APPEL POUR LE PRIX NOBEL DE LA PAIX A RAGIP ZARAKOLU
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Publié le : 10-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "Six des co-fondateurs
de l'initiative GIT (Groupe international de travail Â" Liberté de
recherche et d'enseignement en Turquie Â") et trois personnalités
intellectuelles ont adressé au Comité Nobel, le 26 septembre 2012,
un appel en faveur de l'obtention par Ragıp Zarakolu, éditeur,
intellectuel et combattant des droits humains en Turquie, du Prix
Nobel de la Paix. Voici la version librement adaptée en francais
du texte anglais envoyée a Oslo. Cette initiative pour Ragıp
Zarakolu doit permettre d'attirer davantage l'attention de l'opinion
internationale et des communautés scientifiques sur la situation des
libertés individuelles en Turquie et le sort de ceux qui défendent
le droit aux études universitaires et a la recherche indépendante :
nombre d'entre eux sont en prison ou sous le coup d'inculpations en
vertu de la législation anti-terreur." Le Prix Nobel de la Paix sera
décerné ce vendredi 12 octobre 2012 a 11h00. Ragip Zarakolu a été
nominé en février 2012 par cinq députés suédois. L'appel du GIT
attire a nouveau l'attention sur l'intellectuel turc qui fait face,
en ce moment même, a un nouveau procès en Turquie. L'éditeur et
militant des droits de l'homme risque de 7 a 15 ans de prison pour
"terrorisme" : en réalité pour son engagement sur le génocide
arménien et les droits des Kurdes. Le Prix Nobel de la Paix se doit
de saluer son action courageuse qu'il n'a jamais abandonnée, même
du plus profond de sa cellule.
GIT France
Appel en faveur du Prix Nobel de la Paix a Ragıp Zarakolu
Mardi 2 octobre 2012
Six des co-fondateurs de l'initiative GIT (Groupe international de
travail Â" Liberté de recherche et d'enseignement en Turquie Â") et
trois personnalités intellectuelles ont adressé au Comité Nobel,
le 26 septembre 2012, un appel en faveur de l'obtention par Ragıp
Zarakolu, éditeur, intellectuel et combattant des droits humains en
Turquie, du Prix Nobel de la Paix. Voici la version librement adaptée
en francais du texte anglais envoyée a Oslo.
Cette initiative pour Ragıp Zarakolu doit permettre d'attirer
davantage l'attention de l'opinion internationale et des communautés
scientifiques sur la situation des libertés individuelles en Turquie
et le sort de ceux qui défendent le droit aux études universitaires
et a la recherche indépendante : nombre d'entre eux sont en prison ou
sous le coup d'inculpations en vertu de la législation anti-terreur.
Pour signer l'appel (en tant que chercheur, universitaire, étudiant,
traducteur, éditeur, journaliste, intellectuel,..), merci de vous de
se connecter au site du GITInitiative (www.gitinitiative.com) où vous
trouverez le texte officiel de l'appel et la procédure pour le signer.
Premiers signataires
Hamit Bozarslan, directeur d'études a l'Ecole des hautes études
en sciences sociales/EHESS (histoire, sociologie), Yves Déloye,
professeur a Sciences Po Bordeaux et a l'université Paris 1
Panthéon-Sorbonne (science politique), secrétaire général
de l'Association francaise de science politique, Vincent Duclert,
professeur agrégé a l'EHESS (histoire), Diana Gonzalez, enseignante
a Sciences Po Paris (sociologie, esthétique), Emine Sarikartal,
doctorante a l'université de Paris-Ouest, traductrice et éditrice
(philosophie), Ferhat Taylan, doctorant a l'université de Bordeaux
et traducteur (philosophie), co-fondateurs du GIT Initiative,
Alexis Govciyan, Président du Conseil de coordination des
organisations arméniennes de France, Président d'Europe de
la mémoire ; Dr. Dalita Roger-Hacyan, maître de conferences a
l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Roger W. Smith, professeur
émérite au College William and Mary in Virginia, co-fondateur et
ancien Président de l'IAGS-International Association of Genocide
Scholars.
POUR RAGIP ZARAKOLU
APPEL EN FAVEUR DE SA DISTINCTION
PAR LE PRIX NOBEL DE LA PAIX
26 septembre 2012
Ragıp Zarakolu
Editeur indépendant et combattant des droits humains en Turquie.
Le 28 octobre 2011, l'éditeur indépendant et combattant des
droits humains Ragıp Zarakolu, âgé a l'époque de 63 ans, malade
et affaibli, était arrêté une nouvelle fois dans son pays, la
Turquie. Son fils, éditeur lui aussi, avait connu le même sort
quelques semaines auparavant, pour les mêmes faits de liberté
d'expression traités comme un crime terroriste. Loin de renoncer
a ses idéaux devant cette épreuve qui s'ajoute a tant d'autres,
Ragıp Zarakolu affronte l'emprisonnement avec la détermination
morale léguée par le combat pour les droits humains en Turquie.
Pour Ragıp Zarakolu, un même engagement, commencé des années plus
tôt avec sa femme AyÅ~_e Nur, reprend. Ils ont été tous les deux,
depuis un demi-siècle, aux premiers plans de la mobilisation pour la
Turquie démocratique vivante. Ils ont connu l'expérience destructrice
de la prison turque, pour prix de leur combat en faveur de la Â"
diffusion d'une attitude de respect envers la diversité des pensées
et des cultures de Turquie Â". La promotion de cette attitude passe par
un travail de connaissance et de vérité sur l'histoire de la Turquie.
Celui-ci exige la liberté intellectuelle et politique autant qu'une
émancipation sociale. Fidèles en cela aux hautes traditions
intellectuelles du pays, ils ont donné au livre et a l'édition
leurs lettres de noblesse. La contribution de Ragıp Zarakolu au
progrès intellectuel et politique de la Turquie est inestimable. Par
son engagement pour la démocratie et la culture dans son pays, il a
démontré qu'un tel combat servait les intérêts de toute l'humanité
dans son effort de reconnaissance des valeurs communes de liberté,
de vérité et de dignité. Toute la vie de Ragıp Zarakolu et son
existence de travail témoignent de ces convictions démocratiques
et d'une action déterminée pour les défendre.
Ragıp Zarakolu est né en 1948 a Buyukada, près d'Istanbul,
alors que son père Remzi était sous-préfet de l'île. Ragıp a
grandi parmi les membres des communautés grecque et arménienne de
Turquie. En 1968, il a commencé a écrire pour les revues Ant (Â"
Le Serment Â") et Yeni Ufuklar (Â" Nouveaux Horizons Â"). En 1971,
Ragıp Zarakolu est poursuivi pour Â" relations clandestines avec
Amnesty International Â" et passe cinq mois en prison. En 1972, il
est a nouveau condamné a deux ans de prison, qu'il a accomplis au
centre de détention de Selimiye (Istanbul) pour un article dans Ant
sur Ho Chi Minh et la guerre du Vietnam ; il est libéré en 1974 a
la faveur d'une amnistie générale.
Il s'engage plus a fond dans la défense de la liberté de pensée,
seul moyen d'assurer l'expression de la diversité des pensées
et des cultures de Turquie Â". Avec sa femme, il crée en 1977 les
éditions Belge (Â" Documents Â"), puis cofonde le quotidien Démokrat
dont il prend la direction de la section Â" étranger Â". Jusqu'au
coup d'Etat de 1980, les éditions Belge avaient surtout publié
des livres académiques et théoriques. Puis, Belge a commencé a
publier une série de livres écrits par des prisonniers politiques :
recueils de poèmes, nouvelles, romans. La liste des publications
de Belge inclut aussi des traductions de la littérature grecque,
des ouvrages sur la question arménienne et les Juifs en Turquie. De
nombreuses publications concernent également la question kurde en
Turquie. Parmi les livres relatif génocide arménien, figurent les
traductions des études classiques d'Yves Ternon et de Vahakn Dadrian
interdites en Turquie, l'ouvrage de George Jerjian, La Vérité nous
délivrera : Arméniens et Turcs réconciliés, et celui de Dora
Sakayan, Un Médecin arménien en Turquie, Garabed Haztcherian, qui
a valu de nouvelles accusations en 2005. En novembre 2007, Zarakolu
publie le livre de David Gaunt, Massacres, Resistance, Protectors
sur le génocide des Assyriens.
Cette activité éditoriale a l'importance politique, intellectuelle
et morale considérable fait de Belge une cible permanente de
l'ultra-nationalisme fréquemment au pouvoir en Turquie. Les éditions
Belge ont été la cible de la censure turque depuis leur création
par Zarakolu et sa femme Aysenur. Les charges ont valu au couple
des peines d'emprisonnement, la confiscation et la destruction des
stocks de livres, et de lourdes amendes. Ragıp Zarakolu a été
brièvement emprisonné en 1982, en raison de sa position dans
Demokrat, puis expulsé du pays jusqu'en 1991. En 1995, le siège
des éditions Belge a subi un attentat a la bombe, perpétré par un
groupe d'extrême droite.
Depuis le décès prématuré de sa femme en 2002, suite a des
emprisonnements successifs, les poursuites judiciaires ont continué
contre Ragıp Zarakolu. Refusant cette destruction méthodique des
droits civiques et de la liberté d'expression en Turquie, Ragıp
Zarakolu s'implique dans leur défense. En 1986, il compte parmi les 98
fondateurs de la l'Association des droits de l'Homme de Turquie (IHD).
En 2007, il accède a la présidence du Comité pour la liberté
de publication de l'Union des éditeurs de la Turquie (TYB). Il est
également le représentant en Turquie du Comité pour la liberté
de publication de l'Union internationale des éditeurs (IPA), et le
président du comité pour les écrivains emprisonnés du PEN-Club
International en Turquie.
