TURQUIE : LES REBELLES KURDES DEFIENT ANKARA AVEC UNE STRATEGIE DE CHOC
Stephane
armenews.com
lundi 8 octobre 2012
Dans le sud-est de la Turquie, les rebelles kurdes defient Ankara
depuis deux mois avec une nouvelle strategie de choc : l'occupation
et la defense de "zones libres". La victoire militaire est improbable
mais l'impact psychologique important, estiment les analystes.
Le 23 juillet, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui
lutte depuis 1984 pour l'independance du sud-est anatolien peuple
en majorite de Kurdes, a annonce une vaste operation de "maîtrise du
terrain" dans les zones montagneuses entourant la localite de Semdinli,
aux confins de l'Irak et de l'Iran.
"L'objectif n'est plus seulement de frapper la partie adverse, c'est
de realiser l'autonomie democratique, de construire l'administration
autonome democratique du peuple kurde", a declare un des cadres du
PKK, Duran Kalkan, cite par l'agence de presse Firat News, proche
des rebelles.
Depuis, le PKK a revendique la "maîtrise" de trois autres reduits
montagneux, tous situes le long de la frontière avec l'Irak, un pays
dans le nord duquel les rebelles disposent de bases.
Concrètement, la "maîtrise du terrain", "cela ne veut pas dire que
ces zones sont sous le contrôle total des guerilleros et que les
troupes ont ete chassees", affirme a l'AFP la deputee Gulten Kisanak,
du Parti pour la paix et la democratie (BDP), pro-kurde.
"Cela veut dire que les troupes sont cantonnes dans leurs casernes et
ne sortent pas pour des operations, parce que la guerilla est la. Ils
(les rebelles) ont le contrôle des routes, effectuent des contrôles
d'identite a des barrages routiers, plantent parfois des drapeaux",
poursuit-elle.
La plupart des analystes doutent toutefois de la capacite -et de
la volonte- du PKK a defendre durablement ces positions face a la
deuxième armee la plus puissante de l'Otan.
"Pour un groupe comme le PKK, qui dispose d'un nombre limite de
militants armes, il n'est pas possible de defendre physiquement un
territoire, c'est contre nature et contre toute logique", estime
Nihat Ali Ozcan, specialiste des questions de securite a l'institut
de recherches TEPAV.
Avantage psychologique
--------------------------------------------------------------------------------
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a d'ailleurs deja annonce
la defaite du PKK a Semdinli, après le lancement en septembre dans
la region d'une operation impliquant quelque 5.000 militaires.
"La lecon qu'ils ont recue la-bas a ete très lourde", a declare M.
Erdogan le 26 septembre, evoquant un bilan de 239 rebelles et 144
membres des forces de securite tues depuis le debut de l'annee.
Pour Irfan Aktan, journaliste specialiste de la question kurde, les
operations de l'armee n'ont cependant pas mis fin a la presence du
PKK dans ces zones. "D'après nos informations, ce sont quelque 1.000
militants (du PKK) qui sont arrives dans les campagnes de Semdinli,
Daglica, Cukurca et Yuksekova (province de Hakkari, sud-est). Meme
si 200 ont ete tues, il en reste encore 80%", affirme M. Aktan.
Surtout, le PKK, en depit des pertes, a marque des points sur le
plan psychologique, ajoute le journaliste : "Il a demontre que s'il
le voulait, il pouvait organiser de très grosses operations".
Des operations qui ne sont pas restees sans effet sur l'opinion
publique, ce qui etait sans doute l'objectif recherche par les
rebelles, complète M. Ozcan.
"Quand le nombre des pertes s'accroît, ca influe sur l'opinion publique
qui exerce des pressions sur le gouvernement", affirme l'analyste,
rappelant que dans son discours du 26 septembre, le Premier ministre,
après avoir constate l'echec suppose du PKK, n'en avait pas moins
evoque la possibilite de negociations avec les rebelles.
"Si (des) discussions nous permettent de regler quelque chose,
faisons-le", avait declare M. Erdogan.
lundi 8 octobre 2012, Stephane ©armenews.com
Stephane
armenews.com
lundi 8 octobre 2012
Dans le sud-est de la Turquie, les rebelles kurdes defient Ankara
depuis deux mois avec une nouvelle strategie de choc : l'occupation
et la defense de "zones libres". La victoire militaire est improbable
mais l'impact psychologique important, estiment les analystes.
Le 23 juillet, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui
lutte depuis 1984 pour l'independance du sud-est anatolien peuple
en majorite de Kurdes, a annonce une vaste operation de "maîtrise du
terrain" dans les zones montagneuses entourant la localite de Semdinli,
aux confins de l'Irak et de l'Iran.
"L'objectif n'est plus seulement de frapper la partie adverse, c'est
de realiser l'autonomie democratique, de construire l'administration
autonome democratique du peuple kurde", a declare un des cadres du
PKK, Duran Kalkan, cite par l'agence de presse Firat News, proche
des rebelles.
Depuis, le PKK a revendique la "maîtrise" de trois autres reduits
montagneux, tous situes le long de la frontière avec l'Irak, un pays
dans le nord duquel les rebelles disposent de bases.
Concrètement, la "maîtrise du terrain", "cela ne veut pas dire que
ces zones sont sous le contrôle total des guerilleros et que les
troupes ont ete chassees", affirme a l'AFP la deputee Gulten Kisanak,
du Parti pour la paix et la democratie (BDP), pro-kurde.
"Cela veut dire que les troupes sont cantonnes dans leurs casernes et
ne sortent pas pour des operations, parce que la guerilla est la. Ils
(les rebelles) ont le contrôle des routes, effectuent des contrôles
d'identite a des barrages routiers, plantent parfois des drapeaux",
poursuit-elle.
La plupart des analystes doutent toutefois de la capacite -et de
la volonte- du PKK a defendre durablement ces positions face a la
deuxième armee la plus puissante de l'Otan.
"Pour un groupe comme le PKK, qui dispose d'un nombre limite de
militants armes, il n'est pas possible de defendre physiquement un
territoire, c'est contre nature et contre toute logique", estime
Nihat Ali Ozcan, specialiste des questions de securite a l'institut
de recherches TEPAV.
Avantage psychologique
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Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a d'ailleurs deja annonce
la defaite du PKK a Semdinli, après le lancement en septembre dans
la region d'une operation impliquant quelque 5.000 militaires.
"La lecon qu'ils ont recue la-bas a ete très lourde", a declare M.
Erdogan le 26 septembre, evoquant un bilan de 239 rebelles et 144
membres des forces de securite tues depuis le debut de l'annee.
Pour Irfan Aktan, journaliste specialiste de la question kurde, les
operations de l'armee n'ont cependant pas mis fin a la presence du
PKK dans ces zones. "D'après nos informations, ce sont quelque 1.000
militants (du PKK) qui sont arrives dans les campagnes de Semdinli,
Daglica, Cukurca et Yuksekova (province de Hakkari, sud-est). Meme
si 200 ont ete tues, il en reste encore 80%", affirme M. Aktan.
Surtout, le PKK, en depit des pertes, a marque des points sur le
plan psychologique, ajoute le journaliste : "Il a demontre que s'il
le voulait, il pouvait organiser de très grosses operations".
Des operations qui ne sont pas restees sans effet sur l'opinion
publique, ce qui etait sans doute l'objectif recherche par les
rebelles, complète M. Ozcan.
"Quand le nombre des pertes s'accroît, ca influe sur l'opinion publique
qui exerce des pressions sur le gouvernement", affirme l'analyste,
rappelant que dans son discours du 26 septembre, le Premier ministre,
après avoir constate l'echec suppose du PKK, n'en avait pas moins
evoque la possibilite de negociations avec les rebelles.
"Si (des) discussions nous permettent de regler quelque chose,
faisons-le", avait declare M. Erdogan.
lundi 8 octobre 2012, Stephane ©armenews.com