LES ARCHIVES TURQUES MENTIONNENT LE PROJET DE GENOCIDE DU GOUVERNEMENT CENTRAL
Jean Eckian
armenews.com
jeudi 25 octobre 2012
Erevan, 23 octobre , Armenpress : La salle etait pleine où s'etait
reunie l'audience pour ecouter le Professeur Taner Akcam parler
de son livre recent, The Young Turks' Crime against Humanity :
The Armenian Genocide and Ethnic Cleansing in the Ottoman Empire
[Le Crime des Jeunes Turcs contre l'Humanite : Le Genocide des
Armeniens et le Nettoyage Ethnique dans l'Empire Ottoman], a la
John F. Kennedy School of Government d'Harvard, rapporte Armenpress
citant The Armenian-Mirror Spectator. Akcam est le seul chercheur
d'ascendance turque qui preside un departement d'etudes armeniennes
et fait partie d'une poignee d'experts du Genocide armenien cherchant
dans les archives turques. Il a parcouru les archives extensivement
et son dernier livre est une contribution importante au domaine. "
Au risque de paraître immodeste, c'est une première a divers points
de vue ", a dit Akcam a propos du livre, notant qu'il presente des
thèses nouvelles pour expliquer le Genocide. Il a dit qu'il y a deux
questions : que s'est-il passe et pourquoi ? " Sur la première ",
a-t-il dit, " il y a encore beaucoup de chemin a parcourir "Le denier
livre est base sur plus de 600 documents des archives ottomanes.
Il y a deux points de vue qui se contredisent explique-t-il. Les
Armeniens qui suggèrent qu'on ne peut avoir confiance dans les
archives ottomanes parce qu'elles ont ete fabriquees par ceux qui ont
ete au pouvoir, soit sous le règne ottoman ou celui de la Republique
turque, et les Turcs, qui nient le Genocide et suggèrent que seules
les sources ottomanes et turques sont dignes de foi, tandis que tout
materiel armenien ou occidental sur le Genocide est suspect. Avec ce
tout nouveau travail, Akcam dit esperer apporter la preuve que " le
materiel ottoman nous montre la meme chose que les archives allemandes,
americaines et britanniques. Ce sont des elements differents d'une
meme perspective ". " Talaat utilisait sa maison comme un bureau de
poste prive. Il pouvait envoyer des telegrammes depuis sa maison
", a-t-il dit, dans lesquels les politiques genocidaires etaient
directement explicitees. En fait, il a note que dans une entrevue de
1982 publiee seulement en 2010, la veuve de Talaat a revele que le
ministre de l'interieur utilisait le telegraphe installe chez lui,
plus sûr, pour ordonner les deportations des Armeniens. De meme,
Akcam a dit qu'il y a des informations sur le nettoyage ethnique des
Grecs, village par village. Akcam dit qu'il y avait une correlation
directe entre le mouvement des reformes de l'ère ottomane et la mise
en ~\uvre des massacres de masse ; les premières vagues du Genocide
ont commence en 1894, tandis que le gouvernement des reformes a ceda
au pouvoir en 1895. Le gouvernement depecha des observateurs pour
evaluer la population et partout où ces observateurs ont ete envoyes,
a dit Akcam, des massacres se sont produits. Il a survole le contexte
historique, expliquant que la periode qui a precede immediatement la
principale vague du Genocide s'est produit a la fin de la guerre des
Balkans de 1912-1913, pendant lequel l'empire ottoman avait perdu plus
de 80 pourcent de ses territoires europeens, et plus de 70 pourcent
de sa population en Europe. En consequence, des centaines de milliers
de Musulmans emigrèrent d'Europe vers les terres ottomanes et furent
transferees dans la region a majorite chretienne d'Anatolie, patrie
des Armeniens.
