Turquie : la France décore le journaliste Ali BayramoÄ?lu
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68046
Publié le : 16-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - L'Ambassadeur de France en
Turquie, Son Excellence Monsieur Laurent Bili, a remis, le lundi 17
septembre 2012, les insignes de Chevalier dans l'Ordre des Arts et des
Lettres, Ã Monsieur Ali BayramoÄ?lu. La cérémonie a eu lieu au Palais
de France à Istanbul "Vous avez fait le choix courageux d'être non
seulement un témoin lucide, mais aussi un acteur engagé. Je fais
référence ici bien sûr à l'initiative que vous avez prise, avec
d'autres grands intellectuels turcs, dont certains nous font l'amitié
de leur présence ce soir, de la pétition « nous présentons des excuses
». Ce texte visionnaire a provoqué un très vif débat dans la société
turque sur l'attitude à adopter vis-Ã-vis du génocide arménien.
Connaître et comprendre le passé est une étape indispensable pour
l'apaisement des passions et la réconciliation des mémoires blessées.
Tôt ou tard, il faudra bien refermer les plaies ouvertes en 1915" a
déclaré Laurent Bili à l'intellectuel turc. Sans citer le génocide
arménien, Ali BayramoÄ?lu répondra néanmoins en évoquant l'engagement
et la mémoire de son ami Hrant Dink : "Ce combat pour promouvoir une
conception universaliste de la citoyenneté, dans la liberté, l'égalité
et la fraternité, n'oppose pas la Turquie à la France ou à l'Europe,
ni l'Orient à l'Occident. Il oppose la Turquie à elle-même, comme la
France à elle-même et l'Europe à elle-même. Ce combat passe par un
travail critique, lucide, parfois douloureux de reconnaissance de
l'histoire, avec ce que cela suppose d'affrontement et ce que cela
exige de morale intellectuelle. Mais c'est le prix à payer pour que
survienne une vraie démocratisation non seulement du système politique
turc, mais surtout de l'identité turque elle-même." La prudence d'Ali
BayramoÄ?lu à parler clairement du génocide arménien, s'explique
aisément : tapez le prénom et le nom de cet homme dans Google. Juste
ça, et regardez. La première chose qui apparaît, c'est la mention
"ermeni" ("arménien", en turc). Cliquez. Il y en a des pages et des
pages. Tous les journaux s'y sont mis. De quoi lui donner des
cauchemars pour les décennies à venir.
Légende photo : Ali BayramoÄ?l et l'Ambassadeur de France en Turquie,
Son Excellence Monsieur Laurent Bili
Ambassade de France en Turquie
Ali BayramoÄ?lu, Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
Remise des insignes de Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
à M. Ali BayramoÄ?l
L'Ambassadeur de France en Turquie, Son Excellence Monsieur Laurent
Bili, a remis, le lundi 17 septembre, les insignes de Chevalier dans
l'Ordre des Arts et des Lettres, Ã Monsieur Ali BayramoÄ?lu. La
cérémonie a eu lieu au Palais de France à Istanbul.
L'Ordre des Arts et des Lettres est l'une des principales distinctions
honorifiques françaises. Institué en 1957, il rend hommage aux
personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine
artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée
au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde.
L'Ambassade de France est particulièrement heureuse de ce bel hommage
rendu à un très grand francophone, à un célèbre journaliste, une des
plumes les plus influentes et avisées de Turquie, mais aussi à un
combattant de la paix, de la réconciliation et de l'amitié entre les
peuples.
Ali BayramoÄ?lu, Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
*****************
Discours à l'occasion de la décoration de M. BayramoÄ?lu, le 17 septembre 2012
Cher Ali BAYRAMOGLU,
Mesdames et Messieurs, chers Amis,
C'est un honneur et un immense plaisir pour moi de vous accueillir au
Palais de France pour cette cérémonie qui rend hommage au parcours
personnel et professionnel d'Ali BAYRAMOGLU.
Comme vous le savez, l'ordre des arts et des lettres est un ordre très
spécial. Il récompense ceux « qui se sont distingués par leur création
dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution ¦ au
rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».
Cher Ali BAYRAMOGLU,
La République française rend aujourd'hui hommage, Ã un très grand
francophone, Ã un célèbre journaliste, une des plumes les plus
influentes et avisées de Turquie, mais aussi à un combattant de la
paix, de la réconciliation et de l'amitié entre les peuples.
