LE GENOCIDE ARMENIEN DANS LES ARCHIVES TURQUES : UN HISTORIEN TURC PARLE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68376
Publie le : 26-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - " C'est devant une salle
comble que le professeur turc Taner Akcam a parle le 4 octobre 2012
a la John F. Kennedy School of Government de Harvard (USA), de son
nouveau livre publie en avril 2012 " Le crime des Jeunes-Turcs
contre l'Humanite : Le genocide des Armeniens et le nettoyage
ethnique dans l'Empire ottoman ". Akcam s'est servi des archives du
ministère turc de l'Interieur, y compris de sa Direction generale
et du Bureau du chiffre. Ce bureau avait ete constitue en 1913,
avec " pour unique fonction la communication [cryptee] telegraphique
entre le bureau central et les provinces ". Les autorites usaient de
l'information codee, et pensant avoir developpe une methode inviolable,
discutaient librement de leurs plans dans ces documents. Les autorites
y enoncent la politique de genocide. " Le Collectif VAN vous propose
une traduction faite par Gilbert Beguian pour Armenews, a partir d'un
article publie en anglais par Armenpress le 23 octobre 2012.
TANER AKCAM
Les archives turques mentionnent le projet de genocide du gouvernement
central
Erevan, 23 octobre, Armenpress :
Selon Armenpress citant The Armenian-Mirror Spectator, c'est devant
une salle comble que le professeur Taner Akcam a parle a la John F.
Kennedy School of Government de Harvard, de son livre le plus recent,
" Le crime des Jeunes-Turcs contre l'Humanite : Le genocide des
Armeniens et le nettoyage ethnique dans l'Empire ottoman ".
Akcam est le seul chercheur d'ascendance turque qui preside
un departement d'etudes armeniennes et fait partie d'une poignee
d'experts du genocide armenien faisant des recherches dans les archives
turques. Il a largement parcouru les archives et son dernier livre
est une contribution importante au domaine. " Au risque de paraître
immodeste, c'est une première a divers points de vue ", a dit Akcam
a propos du livre, notant qu'il presente des thèses nouvelles
pour expliquer le genocide. Il a dit qu'il y a deux questions :
que s'est-il passe et pourquoi ? " Sur la première ", a-t-il dit,
" il y a encore beaucoup de chemin a parcourir "Le dernier livre est
base sur plus de 600 documents des archives ottomanes.
Il y a deux points de vue qui se contredisent, explique-t-il. Les
Armeniens qui suggèrent qu'on ne peut avoir confiance dans les
archives ottomanes parce qu'elles ont ete fabriquees par ceux qui ont
ete au pouvoir, soit sous le règne ottoman ou celui de la Republique
turque, et les Turcs, qui nient le genocide et suggèrent que seules
les sources ottomanes et turques sont dignes de foi, tandis que tout
materiel armenien ou occidental sur le genocide est suspect. Avec
ce tout nouveau travail, Akcam dit esperer apporter la preuve que
" le materiel ottoman nous montre la meme chose que les archives
allemandes, americaines et britanniques. Ce sont differents elements
d'une meme optique ".
" Talaat utilisait sa maison comme un bureau de poste prive. Il
pouvait envoyer des telegrammes depuis sa maison ", a-t-il dit,
telegrammes dans lesquels les politiques genocidaires etaient
directement explicitees. En fait, il a note que, dans une entrevue
de 1982 publiee seulement en 2010, la veuve de Talaat a revele que
le ministre de l'interieur utilisait le telegraphe installe chez lui,
plus securise, pour ordonner les deportations des Armeniens. De meme,
Akcam a dit qu'il y a des informations sur le nettoyage ethnique des
Grecs, village par village. Akcam dit qu'il y avait une correlation
directe entre le mouvement des reformes de l'ère ottomane et la mise
en ~\uvre des massacres de masse ; les premières vagues du genocide
ont commence en 1894, tandis que le gouvernement des reformes acceda
au pouvoir en 1895.
Le gouvernement depecha des observateurs pour evaluer la population
et partout où ces observateurs ont ete envoyes, a dit Akcam, des
massacres se sont produits. Il a survole le contexte historique,
expliquant que la periode qui a precede immediatement la principale
vague du genocide s'est produit a la fin de la guerre des Balkans de
1912-1913, pendant lequel l'Empire ottoman avait perdu plus de 80% de
ses territoires europeens, et plus de 70% de sa population en Europe.