Si Ragıp Zarakolu est la cible d'une persécution permanente dans son
pays, il est en revanche honoré au niveau international par des prix
et des hommages prestigieux. Le 21 avril 2005, il recoit a l'Hôtel de
Ville de Paris, des mains du du maire Bertrand DelanoÃ", la Médaille
du Courage pour ses publications sur le génocide arménien. La
même année, il est titulaire du prix de Â" la liberté d'expression
Â"conjointement attribué par l'Union des écrivains norvégiens et
le Ministère norvégien de la Culture. En 2008, il est le lauréat
du Prix IPA Â" Pour la Liberté de publier Â". Il a également recu
le prix Â" La liberté de pensée et d'expression Â" décerné par
l'Union des éditeurs de Turquie, le prix Â" La liberté de la presse
Â" donné par l'Association des journalistes de Turquie. Récemment
encore, lui a été remis par la Bibliothèque nationale arménienne
la médaille d'honneur Â" Hagop Megapart Â" pour sa contribution a la
reconnaissance de l'histoire, la culture et la littérature arménienne
en Turquie. En 2010, il fut au nombre des cinquante écrivains retenus
par l'International PEN pour le cinquantième anniversaire de sa
campagne d'action en faveur de la liberté d'expression depuis 1960
(Â" Because Writers Speak Their Minds Â").
*
Le mardi 4 octobre 2011, 150 personnes sont arrêtées dans le
cadre du procès Â" KCK Â", dans le Sud-est a Diyarbakir et a
Gaziantep. Mais c'est a Istanbul que la rafle est la plus importante,
avec 90 arrestations dont 83 membres ou dirigeants du BDP (parti kurde
légal), des journalistes, et aussi Deniz Zarakolu, fils de Ragıp,
doctorant en sciences politiques et éditeur pour Belge. Le 12 octobre,
alors qu'il participe a la Foire internationale du livre de Francfort,
Ragıp Zarakolu réagit par un vibrant appel en faveur de son fils
et de Suzan Zengin l'une des principales traductrices attachées
a la maison. Il dénonce l'acharnement policier qui frappe Belge,
une nouvelle fois dans la longue histoire de ces éditions, honneur
de la Turquie incarnée dans la tradition de la liberté de pensée.
Â" Notre éditeur Deniz Zarakolu, ingénieur, actuellement doctorant a
l'université Bilgi d'Istanbul, a été arrêté pour avoir donné une
conférence sur La Politique d'Aristote dans le cadre de l'Académie du
parti kurde BDP, parti légal qui siège au Parlement. Deniz Zarakolu
est l'auteur d'un livre sur Thomas Hobbes, dont il a traduit Le
Citoyen ou les Fondements de la politique. Ironie du sort, il avait
également traduit, voici onze ans, un livre sur les problèmes du
système juridique turc (The Independence of Judges and Lawyers
in the Republic of Turkey: Report of a Mission, 1999, Centre for
the Independence of Judges and Lawyers, Genève). Il a également
traduit des ouvrages scientifiques pour l'université Bilgi, et il
est traducteur au service des délégations de militants des droits
de l'homme venant d'Europe. Par ailleurs, l'un de nos auteurs, Aziz
Tunc, arrêté également, est l'auteur d'un ouvrage sur le massacre
de Maras en 1978, MaraÅ~_ Kıyımı - Tarihsel Arka Planı ve Anatomisi
(Â" Maras.
Contexte historique et anatomie d'un massacre Â"). Il écrivait un
autre livre sur l'histoire de Maras et la multiculturalité. Sous
prétexte de la loi anti-terreur, ils vont devoir attendre au moins une
année jusqu'au début de la procédure judiciaire, uniquement pour le
fait d'appartenir a un parti légal et d'avoir donné une conférence
a l'Académie des sciences politiques du BDP. Pourtant ce type
d'académie existe également dans le cadre du CHP et de l'AKP, comme
c'est une tradition également dans les partis sociaux-démocrates en
Allemagne, en Suède et en Norvège. Parmi les personnes arrêtées
figurent également Ayse Berktay et A. Dursun Yıldız. Notre
traductrice Suzan Zengin, qui a vécu en Allemagne, a passé deux
années en prison, où elle a eu des problèmes de santé, et a été
libérée voici deux mois. Il y a dix jours, elle a subi une opération
cardiaque et est restée dans le coma depuis. C'est un énorme gâchis
! Nous craignons pour la santé de mon fils Deniz Zarakolu, qui a des
problèmes d'asthme, et pour celle d'Aziz Tunc en raison du régime
d'isolation en prison. Récemment Suzan Zengin avait traduit les actes
d'un colloque sur Â" Exil, massacre et anéantissement des chrétiens
d'Anatolie Â" (éd. Tessa Hofmann) ; elle avait également traduit
pour nous une Â" Anthologie de la littérature chypriote grecque Â",
une Â" Anthologie de nouvelles grecques sur Thessalonique Â" et une
Â" Anthologie de chants et récits populaires assyriens Â". C'est en
1991 que suis venu a la Foire de Francfort pour la première fois. A
l'époque, c'est notre auteur Ismail Besikci qui était en prison,
a cause de ses travaux de recherche sur les Kurdes. Qu'est-ce qui a
changé depuis ? Tous ont connu la prison a cause de leur engagement
pour la paix, pour la liberté, pour l'égalité. Tous croient en
la coexistence pacifique des différents peuples et cultures. Notre
combat pour la vérité et l'humanité continue ! Â"
Les événements de début octobre 2011, avec l'arrestation de son
fils, avec le décès de sa traductrice Suzan Zengin (des suites des
conditions de sa longue détention), sont parmi les plus graves que
Ragıp Zarakolu a du affronter dans sa longue existence d'intellectuel
démocrate et d'éditeur indépendant. Quittant aussitôt Francfort
pour Istanbul, il s'emploie activement a défendre les inculpés
quand survient sa propre arrestation le 28 octobre. Une autre figure
du monde intellectuel et scientifique turc est arrêtée au cours
de cette rafle, BuÅ~_ra Ersanlı, professeure renommée de sciences
politiques et de droit constitutionnel de l'Université Marmara,
spécialiste des processus de fabrique de l'histoire officielle en
Turquie, arrêtée la veille de la table ronde internationale qu'elle
devait présider a l'Université Bilgi d'Istanbul sur Â" Les questions
controversées de l'histoire de la République turque Â". 48 autres
interpellations sont effectuées par la police antiterroriste qui
investit les bureaux istanbuliotes du BDP. Après une longue garde
a vue et une audience de 28 heures, le tribunal de BeÅ~_iktaÅ~_
inculpe les deux intellectuels le 1er novembre d' Â" appartenance
a une organisation illégale Â", en vertu de la loi anti-terreur,
et ordonne leur mise en détention préventive.
Comme son fils détenu dans une prison de haute sécurité (a Edirne),
Ragıp Zarakolu est soumis au régime des inculpés pour terrorisme
dans la prison de Kocaeli, un établissement pénitentiaire réputé
pour ses conditions implacables de détention.
Les documents saisis au domicile des inculpés ainsi que la teneur des
interrogatoires fleuves démontrent la vacuité des chefs d'inculpation
pour Â" terrorisme Â". De sa prison de haute sécurité de Metris,
Ragıp Rarakolu dénonce ces méthodes d'arbitraire par une lettre que
son avocat transmet a la presse. Â" Mon arrestation et l'accusation
d'appartenance a une organisation illégale font parties d'une campagne
visant a intimider tous les intellectuels et démocrates de Turquie
et plus particulièrement a priver les Kurdes de tout soutien Â",
écrit-il.
Zarakolu fait savoir également qu'au cours du raid a son domicile,
la police n'a confisqué que quelques livres comme Â"preuves du
crimeÂ" et n'a rien trouvé au sujet de sa soi-disant relation avec
l'organisation en question. Les livres qui ont été saisis comme
preuves du crime sont le 2e volume de Vatansiz Gazeteci (Â" Journaliste
apatride Â") de Dogan Ozguden, rédacteur en chef d'Info-Turk, Habiba
d'Ender Ondes, le processus de paix de Yuksel Genc, les manuscrits
de quelques livres sur le génocide des Arméniens et sur l'histoire
arménienne. Il ajoute que toutes ses cartes bancaires et de crédit
ont été confisquées par la police. Rappelant qu'il est invité
a de nombreuses conférences a l'étranger, principalement durant
la semaine prochaine a Berlin, puis a l'Université Colgate, a Los
Angeles et dans le Michigan, Zarakolu déclare : Â" Le gouvernement
devrait leur répondre quant a la raison réelle de mon arrestation. Â"
Zarakolu conclut sa lettre par l'appel suivant: Â" Lors de
mon interrogatoire, ils n'ont posé aucune question au sujet de
l'organisation dont j'étais accusé d'être membre. Ils ne m'ont
posé des questions que sur les livres que j'ai écrits ou préparés
a la publication, les réunions publiques où j'ai parlé ou auxquelles
j'ai assisté. Je pense que tout le monde devrait conjointement réagir
contre cette campagne d'arrestations qui se transforme en un lynchage
collectif. Ces pratiques illégales doivent être arrêtées. Â" La
voix des détenus comme la sienne est cependant étouffée par les
assauts des médias islamistes qui n'hésitent pas a recourir, par
exemple a l'antisémitisme, pour mieux discréditer le patriotisme des
intellectuels démocrates. Ces lynchages médiatiques se conjuguent
avec des piratages de site informatiques et des manipulations de
données personnelles visant a corrompre l'image des inculpés dans les
procès politiques. Les procès en diffamation sont interminables et
les contre-enquêtes difficiles en raison de la fragilité croissante
de la presse indépendante du pouvoir et de l'intimidation permanente
de la défense allant jusqu'a l'emprisonnement des avocats.
