ELECTIONS BELGES : ARTICLE ET MISE AU POINT SUR LE HUFFINGTON POST
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68146
Publié le : 18-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Comme nous l'avions
annoncé ici, le Huffington Post a publié le 12 octobre 2012
un article de Séta Papazian, présidente du Collectif VAN,
intitulé "Belgique: quand l'extrême-droite turque s'invite aux
élections". Nous le reprenons, intégralement cette fois, sur notre
site, en le faisant suivre de la mise au point que Séta Papazian a
publiée lundi 15 octobre en réponse aux nombreux commentaires. A
ce jour, 372 personnes ont liké l'article, 156 l'ont partagé sur
Facebook et 54 commentaires ont été postés.
Le Huffington Post
Belgique: quand l'extrême-droite turque s'invite aux élections
Des élections communales et provinciales ont lieu en Belgique ce
dimanche 14 octobre 2012. L'atmosphère est délétère et l'on observe
dans cette campagne des intrusions de racisme et d'antisémitisme comme
le démontre l'affaire d'un tract qui vient de défrayer la chronique.
Ce tract distribué sous forme de carte postale en langue turque
dans de nombreuses boîtes aux lettres de la commune [de Schaerbeek]
constitue "un véritable appel a la haine du juif". Qualifiant Yves
Goldstein, le second de la liste PS, de "juif et de sioniste actif",
le texte annonce: "Toutes les voix données au PS permettront de mettre
a la tête de notre commune un ennemi de notre religion et nation". La
tête de liste PS a Schaerbeek, Laurette Onkelinx a annoncé lundi 8
octobre le dépôt d'une plainte contre X ainsi que d'une autre auprès
du Centre pour l'égalité des chances, pour incitation a la haine
raciale a l'encontre du second de la liste socialiste, Yves Goldstein.
Fort bien. Mais n'est-il pas trop tard pour s'inquiéter de
ces dérives nauséabondes? Le Parti socialiste, le cdH-MR
(Centre Démocrate Humaniste et Mouvement Réformateur) et le FDF
(Fédéralistes démocrates francophones) ont favorisé depuis 2004
l'entrisme de l'extrême-droite turque dans le paysage politique belge,
en méprisant tous les appels a la prudence émanant d'observateurs
bien avertis.
Si les attaques en langue turque contre "le mensonge du génocide
arménien" sont monnaie courante lors des campagnes électorales
locales en Belgique (sans que les autorités ne s'en émeuvent),
ce tract indigne constitue une étape décisive et prouve que les
digues ont lâché.
Pour notre part, nous n'hésiterons pas a mettre en cause l'absence
d'éthique des partis traditionnels belges eux-mêmes qui ferment les
yeux sur la moralité des candidats allochtones [1] pour peu que ces
derniers leur apportent les voix de leur communauté d'origine. C'est
d'ailleurs ce que souligne l'édition du journal Le Soir du 6
octobre qui s'inquiète en ces termes: "La pression identitaire
ne l'emportera-t-elle pas sur l'adhésion partisane? S'ajoutent a
cela des dimensions non moins interpellantes puisqu'elles touchent
au négationnisme des génocides du XXe siècle. Nombre de candidats
d'origine turque adoptent une posture plus qu'ambiguÃ" par rapport au
génocide arménien et il faut souvent passer par les médias turcs
pour connaître leur point de vue."
Des sympathisants de l'extrême-droite turque au PS
Collusions, compromissions, accords contre-nature: comment expliquer
que des hommes et des femmes politiques -qui flirtent (et c'est un
euphémisme) avec l'extrême-droite turque- soient représentés
sur la presque totalité du spectre politique belge, allant du
Parti Socialiste au centre droit et a la droite? S'ils affichent
dans la sphère francophone un discours basé sur les valeurs du
"vivre ensemble", ces futurs élus (dont certains sont déja en
fonction depuis 2004) tiennent dans leur communauté d'origine des
propos diamétralement opposés, s'alignant sur les mots d'ordre d'un
nationalisme turc pur et dur.
Ces candidats panturcs, dont il est malgré tout aisé de débusquer
les valeurs réelles et les relations douteuses, acquièrent dans les
partis démocratiques belges une autorité préoccupante: pour preuve,
les principales organisations politiques du plat pays ont peu a peu
capitulé en rase campagne sur la question morale de la reconnaissance
du génocide arménien. Et c'est loin d'être anecdotique.
Car le panturquisme est la doctrine ultra-nationaliste qui a
conduit a l'extermination planifiée de la minorité arménienne
(et des autres minorités chrétiennes) de l'Empire ottoman en
1915. Ce nationalisme forcené se pare depuis des décennies d'un
négationnisme non moins virulent, visant a contrer toutes les
reconnaissances internationales du génocide arménien. Que ce
soit en Turquie ou au sein de l'immigration turque, le nationalisme
est encore de nos jours le principal moteur d'une société hélas
majoritairement éduquée dans la haine de l'autre (Arménien, juif,
et Kurde principalement) et dans la paranoïa du complot mondial
contre la Turquie. L'antisémitisme trouve tout naturellement sa
place dans le champ de ces replis communautaires inquiétants.
