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Turquie : Impunite Pour Les Meurtres Aux Mains D'Agents De L'Etat

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    TURQUIE : IMPUNITé POUR LES MEURTRES AUX MAINS D'AGENTS DE LETAT

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=66785
    Publié le : 04-09-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    propose cette information publiée sur le site de Human Rights Watch
    le 3 septembre 2012.

    Légende photo : Des membres des familles des victimes se réunissent
    avant une audience a Diyarbakir en mars 2012, lors du procès d'un
    ancien officier de gendarmerie et de six autres personnes, accusés
    de 20 meurtres et disparitions entre 1993 et 1995 dans le sud-est de
    la Turquie.

    © 2012 Emma Sinclair-Webb/Human Rights Watch

    Human Rights Watch

    Turquie : Il faut mettre fin a l'impunité pour les meurtres et
    disparitions aux mains d'agents de l'Ã~Itat

    3 septembre 2012

    (Istanbul) - Le gouvernement turc devrait prendre des mesures pour
    s'attaquer aux délais fixés par la loi, aux actes d'intimidation
    de témoins et aux autres obstacles entravant les poursuites contre
    des membres des forces de sécurité et des agents de l'Ã~Itatpour
    des meurtres, des disparitions et des actes de torture, a déclaré
    Human Rights Watch dans un rapport publié le 3 septembre 2012.

    Les personnes responsables des graves violations de droits humains
    commises après le coup d'Ã~Itat militaire de septembre 1980 et
    a l'encontre de la population civile kurde dans les années 90,
    durant le conflit entre l'Ã~Itat et le parti armé illégal du PKK
    (Parti des travailleurs du Kurdistan), n'ont jamais été tenues de
    rendre des comptes pour leurs actes.

    Des centaines de décès survenus en détention et d'exécutions
    sommaires perpétrées par les forces de sécurité risquent d'être
    considérées comme hors délais pour faire l'objet de poursuites
    a cause d'une limite de 20 ans aux enquêtes pour meurtre contenue
    dans le précédent code pénal de la Turquie. Des milliers d'autres
    meurtres perpétrés par des agents de l'Ã~Itat contre des Kurdes
    du début des années 90 pourraient se trouver également exclus de
    poursuites et de procès au cours des trois prochaines années.

    Â" Des lois anciennes qui entravent les enquêtes sur de graves
    atteintes aux droits humains en Turquie ont permis aux forces de
    sécurité et aux agents de l'Etat de ne pas répondre de meurtres
    et d'actes de torture Â", a déclaré Emma Sinclair-Webb, chercheuse
    senior sur la Turquie a Human Rights Watch. Â" Il est vital que les
    autorités turques agissent maintenant pour garantir qu'il n'y ait
    pas de limites de temps pour que les victimes obtiennent justice. Â"

    Le rapport de 67 pages, intitulé Â" Time for Justice: Ending Impunity
    for Killings and Disappearances in 1990s Turkey Â" (Â" Il est temps
    de rendre justice : Mettre fin a l'impunité pour les meurtres et
    disparitions commis en Turquie dans les années 90 Â"), examine les
    lecons relatives aux obstacles a l'obligation de rendre des comptes
    tirées du procès en cours contre le colonel a la retraite Cemal
    Temizöz et six autres personnes pour le meurtre et la disparition
    de 20 hommes et garcons entre 1993 et 1995. Il s'agit du premier
    procès de ce type contre un haut gradé de la gendarmerie pour de
    graves violations des droits humains commises lors du conflit entre
    l'Ã~Itat et le PKK.

    Le rapport s'appuie sur des entretiens menés auprès de 55 personnes
    dans la province de Å~^ırnak, dont des membres de la famille ont
    été tués ou ont disparu aux mains de criminels présumés agents
    de l'Ã~Itat au début des années 90.

    Les membres des familles des victimes ont régulièrement affirmé
    a Human Rights Watch qu'ils voulaient voir les criminels traduits en
    justice pour les meurtres et les disparitions de leurs proches. Harun
    Padır avait 17 ans en 1994 lorsque les forces de sécurité l'ont
    placé en détention avec son père İzzet Padır et son oncle Abdullah
    Ozdemir, que l'on n'a jamais revus. Il a exprimé un sentiment partagé
    par tous les membres des familles des victimes interrogés par Human
    Rights Watch dans le cadre du rapport : Â" Pour nous, des réparations
    ne signifient rien. Nous voulons juste que la justice soit rendue. Â"

    Les entretiens menés par Human Rights Watch ainsi que le procès
    de Diyarbakır soulignent le climat de peur qui régnait parmi les
    membres des familles des victimes dans la région du sud-est jusqu'a
    très récemment, venant s'ajouter a une absence totale d'enquête
    efficace sur les meurtres et les disparitions dans la région a ce
    moment-la et par la suite.