*
Malgré les risques encourus, les protestations se multiplient
en Turquie contre ces arrestations massives . La haute figure
intellectuelle et morale de Ragıp Zarakolu est au cÅ"ur de ces
mobilisations nationales et internationales. Un appel signé de
l'ancien maire d'Istanbul Ahmet Ä°svan, de l'ambassadeur Temel Ä°skit,
de l'écrivain YaÅ~_ar Kemal et de plusieurs professeurs d'université
est rendu public. L'Initiative d'Ankara pour la Liberté de Pensée
lance une pétition intitulée Â" Ca suffit ! Â" , puis organise
a Ankara une Â" nuit de soutien Â" a l'éditeur afin qu'il soit de
nouveau Â" réuni avec ses livres Â".
La mobilisation s'organise également au niveau mondial. Plusieurs
pétitions voient le jour, l'une en langue anglaise (Â" Stop
aux détentions arbitraires en Turquie ! Â" ), une deuxième en
langue allemande par le biais du Working Group against Genocide for
International Understanding ). Les sections du PEN-Club, notamment
celle de New-York, s'engagent pour Ragıp Zarakolu. Aux Etats-Unis
toujours, la Jeri Laber Human Rights Watch, lui attribue le 28 avril
son Prix 2012. Apprenant l'honneur qui lui est fait, Zarakolu déclare
: Â" Merci pour ce prix très important et pour votre soutien a la
liberté de publier. Je suis heureux d'accepter ce prix, non seulement
pour moi, mais au nom de tous les éditeurs, écrivains et journalistes
qui restent en prison en Turquie. Bien que j'ai été libéré, je
reste sous la menace d'une nouvelle arrestation a la faveur de lois
anti-démocratiques et de procès inéquitables. J'ai été arrêté
sans raison donnée, et après cinq mois, j'ai été libéré sans
raison donnée.
Je ne suis pas un militant politique. Depuis près de 40 ans, j'ai
été un éditeur et un défenseur des droits humains. Â" En France,
le Conseil de coordination des organisations arméniennes lance une
collecte de fonds afin de soutenir l'activité de Belge au moment où
les éditions se voient privées de leur directeur : des commandes
de livres sont ainsi adressées a Istanbul.
Dès le 4 novembre 2011, des voix s'élèvent pour demander que Ragıp
Zarakolu deviennent un futur lauréat du Prix Nobel de la Paix. Â"
Cet homme n'a rien a faire en prison, il mérite le Prix Nobel Â",
déclare Bjorn Smith-Simonsen, président de l'IPA (International
Publishers Association). Au début de l'année 2012, des membres du
Parlement suédois, Amineh Kakabaveh, Jens Holm, Bengt Berg, Siv Holma,
Marianne Berg, Jan Lindholm et Valter Mutt, soumettent officiellement
au Comité Nobel a Oslo la candidature de Ragıp Zarakolu.
Dans le monde entier, des personnalités de premier plan s'expriment
en faveur de Ragıp Zarakolu comme l'écrivain Paul Auster protestant
contre la Turquie Â" parce que des journalistes et des auteurs sont
emprisonnés Â". Interrogé par le journal Hurriyet, il insiste : Â"
Combien sont actuellement prisonniers ? Plus d'une centaine ? Â". Le
Premier ministre Erdogan réagit en accusant l'écrivain américain
d'avoir l'indignation sélective puisqu'il ne s'émeut pas des
violations des droits de l'homme en IsraÃ"l. Et de conclure devant
les cadres de son parti : Â" c'est du mépris pour la Turquie ! Â"
. Paul Auster, très par ailleurs très sensibilisé a l'action des PEN
(il est un membre important du PEN American Center), riposte en citant
les chiffres de l'organisation : Â" il y a a peu près une centaine
d'écrivains emprisonnés en Turquie, pour ne pas parler des éditeurs
indépendants tels que Ragıp Zarakolu, dont le cas est surveillé
de près par les PEN du monde entier Â". Il ajoute : Â" Tous les pays
sont imparfaits et assaillis par une myriade de problèmes, monsieur
le Premier ministre, y compris aux Etats-Unis, y compris en Turquie,
et c'est une conviction ferme en moi que dans le but d'améliorer les
conditions de vie dans notre pays, dans tous les pays, la liberté
de parole et de publication, sans censure ni menace d'emprisonnement,
est un droit sacré pour tous les hommes et femmes Â" .
En Europe, une initiative d'ampleur prend la défense des emprisonnés.
Elle débute par la publication dans le journal francais Le Monde,
deux semaines après les arrestations du 29 octobre, d'une tribune de
chercheurs sur le Â" tournant liberticide en Turquie Â" (11 novembre
2011). Poursuivant leur action, les auteurs de l'article, rejoints
par d'autres collègues, décident de la création d'un Groupe
international de travail (GIT) pour la Â" liberté de recherche et
d'enseignement en Turquie Â". Un appel est lancé dans les trois
langues (francaise, anglaise et turque) le 21novembre, signé par 33
chercheurs, universitaires et spécialistes, majoritairement basés
a Paris et dont les différents statuts, nationalités ou origines
se trouvent dépassés par un but commun, celui de défendre la
liberté de recherche et d'enseignement considérée comme un droit
démocratique fondamental - en Turquie comme ailleurs. Tandis que
la déclaration devient l'objet d'un processus pétitionnaire avec
pas moins de quatre listes de signataires totalisant plus de 500 noms
collectés du 21 novembre 2011 au 15 février 2012, ses auteurs lancent
la création d'une plate-forme d'information et de mobilisation des
scientifiques et intellectuels a l'échelle mondiale.
Une première antenne du GIT Initiative est créée a Paris, et des
règles de fonctionnement sont proposées aux collègues d'autres pays
souhaitant s'impliquer dans ce réseau international. Organisation
très décentralisée, dotée d'une forte autonomie, fondée
sur l'exigence liberté politique que recèle la pratique de la
recherche et de l'enseignement, le GIT Initiative va rapidement
réunir de nombreux chercheurs et susciter la création de branches
aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Grèce,
en Suisse. Certaines d'entre elles font montre d'une grande activité
dont témoigne le site du GIT North America. Individuellement, les
membres du GIT interviennent dans les grands journaux et sur les
sites mondiaux d'information. De nombreux chercheurs de nationalité
ou d'origine turque, mais travaillant a l'étranger, rejoignent
l'initiative, démontrant que le destin de la Turquie dépend aussi
de ces élites intellectuelles mobilisées en dehors des frontières
pour la démocratie.
Persistant dans sa politique de répression, le gouvernement
déclenche de nouvelles rafles, comme celle du vendredi 13 janvier
2012. Il confirme par ailleurs la gravité des crimes (imaginaires)
reprochés aux précédents inculpés. Le 19 mars 2012, le Procureur
public d'Istanbul, Adnan Cimen, requiert 7,5 a 15 ans Ragıp Zarakolu
pour avoir Â" soutenu et aidé une organisation illégale Â". L'acte
d'accusation de 2 400 pages est transmis au tribunal de Silivri (15e
cour) qui doit juger a partir du 2 juillet 193 personnes, dont 147
détenus préventivement.
Refusant pareil chantage au terrorisme d'Etat, les soutiens
internationaux aux prisonniers d'opinion intensifient leurs ripostes.
Ils s'appliquent en premier lieu a transmettre toute information
utile a la connaissance de la répression intellectuelle en Turquie
et du sort des prisonniers d'opinion, ceux détenus dans les prisons
de haute sécurité mais aussi les dizaines d'étudiants ordinaires
oubliés au fond de leurs cellules. Les médias traditionnels de
France, d'Angleterre, des Etats-Unis, sont sollicités, ainsi que
les moyens numériques, sites, blogs, pages facebook,... Les prises
de positions et déclarations des détenus sont également relayées
comme la mise au point de Ragıp Zarakolu sur l'extrême dangerosité
du négationnisme turc et la nécessité de la combattre, non comme
une expression intellectuelle mais une violence arbitraire menacant
la justice sociale et détruisant les libertés fondamentales .
Les ripostes intellectuelles augmentent et leur unité
s'accroît. Déja étroit lors de la création du GIT initiative, le
lien entre les actions internationales et celles qui sont conduites
en Turquie se voit puissamment renforcé par la naissance du GIT
Turkiye qui se dote de sa propre déclaration inaugurale, d'un site
internet, et de plusieurs centaines de membres. Une conférence de
presse est tenue a Istanbul le 26 juin. Le GIT Turkiye intensifie
alors ses activités et s'organise pour les prochaines audiences du
procès Â" KCK Â" fixées au 2 juillet 2012 au tribunal de Silivri, un
immense complexe judiciaire et pénitentiaire situé a 80 kilomètres
d'Istanbul.
*
Des libérations anticipées sont décidées par le gouvernement turc
afin de tenter de restaurer son image et de calmer les chancelleries
occidentales. Le 10 avril 2012, Ragıp Zarakolu et 14 autres détenus
(plus six personnes a Van) peuvent ainsi sortir de prison. Il est
certain que l'ampleur de la mobilisation nationale et internationale
a joué dans la décision du parquet. Mais cette première victoire
ne peut suffire. L'objectif principal demeure, la libération de tous
les prisonniers d'opinion en Turquie et l'abandon des poursuites. Car
les charges demeurent pour tous les inculpés, et les libérations
du 10 avril ne sont que conditionnelles, dans l'attente des audiences
de Silivri.