En consequence, des centaines de milliers de musulmans emigrèrent
d'Europe vers les terres ottomanes et furent transferees dans la
region a majorite chretienne d'Anatolie, patrie des Armeniens.
Au debut de 1913, a-t-il dit, on se referait a la population
non-musulmane d'Anatolie comme a des " tumeurs " qui devaient etre
enlevees, et donc le gouvernement entreprit cette " restructuration
radicale du caractère demographique de l'Anatolie ". En d'autres
termes, les chretiens, c'est-a-dire les Armeniens, les Grecs et les
Assyriens devaient disparaître et les musulmans non-turcs accueillis
et repartis parmi les musulmans turcs pour prendre leur place.
Akcam a dit que la politique de transfert a d'abord ete testee sur
la minorite grecque. Le gouvernement ottoman se mit d'accord, meme
illegalement en regard des normes du droit international, avec la
Roumanie, la Bulgarie et la Grèce, et acta un echange de population
en 1913. Le Comite pour l'Union et le Progrès, dit-il, qui en etait
charge, aurait fait un plan pour de tels transferts et exterminations
sur l'ensemble du pays mais les presenterait plus tard comme des
actes spontanes de la population locale a travers l'Empire.
La politique demographique fut ensuite appliquee aux Armeniens,
avec pour objectif de reduire la population armenienne a un " niveau
gouvernable ". Ce nombre, a-t-il dit, etait estime etre situe entre "
cinq et dix pour cent " du total de la population et pas plus. S'ils
etaient en proportion plus elevee, suggerait le gouvernement ottoman,
ils seraient moins facilement gouvernables. Ainsi, les officiels ont
conduit des etudes demographiques pour determiner la proportion des
Armeniens en divers lieux d'Anatolie. Par exemple, dans la province
de Kayseri, 49 947 Armeniens etaient enregistres.
La plupart ont ete deportes a Alep, Damas et Mossoul et la population
reduite a cinq pour cent. Dans les provinces de l'est, la politique
etait " pas un seul Armenien n'etait tolere la-bas ". Les Armeniens
ont ete deportes a Der Zor et vers le debut de 1916, une seconde vague
de genocide commenca, au cours de laquelle 200 000 Armeniens furent
tues dans les provinces syriennes afin de maintenir leur nombre en
dessous de 10 pour cent. Les autorites, a-t-il dit, n'ont jamais
imagine qu'autant survivraient aux marches forcees dans le desert.
Dans une lettre de Talaat adressee a Djemal, le 7 octobre 1916,
il specifiait la necessite de vider la Cilicie des Armeniens qui
s'y trouvaient, parce qu'ils y etaient, insistait-il, a ce point
attaches a cette terre et la consideraient comme une partie centrale
de leur heritage.
Le livre " Le Crime des Jeunes Turcs contre l'Humanite " a ete publie
en avril. Akcam, natif d'Ardahan, est titulaire de la Chaire Robert
Aram, Marianne Kaloosdian et Stephen et Marion Mugar d'Etudes du
genocide armenien de l'Universite Clark, Worcester.
Akcam s'est servi de documents du ministère de l'Interieur, y
compris de sa Direction generale et du Bureau du chiffre. Le rôle
de ce dernier a-t-il dit, etait " très important ". Ce bureau avait
ete constitue en 1913, avec " pour unique fonction la communication
[cryptee] telegraphique entre le bureau central et les provinces ".
Les autorites usaient de l'information codee, et pensant avoir
developpe une methode inviolable, discutaient librement de leurs
plans dans ces documents.