La diffusion de l'idéologie panturque et la présence en Belgique
de l'extrême droite turque ne datent pas d'hier. En témoigne cet
article paru dans le périodique progressiste turc Info Turk en mai
1979 qui dénonce en pages 6 a 9 l'implantation des Loups Gris et
la création en avril 1978, du groupe fasciste Buyuk Ulku Dernegi
(Association du grand idéal) a Bruxelles.
Mais l'entrisme de l'extrême-droite turque dans les partis dits
démocratiques est un phénomène plus récent -très exactement depuis
que le droit de vote a été accordé aux citoyens non européens en
2004- et pose problème.
La dérive électoraliste des partis traditionnels
Disons les choses clairement: est-il normal que les responsables
politiques belges se montrent plus conciliants envers l'extrême-droite
allochtone [1] qu'ils ne le sont envers l'extrême-droite européenne?
C'est pourtant ce qui se passe. Les milieux politiques se doivent
d'affronter cette contradiction au plus vite car leur passivité
encourage certains milieux a faire des amalgames malsains. Surfant
sur ce créneau qu'ils estiment porteur, les populistes ont beau
jeu de dénoncer l'implication dans la vie politique de toutes les
personnalités issues de l'immigration et -ce faisant- de laisser
libre cours a leurs penchants xénophobes pour exacerber les tensions.
Autre danger: la dérive électoraliste des partis traditionnels
marginalise les jeunes (et moins jeunes) progressistes issus de
la communauté turque. Minoritaires, ceux-ci aimeraient pourtant
pouvoir afficher au grand-jour leur position humaniste reconnaissant
le génocide arménien et condamnant le négationnisme de l'Etat
turc. Mais le crédit accordé, aussi bien par le PS que par la droite
ou le centre, a des personnalités de l'extrême-droite turque,
est une atteinte a leur sécurité et étouffe dans l'Å"uf toute
possibilité d'éclosion d'une société civile turque libérée des
fantômes du passé.
Les rares acteurs d'une parole turque délivrée du tabou du génocide
arménien sont contraints de faire profil bas: désignés a la vindicte
populaire comme "traîtres" a la nation turque, ils sont menacés de
mort et préfèrent se mettre en retrait pour protéger leurs proches.
Seul Dogan Ozguden, rédacteur en chef d'Info-Turk, résiste encore.
Pour sa part, Mehmet Koksal, journaliste turco-belge qui animait
l'excellent blog Humeur allochtone, a dÃ" jeter l'éponge en octobre
2007. Il avait été violemment tabassé lors des émeutes organisées
peu avant par l'extrême-droite turque contre les Kurdes et les
Arméniens de Bruxelles. Koksal dénoncait également les alliances
des partis belges avec les représentants -pourtant infréquentables-
de sa communauté d'origine: inutile de préciser que l'arrêt de
ses tribunes incendiaires soulagea le landernau bruxellois qui peut,
depuis, fouler aux pieds les valeurs européennes sans craindre
d'anathème.
Si l'on n'y prend garde, le "laboratoire" belge, avec la manipulation
électoraliste d'un vote communautaire ethnocentré et crispé,
préfigure ce qui se passera en France.
Les jalons sont déja posés si l'on s'en réfère a certains exemples
récents parmi lesquels la problématique intervention du candidat PS
Jack Lang, a Saint-Dié lors des législatives de juin 2012, ou encore
la proximité avec le mouvement extrémiste des Loups Gris, affichée
sans complexes par Fadime (Ersan) Erdugrul-Tastan, adjointe MoDem au
maire d'Hérouville (Normandie) le 9 décembre 2011 a Nantes [2].
Pour que la politique ait encore du sens, il serait temps de revoir
ses principes fondateurs.
____________________
[1] Le terme "allochtone" a remplacé en Belgique l'appellation
"issu de l'immigration" jugée discriminatoire; mais depuis peu,
"allochtone" serait également considéré comme stigmatisant.
[2] Voir les photos de Fadime (Ersan) Erdugrul-Tastan publiées dans
un dossier en téléchargement ICI.
Si ce dossier, annoncé comme émanant de la DCRI, n'a pas été
authentifié, il n'en reste pas moins que les photos en page 7
représentent bien l'élue concernée.
Liste complète des candidats pour les élections locales belges 2012.