Bien qu'épuisé par la prison, malade et fortement affecté
par le maintien en détention de son fils et de beaucoup de ses
amis, Ragıp Zarakolu refuse que sa libération puisse servir de
propagande au gouvernement présent. Il annonce son intention de
garder le silence et se soustraire ainsi a toute tentative de donner
du fonctionnement de la justice turque une image Â" normale Â" :
Â" Toute déclaration que je pourrais faire serait utilisée pour
donner une apparence normale a une situation qui ne l'est pas. Tout
comme mon arrestation arbitraire, ma libération inattendue et sans
explication laissera au monde l'impression qu'elles [les autorités]
ont commis une erreur et qu'elles se rétractent a présent Â", a
déclaré l'éditeur au journal Hurriyet Daily News dans un entretien
du 13 avril. Â" Quel que soit le commentaire que je ferai a partir de
maintenant, il ne servira qu'a normaliser cette situation anormale,
a-t-il ajouté. Aussi longtemps que les lois en question resteront
en vigueur, la liberté d'opinion ne sera qu'un mensonge grossier
et rien d'autre. Il est possible aujourd'hui de mettre les gens en
prison sur des suppositions de conspiration Â".
Dans cet entretien a Hurriyet, Ragıp Zarakolu explique comment son
long combat se rattache aux valeurs qui furent celles de sa famille et
de sa femme disparue, exemples d'une Turquie vivante et démocratique.
Son père, Remzi Zarakolu, ex-gouverneur de la circonscription des
Iles du Prince, a été naguère démis de ses fonctions parce qu'il
se situait dans l'opposition. Il n'a pas survécu a cette persécution
administrative, contraire a son idéal de liberté. Â" Mon oncle,
Zeki Zarakolu, un aviateur, est mort a 49 ans d'une crise cardiaque,
parce qu'il n'avait pu se faire au coup d'Etat de 1960. Lors du coup
d'Etat du 12 mars [1971], ils ont fait irruption chez moi ; ils me
recherchaient [pour m'arrêter]. Ma vie s'est passée entre les prisons
et les tribunaux, et comme si cela ne suffisait pas, ils ont ruiné
la santé de mon immortelle partenaire, AyÅ~_e [Nur Zarakolu], l'ayant
enfermée entre des murs [de prison]. Elle n'a jamais reculé sur les
sujets qu'elle savait être justes, et je l'ai perdue, encore jeune,
des suites d'un cancer. En tant que famille, nous avons a chaque fois
payé notre part. Comme si tout cela ne suffisait pas, mon fils Deniz
avait été inculpé a la suite d'un discours d'adieu qu'il avait fait
sur la tombe de sa mère[en 2002]. Si je suis a présent content parce
que j'ai été libéré ? Non. J'ai dÃ" abandonner mon fils derrière
les barreaux de la cellule que je partageais avec lui. Avec lui, nous
partageons la même destinée. Nous continuons a payer le prix des
valeurs dans lesquelles nous croyons, d'une génération a l'autre,
de père en fils Â".
L'approche des audiences de Silivri suscite de nouvelles actions. Une
tribune signée des membres principaux du GIT France est publiée par
Le Monde. Elle dégage les enjeux généraux de ce procès monstre. La
grande revue scientifique Nature publie un article du Dr. Alison
Abbott sur la mobilisation mondiale des chercheurs en faveur de leurs
collègues de Turquie . De fortes pressions diplomatiques européennes
sont exercées sur la Turquie tandis qu'an sein du gouvernement et
du parti AKP, les dissensions augmentent au sujet de la politique
répressive.
Le 2 juillet, le GIT Turkiye, des membres de l'IPA, du PEN,
de l'Association des éditeurs turcs (TYB), et des correspondants
étrangers sont massés a Silivri. Au cours d'une conférence de presse
improvisée devant le tribunal, Ragıp Zarakolu, rompant le silence
qu'il s'est imposé depuis sa libération, assimile les prisons en
Turquie, celles en activité comme celles dont la construction bat
leur plein, de Â" Goulag turc Â". Â" Un cancer ronge ce pays avec ce
procès KCK Â", déclare-t-il encore. Et il ajoute que la liberté
d'expression est gravement menacée dans ce pays, comme a l'époque
de 12 septembre 1980, date a laquelle le pays a connu le plus grave
coup d'Etat qui a précipité la Turquie dans la dictature militaire.
*
Le doute commence a s'installer chez les accusateurs d'autant que le
pouvoir politique envoie des signaux contradictoires. La conséquence
en est la décision de mise en liberté, le vendredi 13 juillet, de
BuÅ~_ra Ersanlı, ainsi que de l'étudiante BuÅ~_ra Beste Onder et
12 autres accusés du procès Â" KCK Â". C'est une mesure limitée -
de nombreux accusés restent en détention comme Deniz Zarakolu,
et aucune des charges n'est abandonnée pour les autres -, mais
néanmoins réelle.
Elle bouscule la politique d'acharnement judiciaire jusque-la
systématiquement appliquée, et accorde une victoire symbolique a ceux
qui se sont battus pour Ragıp Zarakolu, BuÅ~_ra Ersanlı et tous les
autres. C'est aussi une victoire personnelle pour les emprisonnés
qui ont transformé leur cas personnel en nouveau combat pour les
libertés fondamentales et la souveraineté du savoir.
Le combat des intellectuels démocrates et de leurs soutiens
internationaux est loin d'être achevé. Mais les développements
judiciaires a venir, comme le sort de tous celles et ceux qui acceptent
le sacrifice de leur liberté pour prix de leurs idées, ne cessent
d'être observés par celles et ceux qui les défendent, en Turquie
et dans le monde. Par leurs écrits puissants, leur courage résolu
foi dans la liberté, les intellectuels démocrates de Turquie sont
l'honneur de ce pays et le réveil des consciences fatiguées de
l'Europe civilisée.
Au cÅ"ur de ces engagements, depuis un demi-siècle, se tient,
inflexible malgré les années de prison, l'épreuve des procès,
l'inquiétude pour ses proches et l'épuisement physique, Ragıp
Zarakolu, combattant des libertés, de l'édition indépendante et
de la recherche de la vérité historique. Sa vie témoigne de son
engagement, de sa résistance a l'oppression avec ces armes de paix
que sont les mots, les idées et les livres.
Ragıp Zarakolu mérite aujourd'hui d'être honoré du Prix Nobel de
la Paix. C'est la recommandation que nous formulons solennellement
en conclusion de cette déclaration.
. Cité par
http://www.susam-sokak.fr/article-editeurs-ecrivains-journalistes-etudiants-en-prison-86572767.html
. Cf. Vercihan Ziflioglu, Â" Turkish Intellectuals Protest Arrest of
Publisher Â", Hurriyet Daily News & Economic Review, 3 novembre 2011.
. Â" Le 28 octobre 2011, lors d'une grande chasse a l'homme a
Istanbul contre les militants des droits de l'homme et les Kurdes,
la police turque a également interpellé Ragıp Zarakolu, célèbre
défenseur des droits de l'homme et directeur de la Maison d'édition
Belge. Zarakolu est également le président, en Turquie, du Comité
pour la Liberté d'Expression de l'Association des Editeurs. Son
fils, Deniz Zarakolu, Editeur de la maison d'Edition Belge, a été
arrêté le 4 octobre. Ragıp Zarakolu a publié de nombreux livres,
tant sur l'oppression des minorités nationales en Turquie que sur
le génocide arménien. Un peu plus tôt le 28 octobre 2011, au
cours de la même chasse a l'homme, la professeure BuÅ~_ra Ersanlı,
experte en droit constitutionnel et membre de l'Assemblée du BDP,
membre de la Commission Constitutionnelle du BDP, a été détenue
avec des dizaines d'autres. Â"
(http://gercek-inatcidir.blogspot.com/2011/10/yetti-artik_29.html)
. Â" Nous vous prions de signer la pétition pour faire pression sur
le gouvernement turc afin qu'il libère immédiatement tous ceux qui
ont été mis en garde a vue dans le cadre des "opérations KCK" et
afin d'exiger que le gouvernement du Premier ministre Erdogan prenne
l'engagement sincère de mettre fin a sa répression des efforts
civiques en faveur des droits exigés par les citoyens kurdes de
Turquie. Â"
(http://www.ipetitions.com/petition/detentionsinturkey/)
. AGA [Working Group Recognition Against genocide for international
understanding - Berlin]
"Zarakolu Deserves the Nobel Prize, Not Prison," BIA News Center,
Istanbul, 4 novembre 2011.
"Zarakolu Nominated for Nobel Peace Prize," BIA News Center, Istanbul,
6 février 2012.
. Cité par Reuters.
. Dave Itzkoff, Â" Paul Auster Responds After Turkish Prime Minister
Calls Him "an Ignorant Man" Â", New York Times, 1er février 2012.
. www.gitinitiative.com
. http://gitamerica.blogspot.com/
. Ursula Gauthier, Â" Ragıp Zarakolu : En finir avec "l'esprit
génocidaire" Â", Le Nouvel Observateur fr., 22 janvier 2012
(http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120122.OBS9495/ragip-zarakolu-en-finir-avec-l-esprit-genocidaire.html)
. Hurriyet Daily News, 13 avril 2012, propos recueillis par Vercihan
Ziflioglu.
.
http://www.nature.com/news/turkey-cracks-down-on-academic-freedom-1.10942
. Cité par GIT France (www.gitfrance.fr).
. Voir aussi : Vercihan Ziflioglu, Â" Journalists Tried in Fresh Wave
of KCK Case Today, Â" Hurriyet Daily News, 10 septembre 2012.
