Announcement

Collapse
No announcement yet.

Turquie : Chronique Du Harcelement Judiciaire Des Medias

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Turquie : Chronique Du Harcelement Judiciaire Des Medias

    Turquie : Chronique Du Harcelement Judiciaire Des Medias

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68094
    Publie le : 17-10-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire cette information publiee sur le site des Reporters
    Sans Frontières le 16 octobre 2012.

    Reporters Sans Frontières

    Turquie

    Publie le mardi 16 octobre 2012.

    Reporters sans frontières a decide d'ouvrir un fil d'actualite
    pour rendre compte de la multiplication des poursuites judicaires a
    l'encontre des journalistes et des medias en Turquie. Malgre la loi
    6325 du 5 juillet 2012, la presse reste la cible d'un harcèlement
    judiciaire constant, dont les procès KCK et Ergenekon ne sont que
    les emanations les plus visibles.

    12.10.2012 - Malgre la reforme, le harcèlement judiciaire des
    journalistes se poursuit a un rythme effrene

    Trois mois après l'adoption de la loi 6325, Reporters sans frontières
    dresse un bilan d'etape de l'application de cette reforme censee
    desserrer la pression judiciaire sur les medias.

    " Nous nous rejouissons des liberations dont ont enfin pu beneficier
    plusieurs journalistes, souvent incarceres sans jugement depuis des
    mois voire des annees. Neanmoins, force est de constater que le climat
    judiciaire a l'egard de la presse ne s'est pas ameliore. Des dizaines
    de journalistes restent emprisonnes et malgre les dispositions de
    la loi 6325, les decisions de maintien en detention provisoire ne
    sont guère plus justifiees qu'auparavant. Comme nous le craignions,
    de nombreuses affaires echappent au champ de la reforme sous pretexte
    d'accusations de 'terrorisme'. En outre, de nouvelles poursuites ont
    ete lancees pour des delits d'opinion, auxquelles la loi ne s'applique
    pas puisqu'elle se limitait aux 'delits' commis avant le 31 decembre
    2011 ", a declare l'organisation.

    " La loi 6325 constitue un pas en avant. Mais nous le repetons, les
    reformes a la marge ne suffisent plus, pas plus qu'une eventuelle
    amnistie generale comme la Turquie en a connu plusieurs. Les
    libertes publiques ne seront durablement garanties que lorsque la
    Loi antiterroriste, le Code penal et le Code des procedures penales
    seront debarrasses de la logique repressive qui les imprègne ",
    a conclu l'organisation.

    La reforme adoptee le 5 juillet 2012 prevoit la suspension pour trois
    ans de toutes les poursuites et condamnations prononcees pour des "
    delits de presse et d'opinion ", dès lors que les accuses risquent un
    maximum de cinq ans de prison et que les faits ont ete commis avant le
    31 decembre 2011. Si les interesses ne commettent aucun delit de meme
    nature pendant cette periode, leur dossier sera definitivement classe.

    Dans le cas inverse, l'enquete ou le procès suspendu reprendra son
    cours. Reporters sans frontières avait souligne que cette procedure
    placait de fait les journalistes en sursis pendant trois ans, pendant
    lesquels ils etaient contraints au silence ou a l'autocensure.

    C'est cette disposition qui vient de s'appliquer au celèbre journaliste
    Cuneyt Ozdemir, chroniqueur du quotidien Radikal et presentateur d'une
    emission populaire sur CNN Turk, qui risquait de trois mois a deux
    ans de prison pour " insulte a un fonctionnaire dans l'exercice de
    ses fonctions " (article 125 du code penal). Le 16 octobre 2012, un
    tribunal de police d'Istanbul a suspendu pour trois ans les poursuites
    engagees contre lui pour des tweets critiquant le president de la
    14e chambre de la Cour de cassation, Fevzi Elmas. Le journaliste nie
    etre l'auteur des messages incrimines, et affirme que la justice l'a
    mis en cause sur la seule foi d'un article publie en novembre 2011
    sur le site conservateur Star Medya. Cet article l'identifiait comme
    l'auteur des tweets, qui critiquaient une decision de justice validee
    par la Cour de cassation dans une affaire d'abus sexuel collectif sur
    mineure en 2002 a Mardin (est du pays). La justice avait conclu que
    les 26 accuses avaient agi avec le " consentement " de la victime de
    13 ans et leur avaient accorde des circonstances attenuantes, puis
    la peine avait ete suspendue car l'affaire avait fait prescription.

    Des journalistes liberes, mais toujours inquietes

    Reporters sans frontières a appris la liberation conditionnelle de
    Mehmet Gunes, editeur du periodique Turkiye Gercegi (La realite de la
    Turquie), incarcere depuis decembre 2011 pour appartenance presumee
    au groupuscule " Quartier general revolutionnaire ". Cette decision a
    ete prononcee le 5 octobre 2012 par la 9e chambre de la cour d'Assises
    d'Istanbul, qui a dit " tenir compte de la duree passee en detention
    preventive " par le journaliste. Son procès se poursuivra le 28
    decembre prochain.

    Le journaliste Hakan Soytemiz, editeur du periodique Red (Non)
    incarcere depuis octobre 2010 dans la meme affaire, avait ete libere
    le 9 juillet 2012. Le " Quartier general revolutionnaire " est accuse
    d'etre a l'origine d'attentats contre des institutions etatiques
    et le parti AKP au pouvoir afin de destabiliser le gouvernement,
    a l'instar d'Ergenekon.

    Le 6 septembre 2012, Sedat Senoglu, directeur de publication de
    l'hebdomadaire de gauche Atilim (Elan), a finalement ete libere.

    Accuse d'appartenir au Parti communiste marxiste leniniste (MLKP,
    illegal), Sedat Senoglu etait emprisonne depuis six ans sans avoir
    ete juge. La 15e chambre de la cour d'Assisses d'Istanbul a pris en
    compte la " possibilite d'un changement de l'accusation ", ainsi que
    le nombre d'annees que le journaliste avait deja passe en prison.

    26 personnes sont jugees dans le cadre de la meme affaire. Parmi elles,
    11 sont toujours detenues, dont Fusun Erdogan, ancienne directrice
    de la publication d'Ozgur Radio, et Bayram Namaz, chroniqueur
    d'Atilim. Tous deux sont egalement emprisonnes, en attente de leur
    jugement, depuis 2006.

    Murat Aydin, reporter de l'agence de presse pro-kurde Diha (Tigre),
    a ete remis en liberte conditionnelle a l'issue d'une audience tenue
    le 18 septembre 2012 par la 3e chambre de la cour d'Assises de Van
    (est du pays). Le journaliste, accuse de collaboration avec l'Union
    des Communautes du Kurdistan (KCK), etait maintenu en detention
    preventive depuis onze mois. Son procès se poursuivra le 27 novembre.

    Le reporter du quotidien Vatan (Patrie) Cagdas Ulus, lui aussi
    accuse de liens avec le KCK, a ete remis en liberte conditionnelle
    le 13 septembre 2012 en meme temps que Cihat Ablay, employe de la
    societe de distribution Firat. La 15e chambre de la cour d'Assisses
    d'Istanbul a considere que " la nature des accusations portees contre
    le journalistes pouvait changer ". Les deux hommes avaient ete arretes
    en decembre 2011 avec 42 autres professionnels des medias, dont 34
    restent en detention. La prochaine audience de ce procès de masse
    est fixee au 12 novembre. Dans un autre volet de la meme affaire, le
    chroniqueur du quotidien en langue kurde Azadiya Welat et membre du
    BDP Hasan Ozgunes, incarcere depuis un an, restera egalement en prison.

    De nouvelles poursuites

    Ferhat Arslan, reporter de l'agence Diha, a ete emprisonne le 5
    octobre sur decision de la 9e chambre de la cour d'Assises d'Adana
    (Sud). Il avait ete relâche moins d'une semaine auparavant après
    quatre jours de garde a vue, mais le parquet avait fait appel de sa
    remise en liberte. Le journaliste figure parmi 25 individus soupconnes
    d'appartenir au KCK, dont des militants du parti pro-kurde legal BDP
    et de l'Association des droits de l'homme (IHD), ainsi que l'employe
    de Radyo Ses (Voix) a Mersin (Sud-Est), Mahir Ogretmen.

    Un journaliste accuse de blasphème

    Le journaliste et ecrivain d'origine armenienne Sevan Nisanyan
    fait l'objet d'une plainte en justice deposee le 5 octobre par des
    responsables du parti politique islamiste Saadet (Felicite), pour
    ses commentaires sur Twitter du film controverse " L'innocence des
    Musulmans ". Les plaignants accusent Sevan Nisanyan de blasphème et
    d'insulte au prophète Mahomet, et demandent qu'il soit condamne pour
    " insulte " ou " incitation a la haine sur la base de distinctions
    religieuses ".

    Plus inquietant, le quotidien islamiste Milli Gazete (Journal national)
    a appele les procureurs a reagir en pretendant que " l'inertie de la
    justice met a bout les patiences ", une menace a peine voilee contre
    le journaliste. En une de son edition du 7 octobre, le journal a
    interverti la photographie de Sevan Nisanyan et celle d'une vache,
    qui illustrait un autre article.

    Plainte du Parti des Travailleurs contre un journaliste

    Le Parti des Travailleurs (IP) a porte plainte contre le journaliste
    d'origine armenienne Robert Koptas, directeur de la publication
    de l'hebdomadaire turco-armenien Agos, pour une chronique du 24
    août intitulee " La visite honteuse rendue a IP ". Le journaliste y
    critiquait la visite rendue par le president du Parti de la Liberte
    et de la Solidarite (ODP) a IP et son organe de presse, Ulusal Kanal,
    après une serie de perquisitions et d'interpellations qui y avaient
    ete menees dans le cadre de l'enquete Ergenekon. Robert Koptas y
    voyait une manifestation de soutien deplacee. Il se voit reclamer 10
    000 livres turques (4 350 euros) de dommages et interets pour propos
    " insultants " et " contraires a la verite ".

    Intimidation judiciaire du quotidien Taraf

    Sedat Selim Ay, haut fonctionnaire mis en cause pour son rôle dans des
    actes de tortures commis contre des prisonniers dans les annees 1990,
    a porte plainte contre sept journalistes du quotidien Taraf (Camps),
    qui critiquaient sa nomination au poste de directeur adjoint de la
    section antiterroriste d'Istanbul.

    Sedat Selim Ay avait deja accuse le journal de l'avoir " expose
    dans la ligne de mire d'organisations terroristes " en devoilant son
    identite. Il lui reproche maintenant d'avoir diffuse des temoignages
    de victimes de la torture le pointant du doigt ainsi que son equipe.

    En consequence, le parquet d'Istanbul a lance une enquete a l'encontre
    des redacteurs en chef Tuncer Koseoglu et Burhan Ekinci, des
    chroniqueurs Mehmet Baransu et Melih Altinok, ainsi que des reporters
    Sumeyra Tansel, Adnan Keskin, Tugba Tekerek et Huseyin Ozkaya. En
    outre, les deux directeurs de publication et trois autres journalistes
    de Taraf ont ete convoques par le parquet pour " insulte " et "
    calomnie " pour des chroniques parues en juillet sur la meme affaire.

    Des journalistes poursuivis par le chef d'Etat-major des armees

    Le general Necdet Ozel, chef d'etat-major des armees, a porte plainte
    contre le journaliste Fatih Altayli, chroniqueur et directeur de la
    publication du quotidien HaberTurk, pour un article du 9 septembre
    intitule " Schopenhauer avait raison ". Le general reclame 50 000
    livres turques (environ 22 000 euros) de dommages et interets au
    journaliste qui l'aurait " offense ".

    Dans son article, Fatih Altayli critiquait la gestion de l'armee par
    le general Ozel en faisant reference a l'explosion accidentelle d'un
    depôt de munitions a Afyonkarahisar (Ouest), qui avait coûte la vie a
    25 appeles. Le journaliste avait cite la phrase d'Arthur Schopenhauer :
    " La notion d'honneur n'existe pas dans les societes d'Orient ". Le
    procès commencera dans les prochains mois.

    Le general Necdet Ozel venait deja de porter plainte contre le
    journaliste Cuneyt Ulsever sur la base de l'article 95 du Code penal
    militaire, qui reprime l'" humiliation d'un representant de l'Etat
    dans l'exercice de ses fonctions ".

    Retour a la rubrique

    Source/Lien : Reporters Sans Frontières

Working...
X