Conformément à la tradition, et au risque de faire souffrir votre
modestie, permettez-moi tout d'abord de retracer vos remarquables
parcours personnel et professionnel.
C'est dans la presqu'île de Gallipoli que vous voyez le jour en 1956.
Après vos études secondaires en 1973, vous partez étudier à l'Institut
d'Etudes politiques de Grenoble dont vous serez brillamment diplômé en
1979. Viendrons ensuite un master et en 1985 un Doctorat de l'Institut
des sciences sociales de la prestigieuse Faculté des sciences
économiques d'Istanbul.
Non content de recevoir le savoir, vous avez souhaité le transmettre
aux plus jeunes. C'est ainsi que pendant près de 20 ans vous avez été
Maître de conférence à la Faculté des Sciences politiques et
administratives de l'Université de Marmara.
Vous avez écrit plusieurs ouvrages sur vos sujets de conférence : « le
mouvement islamique en Turquie » publié en 2001, « l'Armée en Turquie
» en 2004, et « Pas de place pour la superstition dans la modernité »
en 2006.
En 1990 votre carrière prend un nouveau tour, vous embrassez la
carrière de journaliste et devenez un chroniqueur reconnu dont le
grand public apprécie le magnifique style, comme la justesse et la
force des analyses. Aujourd'hui, dans le quotidien « Yeni Safak »,
dans la revue « Aksyon », sur la chaîne de télévision 24TV, comme hier
dans « Yeni Yizyi », « Star » ou « Sabah », vous évoquez avec lucidité
les débats, les mutations ou les défis auxquels la société turque est
confrontée.
Le chroniqueur est le plus souvent un simple témoin fidèle de son
époque. Vous avez fait le choix courageux d'être non seulement un
témoin lucide, mais aussi un acteur engagé. Je fais référence ici bien
sûr à l'initiative que vous avez prise, avec d'autres grands
intellectuels turcs, dont certains nous font l'amitié de leur présence
ce soir, de la pétition « nous présentons des excuses ». Ce texte
visionnaire a provoqué un très vif débat dans la société turque sur
l'attitude à adopter vis-Ã-vis du génocide arménien.
En février dernier, j'ai eu la chance d'assister à un séminaire sur
les « enjeux de l'histoire en Turquie et en France ». La similitude
des défis entre nos pays était frappante. Pour les grands pays, les
anciens empires, l'histoire c'est beaucoup de pages glorieuses, mais
aussi comment pourrait-il en être autrement, des pages sombres.
Connaître et comprendre le passé est une étape indispensable pour
l'apaisement des passions et la réconciliation des mémoires blessées.
Avec vos amis, vous avez contribué Ã engager une dynamique, celle-ci
va se poursuivre. Trop de temps, trop d'occasions ont déjà été perdus.
Tôt ou tard, il faudra bien refermer les plaies ouvertes en 1915. Le
ministre des Affaires étrangères de Turquie, Ahmet Davutoglu, a eu, Ã
cet égard, en juillet dernier, des propos encourageants, dont vous
vous êtes fait l'écho, qu'il convient de saluer.
En attendant, vous payez au prix fort votre engagement. Vous avez été
menacé, et ces derniers jours encore, calomnié, insulté, vos propos et
vos intentions ont été déformés par des esprits étroits. Ces basses
attaques ne font pas honneur à leurs auteurs et nuisent
malheureusement à l'image de la Turquie.
Cher Ali BAYRAMOGLU, Parmi vos mérites, je dois aussi mentionner «
last but not least », puisque c'est la cause directe de la cérémonie
qui nous réunit aujourd'hui, votre engagement envers la francophonie,
envers la culture française et pour votre contribution à la réussite
de la Saison de la Turquie en France il y a trois ans déjÃ.
Ali BAYRAMOGLU, Pour votre engagement intellectuel et pour votre
contribution à l'amitié entre la Turquie et la France, nous vous
faisons, au nom du Ministre de la Culture de la République française,
Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres.
publié le 19.09.2012
*******************
Discours de M. Ali BayramoÄ?lu, le 17 septembre 2012
Monsieur l'Ambassadeur de France,
Monsieur le Consul Général,
La distinction que vous me remettez aujourd'hui me va droit au cÅ`ur
d'abord pour des raisons personnelles et même intimes.
J'ai fait l'essentiel de mes études supérieures en France, c'est dans
l'université française que j'ai appris mon métier de sociologue, le
français est demeuré ma principale langue étrangère de travail, je
n'ai cessé de collaborer avec l'Ecole des hautes études en sciences
sociales et avec le CERI.