Lire aussi :
Liberté pour Ragip Zarakolu : Dossier complet
Retour a la rubrique
Source/Lien : GIT France
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=67868
Publié le : 10-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "Six des co-fondateurs
de l'initiative GIT (Groupe international de travail Â" Liberté de
recherche et d'enseignement en Turquie Â") et trois personnalités
intellectuelles ont adressé au Comité Nobel, le 26 septembre 2012,
un appel en faveur de l'obtention par Ragıp Zarakolu, éditeur,
intellectuel et combattant des droits humains en Turquie, du Prix
Nobel de la Paix. Voici la version librement adaptée en francais
du texte anglais envoyée a Oslo. Cette initiative pour Ragıp
Zarakolu doit permettre d'attirer davantage l'attention de l'opinion
internationale et des communautés scientifiques sur la situation des
libertés individuelles en Turquie et le sort de ceux qui défendent
le droit aux études universitaires et a la recherche indépendante :
nombre d'entre eux sont en prison ou sous le coup d'inculpations en
vertu de la législation anti-terreur." Le Prix Nobel de la Paix sera
décerné ce vendredi 12 octobre 2012 a 11h00. Ragip Zarakolu a été
nominé en février 2012 par cinq députés suédois. L'appel du GIT
attire a nouveau l'attention sur l'intellectuel turc qui fait face,
en ce moment même, a un nouveau procès en Turquie. L'éditeur et
militant des droits de l'homme risque de 7 a 15 ans de prison pour
"terrorisme" : en réalité pour son engagement sur le génocide
arménien et les droits des Kurdes. Le Prix Nobel de la Paix se doit
de saluer son action courageuse qu'il n'a jamais abandonnée, même
du plus profond de sa cellule.
GIT France
Appel en faveur du Prix Nobel de la Paix a Ragıp Zarakolu
Mardi 2 octobre 2012
Six des co-fondateurs de l'initiative GIT (Groupe international de
travail Â" Liberté de recherche et d'enseignement en Turquie Â") et
trois personnalités intellectuelles ont adressé au Comité Nobel,
le 26 septembre 2012, un appel en faveur de l'obtention par Ragıp
Zarakolu, éditeur, intellectuel et combattant des droits humains en
Turquie, du Prix Nobel de la Paix. Voici la version librement adaptée
en francais du texte anglais envoyée a Oslo.
Cette initiative pour Ragıp Zarakolu doit permettre d'attirer
davantage l'attention de l'opinion internationale et des communautés
scientifiques sur la situation des libertés individuelles en Turquie
et le sort de ceux qui défendent le droit aux études universitaires
et a la recherche indépendante : nombre d'entre eux sont en prison ou
sous le coup d'inculpations en vertu de la législation anti-terreur.
Pour signer l'appel (en tant que chercheur, universitaire, étudiant,
traducteur, éditeur, journaliste, intellectuel,..), merci de vous de
se connecter au site du GITInitiative (www.gitinitiative.com) où vous
trouverez le texte officiel de l'appel et la procédure pour le signer.
Premiers signataires
Hamit Bozarslan, directeur d'études a l'Ecole des hautes études
en sciences sociales/EHESS (histoire, sociologie), Yves Déloye,
professeur a Sciences Po Bordeaux et a l'université Paris 1
Panthéon-Sorbonne (science politique), secrétaire général
de l'Association francaise de science politique, Vincent Duclert,
professeur agrégé a l'EHESS (histoire), Diana Gonzalez, enseignante
a Sciences Po Paris (sociologie, esthétique), Emine Sarikartal,
doctorante a l'université de Paris-Ouest, traductrice et éditrice
(philosophie), Ferhat Taylan, doctorant a l'université de Bordeaux
et traducteur (philosophie), co-fondateurs du GIT Initiative,
Alexis Govciyan, Président du Conseil de coordination des
organisations arméniennes de France, Président d'Europe de
la mémoire ; Dr. Dalita Roger-Hacyan, maître de conferences a
l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Roger W. Smith, professeur
émérite au College William and Mary in Virginia, co-fondateur et
ancien Président de l'IAGS-International Association of Genocide
Scholars.
POUR RAGIP ZARAKOLU
APPEL EN FAVEUR DE SA DISTINCTION
PAR LE PRIX NOBEL DE LA PAIX
26 septembre 2012
Ragıp Zarakolu
Editeur indépendant et combattant des droits humains en Turquie.
Le 28 octobre 2011, l'éditeur indépendant et combattant des
droits humains Ragıp Zarakolu, âgé a l'époque de 63 ans, malade
et affaibli, était arrêté une nouvelle fois dans son pays, la
Turquie. Son fils, éditeur lui aussi, avait connu le même sort
quelques semaines auparavant, pour les mêmes faits de liberté
d'expression traités comme un crime terroriste. Loin de renoncer
a ses idéaux devant cette épreuve qui s'ajoute a tant d'autres,
Ragıp Zarakolu affronte l'emprisonnement avec la détermination
morale léguée par le combat pour les droits humains en Turquie.
Pour Ragıp Zarakolu, un même engagement, commencé des années plus
tôt avec sa femme AyÅ~_e Nur, reprend. Ils ont été tous les deux,
depuis un demi-siècle, aux premiers plans de la mobilisation pour la
Turquie démocratique vivante. Ils ont connu l'expérience destructrice
de la prison turque, pour prix de leur combat en faveur de la Â"
diffusion d'une attitude de respect envers la diversité des pensées
et des cultures de Turquie Â". La promotion de cette attitude passe par
un travail de connaissance et de vérité sur l'histoire de la Turquie.
Celui-ci exige la liberté intellectuelle et politique autant qu'une
émancipation sociale. Fidèles en cela aux hautes traditions
intellectuelles du pays, ils ont donné au livre et a l'édition
leurs lettres de noblesse. La contribution de Ragıp Zarakolu au
progrès intellectuel et politique de la Turquie est inestimable. Par
son engagement pour la démocratie et la culture dans son pays, il a
démontré qu'un tel combat servait les intérêts de toute l'humanité
dans son effort de reconnaissance des valeurs communes de liberté,
de vérité et de dignité. Toute la vie de Ragıp Zarakolu et son
existence de travail témoignent de ces convictions démocratiques
et d'une action déterminée pour les défendre.
Ragıp Zarakolu est né en 1948 a Buyukada, près d'Istanbul,
alors que son père Remzi était sous-préfet de l'île. Ragıp a
grandi parmi les membres des communautés grecque et arménienne de
Turquie. En 1968, il a commencé a écrire pour les revues Ant (Â"
Le Serment Â") et Yeni Ufuklar (Â" Nouveaux Horizons Â"). En 1971,
Ragıp Zarakolu est poursuivi pour Â" relations clandestines avec
Amnesty International Â" et passe cinq mois en prison. En 1972, il
est a nouveau condamné a deux ans de prison, qu'il a accomplis au
centre de détention de Selimiye (Istanbul) pour un article dans Ant
sur Ho Chi Minh et la guerre du Vietnam ; il est libéré en 1974 a
la faveur d'une amnistie générale.
Il s'engage plus a fond dans la défense de la liberté de pensée,
seul moyen d'assurer l'expression de la diversité des pensées
et des cultures de Turquie Â". Avec sa femme, il crée en 1977 les
éditions Belge (Â" Documents Â"), puis cofonde le quotidien Démokrat
dont il prend la direction de la section Â" étranger Â". Jusqu'au
coup d'Etat de 1980, les éditions Belge avaient surtout publié
des livres académiques et théoriques. Puis, Belge a commencé a
publier une série de livres écrits par des prisonniers politiques :
recueils de poèmes, nouvelles, romans. La liste des publications
de Belge inclut aussi des traductions de la littérature grecque,
des ouvrages sur la question arménienne et les Juifs en Turquie. De
nombreuses publications concernent également la question kurde en
Turquie. Parmi les livres relatif génocide arménien, figurent les
traductions des études classiques d'Yves Ternon et de Vahakn Dadrian
interdites en Turquie, l'ouvrage de George Jerjian, La Vérité nous
délivrera : Arméniens et Turcs réconciliés, et celui de Dora
Sakayan, Un Médecin arménien en Turquie, Garabed Haztcherian, qui
a valu de nouvelles accusations en 2005. En novembre 2007, Zarakolu
publie le livre de David Gaunt, Massacres, Resistance, Protectors
sur le génocide des Assyriens.
Cette activité éditoriale a l'importance politique, intellectuelle
et morale considérable fait de Belge une cible permanente de
l'ultra-nationalisme fréquemment au pouvoir en Turquie. Les éditions
Belge ont été la cible de la censure turque depuis leur création
par Zarakolu et sa femme Aysenur. Les charges ont valu au couple
des peines d'emprisonnement, la confiscation et la destruction des
stocks de livres, et de lourdes amendes. Ragıp Zarakolu a été
brièvement emprisonné en 1982, en raison de sa position dans
Demokrat, puis expulsé du pays jusqu'en 1991. En 1995, le siège
des éditions Belge a subi un attentat a la bombe, perpétré par un
groupe d'extrême droite.
Depuis le décès prématuré de sa femme en 2002, suite a des
emprisonnements successifs, les poursuites judiciaires ont continué
contre Ragıp Zarakolu. Refusant cette destruction méthodique des
droits civiques et de la liberté d'expression en Turquie, Ragıp
Zarakolu s'implique dans leur défense. En 1986, il compte parmi les 98
fondateurs de la l'Association des droits de l'Homme de Turquie (IHD).
En 2007, il accède a la présidence du Comité pour la liberté
de publication de l'Union des éditeurs de la Turquie (TYB). Il est
également le représentant en Turquie du Comité pour la liberté
de publication de l'Union internationale des éditeurs (IPA), et le
président du comité pour les écrivains emprisonnés du PEN-Club
International en Turquie.