Au debut de 1913, a-t-il dit, on se referait a la population
non-musulmane d'Anatolie comme a des " tumeurs " qui devaient etre
enlevees, et donc le gouvernement entreprit cette " restructuration
radicale du caractère demographique de l'Anatolie ". En d'autres
termes, les Chretiens, c'est-a-dire les Armeniens, les Grecs et les
Assyriens devaient disparaître et les Musulmans non-turcs accueillis et
repartis parmi les Musulmans turcs pour pendre leur place. Akcam a dit
que la politique de transfert a ete d'abord essayee sur la minorite
grecque. Le gouvernement ottoman se mit d'accord, meme illegalement
en regard des normes du droit international, avec la Roumanie, la
Bulgarie et la Grèce, et acta un echange de population en 1913. Le
Comite pour l'Union et le Progrès, dit-il, qui en etait charge, aurait
fait un plan pour de tels transferts et exterminations sur l'ensemble
du pays mais les presenterait plus tard comme des actes spontanes de
la population locale a travers l'Empire. La politique demographique
fut ensuite appliquee aux Armeniens, avec pour objectif de reduire
la population armenienne a un " niveau gouvernable ". Ce nombre,
a-t-il dit, etait estime etre situe entre " cinq et Dix pourcent '
du total de la population et pas plus. S'ils etaient en proportion
plus elevee, suggerait le gouvernement ottoman, ils seraient moins
facilement gouvernables. Ainsi, les officiels ont conduit des etudes
demographiques pour determiner la proportion des Armeniens en divers
lieux d'Anatolie. Par exemple, dans la province de Kayseri, 49 947
Armeniens etaient enregistres. La plupart ont ete deportes a Alep,
Damas et Mossoul et la population reduite a cinq pour cent. Dans les
provinces de l'est, la politique etait " pas un seul armenien n'etait
tolere la-bas ". Les Armeniens ont ete deportes a Der Zor et vers le
debut de 1916, une seconde vague de genocide commenca, au cours de
laquelle 200 000 Armeniens furent tues dans les provinces syriennes
afin de maintenir leur nombre en dessous de 10 pour cent.
Les autorites, a-t-il dit, n'ont jamais imagine qu'autant survivraient
aux marches forcees dans le desert. Dans une lettre de Talaat adressee
a Djemal, le 7 octobre 1916, il specifiait la necessite de vider la
Cilicie des Armeniens qui s'y trouvaient, parce qu'ils y etaient,
insistait-il, a ce point attaches a cette terre et la consideraient
comme une partie centrale de leur heritage. Le Crime des Jeunes Turcs
contre l'Humanite a ete publie en avril. Akcam, natif d'Ardahan, est
titulaire de la Chaire Robert Aram, Marianne Kaloosdian et Stephen
et Marion Mugar d'Etudes du Genocide Armenien de l'Universite Clark,
Worcester. Akcam s'est servi de papiers du Ministère de l'Interieur,
y compris de sa Direction Generale et du Bureau du Chiffre. Le rôle
de ce dernier a-t-il dit, etait " très important ". Ce bureau avait
ete constitue en 1913, avec " pour unique fonction la communication
[ cryptee ] telegraphique entre le bureau central et les provinces ".
Les autorites usaient de l'information codee, et pensant avoir
developpe une methode inviolable, discutaient librement de leurs
plans dans ces documents. D'autres documents decouverts par Akcam
comportent un telegramme du Ministère de l'Education a Ministère de
l'Interieur, le 26 juin 1915, au sujet du sort des enfants armeniens
sur le point de devenir des orphelins qui devraient etre suivi pour
leur assimilation. Ces documents sont encore inedits, et quiconque
est interesse peut y acceder librement. Il a parle de documents des
memes archives dates du Premier mars 1915, dans lequel les autorites
parlent explicitement de la politique de genocide.
Commentaires de GIlbert Beguian :
Quand ma nièce a demande pourquoi les Turcs avaient decide ce
Genocide, au lieu d'une reponse circonstanciee, j'aurais dû repondre,
tout simplement, citant Taner Akcam : " En consequence de la guerre
des Balkans de 1912-1913, par centaines de milliers, les Musulmans
emigrèrent d'Europe vers les terres ottomanes et furent transferees
dans la region a majorite chretienne d'Anatolie, patrie des Armeniens
".
J'ai ete très etonne (mais aussi revulse) de lire sous la plume de
notre ami Robert Fisk (cf l'article en ligne sur Armenews il y a
quelques jours "La photo qui lie les Allemands au Genocide de 1915
en Armenie") que des refugies en Syrie avaient ete tues en 1916. Cela
se confirme dans cet article.
Il faut esperer que les Armeniens savent ce qu'ils doivent a Taner
Akcam.
GB
jeudi 25 octobre 2012, Jean Eckian ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Jean Eckian
armenews.com
jeudi 25 octobre 2012
Erevan, 23 octobre , Armenpress : La salle etait pleine où s'etait
reunie l'audience pour ecouter le Professeur Taner Akcam parler
de son livre recent, The Young Turks' Crime against Humanity :
The Armenian Genocide and Ethnic Cleansing in the Ottoman Empire
[Le Crime des Jeunes Turcs contre l'Humanite : Le Genocide des
Armeniens et le Nettoyage Ethnique dans l'Empire Ottoman], a la
John F. Kennedy School of Government d'Harvard, rapporte Armenpress
citant The Armenian-Mirror Spectator. Akcam est le seul chercheur
d'ascendance turque qui preside un departement d'etudes armeniennes
et fait partie d'une poignee d'experts du Genocide armenien cherchant
dans les archives turques. Il a parcouru les archives extensivement
et son dernier livre est une contribution importante au domaine. "
Au risque de paraître immodeste, c'est une première a divers points
de vue ", a dit Akcam a propos du livre, notant qu'il presente des
thèses nouvelles pour expliquer le Genocide. Il a dit qu'il y a deux
questions : que s'est-il passe et pourquoi ? " Sur la première ",
a-t-il dit, " il y a encore beaucoup de chemin a parcourir "Le denier
livre est base sur plus de 600 documents des archives ottomanes.
Il y a deux points de vue qui se contredisent explique-t-il. Les
Armeniens qui suggèrent qu'on ne peut avoir confiance dans les
archives ottomanes parce qu'elles ont ete fabriquees par ceux qui ont
ete au pouvoir, soit sous le règne ottoman ou celui de la Republique
turque, et les Turcs, qui nient le Genocide et suggèrent que seules
les sources ottomanes et turques sont dignes de foi, tandis que tout
materiel armenien ou occidental sur le Genocide est suspect. Avec ce
tout nouveau travail, Akcam dit esperer apporter la preuve que " le
materiel ottoman nous montre la meme chose que les archives allemandes,
americaines et britanniques. Ce sont des elements differents d'une
meme perspective ". " Talaat utilisait sa maison comme un bureau de
poste prive. Il pouvait envoyer des telegrammes depuis sa maison
", a-t-il dit, dans lesquels les politiques genocidaires etaient
directement explicitees. En fait, il a note que dans une entrevue de
1982 publiee seulement en 2010, la veuve de Talaat a revele que le
ministre de l'interieur utilisait le telegraphe installe chez lui,
plus sûr, pour ordonner les deportations des Armeniens. De meme,
Akcam a dit qu'il y a des informations sur le nettoyage ethnique des
Grecs, village par village. Akcam dit qu'il y avait une correlation
directe entre le mouvement des reformes de l'ère ottomane et la mise
en ~\uvre des massacres de masse ; les premières vagues du Genocide
ont commence en 1894, tandis que le gouvernement des reformes a ceda
au pouvoir en 1895. Le gouvernement depecha des observateurs pour
evaluer la population et partout où ces observateurs ont ete envoyes,
a dit Akcam, des massacres se sont produits. Il a survole le contexte
historique, expliquant que la periode qui a precede immediatement la
principale vague du Genocide s'est produit a la fin de la guerre des
Balkans de 1912-1913, pendant lequel l'empire ottoman avait perdu plus
de 80 pourcent de ses territoires europeens, et plus de 70 pourcent
de sa population en Europe. En consequence, des centaines de milliers
de Musulmans emigrèrent d'Europe vers les terres ottomanes et furent
transferees dans la region a majorite chretienne d'Anatolie, patrie
des Armeniens.