Belgique: quand l'extrême-droite turque s'invite aux élections
**************************
Mise au point publiée par Séta Papazian le lundi 15 octobre 2012
sur le Huffington Post
Cet article donnant lieu a certains malentendus, je tiens a faire
ici une mise au point.
Le sujet que j'aborde est suffisamment complexe pour que l'on ne fasse
pas d'amalgame. Je traite ici du panturquisme, idéologie nationaliste
turque (et azerbaïdjanaise), doctrine raciste qui - a ce jour - n'a
fait aucun émule chez les autres communautés d'origine étrangère,
en Belgique ou en France.
Mon propos n'est pas d'agiter le spectre du Â" vote des étrangers
Â" et surtout pas de donner du grain a moudre aux amis du FN : ces
derniers se refusent a accepter une Europe multiculturelle qui existe
pourtant déja. Pour ma part, je pense que Â" le combat universel de
la reconnaissance d'un génocide est antinomique avec les discours qui
stigmatisent Â" l'étranger Â". Car c'est justement cette détestation
de la différence qui a permis les génocides arménien, juif et
tutsi. Â" (voir Idée N°53 : Pas une voix arménienne pour le FN !)
L'article que je signe ici tend surtout, et avant tout, a souligner
l'attitude ambiguÃ" des partis politiques démocratiques qui
n'hésitent pas a brader leurs valeurs pour conquérir quelques voix
: ils donnent ainsi prise au message porté par l'extrême-droite
européenne.
Pour ceux qui auraient mal lu (et mal compris) cette phrase
Â" l'entrisme de l'extrême-droite turque dans les partis dits
démocratiques est un phénomène plus récent -très exactement depuis
que le droit de vote a été accordé aux citoyens non européens en
2004- et pose problème. Â" : je tiens a préciser que c'est l'entrisme
de l'extrême-droite turque dans les partis dits démocratiques qui
pose problème. La ponctuation, ca compte.
La mise au point de Tractothèque apporte d'ailleurs un éclairage
intéressant pour les trop nombreux lecteurs qui voudraient utiliser
cet article afin d'argumenter contre le droit de vote aux Â" étrangers
Â" : Â" Le nombre d'électeurs étrangers, UE et non-UE, n'est pas
significatif en proportion des électeurs belges d'origine marocaine,
turque ou congolaise. Â" Merci également a Tractothèque pour ses
corrections pertinentes.
La commentatrice Incant s'interroge sur mes motivations et estime
que seule :Â" la communauté turque a le droit de l'ouvrir si elle
le souhaite et a le droit de porter plainte contre les extrémistes
Â". La réponse se trouve dans mon texte : Â" Les rares acteurs
d'une parole turque délivrée du tabou du génocide arménien sont
contraints de faire profil bas: désignés a la vindicte populaire
comme "traîtres" a la nation turque, ils sont menacés de mort. Â"
Voir la suite de l'explication dans mon article qui, je le précise,
a justement été repris par les rares acteurs turcs libres (Belgique:
quand l'extrême-droite turque s'invite aux élections).
J'estime normal de pointer du doigt la contradiction qu'il y a
a accepter dans les partis traditionnels - et spécialement au
PS qui se devrait d'être a la pointe du combat contre les idées
d'extrême-droite - des candidats dont le positionnement réel est
plus proche d'idéaux ultranationalistes sectaires que de celui du Â"
Vivre ensemble Â".
Je précise, qu'au sein des partis politiques, c'est le fantasme d'un
vote communautaire qui est a l'origine d'une complaisance envers
des candidats qui n'auraient - s'ils n'étaient supposés ramener
des voix - nulle raison de se retrouver sur des listes dont ils ne
partagent aucune des valeurs. Les partis belges - de droite, du centre,
ou de gauche - agissent a l'encontre des idéaux qu'ils prétendent
défendre : leur acceptation tacite d'un nationalisme préoccupant
(panturc) encourage Â" les populistes a dénoncer l'implication dans
la vie politique de toutes les personnalités issues de l'immigration
et -ce faisant- de laisser libre cours a leurs penchants xénophobes
pour exacerber les tensions. Â"
Le panturquisme n'est pas une doctrine anodine : il a permis
l'extermination (le point culminant étant le génocide de 1915)
des populations arménienne, grecque, assyro-chaldéenne-syriaque,
présentes depuis l'antiquité sur des territoires occupés et
colonisés par la Turquie actuelle.
Le Collectif VAN, que je représente, prend la défense des Turcs et
Kurdes, victimes de la dictature kémaliste ou islamo-fasciste des
gouvernements turcs successifs. 7000 opposants politiques attendent
le printemps turc en prison sans que cela ne gêne la très grande
majorité des associations turques d'Europe.
La défense des démocrates turcs, tout comme la mémoire des Turcs
qui ont sauvé des Arméniens en 1915, sont de fait portées par la
diaspora arménienne qu'elliot147 fustige dans son commentaire.