Si Ragıp Zarakolu est la cible d'une persécution permanente dans son
pays, il est en revanche honoré au niveau international par des prix
et des hommages prestigieux. Le 21 avril 2005, il recoit a l'Hôtel de
Ville de Paris, des mains du du maire Bertrand DelanoÃ", la Médaille
du Courage pour ses publications sur le génocide arménien. La
même année, il est titulaire du prix de Â" la liberté d'expression
Â"conjointement attribué par l'Union des écrivains norvégiens et
le Ministère norvégien de la Culture. En 2008, il est le lauréat
du Prix IPA Â" Pour la Liberté de publier Â". Il a également recu
le prix Â" La liberté de pensée et d'expression Â" décerné par
l'Union des éditeurs de Turquie, le prix Â" La liberté de la presse
Â" donné par l'Association des journalistes de Turquie. Récemment
encore, lui a été remis par la Bibliothèque nationale arménienne
la médaille d'honneur Â" Hagop Megapart Â" pour sa contribution a la
reconnaissance de l'histoire, la culture et la littérature arménienne
en Turquie. En 2010, il fut au nombre des cinquante écrivains retenus
par l'International PEN pour le cinquantième anniversaire de sa
campagne d'action en faveur de la liberté d'expression depuis 1960
(Â" Because Writers Speak Their Minds Â").
*
Le mardi 4 octobre 2011, 150 personnes sont arrêtées dans le
cadre du procès Â" KCK Â", dans le Sud-est a Diyarbakir et a
Gaziantep. Mais c'est a Istanbul que la rafle est la plus importante,
avec 90 arrestations dont 83 membres ou dirigeants du BDP (parti kurde
légal), des journalistes, et aussi Deniz Zarakolu, fils de Ragıp,
doctorant en sciences politiques et éditeur pour Belge. Le 12 octobre,
alors qu'il participe a la Foire internationale du livre de Francfort,
Ragıp Zarakolu réagit par un vibrant appel en faveur de son fils
et de Suzan Zengin l'une des principales traductrices attachées
a la maison. Il dénonce l'acharnement policier qui frappe Belge,
une nouvelle fois dans la longue histoire de ces éditions, honneur
de la Turquie incarnée dans la tradition de la liberté de pensée.
Â" Notre éditeur Deniz Zarakolu, ingénieur, actuellement doctorant a
l'université Bilgi d'Istanbul, a été arrêté pour avoir donné une
conférence sur La Politique d'Aristote dans le cadre de l'Académie du
parti kurde BDP, parti légal qui siège au Parlement. Deniz Zarakolu
est l'auteur d'un livre sur Thomas Hobbes, dont il a traduit Le
Citoyen ou les Fondements de la politique. Ironie du sort, il avait
également traduit, voici onze ans, un livre sur les problèmes du
système juridique turc (The Independence of Judges and Lawyers
in the Republic of Turkey: Report of a Mission, 1999, Centre for
the Independence of Judges and Lawyers, Genève). Il a également
traduit des ouvrages scientifiques pour l'université Bilgi, et il
est traducteur au service des délégations de militants des droits
de l'homme venant d'Europe. Par ailleurs, l'un de nos auteurs, Aziz
Tunc, arrêté également, est l'auteur d'un ouvrage sur le massacre
de Maras en 1978, MaraÅ~_ Kıyımı - Tarihsel Arka Planı ve Anatomisi
(Â" Maras.
Contexte historique et anatomie d'un massacre Â"). Il écrivait un
autre livre sur l'histoire de Maras et la multiculturalité. Sous
prétexte de la loi anti-terreur, ils vont devoir attendre au moins une
année jusqu'au début de la procédure judiciaire, uniquement pour le
fait d'appartenir a un parti légal et d'avoir donné une conférence
a l'Académie des sciences politiques du BDP. Pourtant ce type
d'académie existe également dans le cadre du CHP et de l'AKP, comme
c'est une tradition également dans les partis sociaux-démocrates en
Allemagne, en Suède et en Norvège. Parmi les personnes arrêtées
figurent également Ayse Berktay et A. Dursun Yıldız. Notre
traductrice Suzan Zengin, qui a vécu en Allemagne, a passé deux
années en prison, où elle a eu des problèmes de santé, et a été
libérée voici deux mois. Il y a dix jours, elle a subi une opération
cardiaque et est restée dans le coma depuis. C'est un énorme gâchis
! Nous craignons pour la santé de mon fils Deniz Zarakolu, qui a des
problèmes d'asthme, et pour celle d'Aziz Tunc en raison du régime
d'isolation en prison. Récemment Suzan Zengin avait traduit les actes
d'un colloque sur Â" Exil, massacre et anéantissement des chrétiens
d'Anatolie Â" (éd. Tessa Hofmann) ; elle avait également traduit
pour nous une Â" Anthologie de la littérature chypriote grecque Â",
une Â" Anthologie de nouvelles grecques sur Thessalonique Â" et une
Â" Anthologie de chants et récits populaires assyriens Â". C'est en
1991 que suis venu a la Foire de Francfort pour la première fois. A
l'époque, c'est notre auteur Ismail Besikci qui était en prison,
a cause de ses travaux de recherche sur les Kurdes. Qu'est-ce qui a
changé depuis ? Tous ont connu la prison a cause de leur engagement
pour la paix, pour la liberté, pour l'égalité. Tous croient en
la coexistence pacifique des différents peuples et cultures. Notre
combat pour la vérité et l'humanité continue ! Â"
Les événements de début octobre 2011, avec l'arrestation de son
fils, avec le décès de sa traductrice Suzan Zengin (des suites des
conditions de sa longue détention), sont parmi les plus graves que
Ragıp Zarakolu a du affronter dans sa longue existence d'intellectuel
démocrate et d'éditeur indépendant. Quittant aussitôt Francfort
pour Istanbul, il s'emploie activement a défendre les inculpés
quand survient sa propre arrestation le 28 octobre. Une autre figure
du monde intellectuel et scientifique turc est arrêtée au cours
de cette rafle, BuÅ~_ra Ersanlı, professeure renommée de sciences
politiques et de droit constitutionnel de l'Université Marmara,
spécialiste des processus de fabrique de l'histoire officielle en
Turquie, arrêtée la veille de la table ronde internationale qu'elle
devait présider a l'Université Bilgi d'Istanbul sur Â" Les questions
controversées de l'histoire de la République turque Â". 48 autres
interpellations sont effectuées par la police antiterroriste qui
investit les bureaux istanbuliotes du BDP. Après une longue garde
a vue et une audience de 28 heures, le tribunal de BeÅ~_iktaÅ~_
inculpe les deux intellectuels le 1er novembre d' Â" appartenance
a une organisation illégale Â", en vertu de la loi anti-terreur,
et ordonne leur mise en détention préventive.
Comme son fils détenu dans une prison de haute sécurité (a Edirne),
Ragıp Zarakolu est soumis au régime des inculpés pour terrorisme
dans la prison de Kocaeli, un établissement pénitentiaire réputé
pour ses conditions implacables de détention.
Les documents saisis au domicile des inculpés ainsi que la teneur des
interrogatoires fleuves démontrent la vacuité des chefs d'inculpation
pour Â" terrorisme Â". De sa prison de haute sécurité de Metris,
Ragıp Rarakolu dénonce ces méthodes d'arbitraire par une lettre que
son avocat transmet a la presse. Â" Mon arrestation et l'accusation
d'appartenance a une organisation illégale font parties d'une campagne
visant a intimider tous les intellectuels et démocrates de Turquie
et plus particulièrement a priver les Kurdes de tout soutien Â",
écrit-il.
Zarakolu fait savoir également qu'au cours du raid a son domicile,
la police n'a confisqué que quelques livres comme Â"preuves du
crimeÂ" et n'a rien trouvé au sujet de sa soi-disant relation avec
l'organisation en question. Les livres qui ont été saisis comme
preuves du crime sont le 2e volume de Vatansiz Gazeteci (Â" Journaliste
apatride Â") de Dogan Ozguden, rédacteur en chef d'Info-Turk, Habiba
d'Ender Ondes, le processus de paix de Yuksel Genc, les manuscrits
de quelques livres sur le génocide des Arméniens et sur l'histoire
arménienne. Il ajoute que toutes ses cartes bancaires et de crédit
ont été confisquées par la police. Rappelant qu'il est invité
a de nombreuses conférences a l'étranger, principalement durant
la semaine prochaine a Berlin, puis a l'Université Colgate, a Los
Angeles et dans le Michigan, Zarakolu déclare : Â" Le gouvernement
devrait leur répondre quant a la raison réelle de mon arrestation. Â"
Zarakolu conclut sa lettre par l'appel suivant: Â" Lors de
mon interrogatoire, ils n'ont posé aucune question au sujet de
l'organisation dont j'étais accusé d'être membre. Ils ne m'ont
posé des questions que sur les livres que j'ai écrits ou préparés
a la publication, les réunions publiques où j'ai parlé ou auxquelles
j'ai assisté. Je pense que tout le monde devrait conjointement réagir
contre cette campagne d'arrestations qui se transforme en un lynchage
collectif. Ces pratiques illégales doivent être arrêtées. Â" La
voix des détenus comme la sienne est cependant étouffée par les
assauts des médias islamistes qui n'hésitent pas a recourir, par
exemple a l'antisémitisme, pour mieux discréditer le patriotisme des
intellectuels démocrates. Ces lynchages médiatiques se conjuguent
avec des piratages de site informatiques et des manipulations de
données personnelles visant a corrompre l'image des inculpés dans les
procès politiques. Les procès en diffamation sont interminables et
les contre-enquêtes difficiles en raison de la fragilité croissante
de la presse indépendante du pouvoir et de l'intimidation permanente
de la défense allant jusqu'a l'emprisonnement des avocats.