Au debut de 1913, a-t-il dit, on se referait a la population
non-musulmane d'Anatolie comme a des " tumeurs " qui devaient etre
enlevees, et donc le gouvernement entreprit cette " restructuration
radicale du caractère demographique de l'Anatolie ". En d'autres
termes, les Chretiens, c'est-a-dire les Armeniens, les Grecs et les
Assyriens devaient disparaître et les Musulmans non-turcs accueillis et
repartis parmi les Musulmans turcs pour pendre leur place. Akcam a dit
que la politique de transfert a ete d'abord essayee sur la minorite
grecque. Le gouvernement ottoman se mit d'accord, meme illegalement
en regard des normes du droit international, avec la Roumanie, la
Bulgarie et la Grèce, et acta un echange de population en 1913. Le
Comite pour l'Union et le Progrès, dit-il, qui en etait charge, aurait
fait un plan pour de tels transferts et exterminations sur l'ensemble
du pays mais les presenterait plus tard comme des actes spontanes de
la population locale a travers l'Empire. La politique demographique
fut ensuite appliquee aux Armeniens, avec pour objectif de reduire
la population armenienne a un " niveau gouvernable ". Ce nombre,
a-t-il dit, etait estime etre situe entre " cinq et Dix pourcent '
du total de la population et pas plus. S'ils etaient en proportion
plus elevee, suggerait le gouvernement ottoman, ils seraient moins
facilement gouvernables. Ainsi, les officiels ont conduit des etudes
demographiques pour determiner la proportion des Armeniens en divers
lieux d'Anatolie. Par exemple, dans la province de Kayseri, 49 947
Armeniens etaient enregistres. La plupart ont ete deportes a Alep,
Damas et Mossoul et la population reduite a cinq pour cent. Dans les
provinces de l'est, la politique etait " pas un seul armenien n'etait
tolere la-bas ". Les Armeniens ont ete deportes a Der Zor et vers le
debut de 1916, une seconde vague de genocide commenca, au cours de
laquelle 200 000 Armeniens furent tues dans les provinces syriennes
afin de maintenir leur nombre en dessous de 10 pour cent.
Les autorites, a-t-il dit, n'ont jamais imagine qu'autant survivraient
aux marches forcees dans le desert. Dans une lettre de Talaat adressee
a Djemal, le 7 octobre 1916, il specifiait la necessite de vider la
Cilicie des Armeniens qui s'y trouvaient, parce qu'ils y etaient,
insistait-il, a ce point attaches a cette terre et la consideraient
comme une partie centrale de leur heritage. Le Crime des Jeunes Turcs
contre l'Humanite a ete publie en avril. Akcam, natif d'Ardahan, est
titulaire de la Chaire Robert Aram, Marianne Kaloosdian et Stephen
et Marion Mugar d'Etudes du Genocide Armenien de l'Universite Clark,
Worcester. Akcam s'est servi de papiers du Ministère de l'Interieur,
y compris de sa Direction Generale et du Bureau du Chiffre. Le rôle
de ce dernier a-t-il dit, etait " très important ". Ce bureau avait
ete constitue en 1913, avec " pour unique fonction la communication
[ cryptee ] telegraphique entre le bureau central et les provinces ".
Les autorites usaient de l'information codee, et pensant avoir
developpe une methode inviolable, discutaient librement de leurs
plans dans ces documents. D'autres documents decouverts par Akcam
comportent un telegramme du Ministère de l'Education a Ministère de
l'Interieur, le 26 juin 1915, au sujet du sort des enfants armeniens
sur le point de devenir des orphelins qui devraient etre suivi pour
leur assimilation. Ces documents sont encore inedits, et quiconque
est interesse peut y acceder librement. Il a parle de documents des
memes archives dates du Premier mars 1915, dans lequel les autorites
parlent explicitement de la politique de genocide.
Commentaires de GIlbert Beguian :
Quand ma nièce a demande pourquoi les Turcs avaient decide ce
Genocide, au lieu d'une reponse circonstanciee, j'aurais dû repondre,
tout simplement, citant Taner Akcam : " En consequence de la guerre
des Balkans de 1912-1913, par centaines de milliers, les Musulmans
emigrèrent d'Europe vers les terres ottomanes et furent transferees
dans la region a majorite chretienne d'Anatolie, patrie des Armeniens
".
J'ai ete très etonne (mais aussi revulse) de lire sous la plume de
notre ami Robert Fisk (cf l'article en ligne sur Armenews il y a
quelques jours "La photo qui lie les Allemands au Genocide de 1915
en Armenie") que des refugies en Syrie avaient ete tues en 1916. Cela
se confirme dans cet article.
Il faut esperer que les Armeniens savent ce qu'ils doivent a Taner
Akcam.
GB
jeudi 25 octobre 2012, Jean Eckian ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress