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    REVUE DE PRESSE
    « Que pèsent 400 ou 500 ans de prison quand on se bat pour la liberté ? »


    Ce devait être la députée Aysel Tugluk qui devait conduire la
    délégation. Mais l'ancienne avocate du leader kurde Abdullah Ocalan a,
    depuis, entamé une grève de la faim. Au sein de ce peuple qui n'a de
    cesse de dénoncer la répression exercée à son encontre par le
    gouvernement turc, il n'est pas difficile de trouver des porte-parole.
    Des hommes et des femmes qui ont mis leurs vies au service d'une cause
    collective. Sacrée. Où l'arrêt des combats entre l'armée régulière et
    la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PPK), retranchée
    dans les montagnes d'Irak, est lié au respect des droits de l'Homme.
    C'est donc Abdullah Demirbas, maire de Sür et membre du Parti pour la
    paix et la démocratie (BDP), qui a pris la tête de la délégation venue
    lancer un appel international depuis Ajaccio. Un élu sur qui pèsent
    480 années de prison...

    Pourquoi ce déplacement en Corse ?

    L'invitation adressée par le président de l'assemblée de Corse,
    Dominique Bucchini, le PCF et l'association Amitiés Corse Kurdistan
    est précieuse. Elle nous permet de renforcer les liens entre nos deux
    peuples, bien sûr, mais aussi de lancer un vaste appel à la
    solidarité. Les députés kurdes ont entamé une grève de la faim. Il y a
    plus de 40 jours, 638 de nos détenus politiques, répartis dans 58
    prisons turques, avaient engagé un mouvement similaire. Nous espérons
    un sursaut de la communauté internationale, l'aide de la France. Qu'il
    s'agisse du nouveau gouvernement socialiste ou de l'ensemble de ses
    élus.

    Une grève de la faim pour quels objectifs ?

    D'abord pour qu'il soit enfin mis un terme à l'isolement appliqué à
    Abdullah Ocalan. Depuis un an et trois mois, ses avocats et sa famille
    ne sont plus autorisés à le visiter dans sa prison. Plus généralement,
    nous voulons que cesse la répression exercée à l'encontre de notre
    peuple et que l'on respecte, ce qui devrait être du ressort de nos
    droits basiques. Comme la possibilité de se défendre devant un
    tribunal en utilisant la langue kurde... Cette solidarité tant espérée
    pourrait permettre de faire avancer les choses. Et éviter des morts en
    prison. Nos demandes ne sont pas irréalisables. Notamment pour ce qui
    touche à l'interdiction de visites qui frappe Ocalan.

    Un point de non-retour entre le gouvernement turc et le peuple kurde
    semble avoir été atteint...

    Il y a désormais une véritable rupture sentimentale. Le peuple kurde
    ne partage pas les mêmes peines que le peuple turc, et il en va de
    même des joies... Demander que l'enseignement de nos enfants soit
    assuré dans notre langue maternelle est perçu comme une man`uvre
    séparatiste par Ankara. Et que dire du massacre de 34 villageois
    kurdes à la frontière turco-irakienne lors de raids aériens de l'armée
    turque ? C'était le 28 décembre 2011. Trois jours plus tard, le
    gouvernement célébrait le Nouvel An et, depuis, rien n'a été éclairci
    dans cette affaire. Ce n'est pas l'indépendance que réclame le peuple
    kurde. Juste que ses droits soient reconnus et que nous trouvions
    pleinement notre place dans la nouvelle Constitution turque en cours
    de rédaction. Si ce n'est pas le cas, la rupture sera complète.

    D'accord, mais que peut la Corse pour vous, en dehors d'une forme de
    solidarité ?

    Beaucoup plus que ce que vous n'imaginez. Nous sommes venus échanger,
    notamment avec vos élus, pour bénéficier de votre expérience en terme
    de décentralisation. La question de l'enseignement bilingue nous
    intéresse beaucoup aussi. Par rapport à la future Constitution, les
    Kurdes portent un projet dans lequel peuvent d'ailleurs se retrouver
    d'autres peuples de Turquie, comme les Arméniens, les Assyriens et
    tant d'autres... Un projet qui est basé sur une autonomie forte, avec
    des pouvoirs étendus conférés aux régions, ainsi que la reconnaissance
    d'une identité qui passe par la langue.

    Qu'avez-vous commis de si grave pour que vous soyez menacé de 480
    années de prison par la justice turque ?

    J'ai tout simplement réclamé la liberté pour mon peuple et d'autres
    peuples de Turquie par la voie démocratique. En 2007, j'ai été
    destitué de mon mandat de maire pour avoir édité une revue en
    plusieurs langues, dont le kurde. Depuis, j'ai été réélu et je
    poursuis mon combat. Je peux vivre sans pain, sans eau, mais pas sans
    liberté. Que pèsent 400 ou 500 ans de prison quand on se bat en son
    nom ? La liberté ne se donne pas bien souvent, il faut la gagner.

    http://www.corsematin.com/article/ajaccio/%C2%ABque-pesent-400-ou-500-ans-de-prison-quand-on-se-bat-pour-la-liberte-%C2%BB.800152.html

    samedi 27 octobre 2012,
    Stéphane ©armenews.com

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