*
Malgré les risques encourus, les protestations se multiplient
en Turquie contre ces arrestations massives . La haute figure
intellectuelle et morale de Ragıp Zarakolu est au cÅ"ur de ces
mobilisations nationales et internationales. Un appel signé de
l'ancien maire d'Istanbul Ahmet Ä°svan, de l'ambassadeur Temel Ä°skit,
de l'écrivain YaÅ~_ar Kemal et de plusieurs professeurs d'université
est rendu public. L'Initiative d'Ankara pour la Liberté de Pensée
lance une pétition intitulée Â" Ca suffit ! Â" , puis organise
a Ankara une Â" nuit de soutien Â" a l'éditeur afin qu'il soit de
nouveau Â" réuni avec ses livres Â".
La mobilisation s'organise également au niveau mondial. Plusieurs
pétitions voient le jour, l'une en langue anglaise (Â" Stop
aux détentions arbitraires en Turquie ! Â" ), une deuxième en
langue allemande par le biais du Working Group against Genocide for
International Understanding ). Les sections du PEN-Club, notamment
celle de New-York, s'engagent pour Ragıp Zarakolu. Aux Etats-Unis
toujours, la Jeri Laber Human Rights Watch, lui attribue le 28 avril
son Prix 2012. Apprenant l'honneur qui lui est fait, Zarakolu déclare
: Â" Merci pour ce prix très important et pour votre soutien a la
liberté de publier. Je suis heureux d'accepter ce prix, non seulement
pour moi, mais au nom de tous les éditeurs, écrivains et journalistes
qui restent en prison en Turquie. Bien que j'ai été libéré, je
reste sous la menace d'une nouvelle arrestation a la faveur de lois
anti-démocratiques et de procès inéquitables. J'ai été arrêté
sans raison donnée, et après cinq mois, j'ai été libéré sans
raison donnée.
Je ne suis pas un militant politique. Depuis près de 40 ans, j'ai
été un éditeur et un défenseur des droits humains. Â" En France,
le Conseil de coordination des organisations arméniennes lance une
collecte de fonds afin de soutenir l'activité de Belge au moment où
les éditions se voient privées de leur directeur : des commandes
de livres sont ainsi adressées a Istanbul.
Dès le 4 novembre 2011, des voix s'élèvent pour demander que Ragıp
Zarakolu deviennent un futur lauréat du Prix Nobel de la Paix. Â"
Cet homme n'a rien a faire en prison, il mérite le Prix Nobel Â",
déclare Bjorn Smith-Simonsen, président de l'IPA (International
Publishers Association). Au début de l'année 2012, des membres du
Parlement suédois, Amineh Kakabaveh, Jens Holm, Bengt Berg, Siv Holma,
Marianne Berg, Jan Lindholm et Valter Mutt, soumettent officiellement
au Comité Nobel a Oslo la candidature de Ragıp Zarakolu.
Dans le monde entier, des personnalités de premier plan s'expriment
en faveur de Ragıp Zarakolu comme l'écrivain Paul Auster protestant
contre la Turquie Â" parce que des journalistes et des auteurs sont
emprisonnés Â". Interrogé par le journal Hurriyet, il insiste : Â"
Combien sont actuellement prisonniers ? Plus d'une centaine ? Â". Le
Premier ministre Erdogan réagit en accusant l'écrivain américain
d'avoir l'indignation sélective puisqu'il ne s'émeut pas des
violations des droits de l'homme en IsraÃ"l. Et de conclure devant
les cadres de son parti : Â" c'est du mépris pour la Turquie ! Â"
. Paul Auster, très par ailleurs très sensibilisé a l'action des PEN
(il est un membre important du PEN American Center), riposte en citant
les chiffres de l'organisation : Â" il y a a peu près une centaine
d'écrivains emprisonnés en Turquie, pour ne pas parler des éditeurs
indépendants tels que Ragıp Zarakolu, dont le cas est surveillé
de près par les PEN du monde entier Â". Il ajoute : Â" Tous les pays
sont imparfaits et assaillis par une myriade de problèmes, monsieur
le Premier ministre, y compris aux Etats-Unis, y compris en Turquie,
et c'est une conviction ferme en moi que dans le but d'améliorer les
conditions de vie dans notre pays, dans tous les pays, la liberté
de parole et de publication, sans censure ni menace d'emprisonnement,
est un droit sacré pour tous les hommes et femmes Â" .
En Europe, une initiative d'ampleur prend la défense des emprisonnés.
Elle débute par la publication dans le journal francais Le Monde,
deux semaines après les arrestations du 29 octobre, d'une tribune de
chercheurs sur le Â" tournant liberticide en Turquie Â" (11 novembre
2011). Poursuivant leur action, les auteurs de l'article, rejoints
par d'autres collègues, décident de la création d'un Groupe
international de travail (GIT) pour la Â" liberté de recherche et
d'enseignement en Turquie Â". Un appel est lancé dans les trois
langues (francaise, anglaise et turque) le 21novembre, signé par 33
chercheurs, universitaires et spécialistes, majoritairement basés
a Paris et dont les différents statuts, nationalités ou origines
se trouvent dépassés par un but commun, celui de défendre la
liberté de recherche et d'enseignement considérée comme un droit
démocratique fondamental - en Turquie comme ailleurs. Tandis que
la déclaration devient l'objet d'un processus pétitionnaire avec
pas moins de quatre listes de signataires totalisant plus de 500 noms
collectés du 21 novembre 2011 au 15 février 2012, ses auteurs lancent
la création d'une plate-forme d'information et de mobilisation des
scientifiques et intellectuels a l'échelle mondiale.
Une première antenne du GIT Initiative est créée a Paris, et des
règles de fonctionnement sont proposées aux collègues d'autres pays
souhaitant s'impliquer dans ce réseau international. Organisation
très décentralisée, dotée d'une forte autonomie, fondée
sur l'exigence liberté politique que recèle la pratique de la
recherche et de l'enseignement, le GIT Initiative va rapidement
réunir de nombreux chercheurs et susciter la création de branches
aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Grèce,
en Suisse. Certaines d'entre elles font montre d'une grande activité
dont témoigne le site du GIT North America. Individuellement, les
membres du GIT interviennent dans les grands journaux et sur les
sites mondiaux d'information. De nombreux chercheurs de nationalité
ou d'origine turque, mais travaillant a l'étranger, rejoignent
l'initiative, démontrant que le destin de la Turquie dépend aussi
de ces élites intellectuelles mobilisées en dehors des frontières
pour la démocratie.
Persistant dans sa politique de répression, le gouvernement
déclenche de nouvelles rafles, comme celle du vendredi 13 janvier
2012. Il confirme par ailleurs la gravité des crimes (imaginaires)
reprochés aux précédents inculpés. Le 19 mars 2012, le Procureur
public d'Istanbul, Adnan Cimen, requiert 7,5 a 15 ans Ragıp Zarakolu
pour avoir Â" soutenu et aidé une organisation illégale Â". L'acte
d'accusation de 2 400 pages est transmis au tribunal de Silivri (15e
cour) qui doit juger a partir du 2 juillet 193 personnes, dont 147
détenus préventivement.
Refusant pareil chantage au terrorisme d'Etat, les soutiens
internationaux aux prisonniers d'opinion intensifient leurs ripostes.
Ils s'appliquent en premier lieu a transmettre toute information
utile a la connaissance de la répression intellectuelle en Turquie
et du sort des prisonniers d'opinion, ceux détenus dans les prisons
de haute sécurité mais aussi les dizaines d'étudiants ordinaires
oubliés au fond de leurs cellules. Les médias traditionnels de
France, d'Angleterre, des Etats-Unis, sont sollicités, ainsi que
les moyens numériques, sites, blogs, pages facebook,... Les prises
de positions et déclarations des détenus sont également relayées
comme la mise au point de Ragıp Zarakolu sur l'extrême dangerosité
du négationnisme turc et la nécessité de la combattre, non comme
une expression intellectuelle mais une violence arbitraire menacant
la justice sociale et détruisant les libertés fondamentales .
Les ripostes intellectuelles augmentent et leur unité
s'accroît. Déja étroit lors de la création du GIT initiative, le
lien entre les actions internationales et celles qui sont conduites
en Turquie se voit puissamment renforcé par la naissance du GIT
Turkiye qui se dote de sa propre déclaration inaugurale, d'un site
internet, et de plusieurs centaines de membres. Une conférence de
presse est tenue a Istanbul le 26 juin. Le GIT Turkiye intensifie
alors ses activités et s'organise pour les prochaines audiences du
procès Â" KCK Â" fixées au 2 juillet 2012 au tribunal de Silivri, un
immense complexe judiciaire et pénitentiaire situé a 80 kilomètres
d'Istanbul.
*
Des libérations anticipées sont décidées par le gouvernement turc
afin de tenter de restaurer son image et de calmer les chancelleries
occidentales. Le 10 avril 2012, Ragıp Zarakolu et 14 autres détenus
(plus six personnes a Van) peuvent ainsi sortir de prison. Il est
certain que l'ampleur de la mobilisation nationale et internationale
a joué dans la décision du parquet. Mais cette première victoire
ne peut suffire. L'objectif principal demeure, la libération de tous
les prisonniers d'opinion en Turquie et l'abandon des poursuites. Car
les charges demeurent pour tous les inculpés, et les libérations
du 10 avril ne sont que conditionnelles, dans l'attente des audiences
de Silivri.
Bien qu'épuisé par la prison, malade et fortement affecté
par le maintien en détention de son fils et de beaucoup de ses
amis, Ragıp Zarakolu refuse que sa libération puisse servir de
propagande au gouvernement présent. Il annonce son intention de
garder le silence et se soustraire ainsi a toute tentative de donner
du fonctionnement de la justice turque une image Â" normale Â" :
Â" Toute déclaration que je pourrais faire serait utilisée pour
donner une apparence normale a une situation qui ne l'est pas. Tout
comme mon arrestation arbitraire, ma libération inattendue et sans
explication laissera au monde l'impression qu'elles [les autorités]
ont commis une erreur et qu'elles se rétractent a présent Â", a
déclaré l'éditeur au journal Hurriyet Daily News dans un entretien
du 13 avril. Â" Quel que soit le commentaire que je ferai a partir de
maintenant, il ne servira qu'a normaliser cette situation anormale,
a-t-il ajouté. Aussi longtemps que les lois en question resteront
en vigueur, la liberté d'opinion ne sera qu'un mensonge grossier
et rien d'autre. Il est possible aujourd'hui de mettre les gens en
prison sur des suppositions de conspiration Â".
Dans cet entretien a Hurriyet, Ragıp Zarakolu explique comment son
long combat se rattache aux valeurs qui furent celles de sa famille et
de sa femme disparue, exemples d'une Turquie vivante et démocratique.
Son père, Remzi Zarakolu, ex-gouverneur de la circonscription des
Iles du Prince, a été naguère démis de ses fonctions parce qu'il
se situait dans l'opposition. Il n'a pas survécu a cette persécution
administrative, contraire a son idéal de liberté. Â" Mon oncle,
Zeki Zarakolu, un aviateur, est mort a 49 ans d'une crise cardiaque,
parce qu'il n'avait pu se faire au coup d'Etat de 1960. Lors du coup
d'Etat du 12 mars [1971], ils ont fait irruption chez moi ; ils me
recherchaient [pour m'arrêter]. Ma vie s'est passée entre les prisons
et les tribunaux, et comme si cela ne suffisait pas, ils ont ruiné
la santé de mon immortelle partenaire, AyÅ~_e [Nur Zarakolu], l'ayant
enfermée entre des murs [de prison]. Elle n'a jamais reculé sur les
sujets qu'elle savait être justes, et je l'ai perdue, encore jeune,
des suites d'un cancer. En tant que famille, nous avons a chaque fois
payé notre part. Comme si tout cela ne suffisait pas, mon fils Deniz
avait été inculpé a la suite d'un discours d'adieu qu'il avait fait
sur la tombe de sa mère[en 2002]. Si je suis a présent content parce
que j'ai été libéré ? Non. J'ai dÃ" abandonner mon fils derrière
les barreaux de la cellule que je partageais avec lui. Avec lui, nous
partageons la même destinée. Nous continuons a payer le prix des
valeurs dans lesquelles nous croyons, d'une génération a l'autre,
de père en fils Â".
L'approche des audiences de Silivri suscite de nouvelles actions. Une
tribune signée des membres principaux du GIT France est publiée par
Le Monde. Elle dégage les enjeux généraux de ce procès monstre. La
grande revue scientifique Nature publie un article du Dr. Alison
Abbott sur la mobilisation mondiale des chercheurs en faveur de leurs
collègues de Turquie . De fortes pressions diplomatiques européennes
sont exercées sur la Turquie tandis qu'an sein du gouvernement et
du parti AKP, les dissensions augmentent au sujet de la politique
répressive.
Le 2 juillet, le GIT Turkiye, des membres de l'IPA, du PEN,
de l'Association des éditeurs turcs (TYB), et des correspondants
étrangers sont massés a Silivri. Au cours d'une conférence de presse
improvisée devant le tribunal, Ragıp Zarakolu, rompant le silence
qu'il s'est imposé depuis sa libération, assimile les prisons en
Turquie, celles en activité comme celles dont la construction bat
leur plein, de Â" Goulag turc Â". Â" Un cancer ronge ce pays avec ce
procès KCK Â", déclare-t-il encore. Et il ajoute que la liberté
d'expression est gravement menacée dans ce pays, comme a l'époque
de 12 septembre 1980, date a laquelle le pays a connu le plus grave
coup d'Etat qui a précipité la Turquie dans la dictature militaire.
*
Le doute commence a s'installer chez les accusateurs d'autant que le
pouvoir politique envoie des signaux contradictoires. La conséquence
en est la décision de mise en liberté, le vendredi 13 juillet, de
BuÅ~_ra Ersanlı, ainsi que de l'étudiante BuÅ~_ra Beste Onder et
12 autres accusés du procès Â" KCK Â". C'est une mesure limitée -
de nombreux accusés restent en détention comme Deniz Zarakolu,
et aucune des charges n'est abandonnée pour les autres -, mais
néanmoins réelle.
Elle bouscule la politique d'acharnement judiciaire jusque-la
systématiquement appliquée, et accorde une victoire symbolique a ceux
qui se sont battus pour Ragıp Zarakolu, BuÅ~_ra Ersanlı et tous les
autres. C'est aussi une victoire personnelle pour les emprisonnés
qui ont transformé leur cas personnel en nouveau combat pour les
libertés fondamentales et la souveraineté du savoir.
Le combat des intellectuels démocrates et de leurs soutiens
internationaux est loin d'être achevé. Mais les développements
judiciaires a venir, comme le sort de tous celles et ceux qui acceptent
le sacrifice de leur liberté pour prix de leurs idées, ne cessent
d'être observés par celles et ceux qui les défendent, en Turquie
et dans le monde. Par leurs écrits puissants, leur courage résolu
foi dans la liberté, les intellectuels démocrates de Turquie sont
l'honneur de ce pays et le réveil des consciences fatiguées de
l'Europe civilisée.
Au cÅ"ur de ces engagements, depuis un demi-siècle, se tient,
inflexible malgré les années de prison, l'épreuve des procès,
l'inquiétude pour ses proches et l'épuisement physique, Ragıp
Zarakolu, combattant des libertés, de l'édition indépendante et
de la recherche de la vérité historique. Sa vie témoigne de son
engagement, de sa résistance a l'oppression avec ces armes de paix
que sont les mots, les idées et les livres.
Ragıp Zarakolu mérite aujourd'hui d'être honoré du Prix Nobel de
la Paix. C'est la recommandation que nous formulons solennellement
en conclusion de cette déclaration.
. Cité par
http://www.susam-sokak.fr/article-editeurs-ecrivains-journalistes-etudiants-en-prison-86572767.html
. Cf. Vercihan Ziflioglu, Â" Turkish Intellectuals Protest Arrest of
Publisher Â", Hurriyet Daily News & Economic Review, 3 novembre 2011.
. Â" Le 28 octobre 2011, lors d'une grande chasse a l'homme a
Istanbul contre les militants des droits de l'homme et les Kurdes,
la police turque a également interpellé Ragıp Zarakolu, célèbre
défenseur des droits de l'homme et directeur de la Maison d'édition
Belge. Zarakolu est également le président, en Turquie, du Comité
pour la Liberté d'Expression de l'Association des Editeurs. Son
fils, Deniz Zarakolu, Editeur de la maison d'Edition Belge, a été
arrêté le 4 octobre. Ragıp Zarakolu a publié de nombreux livres,
tant sur l'oppression des minorités nationales en Turquie que sur
le génocide arménien. Un peu plus tôt le 28 octobre 2011, au
cours de la même chasse a l'homme, la professeure BuÅ~_ra Ersanlı,
experte en droit constitutionnel et membre de l'Assemblée du BDP,
membre de la Commission Constitutionnelle du BDP, a été détenue
avec des dizaines d'autres. Â"
(http://gercek-inatcidir.blogspot.com/2011/10/yetti-artik_29.html)
. Â" Nous vous prions de signer la pétition pour faire pression sur
le gouvernement turc afin qu'il libère immédiatement tous ceux qui
ont été mis en garde a vue dans le cadre des "opérations KCK" et
afin d'exiger que le gouvernement du Premier ministre Erdogan prenne
l'engagement sincère de mettre fin a sa répression des efforts
civiques en faveur des droits exigés par les citoyens kurdes de
Turquie. Â"
(http://www.ipetitions.com/petition/detentionsinturkey/)
. AGA [Working Group Recognition Against genocide for international
understanding - Berlin]
"Zarakolu Deserves the Nobel Prize, Not Prison," BIA News Center,
Istanbul, 4 novembre 2011.
"Zarakolu Nominated for Nobel Peace Prize," BIA News Center, Istanbul,
6 février 2012.
. Cité par Reuters.
. Dave Itzkoff, Â" Paul Auster Responds After Turkish Prime Minister
Calls Him "an Ignorant Man" Â", New York Times, 1er février 2012.
. www.gitinitiative.com
. http://gitamerica.blogspot.com/
. Ursula Gauthier, Â" Ragıp Zarakolu : En finir avec "l'esprit
génocidaire" Â", Le Nouvel Observateur fr., 22 janvier 2012
(http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120122.OBS9495/ragip-zarakolu-en-finir-avec-l-esprit-genocidaire.html)
. Hurriyet Daily News, 13 avril 2012, propos recueillis par Vercihan
Ziflioglu.
.
http://www.nature.com/news/turkey-cracks-down-on-academic-freedom-1.10942
. Cité par GIT France (www.gitfrance.fr).
. Voir aussi : Vercihan Ziflioglu, Â" Journalists Tried in Fresh Wave
of KCK Case Today, Â" Hurriyet Daily News, 10 septembre 2012.
Lire aussi :
Liberté pour Ragip Zarakolu : Dossier complet
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Source/Lien : GIT France
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress