JEUNES TURCS ET PROMOTION DE LA TURQUIE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68278
Publie le : 23-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "Le programme Jeune
Turquie/Jeune Amerique organise par le Departement d'Etat americain,
est l'une des activites a laquelle les USA accordent le plus
d'attention" annonce Mehmet Fatih Oztarsu, analyste au Center for
International Strategy and Security Studies. Il encourage la jeunesse
turque a se former auprès des Americains afin de mieux promouvoir les
interets (qu'il appelle " sensibilites ") de la Turquie sur la scène
internationale. Quoique " soft ", son analyse des sujets epineux
(occupation de Chypre, genocide armenien, relations avec Israël,
problème avec les Kurdes) n'a pas grand-chose a envier au discours
officiel. Il s'agit pour lui de determiner, avant 2015, centenaire du
genocide des chretiens de l'Empire ottoman, ce qu'il s'est " reellement
passe " et de mettre sur le meme plan cette extermination, et les
attentats de l'ASALA (qu'il sait etre dus au negationnisme obstine
de la Turquie), comme si les consequences pouvaient effacer les causes.
Autre classique : s'offusquer du blocus israelien de Gaza, mais
trouver normal le blocus turc de l'Armenie, ainsi que l'occupation
de Chypre. Trouver anormal qu'Israël refuse de faire des excuses
officielles pour l'arraisonnement du Mari Marmara (9 morts), mais
parfaitement normal que la Turquie ne fasse pas d'excuses pour
l'aneantissement programme des Armeniens, Grecs, Assyriens, Chaldeens
et Syriaques (plus de 2 millions de morts). Enfin, il n'y a pas un
mot de ce que l'Etat turc fait subir depuis des decennies aux Kurdes
en territoire turc, qui pourrait pourtant expliquer que ceux d'Irak se
soient constitues en une region autonome. Mais, selon l'auteur, appeler
cette region " Kurdistan " fait fi des " sensibilites " turques.
Avec beaucoup de " sensibilite ", l'analyste - qui en fait compte
sur les jeunes Turcs pour faire comme lui sur le plan international
- ignore systematiquement la " sensibilite " des peuples non turcs
auxquels la Turquie n'a su faire qu'une seule chose jusqu'ici : du
tort. Il faut reconnaître qu'elle y est bien aidee depuis le traite de
Lausanne par les puissances occidentales, au premier rang desquelles
se trouvent justement les Etats-Unis. Enfin, il est difficile de ne
pas faire, ne serait-ce que par le titre de son article, de lien
avec les ~DJeunes-Turcs" aux commandes de l'Empire ottoman durant
le genocide armenien de 1915... Le Collectif VAN vous propose la
traduction d'un article en anglais paru sur le site turc Today's
Zaman le 8 octobre 2012
Photo: AA
Programme Jeune Turquie/Jeune Amerique
Today's Zaman
De jeunes Turcs qui comprennent et promeuvent correctement la Turquie
De Mehmet Fatih Oztarsu*
8 octobre 2012
Nous pouvons envisager que la politique americaine au Moyen-Orient
va se diversifier dans cette nouvelle periode, grâce aux pays allies
strategiques, qui incluent la Turquie et Israël.
Les priorites des USA, qui ont fait un effort pour rectifier les
relations bilaterales entre ces deux pays du Moyen-Orient, incluent
la normalisation des relations entre la Turquie et Israël. C'est
pourquoi Washington cherche a faire des progrès en s'appuyant sur
des methodes differentes.
L'administration Obama, qui a montre de l'interet pour la Turquie, a
developpe une serie de programmes afin de former de futurs dirigeants
et de les doter de considerations politiques reelles. Le programme
Jeune Turquie/Jeune Amerique organise par le Departement d'Etat
americain, qui a ete introduit recemment et a lieu chaque annee,
et dont le nombre de participants varie, est l'une des activites
a laquelle les USA accordent le plus d'attention. Pendant le
programme, coordonne aux USA et en Turquie respectivement par le
Conseil Atlantique et le Centre de Politique d'Istanbul, nous, les
participants, avons discute et analyse les affaires interieures
et internationales des USA, leur approche du monde, y compris le
Moyen-Orient et leurs relations avec la Turquie. Je dirais que cette
politique et le programme de leadership nous permettent de mieux
comprendre les relations turco-americaines et nous aident a analyser
leurs politiques concernant d'autres pays et regions.
