REVUE DE PRESSE
Des os dans le caviar
Il (ou elle) était bien peinard à dormir d'un éternel sommeil en
bordure de Charente, du côté de Bourg-Charente. Enfoui sous une
épaisse couche de terre depuis près de deux mille ans, il ne demandait
qu'une chose. Qu'on le laisse en paix.
Et voilà t'y pas que des Arméniens fortunés et avides d'en gagner
encore un peu plus se sont mis dans la tête d'installer pile-poil sur
le site de sa sépulture, en pleine campagne, au lieu dit Les
Étangs-de-Monsieur-de-Jarnac, une pisciculture. Pas n'importe laquelle
: elle accueillera les esturgeons qu'on estourbit - du moins pour les
femelles -, à un certain moment de leur vie, pour en récupérer les
`ufs. Avec lesquels on fabrique un aliment très branchouille coûtant
les yeux de la tête : le caviar.
La facture gonfle Aussitôt connu le projet de cet élevage de poissons,
ont débuté des sondages destinés à voir si le sous-sol ne cachait pas
des trésors archéologiques. Les concepteurs du projet croisaient les
doigts pour qu'il n'en soit rien ; ils ont été déçus.
Au contraire, les spécialistes ont vite compris que le secteur avait
été fort fréquenté au fil des siècles... Et c'est ainsi qu'ont
commencé fin juillet, sur 2 hectares, des fouilles sérieuses devant se
poursuivre jusqu'en novembre. Les découvertes ont été considérées
comme suffisamment exceptionnelles pour qu'il soit décidé de les
présenter à une foule de personnalités, hier matin. La préfète, le
sous-préfet de Cognac, le président du Conseil général, une armada
d'élus et de fonctionnaires avaient donc rendez-vous quasiment aux
aurores avec Jean Mardikian, le représentant charentais des
investisseurs poissonniers, pour une vaste séance de patinage dans la
gadoue.
Ce qu'on leur a expliqué et montré est tout simplement passionnant
puisque, sur 2 hectares, les archéologues ont retrouvé la trace de
l'homme - et nombre de sépultures -, sur trois périodes. Le
paléolithique (ici, 9 000 ans avant notre ère), l'antique (les quatre
premiers siècles de notre ère) et le Moyen ge, sur deux sites, dont
un espace funéraire du XIe siècle, une datation effectuée au carbone
14.
À noter que sur cet ancien lit de la Charente comblé par des sédiments
et des dépôts de versant, les traces du temps et de la vie
d'avant-avant-hier ont été très bien conservées, scellées,
fossilisées. Ne serait-ce que l'ensemble des btiments antiques qui
n'ont pas encore livré tous leurs secrets, mais peuvent laisser penser
avoir eu une vocation viticole.
Autant de détails auxquels Jean Mardikian s'intéresse, certes, tout en
regardant, effaré, gonfler la facture qui est pour ses pieds. Le
chiffre de 700 000 euros a été cité hier matin. Pas par lui, mais par
quelqu'un connaissant fort bien le dossier. On comprend donc que le
seul véritable souci de M. Mardikian concerne la mise en eau des
bassins en 2014, avant de goûter les premiers grains de caviar trois
ans plus tard.
http://www.sudouest.fr/2012/10/19/des-os-dans-le-caviar-853958-813.php
dimanche 21 octobre 2012,
Stéphane ©armenews.com
Des os dans le caviar
Il (ou elle) était bien peinard à dormir d'un éternel sommeil en
bordure de Charente, du côté de Bourg-Charente. Enfoui sous une
épaisse couche de terre depuis près de deux mille ans, il ne demandait
qu'une chose. Qu'on le laisse en paix.
Et voilà t'y pas que des Arméniens fortunés et avides d'en gagner
encore un peu plus se sont mis dans la tête d'installer pile-poil sur
le site de sa sépulture, en pleine campagne, au lieu dit Les
Étangs-de-Monsieur-de-Jarnac, une pisciculture. Pas n'importe laquelle
: elle accueillera les esturgeons qu'on estourbit - du moins pour les
femelles -, à un certain moment de leur vie, pour en récupérer les
`ufs. Avec lesquels on fabrique un aliment très branchouille coûtant
les yeux de la tête : le caviar.
La facture gonfle Aussitôt connu le projet de cet élevage de poissons,
ont débuté des sondages destinés à voir si le sous-sol ne cachait pas
des trésors archéologiques. Les concepteurs du projet croisaient les
doigts pour qu'il n'en soit rien ; ils ont été déçus.
Au contraire, les spécialistes ont vite compris que le secteur avait
été fort fréquenté au fil des siècles... Et c'est ainsi qu'ont
commencé fin juillet, sur 2 hectares, des fouilles sérieuses devant se
poursuivre jusqu'en novembre. Les découvertes ont été considérées
comme suffisamment exceptionnelles pour qu'il soit décidé de les
présenter à une foule de personnalités, hier matin. La préfète, le
sous-préfet de Cognac, le président du Conseil général, une armada
d'élus et de fonctionnaires avaient donc rendez-vous quasiment aux
aurores avec Jean Mardikian, le représentant charentais des
investisseurs poissonniers, pour une vaste séance de patinage dans la
gadoue.
Ce qu'on leur a expliqué et montré est tout simplement passionnant
puisque, sur 2 hectares, les archéologues ont retrouvé la trace de
l'homme - et nombre de sépultures -, sur trois périodes. Le
paléolithique (ici, 9 000 ans avant notre ère), l'antique (les quatre
premiers siècles de notre ère) et le Moyen ge, sur deux sites, dont
un espace funéraire du XIe siècle, une datation effectuée au carbone
14.
À noter que sur cet ancien lit de la Charente comblé par des sédiments
et des dépôts de versant, les traces du temps et de la vie
d'avant-avant-hier ont été très bien conservées, scellées,
fossilisées. Ne serait-ce que l'ensemble des btiments antiques qui
n'ont pas encore livré tous leurs secrets, mais peuvent laisser penser
avoir eu une vocation viticole.
Autant de détails auxquels Jean Mardikian s'intéresse, certes, tout en
regardant, effaré, gonfler la facture qui est pour ses pieds. Le
chiffre de 700 000 euros a été cité hier matin. Pas par lui, mais par
quelqu'un connaissant fort bien le dossier. On comprend donc que le
seul véritable souci de M. Mardikian concerne la mise en eau des
bassins en 2014, avant de goûter les premiers grains de caviar trois
ans plus tard.
http://www.sudouest.fr/2012/10/19/des-os-dans-le-caviar-853958-813.php
dimanche 21 octobre 2012,
Stéphane ©armenews.com