KESSAB EN SYRIE : LE PROCHAIN MASSACRE ?
Stephane
armenews.com
vendredi 16 novembre 2012
"Ce que nous souhaitons tous de manière extremement claire, c'est que,
a la guerre confessionnelle qui existe en Syrie, qui a deja fait plus
de 30.000 morts, qui est donc une catastrophe, ne s'ajoute pas en plus
un conflit entre la Syrie et ses voisins, singulièrement la Turquie".
SYRIE - Ce sont la les paroles que Monsieur Laurent Fabius, ministre
des affaires etrangères, a prononcees lors de sa conference de presse
du 15 octobre a l'issue du conseil des ministres de l'Union Europeenne.
On peut s'etonner que le conflit syrien soit reduit par notre ministre
a sa simple dimension confessionnelle qui, cependant, existe bel et
bien. Car enfin, comme pour le colonel Kadhafi, il a ete decide de
se debarrasser de Monsieur Bachar Al-Assad pour des raisons politiques.
Par qui ? A minima par les "puissances" locales de l'islam sunnite
militant que sont le Qatar (encore lui) et l'Arabie Saoudite
wahhabite. Elles ont vu dans la vague de contestation partie de
Tunisie, une bonne occasion de se debarrasser tout a la fois d'un
regime laïc, celui du parti Baas syrien, et d'un pouvoir totalitaire
aux mains d'une branche concurrente de l'islam : le chiisme particulier
des Alaouites.
L'occasion etait egalement bonne pour l'Occident qui voyait la une
possibilite majeure d'affaiblir l'influence de l'Iran dans le cadre
de la politique que l'on sait a l'egard de ce pays. Dès lors, on peut
raisonnablement se poser la question de savoir où la decision inavouee
de se debarrasser de Bachar Al-Assad a ete prise : a Washington, au
siège de l'Otan a Bruxelles, a Jerusalem, a Ankara, a Ryad ou a Doha ?
Localement confessionnelle, internationalement politique.
Peu importe, dès lors que les interets objectifs de tous convergent
d'une manière si forte. Le constat est que c'est la curee politique.
Justifiee, du moins côte occidental, au nom de la liberation d'un
regime incontestablement totalitaire et au nom de considerations
humanitaires.
Il est vrai aussi que la repression sanglante (c'est un euphemisme) de
Bachar Al-Assad rend legitime le changement de regime. Au vu de ce qui
s'est fait en Tunisie, en Libye et en Egypte, cela ne saurait dispenser
de s'interroger sur les faits en cours et sur l'après changement.
Il semble bien que Monsieur Laurent Fabius, qui est mieux renseigne
que nous, ait aussi quelques doutes quant "aux forces du futur" qui,
aujourd'hui, ne font pas de prisonniers... comme les militaires du
regime. C'est ainsi que dans la meme conference de presse, il affirme :
"...notre ligne directrice est : "cessez les massacres" ; c'est
la toute première priorite. Il est extremement important que les
differentes communautes, la communaute chretienne, la communaute
alaouite et les autres communautes, voient leurs droits respectes.
C'est comme cela que l'on doit parler de la Syrie du futur".
On veut l'esperer très fort.
Il ne semble pas que ce soit la la conception des turkmènes qui
entourent la ville de Kessab.
Jusqu'a un passe recent Kessab etait un village exclusivement chretien
habites par des Armeniens. Rescapes du genocide des Armeniens de
Turquie, ils s'etaient etablis en deca de la frontière turque lorsque
la Syrie etait en 1920 sous mandat francais.
Comme tous les chretiens du pays, ils ont prospere sous ce mandat,
puis en beneficiant du caractère laïc de l'Etat syrien qui a contenu
la poussee islamiste au grand dam des wahhabites de Ryad et de Doha.
Ce qui explique les doutes des chretiens, sinon leur opposition,
a la "revolution" en cours. Depuis bientôt une vingtaine d'annees,
Kessab a vu l'implantation d'une population arabe musulmane plutôt
aisee cherchant a beneficier des avantages du site : fraîcheur de la
montagne et proximite de la mer.
Dans son reportage publie le 16 octobre, Lewis Roth, l'envoye special
du Monde dans le djebel turkmène, rapporte un message inquietant de
Kessab. Nous apprenons que la region frontalière de la Turquie est
maintenant tenue par la rebellion qui s'appèterait a attaquer Kessab
encore sous contrôle de l'armee de Bachar Al-Assad.
Lewis Roth rapporte les propos du combattant turkmène Abou Moustapha :
"Si on le prend, on aura accès a la mer et on disposera d'un passage
officiel avec la Turquie. On pourra faire venir des armes. Je previens
nos frères armeniens a Kassab : qu'ils partent avant l'offensive de
l'Armee libre, sinon ils vont avoir des pertes civiles et encore se
plaindre d'un genocide perpetre par des Turcs".
Mihran Amtablian
Ancien redacteur en chef de France-Armenie
http://www.huffingtonpost.fr/mihran-amtablian/kessab-syrie-
massacre_b_2017402.html
vendredi 16 novembre 2012, Stephane ©armenews.com
Stephane
armenews.com
vendredi 16 novembre 2012
"Ce que nous souhaitons tous de manière extremement claire, c'est que,
a la guerre confessionnelle qui existe en Syrie, qui a deja fait plus
de 30.000 morts, qui est donc une catastrophe, ne s'ajoute pas en plus
un conflit entre la Syrie et ses voisins, singulièrement la Turquie".
SYRIE - Ce sont la les paroles que Monsieur Laurent Fabius, ministre
des affaires etrangères, a prononcees lors de sa conference de presse
du 15 octobre a l'issue du conseil des ministres de l'Union Europeenne.
On peut s'etonner que le conflit syrien soit reduit par notre ministre
a sa simple dimension confessionnelle qui, cependant, existe bel et
bien. Car enfin, comme pour le colonel Kadhafi, il a ete decide de
se debarrasser de Monsieur Bachar Al-Assad pour des raisons politiques.
Par qui ? A minima par les "puissances" locales de l'islam sunnite
militant que sont le Qatar (encore lui) et l'Arabie Saoudite
wahhabite. Elles ont vu dans la vague de contestation partie de
Tunisie, une bonne occasion de se debarrasser tout a la fois d'un
regime laïc, celui du parti Baas syrien, et d'un pouvoir totalitaire
aux mains d'une branche concurrente de l'islam : le chiisme particulier
des Alaouites.
L'occasion etait egalement bonne pour l'Occident qui voyait la une
possibilite majeure d'affaiblir l'influence de l'Iran dans le cadre
de la politique que l'on sait a l'egard de ce pays. Dès lors, on peut
raisonnablement se poser la question de savoir où la decision inavouee
de se debarrasser de Bachar Al-Assad a ete prise : a Washington, au
siège de l'Otan a Bruxelles, a Jerusalem, a Ankara, a Ryad ou a Doha ?
Localement confessionnelle, internationalement politique.
Peu importe, dès lors que les interets objectifs de tous convergent
d'une manière si forte. Le constat est que c'est la curee politique.
Justifiee, du moins côte occidental, au nom de la liberation d'un
regime incontestablement totalitaire et au nom de considerations
humanitaires.
Il est vrai aussi que la repression sanglante (c'est un euphemisme) de
Bachar Al-Assad rend legitime le changement de regime. Au vu de ce qui
s'est fait en Tunisie, en Libye et en Egypte, cela ne saurait dispenser
de s'interroger sur les faits en cours et sur l'après changement.
Il semble bien que Monsieur Laurent Fabius, qui est mieux renseigne
que nous, ait aussi quelques doutes quant "aux forces du futur" qui,
aujourd'hui, ne font pas de prisonniers... comme les militaires du
regime. C'est ainsi que dans la meme conference de presse, il affirme :
"...notre ligne directrice est : "cessez les massacres" ; c'est
la toute première priorite. Il est extremement important que les
differentes communautes, la communaute chretienne, la communaute
alaouite et les autres communautes, voient leurs droits respectes.
C'est comme cela que l'on doit parler de la Syrie du futur".
On veut l'esperer très fort.
Il ne semble pas que ce soit la la conception des turkmènes qui
entourent la ville de Kessab.
Jusqu'a un passe recent Kessab etait un village exclusivement chretien
habites par des Armeniens. Rescapes du genocide des Armeniens de
Turquie, ils s'etaient etablis en deca de la frontière turque lorsque
la Syrie etait en 1920 sous mandat francais.
Comme tous les chretiens du pays, ils ont prospere sous ce mandat,
puis en beneficiant du caractère laïc de l'Etat syrien qui a contenu
la poussee islamiste au grand dam des wahhabites de Ryad et de Doha.
Ce qui explique les doutes des chretiens, sinon leur opposition,
a la "revolution" en cours. Depuis bientôt une vingtaine d'annees,
Kessab a vu l'implantation d'une population arabe musulmane plutôt
aisee cherchant a beneficier des avantages du site : fraîcheur de la
montagne et proximite de la mer.
Dans son reportage publie le 16 octobre, Lewis Roth, l'envoye special
du Monde dans le djebel turkmène, rapporte un message inquietant de
Kessab. Nous apprenons que la region frontalière de la Turquie est
maintenant tenue par la rebellion qui s'appèterait a attaquer Kessab
encore sous contrôle de l'armee de Bachar Al-Assad.
Lewis Roth rapporte les propos du combattant turkmène Abou Moustapha :
"Si on le prend, on aura accès a la mer et on disposera d'un passage
officiel avec la Turquie. On pourra faire venir des armes. Je previens
nos frères armeniens a Kassab : qu'ils partent avant l'offensive de
l'Armee libre, sinon ils vont avoir des pertes civiles et encore se
plaindre d'un genocide perpetre par des Turcs".
Mihran Amtablian
Ancien redacteur en chef de France-Armenie
http://www.huffingtonpost.fr/mihran-amtablian/kessab-syrie-
massacre_b_2017402.html
vendredi 16 novembre 2012, Stephane ©armenews.com