Je dois admettre que les groupes de reflexion et les organisations de
societe civiles aux USA sont assez actifs ; ils connaissent d'autres
pays comme s'ils etaient les leurs. Bien sûr, il serait naïf de les
comparer avec ceux de Turquie, mais je remarque que nous n'avons pas
un nombre suffisant d'experts sur les regions dont nous affirmons
etre responsables. Nous avons besoin de davantage d'experts en
histoire recente, qui ont analyse le processus de democratisation
en Turquie sous des angles differents, d'analystes qui debattent en
detail de la transformation dans la region après le regime sovietique
et le règne du parti Baas et de stratèges qui evaluent comment la
Turquie devrait utiliser le potentiel energetique de la mer Noire
et l'Irak. La Turquie a un long chemin a parcourir, car ce sont des
questions sensibles qui concernent la Turquie de très près.
Cependant, les USA devraient aussi imiter la vision turque a certains
egards. Par exemple, cela inclut de prendre conscience des sensibilites
des nations de la region qu'elle domine depuis des siècles, comprendre
les differents groupes ethniques et religieux et avoir la conviction
que meme de petites mesures politiques peuvent radicalement changer les
affaires regionales. Cependant, pour ce faire, la Turquie doit mieux
s'exprimer et preciser ses buts. Nous pourrions evaluer la vision des
deux côtes en nous concentrant sur des questions actuelles. Cependant,
la raison la plus importante qui fait que le versant turc de la
discussion est incomplet, vient de la desinformation sur les strategies
regionales et l'incapacite de la Turquie a exprimer ses objectifs et
ses considerations sur de tels cas de desinformation.
Nous pourrions donner des exemples en regardant le côte americain,
car les idees et les approches des experts, des analystes militaires
et des universitaires avec qui j'ai parle pendant le programme,
constituent la vision americaine globale.
Les relations avec Israël : les USA se sont concentres sur
la normalisation des relations entre la Turquie et Israël et
l'etablissement de relations strategiques fortes. Cette question
est un problème qui rend toute la region instable pour les USA. Les
problèmes actuels en Egypte, au Liban, en Syrie et meme a Chypre
sont analyses selon cette perspective. L'insistance israelienne a
ne pas presenter d'excuses officielles et a ne pas lever l'embargo
et le blocus contre la Palestine, est une autre source de crise,
car les USA sont incapables de convaincre Israël sur ce point. Le
contre-argument suggère que la Turquie soutient le Hamas et fait de
la question des terroristes palestiniens une cause nationale. Aucun
progrès n'a ete accompli a ce jour, parce que le lobby juif aux USA est
aussi d'accord sur ce point. Ils estiment que la Turquie doit prendre
des mesures constructives, car Israël est le seul pays qui comprendrait
la Turquie dans l'arène internationale, en ce qui concerne des sujets
epineux tels que la question armenienne, le problème du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) et la question de Chypre. Bien sûr,
ceci serait possible uniquement en cas de comprehension mutuelle.
La question syrienne : les experts americains estiment que la Turquie
a fait des sacrifices sur la question syrienne, car aucun autre pays
n'aurait accepte des milliers de refugies syriens. Cependant, la
Turquie a besoin du soutien americain face a la partition potentielle,
les activites des services de renseignement syriens dans le sud-est et
l'influence croissante du PKK dans la region. Le modèle libyen ne peut
pas etre applique dans ce cas ; de plus, une interference militaire
aurait de graves repercussions. C'est pourquoi il est souligne
que la Turquie ne devrait pas agir unilateralement. Toutefois,
malheureusement, aucune reference n'est faite aux problèmes que
rencontre la Turquie en raison de la situation qui s'exacerbe et
de l'instabilite croissante chez son voisin du sud. Il est evident
que les USA compteront sur des plans a long terme pour traiter cette
question, tandis que l'on s'attend a ce que la Turquie fasse davantage
de sacrifices.
La question armenienne : la question armenienne est coincee entre
deux dates symboliques : 1915 et 2015. Il est note que les historiens
doivent debattre de la question en se concentrant sur ce qui s'est
reellement passe en 1915. Cependant, personne ne dit qui ouvrirait
les archives et qui travaille contre la Turquie aux USA. De plus,
personne n'evoque les attaques de l'Armee secrète armenienne de
liberation de l'Armenie (ASALA). En ce qui concerne 2015, il est
rappele que la Turquie doit rester prudente et prendre quelques mesures
constructives. Cependant, il n'y a aucune reference a la situation
actuelle, dans laquelle le groupe de Minsk, mene par les Etats-Unis,
n'a plus d'influence sur la question du Haut-Karabagh que la Turquie
presente comme une condition prealable a la normalisation entre
la Turquie et l'Armenie. Il semble qu'en ce qui concerne le lobby
armenien, les USA n'empechent aucune activite de lobbying nuisible
aux interets turcs, parce qu'il ne semble pas approprie de faire
quelque chose pour empecher leurs activites, car ils s'appuient sur
leurs droits democratiques pour influencer le Congrès. L'opposition
que les groupes de pression grecs et armeniens ont organisee contre
les initiatives des entrepreneurs turcs voulant investir dans les
regions principalement amerindiennes aux USA a ete largement debattue
cette annee. Les declarations que ces groupes de pression ont faites
contre ces initiatives indiquent que la Turquie doit etre empechee de
faire des investissements dans ces regions, parce que c'est un pays
qui a commis un genocide contre les Armeniens, a occupe Chypre et a
accorde son soutien au Hamas.
Le discours sur le Kurdistan : sans nul doute, il y a beaucoup
d'experts aux USA qui connaissent bien la politique irakienne. De
plus, le nombre d'analystes se concentrant sur l'Irak, la Syrie
et l'Iran a augmente. Ces analystes acquièrent de l'experience et
de l'expertise en effectuant des recherches sur le terrain et des
enquetes sur place. C'est pourquoi ils peuvent faire des analyses
solides. Cependant, une chose est negligee. La reference a une region
appelee Kurdistan soulève des doutes et des preoccupations dans
quelques cercles, y compris la Turquie. Les experts notant que ce nom
est seulement lie a la geographie, n'apprehendent pas les sensibilites
de la Turquie et d'autres pays dans la region. C'est aussi une realite
que l'evolution de l'Irak du nord, devenue Kurdistan, est basee sur
des developpements geopolitiques. L'ajout d'un autre element dans la
liste des nations souveraines au Moyen-Orient peut etre acceptable.
Cependant, l'analyse des frontières et des aires de domination basee
sur des approches datant de la Première Guerre mondiale, peut mener
a de serieux problèmes. Nous assistons a la meme chose aujourd'hui.
La question de Chypre : la question de Chypre n'est pas juste un
problème entre la Turquie et Chypre ; tant Israël que l'Armenie
l'utilisent maintenant comme un contre-argument. Et surtout, la
reference a l'operation militaire de 1974 en tant qu'occupation est
due au manque d'informations adequates et appropriees sur le sujet.
Outre les problèmes sur l'île et les resolutions et decisions de
l'ONU se referant a la necessite d'une intervention, il n'y a aucune
reference a celui qui a promu l'unification de l'île a ce jour. Israël
laisse entendre qu'il ignorerait la question et etendrait meme son
soutien a la Turquie dans l'arène internationale dans le cas d'une
normalisation des liens bilateraux. D'autre part, l'Armenie suggère que
la Turquie doit resoudre son problème avec Chypre avant de s'occuper
de celui du Haut-Karabagh. Les USA ont fait des erreurs a cet egard,
mais plus important encore, la Turquie a ete incapable de donner
sa position jusqu'a present. La Turquie n'a pas pu expliquer ses
sensibilites en ce qui concerne la question de Chypre.
Ces questions sont des problèmes majeurs etroitement lies aux
politiques regionales et mondiales de la Turquie, aussi bien qu'a sa
position dans l'arène internationale. La Turquie doit devenir plus
active et former des experts pour faire des progrès sur ces questions
epineuses. J'espère que les jeunes gens turcs comprendront comment la
Turquie est vue aux USA et comment d'autres pays traitent et voient ses
politiques via des programmes tels que Jeune Turquie/Jeune Amerique,
car la vraie question est de nous adresser correctement au monde et
de mieux comprendre les affaires mondiales. Le monde ne peut pas etre
bien apprecie et reconnu si nous restons immobiles et inebranlables.
*Mehmet Fatih Oztarsu est analyste au Center for International Strategy
and Security Studies.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 12 octobre
2012 - 07:00 - www.collectifvan.org
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Source/Lien : Today's Zaman
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68278
Publie le : 23-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "Le programme Jeune
Turquie/Jeune Amerique organise par le Departement d'Etat americain,
est l'une des activites a laquelle les USA accordent le plus
d'attention" annonce Mehmet Fatih Oztarsu, analyste au Center for
International Strategy and Security Studies. Il encourage la jeunesse
turque a se former auprès des Americains afin de mieux promouvoir les
interets (qu'il appelle " sensibilites ") de la Turquie sur la scène
internationale. Quoique " soft ", son analyse des sujets epineux
(occupation de Chypre, genocide armenien, relations avec Israël,
problème avec les Kurdes) n'a pas grand-chose a envier au discours
officiel. Il s'agit pour lui de determiner, avant 2015, centenaire du
genocide des chretiens de l'Empire ottoman, ce qu'il s'est " reellement
passe " et de mettre sur le meme plan cette extermination, et les
attentats de l'ASALA (qu'il sait etre dus au negationnisme obstine
de la Turquie), comme si les consequences pouvaient effacer les causes.
Autre classique : s'offusquer du blocus israelien de Gaza, mais
trouver normal le blocus turc de l'Armenie, ainsi que l'occupation
de Chypre. Trouver anormal qu'Israël refuse de faire des excuses
officielles pour l'arraisonnement du Mari Marmara (9 morts), mais
parfaitement normal que la Turquie ne fasse pas d'excuses pour
l'aneantissement programme des Armeniens, Grecs, Assyriens, Chaldeens
et Syriaques (plus de 2 millions de morts). Enfin, il n'y a pas un
mot de ce que l'Etat turc fait subir depuis des decennies aux Kurdes
en territoire turc, qui pourrait pourtant expliquer que ceux d'Irak se
soient constitues en une region autonome. Mais, selon l'auteur, appeler
cette region " Kurdistan " fait fi des " sensibilites " turques.
Avec beaucoup de " sensibilite ", l'analyste - qui en fait compte
sur les jeunes Turcs pour faire comme lui sur le plan international
- ignore systematiquement la " sensibilite " des peuples non turcs
auxquels la Turquie n'a su faire qu'une seule chose jusqu'ici : du
tort. Il faut reconnaître qu'elle y est bien aidee depuis le traite de
Lausanne par les puissances occidentales, au premier rang desquelles
se trouvent justement les Etats-Unis. Enfin, il est difficile de ne
pas faire, ne serait-ce que par le titre de son article, de lien
avec les ~DJeunes-Turcs" aux commandes de l'Empire ottoman durant
le genocide armenien de 1915... Le Collectif VAN vous propose la
traduction d'un article en anglais paru sur le site turc Today's
Zaman le 8 octobre 2012
Photo: AA
Programme Jeune Turquie/Jeune Amerique
Today's Zaman
De jeunes Turcs qui comprennent et promeuvent correctement la Turquie
De Mehmet Fatih Oztarsu*
8 octobre 2012
Nous pouvons envisager que la politique americaine au Moyen-Orient
va se diversifier dans cette nouvelle periode, grâce aux pays allies
strategiques, qui incluent la Turquie et Israël.
Les priorites des USA, qui ont fait un effort pour rectifier les
relations bilaterales entre ces deux pays du Moyen-Orient, incluent
la normalisation des relations entre la Turquie et Israël. C'est
pourquoi Washington cherche a faire des progrès en s'appuyant sur
des methodes differentes.
L'administration Obama, qui a montre de l'interet pour la Turquie, a
developpe une serie de programmes afin de former de futurs dirigeants
et de les doter de considerations politiques reelles. Le programme
Jeune Turquie/Jeune Amerique organise par le Departement d'Etat
americain, qui a ete introduit recemment et a lieu chaque annee,
et dont le nombre de participants varie, est l'une des activites
a laquelle les USA accordent le plus d'attention. Pendant le
programme, coordonne aux USA et en Turquie respectivement par le
Conseil Atlantique et le Centre de Politique d'Istanbul, nous, les
participants, avons discute et analyse les affaires interieures
et internationales des USA, leur approche du monde, y compris le
Moyen-Orient et leurs relations avec la Turquie. Je dirais que cette
politique et le programme de leadership nous permettent de mieux
comprendre les relations turco-americaines et nous aident a analyser
leurs politiques concernant d'autres pays et regions.
Je dois admettre que les groupes de reflexion et les organisations de
societe civiles aux USA sont assez actifs ; ils connaissent d'autres
pays comme s'ils etaient les leurs. Bien sûr, il serait naïf de les
comparer avec ceux de Turquie, mais je remarque que nous n'avons pas
un nombre suffisant d'experts sur les regions dont nous affirmons
etre responsables. Nous avons besoin de davantage d'experts en
histoire recente, qui ont analyse le processus de democratisation
en Turquie sous des angles differents, d'analystes qui debattent en
detail de la transformation dans la region après le regime sovietique
et le règne du parti Baas et de stratèges qui evaluent comment la
Turquie devrait utiliser le potentiel energetique de la mer Noire
et l'Irak. La Turquie a un long chemin a parcourir, car ce sont des
questions sensibles qui concernent la Turquie de très près.
Cependant, les USA devraient aussi imiter la vision turque a certains
egards. Par exemple, cela inclut de prendre conscience des sensibilites
des nations de la region qu'elle domine depuis des siècles, comprendre
les differents groupes ethniques et religieux et avoir la conviction
que meme de petites mesures politiques peuvent radicalement changer les
affaires regionales. Cependant, pour ce faire, la Turquie doit mieux
s'exprimer et preciser ses buts. Nous pourrions evaluer la vision des
deux côtes en nous concentrant sur des questions actuelles. Cependant,
la raison la plus importante qui fait que le versant turc de la
discussion est incomplet, vient de la desinformation sur les strategies
regionales et l'incapacite de la Turquie a exprimer ses objectifs et
ses considerations sur de tels cas de desinformation.
Nous pourrions donner des exemples en regardant le côte americain,
car les idees et les approches des experts, des analystes militaires
et des universitaires avec qui j'ai parle pendant le programme,
constituent la vision americaine globale.
Les relations avec Israël : les USA se sont concentres sur
la normalisation des relations entre la Turquie et Israël et
l'etablissement de relations strategiques fortes. Cette question
est un problème qui rend toute la region instable pour les USA. Les
problèmes actuels en Egypte, au Liban, en Syrie et meme a Chypre
sont analyses selon cette perspective. L'insistance israelienne a
ne pas presenter d'excuses officielles et a ne pas lever l'embargo
et le blocus contre la Palestine, est une autre source de crise,
car les USA sont incapables de convaincre Israël sur ce point. Le
contre-argument suggère que la Turquie soutient le Hamas et fait de
la question des terroristes palestiniens une cause nationale. Aucun
progrès n'a ete accompli a ce jour, parce que le lobby juif aux USA est
aussi d'accord sur ce point. Ils estiment que la Turquie doit prendre
des mesures constructives, car Israël est le seul pays qui comprendrait
la Turquie dans l'arène internationale, en ce qui concerne des sujets
epineux tels que la question armenienne, le problème du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) et la question de Chypre. Bien sûr,
ceci serait possible uniquement en cas de comprehension mutuelle.
La question syrienne : les experts americains estiment que la Turquie
a fait des sacrifices sur la question syrienne, car aucun autre pays
n'aurait accepte des milliers de refugies syriens. Cependant, la
Turquie a besoin du soutien americain face a la partition potentielle,
les activites des services de renseignement syriens dans le sud-est et
l'influence croissante du PKK dans la region. Le modèle libyen ne peut
pas etre applique dans ce cas ; de plus, une interference militaire
aurait de graves repercussions. C'est pourquoi il est souligne
que la Turquie ne devrait pas agir unilateralement. Toutefois,
malheureusement, aucune reference n'est faite aux problèmes que
rencontre la Turquie en raison de la situation qui s'exacerbe et
de l'instabilite croissante chez son voisin du sud. Il est evident
que les USA compteront sur des plans a long terme pour traiter cette
question, tandis que l'on s'attend a ce que la Turquie fasse davantage
de sacrifices.
La question armenienne : la question armenienne est coincee entre
deux dates symboliques : 1915 et 2015. Il est note que les historiens
doivent debattre de la question en se concentrant sur ce qui s'est
reellement passe en 1915. Cependant, personne ne dit qui ouvrirait
les archives et qui travaille contre la Turquie aux USA. De plus,
personne n'evoque les attaques de l'Armee secrète armenienne de
liberation de l'Armenie (ASALA). En ce qui concerne 2015, il est
rappele que la Turquie doit rester prudente et prendre quelques mesures
constructives. Cependant, il n'y a aucune reference a la situation
actuelle, dans laquelle le groupe de Minsk, mene par les Etats-Unis,
n'a plus d'influence sur la question du Haut-Karabagh que la Turquie
presente comme une condition prealable a la normalisation entre
la Turquie et l'Armenie. Il semble qu'en ce qui concerne le lobby
armenien, les USA n'empechent aucune activite de lobbying nuisible
aux interets turcs, parce qu'il ne semble pas approprie de faire
quelque chose pour empecher leurs activites, car ils s'appuient sur
leurs droits democratiques pour influencer le Congrès. L'opposition
que les groupes de pression grecs et armeniens ont organisee contre
les initiatives des entrepreneurs turcs voulant investir dans les
regions principalement amerindiennes aux USA a ete largement debattue
cette annee. Les declarations que ces groupes de pression ont faites
contre ces initiatives indiquent que la Turquie doit etre empechee de
faire des investissements dans ces regions, parce que c'est un pays
qui a commis un genocide contre les Armeniens, a occupe Chypre et a
accorde son soutien au Hamas.
Le discours sur le Kurdistan : sans nul doute, il y a beaucoup
d'experts aux USA qui connaissent bien la politique irakienne. De
plus, le nombre d'analystes se concentrant sur l'Irak, la Syrie
et l'Iran a augmente. Ces analystes acquièrent de l'experience et
de l'expertise en effectuant des recherches sur le terrain et des
enquetes sur place. C'est pourquoi ils peuvent faire des analyses
solides. Cependant, une chose est negligee. La reference a une region
appelee Kurdistan soulève des doutes et des preoccupations dans
quelques cercles, y compris la Turquie. Les experts notant que ce nom
est seulement lie a la geographie, n'apprehendent pas les sensibilites
de la Turquie et d'autres pays dans la region. C'est aussi une realite
que l'evolution de l'Irak du nord, devenue Kurdistan, est basee sur
des developpements geopolitiques. L'ajout d'un autre element dans la
liste des nations souveraines au Moyen-Orient peut etre acceptable.
Cependant, l'analyse des frontières et des aires de domination basee
sur des approches datant de la Première Guerre mondiale, peut mener
a de serieux problèmes. Nous assistons a la meme chose aujourd'hui.
La question de Chypre : la question de Chypre n'est pas juste un
problème entre la Turquie et Chypre ; tant Israël que l'Armenie
l'utilisent maintenant comme un contre-argument. Et surtout, la
reference a l'operation militaire de 1974 en tant qu'occupation est
due au manque d'informations adequates et appropriees sur le sujet.
Outre les problèmes sur l'île et les resolutions et decisions de
l'ONU se referant a la necessite d'une intervention, il n'y a aucune
reference a celui qui a promu l'unification de l'île a ce jour. Israël
laisse entendre qu'il ignorerait la question et etendrait meme son
soutien a la Turquie dans l'arène internationale dans le cas d'une
normalisation des liens bilateraux. D'autre part, l'Armenie suggère que
la Turquie doit resoudre son problème avec Chypre avant de s'occuper
de celui du Haut-Karabagh. Les USA ont fait des erreurs a cet egard,
mais plus important encore, la Turquie a ete incapable de donner
sa position jusqu'a present. La Turquie n'a pas pu expliquer ses
sensibilites en ce qui concerne la question de Chypre.
Ces questions sont des problèmes majeurs etroitement lies aux
politiques regionales et mondiales de la Turquie, aussi bien qu'a sa
position dans l'arène internationale. La Turquie doit devenir plus
active et former des experts pour faire des progrès sur ces questions
epineuses. J'espère que les jeunes gens turcs comprendront comment la
Turquie est vue aux USA et comment d'autres pays traitent et voient ses
politiques via des programmes tels que Jeune Turquie/Jeune Amerique,
car la vraie question est de nous adresser correctement au monde et
de mieux comprendre les affaires mondiales. Le monde ne peut pas etre
bien apprecie et reconnu si nous restons immobiles et inebranlables.
*Mehmet Fatih Oztarsu est analyste au Center for International Strategy
and Security Studies.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 12 octobre
2012 - 07:00 - www.collectifvan.org
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