D'autres documents decouverts par Akcam comportent un telegramme du
ministère de l'Education au ministère de l'Interieur, le 26 juin 1915,
au sujet du sort des enfants armeniens sur le point de devenir des
orphelins et qui devraient etre suivis pour leur assimilation. Ces
documents sont encore inedits, et quiconque est interesse peut y
acceder librement. Il a parle de textes des memes archives, dates
du 1er mars 1915, dans lesquels les autorites enoncent la politique
de genocide.
jeudi 25 octobre 2012, Jean Eckian ©armenews.com
________________________________________
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
Article original : Akcam says Turkish archives show Genocide planning
by Central Government
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Source/Lien : NAM
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68376
Publie le : 26-10-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - " C'est devant une salle
comble que le professeur turc Taner Akcam a parle le 4 octobre 2012
a la John F. Kennedy School of Government de Harvard (USA), de son
nouveau livre publie en avril 2012 " Le crime des Jeunes-Turcs
contre l'Humanite : Le genocide des Armeniens et le nettoyage
ethnique dans l'Empire ottoman ". Akcam s'est servi des archives du
ministère turc de l'Interieur, y compris de sa Direction generale
et du Bureau du chiffre. Ce bureau avait ete constitue en 1913,
avec " pour unique fonction la communication [cryptee] telegraphique
entre le bureau central et les provinces ". Les autorites usaient de
l'information codee, et pensant avoir developpe une methode inviolable,
discutaient librement de leurs plans dans ces documents. Les autorites
y enoncent la politique de genocide. " Le Collectif VAN vous propose
une traduction faite par Gilbert Beguian pour Armenews, a partir d'un
article publie en anglais par Armenpress le 23 octobre 2012.
TANER AKCAM
Les archives turques mentionnent le projet de genocide du gouvernement
central
Erevan, 23 octobre, Armenpress :
Selon Armenpress citant The Armenian-Mirror Spectator, c'est devant
une salle comble que le professeur Taner Akcam a parle a la John F.
Kennedy School of Government de Harvard, de son livre le plus recent,
" Le crime des Jeunes-Turcs contre l'Humanite : Le genocide des
Armeniens et le nettoyage ethnique dans l'Empire ottoman ".
Akcam est le seul chercheur d'ascendance turque qui preside
un departement d'etudes armeniennes et fait partie d'une poignee
d'experts du genocide armenien faisant des recherches dans les archives
turques. Il a largement parcouru les archives et son dernier livre
est une contribution importante au domaine. " Au risque de paraître
immodeste, c'est une première a divers points de vue ", a dit Akcam
a propos du livre, notant qu'il presente des thèses nouvelles
pour expliquer le genocide. Il a dit qu'il y a deux questions :
que s'est-il passe et pourquoi ? " Sur la première ", a-t-il dit,
" il y a encore beaucoup de chemin a parcourir "Le dernier livre est
base sur plus de 600 documents des archives ottomanes.
Il y a deux points de vue qui se contredisent, explique-t-il. Les
Armeniens qui suggèrent qu'on ne peut avoir confiance dans les
archives ottomanes parce qu'elles ont ete fabriquees par ceux qui ont
ete au pouvoir, soit sous le règne ottoman ou celui de la Republique
turque, et les Turcs, qui nient le genocide et suggèrent que seules
les sources ottomanes et turques sont dignes de foi, tandis que tout
materiel armenien ou occidental sur le genocide est suspect. Avec
ce tout nouveau travail, Akcam dit esperer apporter la preuve que
" le materiel ottoman nous montre la meme chose que les archives
allemandes, americaines et britanniques. Ce sont differents elements
d'une meme optique ".
" Talaat utilisait sa maison comme un bureau de poste prive. Il
pouvait envoyer des telegrammes depuis sa maison ", a-t-il dit,
telegrammes dans lesquels les politiques genocidaires etaient
directement explicitees. En fait, il a note que, dans une entrevue
de 1982 publiee seulement en 2010, la veuve de Talaat a revele que
le ministre de l'interieur utilisait le telegraphe installe chez lui,
plus securise, pour ordonner les deportations des Armeniens. De meme,
Akcam a dit qu'il y a des informations sur le nettoyage ethnique des
Grecs, village par village. Akcam dit qu'il y avait une correlation
directe entre le mouvement des reformes de l'ère ottomane et la mise
en ~\uvre des massacres de masse ; les premières vagues du genocide
ont commence en 1894, tandis que le gouvernement des reformes acceda
au pouvoir en 1895.
Le gouvernement depecha des observateurs pour evaluer la population
et partout où ces observateurs ont ete envoyes, a dit Akcam, des
massacres se sont produits. Il a survole le contexte historique,
expliquant que la periode qui a precede immediatement la principale
vague du genocide s'est produit a la fin de la guerre des Balkans de
1912-1913, pendant lequel l'Empire ottoman avait perdu plus de 80% de
ses territoires europeens, et plus de 70% de sa population en Europe.