J'ai gardé dans votre pays nombre d'amis avec lesquels je partage les
joies et les plaisirs que m'apportent votre culture et votre art de
vivre. Mais vous comprendrez que j'accorderai plus d'importance à la
dimension politique et je dirai même philosophique de la décoration
que vous me décernez.
Car, c'est surtout un combat de cet ordre que vous honorez, un combat
que bien sûr je mène avec d'autres. Ici vous me permettrez d'évoquer
l'engagement et la mémoire de mon ami Hrant Dink.
Ce combat pour promouvoir une conception universaliste de la
citoyenneté, dans la liberté, l'égalité et la fraternité, n'oppose pas
la Turquie a la France ou a l'Europe, ni l'Orient à l'Occident. Il
oppose la Turquie à elle-même, comme la France à elle-même et l'Europe
à elle-même.
Ce combat passe par un travail critique, lucide, parfois douloureux de
reconnaissance de l'histoire, avec ce que cela suppose d'affrontement
et ce que cela exige de morale intellectuelle. Mais c'est le prix Ã
payer pour que survienne une vraie démocratisation non seulement du
système politique turc, mais surtout de l'identité turque elle-même.
Tel est le sens de ma participation au débat public.
Enfin vous me décorez de l'Ordre du mérite à un moment ou la France et
la Turquie sortent d'une période difficile de leur relation
diplomatique et entendent entamer une nouvelle phase de leur longue
histoire commune.
C'est la modeste contribution des universitaires, des intellectuels et
la lourde responsabilité des éditorialistes, des journalistes que de
maintenir le dialogue et l'amitié entre les nations quand la politique
les éloigne.
Votre geste à mon égard est un puissant encouragement qui nous est
donné, à moi- même et à mes amis turcs et français, pour continuer Ã
Å`uvrer au service de ce vieux compagnonnage entre nos deux pays. Merci
encore¦ Et mes chers amis, mille mercis d'être venus.
publié le 25.09.2012
Discours de M. Ali BayramoÄ?lu, le 17 septembre 2012
Retour à la rubrique
Source/Lien : Ambassade de France en Turquie
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68046
Publié le : 16-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - L'Ambassadeur de France en
Turquie, Son Excellence Monsieur Laurent Bili, a remis, le lundi 17
septembre 2012, les insignes de Chevalier dans l'Ordre des Arts et des
Lettres, Ã Monsieur Ali BayramoÄ?lu. La cérémonie a eu lieu au Palais
de France à Istanbul "Vous avez fait le choix courageux d'être non
seulement un témoin lucide, mais aussi un acteur engagé. Je fais
référence ici bien sûr à l'initiative que vous avez prise, avec
d'autres grands intellectuels turcs, dont certains nous font l'amitié
de leur présence ce soir, de la pétition « nous présentons des excuses
». Ce texte visionnaire a provoqué un très vif débat dans la société
turque sur l'attitude à adopter vis-Ã-vis du génocide arménien.
Connaître et comprendre le passé est une étape indispensable pour
l'apaisement des passions et la réconciliation des mémoires blessées.
Tôt ou tard, il faudra bien refermer les plaies ouvertes en 1915" a
déclaré Laurent Bili à l'intellectuel turc. Sans citer le génocide
arménien, Ali BayramoÄ?lu répondra néanmoins en évoquant l'engagement
et la mémoire de son ami Hrant Dink : "Ce combat pour promouvoir une
conception universaliste de la citoyenneté, dans la liberté, l'égalité
et la fraternité, n'oppose pas la Turquie à la France ou à l'Europe,
ni l'Orient à l'Occident. Il oppose la Turquie à elle-même, comme la
France à elle-même et l'Europe à elle-même. Ce combat passe par un
travail critique, lucide, parfois douloureux de reconnaissance de
l'histoire, avec ce que cela suppose d'affrontement et ce que cela
exige de morale intellectuelle. Mais c'est le prix à payer pour que
survienne une vraie démocratisation non seulement du système politique
turc, mais surtout de l'identité turque elle-même." La prudence d'Ali
BayramoÄ?lu à parler clairement du génocide arménien, s'explique
aisément : tapez le prénom et le nom de cet homme dans Google. Juste
ça, et regardez. La première chose qui apparaît, c'est la mention
"ermeni" ("arménien", en turc). Cliquez. Il y en a des pages et des
pages. Tous les journaux s'y sont mis. De quoi lui donner des
cauchemars pour les décennies à venir.