Incant, quant a elle, nous suggère de porter plainte. Contre quoi et
contre qui ? Contre les partis politiques belges qui intègrent ces
candidats dans leurs listes ? Contre le double discours des candidats
? Les lois pénalisant le négationnisme du génocide arménien n'ont
été validées ni en Belgique ni en France.
Concernant les agissements de certains personnages, je voulais signaler
des informations supplémentaires disponibles ici : Â" Elections en
Belgique : Schaerbeek, capitale du négationnisme ? Â"
Je dénonce le racisme, l'antisémitisme, l'ultranationalisme, la
xénophobie, le négationnisme, et défends tous ceux qui sont victimes
de ces atteintes a leur dignité. Les idées de l'extrême-droite,
qu'elle soit européenne (telle les néo-nazis d'Aube dorée en
Grèce), ou issue de l'immigration, sont incompatibles avec mon
combat. Et je n'attendrais pas que les idéaux fascistes gagnent du
terrain pour les dénoncer (réponse a Incant).
Bien que le conflit israélo-palestinien et son impact sur les
communautés issues de l'immigration maghrébine ne soient pas au
cÅ"ur de cet article, je mentionne les accusations de Â" sionisme
Â" publiées sur un tract en langue turque, pour m'inquiéter d'un
antisémitisme hélas récurrent dans de nombreux milieux de Turquie,
comme le pointait notre article Â" Les liaisons dangereuses de nos
universités Â" (Les liaisons dangereuses de nos universités ). Un
antisémitisme qui s'y exprime sans complexe, tout comme la haine
des Â" bâtards Â" arméniens.
Quant a elliot147, Super utilisateur du HuffPost, j'aimerais qu'il
m'indique de quels historiens il parle quand il affirme Â" Même les
historiens ne sont pas d'accord sur la qualification de ces massacres
de civils qui eurent aussi leur pendant côté arménien. Â" Il ne
suffit pas d'énoncer une énormité pour qu'elle devienne réalité.
Pour que cesse ce qu'il estime être une Â" posture victimaire
qu'aiment a adopter certains éléments de la diaspora arménienne
Â", il suffit a elliot147 d'Å"uvrer pour démasquer un négationnisme
presque centenaire et toujours aussi insupportable pour les descendants
des victimes et les citoyens qui ont a cÅ"ur de défendre les valeurs
universelles de défense des droits de l'homme.
Les Arméniens "n'aiment" pas être des victimes, pas plus qu'ils
n'ont "aimé" être exterminés. C'est juste un fait. A partir du
moment où l'on reconnaît le statut de victime a une personne qui a
été violée ou tuée, ou qui a vu tous ses biens volés et spoliés,
il semble logique de reconnaître que les 1 500 000 personnes qui ont
subi ce sort peu enviable, ainsi que les descendants des rescapés,
sont des victimes de l'Etat turc. D'autant plus que, depuis 1915,
la Turquie perpétue ce crime par sa négation.
La Â" posture victimaire Â" semble par contre bien correspondre
a elliot147 : il a sans doute dÃ" souffrir de la présence dans
sa ville de Â" candidats d'origine arménienne Â". Il semble se
sentir agressé par des Â" thèses arméniennes Â" imposées dans
les liens de l'article. Or, hormis un seul lien menant a un article
du Collectif VAN (concernant Jack Lang), tous les autres mènent a
des sources indépendantes : La Libre Belgique, Le Soir, Alliance
Géo-Stratégique (lien rajouté par le Huffington Post), le site
turc Info Turk (2 occurrences), le site Elsene.be, le blog Humeur
allochtone du journaliste turco-belge Mehmet Koksal (2 occurrences)
et le site Calameo (partage de documents).
En fait, le but d'elliot147 n'est pas de convaincre mais de semer
le doute. Vu la rhétorique qu'il utilise, et qui semble extraite
des sites négationnistes panturcs (Â" Appelez cela génocide s'il
vous chante Â", Â" les thèses arméniennes Â"), peut-être faut-il
en déduire qu'elliot147 se range du côté de l'Etat négationniste
turc ? En minimisant les faits, en mettant sur un même plan victimes
et assassins, tous coupables de massacres mutuels, il se pose (en
toute innocence ?) en défenseur d'un Talaat Pacha, le Â" Hitler Â"
turc a l'origine de l'extermination d'un million et demi d'Arméniens,
sur les quelque deux millions que comptait l'Empire ottoman Le grand
ordonnateur : Talaat Pacha
C'est son choix. Vous aurez compris que ce n'est pas le mien.
Merci de votre intérêt.
Séta Papazian
Lire aussi :
Elections en Belgique : Schaerbeek, capitale du négationnisme ?
Les liaisons dangereuses de nos universités
Idée N°53 : Pas une voix arménienne pour le FN !