En consequence, des centaines de milliers de musulmans emigrèrent
d'Europe vers les terres ottomanes et furent transferees dans la
region a majorite chretienne d'Anatolie, patrie des Armeniens.
Au debut de 1913, a-t-il dit, on se referait a la population
non-musulmane d'Anatolie comme a des " tumeurs " qui devaient etre
enlevees, et donc le gouvernement entreprit cette " restructuration
radicale du caractère demographique de l'Anatolie ". En d'autres
termes, les chretiens, c'est-a-dire les Armeniens, les Grecs et les
Assyriens devaient disparaître et les musulmans non-turcs accueillis
et repartis parmi les musulmans turcs pour prendre leur place.
Akcam a dit que la politique de transfert a d'abord ete testee sur
la minorite grecque. Le gouvernement ottoman se mit d'accord, meme
illegalement en regard des normes du droit international, avec la
Roumanie, la Bulgarie et la Grèce, et acta un echange de population
en 1913. Le Comite pour l'Union et le Progrès, dit-il, qui en etait
charge, aurait fait un plan pour de tels transferts et exterminations
sur l'ensemble du pays mais les presenterait plus tard comme des
actes spontanes de la population locale a travers l'Empire.
La politique demographique fut ensuite appliquee aux Armeniens,
avec pour objectif de reduire la population armenienne a un " niveau
gouvernable ". Ce nombre, a-t-il dit, etait estime etre situe entre "
cinq et dix pour cent " du total de la population et pas plus. S'ils
etaient en proportion plus elevee, suggerait le gouvernement ottoman,
ils seraient moins facilement gouvernables. Ainsi, les officiels ont
conduit des etudes demographiques pour determiner la proportion des
Armeniens en divers lieux d'Anatolie. Par exemple, dans la province
de Kayseri, 49 947 Armeniens etaient enregistres.
La plupart ont ete deportes a Alep, Damas et Mossoul et la population
reduite a cinq pour cent. Dans les provinces de l'est, la politique
etait " pas un seul Armenien n'etait tolere la-bas ". Les Armeniens
ont ete deportes a Der Zor et vers le debut de 1916, une seconde vague
de genocide commenca, au cours de laquelle 200 000 Armeniens furent
tues dans les provinces syriennes afin de maintenir leur nombre en
dessous de 10 pour cent. Les autorites, a-t-il dit, n'ont jamais
imagine qu'autant survivraient aux marches forcees dans le desert.
Dans une lettre de Talaat adressee a Djemal, le 7 octobre 1916,
il specifiait la necessite de vider la Cilicie des Armeniens qui
s'y trouvaient, parce qu'ils y etaient, insistait-il, a ce point
attaches a cette terre et la consideraient comme une partie centrale
de leur heritage.
Le livre " Le Crime des Jeunes Turcs contre l'Humanite " a ete publie
en avril. Akcam, natif d'Ardahan, est titulaire de la Chaire Robert
Aram, Marianne Kaloosdian et Stephen et Marion Mugar d'Etudes du
genocide armenien de l'Universite Clark, Worcester.
Akcam s'est servi de documents du ministère de l'Interieur, y
compris de sa Direction generale et du Bureau du chiffre. Le rôle
de ce dernier a-t-il dit, etait " très important ". Ce bureau avait
ete constitue en 1913, avec " pour unique fonction la communication
[cryptee] telegraphique entre le bureau central et les provinces ".
Les autorites usaient de l'information codee, et pensant avoir
developpe une methode inviolable, discutaient librement de leurs
plans dans ces documents.
D'autres documents decouverts par Akcam comportent un telegramme du
ministère de l'Education au ministère de l'Interieur, le 26 juin 1915,
au sujet du sort des enfants armeniens sur le point de devenir des
orphelins et qui devraient etre suivis pour leur assimilation. Ces
documents sont encore inedits, et quiconque est interesse peut y
acceder librement. Il a parle de textes des memes archives, dates
du 1er mars 1915, dans lesquels les autorites enoncent la politique
de genocide.
jeudi 25 octobre 2012, Jean Eckian ©armenews.com
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Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
Article original : Akcam says Turkish archives show Genocide planning
by Central Government
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