Légende photo : Ali BayramoÄ?l et l'Ambassadeur de France en Turquie,
Son Excellence Monsieur Laurent Bili
Ambassade de France en Turquie
Ali BayramoÄ?lu, Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
Remise des insignes de Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
à M. Ali BayramoÄ?l
L'Ambassadeur de France en Turquie, Son Excellence Monsieur Laurent
Bili, a remis, le lundi 17 septembre, les insignes de Chevalier dans
l'Ordre des Arts et des Lettres, Ã Monsieur Ali BayramoÄ?lu. La
cérémonie a eu lieu au Palais de France à Istanbul.
L'Ordre des Arts et des Lettres est l'une des principales distinctions
honorifiques françaises. Institué en 1957, il rend hommage aux
personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine
artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée
au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde.
L'Ambassade de France est particulièrement heureuse de ce bel hommage
rendu à un très grand francophone, à un célèbre journaliste, une des
plumes les plus influentes et avisées de Turquie, mais aussi à un
combattant de la paix, de la réconciliation et de l'amitié entre les
peuples.
Ali BayramoÄ?lu, Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
*****************
Discours à l'occasion de la décoration de M. BayramoÄ?lu, le 17 septembre 2012
Cher Ali BAYRAMOGLU,
Mesdames et Messieurs, chers Amis,
C'est un honneur et un immense plaisir pour moi de vous accueillir au
Palais de France pour cette cérémonie qui rend hommage au parcours
personnel et professionnel d'Ali BAYRAMOGLU.
Comme vous le savez, l'ordre des arts et des lettres est un ordre très
spécial. Il récompense ceux « qui se sont distingués par leur création
dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution ¦ au
rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».
Cher Ali BAYRAMOGLU,
La République française rend aujourd'hui hommage, Ã un très grand
francophone, Ã un célèbre journaliste, une des plumes les plus
influentes et avisées de Turquie, mais aussi à un combattant de la
paix, de la réconciliation et de l'amitié entre les peuples.
Conformément à la tradition, et au risque de faire souffrir votre
modestie, permettez-moi tout d'abord de retracer vos remarquables
parcours personnel et professionnel.
C'est dans la presqu'île de Gallipoli que vous voyez le jour en 1956.
Après vos études secondaires en 1973, vous partez étudier à l'Institut
d'Etudes politiques de Grenoble dont vous serez brillamment diplômé en
1979. Viendrons ensuite un master et en 1985 un Doctorat de l'Institut
des sciences sociales de la prestigieuse Faculté des sciences
économiques d'Istanbul.
Non content de recevoir le savoir, vous avez souhaité le transmettre
aux plus jeunes. C'est ainsi que pendant près de 20 ans vous avez été
Maître de conférence à la Faculté des Sciences politiques et
administratives de l'Université de Marmara.
Vous avez écrit plusieurs ouvrages sur vos sujets de conférence : « le
mouvement islamique en Turquie » publié en 2001, « l'Armée en Turquie
» en 2004, et « Pas de place pour la superstition dans la modernité »
en 2006.
En 1990 votre carrière prend un nouveau tour, vous embrassez la
carrière de journaliste et devenez un chroniqueur reconnu dont le
grand public apprécie le magnifique style, comme la justesse et la
force des analyses. Aujourd'hui, dans le quotidien « Yeni Safak »,
dans la revue « Aksyon », sur la chaîne de télévision 24TV, comme hier
dans « Yeni Yizyi », « Star » ou « Sabah », vous évoquez avec lucidité
les débats, les mutations ou les défis auxquels la société turque est
confrontée.
Le chroniqueur est le plus souvent un simple témoin fidèle de son
époque. Vous avez fait le choix courageux d'être non seulement un
témoin lucide, mais aussi un acteur engagé. Je fais référence ici bien
sûr à l'initiative que vous avez prise, avec d'autres grands
intellectuels turcs, dont certains nous font l'amitié de leur présence
ce soir, de la pétition « nous présentons des excuses ». Ce texte
visionnaire a provoqué un très vif débat dans la société turque sur
l'attitude à adopter vis-Ã-vis du génocide arménien.