La petite musique pro-négationniste de Jack Lang a Saint-Dié
Lettre ouverte sur le communautarisme aux élections 2012
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Retour a la rubrique
Source/Lien : Le Huffington Post
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68146
Publié le : 18-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Comme nous l'avions
annoncé ici, le Huffington Post a publié le 12 octobre 2012
un article de Séta Papazian, présidente du Collectif VAN,
intitulé "Belgique: quand l'extrême-droite turque s'invite aux
élections". Nous le reprenons, intégralement cette fois, sur notre
site, en le faisant suivre de la mise au point que Séta Papazian a
publiée lundi 15 octobre en réponse aux nombreux commentaires. A
ce jour, 372 personnes ont liké l'article, 156 l'ont partagé sur
Facebook et 54 commentaires ont été postés.
Le Huffington Post
Belgique: quand l'extrême-droite turque s'invite aux élections
Des élections communales et provinciales ont lieu en Belgique ce
dimanche 14 octobre 2012. L'atmosphère est délétère et l'on observe
dans cette campagne des intrusions de racisme et d'antisémitisme comme
le démontre l'affaire d'un tract qui vient de défrayer la chronique.
Ce tract distribué sous forme de carte postale en langue turque
dans de nombreuses boîtes aux lettres de la commune [de Schaerbeek]
constitue "un véritable appel a la haine du juif". Qualifiant Yves
Goldstein, le second de la liste PS, de "juif et de sioniste actif",
le texte annonce: "Toutes les voix données au PS permettront de mettre
a la tête de notre commune un ennemi de notre religion et nation". La
tête de liste PS a Schaerbeek, Laurette Onkelinx a annoncé lundi 8
octobre le dépôt d'une plainte contre X ainsi que d'une autre auprès
du Centre pour l'égalité des chances, pour incitation a la haine
raciale a l'encontre du second de la liste socialiste, Yves Goldstein.
Fort bien. Mais n'est-il pas trop tard pour s'inquiéter de
ces dérives nauséabondes? Le Parti socialiste, le cdH-MR
(Centre Démocrate Humaniste et Mouvement Réformateur) et le FDF
(Fédéralistes démocrates francophones) ont favorisé depuis 2004
l'entrisme de l'extrême-droite turque dans le paysage politique belge,
en méprisant tous les appels a la prudence émanant d'observateurs
bien avertis.
Si les attaques en langue turque contre "le mensonge du génocide
arménien" sont monnaie courante lors des campagnes électorales
locales en Belgique (sans que les autorités ne s'en émeuvent),
ce tract indigne constitue une étape décisive et prouve que les
digues ont lâché.
Pour notre part, nous n'hésiterons pas a mettre en cause l'absence
d'éthique des partis traditionnels belges eux-mêmes qui ferment les
yeux sur la moralité des candidats allochtones [1] pour peu que ces
derniers leur apportent les voix de leur communauté d'origine. C'est
d'ailleurs ce que souligne l'édition du journal Le Soir du 6
octobre qui s'inquiète en ces termes: "La pression identitaire
ne l'emportera-t-elle pas sur l'adhésion partisane? S'ajoutent a
cela des dimensions non moins interpellantes puisqu'elles touchent
au négationnisme des génocides du XXe siècle. Nombre de candidats
d'origine turque adoptent une posture plus qu'ambiguÃ" par rapport au
génocide arménien et il faut souvent passer par les médias turcs
pour connaître leur point de vue."
Des sympathisants de l'extrême-droite turque au PS
Collusions, compromissions, accords contre-nature: comment expliquer
que des hommes et des femmes politiques -qui flirtent (et c'est un
euphémisme) avec l'extrême-droite turque- soient représentés
sur la presque totalité du spectre politique belge, allant du
Parti Socialiste au centre droit et a la droite? S'ils affichent
dans la sphère francophone un discours basé sur les valeurs du
"vivre ensemble", ces futurs élus (dont certains sont déja en
fonction depuis 2004) tiennent dans leur communauté d'origine des
propos diamétralement opposés, s'alignant sur les mots d'ordre d'un
nationalisme turc pur et dur.
Ces candidats panturcs, dont il est malgré tout aisé de débusquer
les valeurs réelles et les relations douteuses, acquièrent dans les
partis démocratiques belges une autorité préoccupante: pour preuve,
les principales organisations politiques du plat pays ont peu a peu
capitulé en rase campagne sur la question morale de la reconnaissance
du génocide arménien. Et c'est loin d'être anecdotique.
Car le panturquisme est la doctrine ultra-nationaliste qui a
conduit a l'extermination planifiée de la minorité arménienne
(et des autres minorités chrétiennes) de l'Empire ottoman en
1915. Ce nationalisme forcené se pare depuis des décennies d'un
négationnisme non moins virulent, visant a contrer toutes les
reconnaissances internationales du génocide arménien. Que ce
soit en Turquie ou au sein de l'immigration turque, le nationalisme
est encore de nos jours le principal moteur d'une société hélas
majoritairement éduquée dans la haine de l'autre (Arménien, juif,
et Kurde principalement) et dans la paranoïa du complot mondial
contre la Turquie. L'antisémitisme trouve tout naturellement sa
place dans le champ de ces replis communautaires inquiétants.
La diffusion de l'idéologie panturque et la présence en Belgique
de l'extrême droite turque ne datent pas d'hier. En témoigne cet
article paru dans le périodique progressiste turc Info Turk en mai
1979 qui dénonce en pages 6 a 9 l'implantation des Loups Gris et
la création en avril 1978, du groupe fasciste Buyuk Ulku Dernegi
(Association du grand idéal) a Bruxelles.
Mais l'entrisme de l'extrême-droite turque dans les partis dits
démocratiques est un phénomène plus récent -très exactement depuis
que le droit de vote a été accordé aux citoyens non européens en
2004- et pose problème.
La dérive électoraliste des partis traditionnels
Disons les choses clairement: est-il normal que les responsables
politiques belges se montrent plus conciliants envers l'extrême-droite
allochtone [1] qu'ils ne le sont envers l'extrême-droite européenne?
C'est pourtant ce qui se passe. Les milieux politiques se doivent
d'affronter cette contradiction au plus vite car leur passivité
encourage certains milieux a faire des amalgames malsains. Surfant
sur ce créneau qu'ils estiment porteur, les populistes ont beau
jeu de dénoncer l'implication dans la vie politique de toutes les
personnalités issues de l'immigration et -ce faisant- de laisser
libre cours a leurs penchants xénophobes pour exacerber les tensions.
Autre danger: la dérive électoraliste des partis traditionnels
marginalise les jeunes (et moins jeunes) progressistes issus de
la communauté turque. Minoritaires, ceux-ci aimeraient pourtant
pouvoir afficher au grand-jour leur position humaniste reconnaissant
le génocide arménien et condamnant le négationnisme de l'Etat
turc. Mais le crédit accordé, aussi bien par le PS que par la droite
ou le centre, a des personnalités de l'extrême-droite turque,
est une atteinte a leur sécurité et étouffe dans l'Å"uf toute
possibilité d'éclosion d'une société civile turque libérée des
fantômes du passé.
Les rares acteurs d'une parole turque délivrée du tabou du génocide
arménien sont contraints de faire profil bas: désignés a la vindicte
populaire comme "traîtres" a la nation turque, ils sont menacés de
mort et préfèrent se mettre en retrait pour protéger leurs proches.
Seul Dogan Ozguden, rédacteur en chef d'Info-Turk, résiste encore.
Pour sa part, Mehmet Koksal, journaliste turco-belge qui animait
l'excellent blog Humeur allochtone, a dÃ" jeter l'éponge en octobre
2007. Il avait été violemment tabassé lors des émeutes organisées
peu avant par l'extrême-droite turque contre les Kurdes et les
Arméniens de Bruxelles. Koksal dénoncait également les alliances
des partis belges avec les représentants -pourtant infréquentables-
de sa communauté d'origine: inutile de préciser que l'arrêt de
ses tribunes incendiaires soulagea le landernau bruxellois qui peut,
depuis, fouler aux pieds les valeurs européennes sans craindre
d'anathème.
Si l'on n'y prend garde, le "laboratoire" belge, avec la manipulation
électoraliste d'un vote communautaire ethnocentré et crispé,
préfigure ce qui se passera en France.
Les jalons sont déja posés si l'on s'en réfère a certains exemples
récents parmi lesquels la problématique intervention du candidat PS
Jack Lang, a Saint-Dié lors des législatives de juin 2012, ou encore
la proximité avec le mouvement extrémiste des Loups Gris, affichée
sans complexes par Fadime (Ersan) Erdugrul-Tastan, adjointe MoDem au
maire d'Hérouville (Normandie) le 9 décembre 2011 a Nantes [2].
Pour que la politique ait encore du sens, il serait temps de revoir
ses principes fondateurs.
____________________
[1] Le terme "allochtone" a remplacé en Belgique l'appellation
"issu de l'immigration" jugée discriminatoire; mais depuis peu,
"allochtone" serait également considéré comme stigmatisant.
[2] Voir les photos de Fadime (Ersan) Erdugrul-Tastan publiées dans
un dossier en téléchargement ICI.
Si ce dossier, annoncé comme émanant de la DCRI, n'a pas été
authentifié, il n'en reste pas moins que les photos en page 7
représentent bien l'élue concernée.
Liste complète des candidats pour les élections locales belges 2012.
Belgique: quand l'extrême-droite turque s'invite aux élections
**************************
Mise au point publiée par Séta Papazian le lundi 15 octobre 2012
sur le Huffington Post
Cet article donnant lieu a certains malentendus, je tiens a faire
ici une mise au point.
Le sujet que j'aborde est suffisamment complexe pour que l'on ne fasse
pas d'amalgame. Je traite ici du panturquisme, idéologie nationaliste
turque (et azerbaïdjanaise), doctrine raciste qui - a ce jour - n'a
fait aucun émule chez les autres communautés d'origine étrangère,
en Belgique ou en France.
Mon propos n'est pas d'agiter le spectre du Â" vote des étrangers
Â" et surtout pas de donner du grain a moudre aux amis du FN : ces
derniers se refusent a accepter une Europe multiculturelle qui existe
pourtant déja. Pour ma part, je pense que Â" le combat universel de
la reconnaissance d'un génocide est antinomique avec les discours qui
stigmatisent Â" l'étranger Â". Car c'est justement cette détestation
de la différence qui a permis les génocides arménien, juif et
tutsi. Â" (voir Idée N°53 : Pas une voix arménienne pour le FN !)
L'article que je signe ici tend surtout, et avant tout, a souligner
l'attitude ambiguÃ" des partis politiques démocratiques qui
n'hésitent pas a brader leurs valeurs pour conquérir quelques voix
: ils donnent ainsi prise au message porté par l'extrême-droite
européenne.
Pour ceux qui auraient mal lu (et mal compris) cette phrase
Â" l'entrisme de l'extrême-droite turque dans les partis dits
démocratiques est un phénomène plus récent -très exactement depuis
que le droit de vote a été accordé aux citoyens non européens en
2004- et pose problème. Â" : je tiens a préciser que c'est l'entrisme
de l'extrême-droite turque dans les partis dits démocratiques qui
pose problème. La ponctuation, ca compte.
La mise au point de Tractothèque apporte d'ailleurs un éclairage
intéressant pour les trop nombreux lecteurs qui voudraient utiliser
cet article afin d'argumenter contre le droit de vote aux Â" étrangers
Â" : Â" Le nombre d'électeurs étrangers, UE et non-UE, n'est pas
significatif en proportion des électeurs belges d'origine marocaine,
turque ou congolaise. Â" Merci également a Tractothèque pour ses
corrections pertinentes.
La commentatrice Incant s'interroge sur mes motivations et estime
que seule :Â" la communauté turque a le droit de l'ouvrir si elle
le souhaite et a le droit de porter plainte contre les extrémistes
Â". La réponse se trouve dans mon texte : Â" Les rares acteurs
d'une parole turque délivrée du tabou du génocide arménien sont
contraints de faire profil bas: désignés a la vindicte populaire
comme "traîtres" a la nation turque, ils sont menacés de mort. Â"
Voir la suite de l'explication dans mon article qui, je le précise,
a justement été repris par les rares acteurs turcs libres (Belgique:
quand l'extrême-droite turque s'invite aux élections).
J'estime normal de pointer du doigt la contradiction qu'il y a
a accepter dans les partis traditionnels - et spécialement au
PS qui se devrait d'être a la pointe du combat contre les idées
d'extrême-droite - des candidats dont le positionnement réel est
plus proche d'idéaux ultranationalistes sectaires que de celui du Â"
Vivre ensemble Â".
Je précise, qu'au sein des partis politiques, c'est le fantasme d'un
vote communautaire qui est a l'origine d'une complaisance envers
des candidats qui n'auraient - s'ils n'étaient supposés ramener
des voix - nulle raison de se retrouver sur des listes dont ils ne
partagent aucune des valeurs. Les partis belges - de droite, du centre,
ou de gauche - agissent a l'encontre des idéaux qu'ils prétendent
défendre : leur acceptation tacite d'un nationalisme préoccupant
(panturc) encourage Â" les populistes a dénoncer l'implication dans
la vie politique de toutes les personnalités issues de l'immigration
et -ce faisant- de laisser libre cours a leurs penchants xénophobes
pour exacerber les tensions. Â"
Le panturquisme n'est pas une doctrine anodine : il a permis
l'extermination (le point culminant étant le génocide de 1915)
des populations arménienne, grecque, assyro-chaldéenne-syriaque,
présentes depuis l'antiquité sur des territoires occupés et
colonisés par la Turquie actuelle.
Le Collectif VAN, que je représente, prend la défense des Turcs et
Kurdes, victimes de la dictature kémaliste ou islamo-fasciste des
gouvernements turcs successifs. 7000 opposants politiques attendent
le printemps turc en prison sans que cela ne gêne la très grande
majorité des associations turques d'Europe.
