconscient. Mais nous ne connaissons pas les
histoires de ces gens qui n'ont pas participe aux actes horribles,
tandis que toute la communaute etait impliquee, ceux qui ont refuse
d'obeir aux ordres et qui ont abrite chez eux leurs voisins armeniens.
Nous ne les connaissons pas. Nous ne savons pas ce que pensait Urfalý
Hacý Halil du monde exterieur, lorsqu'il refermait la porte de sa
maison, lui qui a cache ses voisins armeniens chez lui pendant un
an, a apporte du pain pour huit personnes supplementaires; comment
ses relations avec la communaute ont change ou a quel point il avait
peur de ces decrets qui punissaient de mort tous ceux qui cachaient
des Armeniens chez eux. Afin que nous puissions savoir et sentir
tout cela, nous devrions tout d'abord nous confronter aux mensonges
de notre histoire et ressentir l'atmosphère des massacres et des
tragedies dans ce pays.
Si nous reussissions a passer ces etapes, nous connaîtrions, non
seulement Hacý Halil mais egalement les bureaucrates ottomans qui
n'ont pas obei aux ordres de deportation des Armeniens et qui ont
ete executes ou exiles pour desobeissance. Le gouverneur Celal de
Konya, le gouverneur Hasan Mazhar d'Ankara, le gouverneur Resit Pasa
de Kastamonu, le gouverneur Feri de Basrat, le gouverneur Mehmet Cemal
Bey de Yozgat, le gouverneur Faik Ali Ozansoy de Kutahya, le gouverneur
Bedii Nuri de Muntefek, le gouverneur Huseyin Nesimi Bey du district
de Lice et le gouverneur Sabit Bey du district de Batman nous guideront
tous sur le chemin de la purification spirituelle et de la serenite.
Si nous pouvions supporter la douleur et regarder notre histoire avec
honnetete, les gens croyants de ce pays promouvraient la tradition
honorable des musulmans qui se sont fortement opposes aux assassinats
des Armeniens a Bogazlayan, soulignant qu'il n'y a pas de meurtre
de personnes innocentes dans le Coran. Si nous pouvions regarder
1915 honnetement et parler ouvertement de tout, nous commencerions a
rencontrer les vrais heros. Bien sûr, cela viendra après une immense
douleur et le deuil. Ils seront nos vrais heros.
Après tant d'annees, nous avons fait quelques progrès dans la
confrontation au passe, mais il reste un long chemin a parcourir. Je
pense que ces heros nous guideront dans ce voyage. Je m'incline devant
eux avec un grand respect.
(c)Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 6 novembre
2012 - 6:00 - www.collectifvan.org
Version originale en turc :
1915: Katiller ve kahramanlar
Lire aussi :
1915, le crime >
Genocide : un procès turc contre des Armeniens et Sarkozy
L'Etat turc encourage les meurtriers de Malatya
Pour les turcophones :
Ermeni soykýrýmý ve toprak
1915, Dersim, yuzleþme...
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