En février dernier, j'ai eu la chance d'assister à un séminaire sur
les « enjeux de l'histoire en Turquie et en France ». La similitude
des défis entre nos pays était frappante. Pour les grands pays, les
anciens empires, l'histoire c'est beaucoup de pages glorieuses, mais
aussi comment pourrait-il en être autrement, des pages sombres.
Connaître et comprendre le passé est une étape indispensable pour
l'apaisement des passions et la réconciliation des mémoires blessées.
Avec vos amis, vous avez contribué Ã engager une dynamique, celle-ci
va se poursuivre. Trop de temps, trop d'occasions ont déjà été perdus.
Tôt ou tard, il faudra bien refermer les plaies ouvertes en 1915. Le
ministre des Affaires étrangères de Turquie, Ahmet Davutoglu, a eu, Ã
cet égard, en juillet dernier, des propos encourageants, dont vous
vous êtes fait l'écho, qu'il convient de saluer.
En attendant, vous payez au prix fort votre engagement. Vous avez été
menacé, et ces derniers jours encore, calomnié, insulté, vos propos et
vos intentions ont été déformés par des esprits étroits. Ces basses
attaques ne font pas honneur à leurs auteurs et nuisent
malheureusement à l'image de la Turquie.
Cher Ali BAYRAMOGLU, Parmi vos mérites, je dois aussi mentionner «
last but not least », puisque c'est la cause directe de la cérémonie
qui nous réunit aujourd'hui, votre engagement envers la francophonie,
envers la culture française et pour votre contribution à la réussite
de la Saison de la Turquie en France il y a trois ans déjÃ.
Ali BAYRAMOGLU, Pour votre engagement intellectuel et pour votre
contribution à l'amitié entre la Turquie et la France, nous vous
faisons, au nom du Ministre de la Culture de la République française,
Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres.
publié le 19.09.2012
*******************
Discours de M. Ali BayramoÄ?lu, le 17 septembre 2012
Monsieur l'Ambassadeur de France,
Monsieur le Consul Général,
La distinction que vous me remettez aujourd'hui me va droit au cÅ`ur
d'abord pour des raisons personnelles et même intimes.
J'ai fait l'essentiel de mes études supérieures en France, c'est dans
l'université française que j'ai appris mon métier de sociologue, le
français est demeuré ma principale langue étrangère de travail, je
n'ai cessé de collaborer avec l'Ecole des hautes études en sciences
sociales et avec le CERI.
J'ai gardé dans votre pays nombre d'amis avec lesquels je partage les
joies et les plaisirs que m'apportent votre culture et votre art de
vivre. Mais vous comprendrez que j'accorderai plus d'importance à la
dimension politique et je dirai même philosophique de la décoration
que vous me décernez.
Car, c'est surtout un combat de cet ordre que vous honorez, un combat
que bien sûr je mène avec d'autres. Ici vous me permettrez d'évoquer
l'engagement et la mémoire de mon ami Hrant Dink.
Ce combat pour promouvoir une conception universaliste de la
citoyenneté, dans la liberté, l'égalité et la fraternité, n'oppose pas
la Turquie a la France ou a l'Europe, ni l'Orient à l'Occident. Il
oppose la Turquie à elle-même, comme la France à elle-même et l'Europe
à elle-même.
Ce combat passe par un travail critique, lucide, parfois douloureux de
reconnaissance de l'histoire, avec ce que cela suppose d'affrontement
et ce que cela exige de morale intellectuelle. Mais c'est le prix Ã
payer pour que survienne une vraie démocratisation non seulement du
système politique turc, mais surtout de l'identité turque elle-même.
Tel est le sens de ma participation au débat public.
Enfin vous me décorez de l'Ordre du mérite à un moment ou la France et
la Turquie sortent d'une période difficile de leur relation
diplomatique et entendent entamer une nouvelle phase de leur longue
histoire commune.
C'est la modeste contribution des universitaires, des intellectuels et
la lourde responsabilité des éditorialistes, des journalistes que de
maintenir le dialogue et l'amitié entre les nations quand la politique
les éloigne.
Votre geste à mon égard est un puissant encouragement qui nous est
donné, à moi- même et à mes amis turcs et français, pour continuer Ã
Å`uvrer au service de ce vieux compagnonnage entre nos deux pays. Merci
encore¦ Et mes chers amis, mille mercis d'être venus.
publié le 25.09.2012
Discours de M. Ali BayramoÄ?lu, le 17 septembre 2012
Retour à la rubrique
Source/Lien : Ambassade de France en Turquie