La défense des démocrates turcs, tout comme la mémoire des Turcs
qui ont sauvé des Arméniens en 1915, sont de fait portées par la
diaspora arménienne qu'elliot147 fustige dans son commentaire.
Incant, quant a elle, nous suggère de porter plainte. Contre quoi et
contre qui ? Contre les partis politiques belges qui intègrent ces
candidats dans leurs listes ? Contre le double discours des candidats
? Les lois pénalisant le négationnisme du génocide arménien n'ont
été validées ni en Belgique ni en France.
Concernant les agissements de certains personnages, je voulais signaler
des informations supplémentaires disponibles ici : Â" Elections en
Belgique : Schaerbeek, capitale du négationnisme ? Â"
Je dénonce le racisme, l'antisémitisme, l'ultranationalisme, la
xénophobie, le négationnisme, et défends tous ceux qui sont victimes
de ces atteintes a leur dignité. Les idées de l'extrême-droite,
qu'elle soit européenne (telle les néo-nazis d'Aube dorée en
Grèce), ou issue de l'immigration, sont incompatibles avec mon
combat. Et je n'attendrais pas que les idéaux fascistes gagnent du
terrain pour les dénoncer (réponse a Incant).
Bien que le conflit israélo-palestinien et son impact sur les
communautés issues de l'immigration maghrébine ne soient pas au
cÅ"ur de cet article, je mentionne les accusations de Â" sionisme
Â" publiées sur un tract en langue turque, pour m'inquiéter d'un
antisémitisme hélas récurrent dans de nombreux milieux de Turquie,
comme le pointait notre article Â" Les liaisons dangereuses de nos
universités Â" (Les liaisons dangereuses de nos universités ). Un
antisémitisme qui s'y exprime sans complexe, tout comme la haine
des Â" bâtards Â" arméniens.
Quant a elliot147, Super utilisateur du HuffPost, j'aimerais qu'il
m'indique de quels historiens il parle quand il affirme Â" Même les
historiens ne sont pas d'accord sur la qualification de ces massacres
de civils qui eurent aussi leur pendant côté arménien. Â" Il ne
suffit pas d'énoncer une énormité pour qu'elle devienne réalité.
Pour que cesse ce qu'il estime être une Â" posture victimaire
qu'aiment a adopter certains éléments de la diaspora arménienne
Â", il suffit a elliot147 d'Å"uvrer pour démasquer un négationnisme
presque centenaire et toujours aussi insupportable pour les descendants
des victimes et les citoyens qui ont a cÅ"ur de défendre les valeurs
universelles de défense des droits de l'homme.
Les Arméniens "n'aiment" pas être des victimes, pas plus qu'ils
n'ont "aimé" être exterminés. C'est juste un fait. A partir du
moment où l'on reconnaît le statut de victime a une personne qui a
été violée ou tuée, ou qui a vu tous ses biens volés et spoliés,
il semble logique de reconnaître que les 1 500 000 personnes qui ont
subi ce sort peu enviable, ainsi que les descendants des rescapés,
sont des victimes de l'Etat turc. D'autant plus que, depuis 1915,
la Turquie perpétue ce crime par sa négation.
La Â" posture victimaire Â" semble par contre bien correspondre
a elliot147 : il a sans doute dÃ" souffrir de la présence dans
sa ville de Â" candidats d'origine arménienne Â". Il semble se
sentir agressé par des Â" thèses arméniennes Â" imposées dans
les liens de l'article. Or, hormis un seul lien menant a un article
du Collectif VAN (concernant Jack Lang), tous les autres mènent a
des sources indépendantes : La Libre Belgique, Le Soir, Alliance
Géo-Stratégique (lien rajouté par le Huffington Post), le site
turc Info Turk (2 occurrences), le site Elsene.be, le blog Humeur
allochtone du journaliste turco-belge Mehmet Koksal (2 occurrences)
et le site Calameo (partage de documents).
En fait, le but d'elliot147 n'est pas de convaincre mais de semer
le doute. Vu la rhétorique qu'il utilise, et qui semble extraite
des sites négationnistes panturcs (Â" Appelez cela génocide s'il
vous chante Â", Â" les thèses arméniennes Â"), peut-être faut-il
en déduire qu'elliot147 se range du côté de l'Etat négationniste
turc ? En minimisant les faits, en mettant sur un même plan victimes
et assassins, tous coupables de massacres mutuels, il se pose (en
toute innocence ?) en défenseur d'un Talaat Pacha, le Â" Hitler Â"
turc a l'origine de l'extermination d'un million et demi d'Arméniens,
sur les quelque deux millions que comptait l'Empire ottoman Le grand
ordonnateur : Talaat Pacha
C'est son choix. Vous aurez compris que ce n'est pas le mien.
Merci de votre intérêt.
Séta Papazian
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Source/Lien : Le Huffington Post