    Un témoin dans le procès Temizöz, İsmet Uykur, a vu le meurtre de
    son père Ramazan Uykur commis en plein jour dans la ville de Cizre
    en février 1994. Il a déclaré au tribunal de Diyarbakır :

    La peur a triomphé a Cizre. En ce temps-la nous ne pouvions pas
    aller déposer des plaintes parce qu'il y avait de nombreux meurtres
    non résolus... il y avait des gens qui avaient vu les incidents
    dans la région mais a ce moment-la ils ne voulaient pas témoigner
    parce qu'ils avaient peur ; en ce temps-la nous avions peur de la
    gendarmerie et des gardiens de village.

    Human Rights Watch s'est entretenu avec des dizaines de membres des
    familles des victimes qui ont confirmé soit qu'ils avaient eu trop
    peur, pendant de nombreuses années, pour déposer des plaintes,
    ou bien s'ils l'avaient fait qu'il y avait eu une absence totale de
    véritable enquête. Leurs propos appuient les nombreux jugements de
    la Cour européenne des droits de l'homme contre la Turquie faisant
    état de violations du droit a la vie par le biais d'une tendance a
    omettre de mener de véritables enquêtes.

    Des témoins ont signalé que les forces de sécurité ont enlevé puis
    tué Omer Candoruk, Yahya Akman, et deux cousins, Suleyman Gasyak et
    Abdulaziz Gasyak, après qu'ils aient franchi un point de contrôle
    de la gendarmerie sur la route menant a Silopi en mars 1994. Sabri
    Gasyak, le frère d'Abdulaziz, a expliqué a Human Rights Watch :

    Nous n'aurions pas pu déposer de plaintes a cette époque, ni
    réclamer justice. J'aurais été arrêté si j'avais engagé des
    poursuites. A la fin des années 80, notre village dans le district
    de Siirt's Pervari a été réduit en cendres par l'Etat et vidé de
    ses habitants. Nous avons été emmenés et torturés ; des centaines
    de nos animaux ont été abattus. En 1994 après que Suleyman et
    Abdulaziz ont été tués, de nombreux membres de notre famille sont
    partis a Zahko dans le nord de l'Irak.

    Le procès de Temizöz a fourni des lecons importantes sur les
    obstacles possibles a la justice susceptibles de surgir dans des
    milliers d'autres cas d'exactions commises par des membres des forces
    de sécurité et des agents de l'Ã~Itat dans les provinces du sud-est
    de la Turquie ainsi que dans les villes principales.

    S'appuyant sur ces lecons, le rapport Il est temps de rendre justice
    en appelle au gouvernement turc, aux tribunaux et aux procureurs pour
    qu'ils développent un modèle de justice centrée sur les victimes en
    Turquie. Les procureurs et les tribunaux doivent offrir aux témoins
    vulnérables, aux membres des familles des victimes, ainsi qu'a leurs
    avocats une protection plus efficace contre les actes d'intimidation
    et les attaques tant au sein du tribunal qu'a l'extérieur lorsqu'ils
    témoignent dans des procès contre des accusés qui sont des membres
    des forces de sécurité, des gardiens de village, ou des agents
    de l'Ã~Itat.

    Il est également nécessaire de prendre des mesures pour raccourcir
    les procédures, qui s'étirent pendant des mois et des années
    favorisant les actes d'intimidation.

    Â" Le climat de peur parmi les membres des familles de victimes
    et les témoins persiste jusqu'a aujourd'hui Â", a conclu Emma
    Sinclair-Webb. Â" Pour leur donner suffisamment confiance afin
    qu'ils se fassent connaître, les procureurs et les tribunaux doivent
    adopter une protection des témoins plus efficace et une approche de
    la justice centrée sur les victimes. Â"

    Le rapport contient des recommandations concrètes pour renforcer
    la justice pour les crimes commis par des agents de l'Ã~Itat,
    notamment : * Accroître la rapidité et l'efficacité des procès,
    notamment en tenant des audiences sur plusieurs jours consécutifs
    ; * Désigner des procureurs qui se concentrent sur les enquêtes
    portant sur les exactions passées ; * Ordonner aux procureurs
    d'enquêter en profondeur sur la responsabilité de toute la
    chaîne de commandement pour les atteintes aux droits humains ; *
    Des efforts vigoureux devraient être accomplis par les procureurs et
    les tribunaux pour identifier les membres des forces de sécurité
    que les témoins désignent seulement par leurs noms de code, de
    sorte que les procureurs puissent les appeler a témoigner comme
    des suspects éventuels ; * Les mesures de protection des témoins
    devraient être améliorées et les tribunaux devraient veiller a
    prendre des mesures pour sanctionner les actes d'intimidation des
    témoins et des membres des familles des victimes.

    Le rapport recommande que le parlement turc établisse une commission
    vérité indépendante pour examiner les exactions passées. Il
    s'appuie également sur des recommandations antérieures émises
    par l'ONU, le Conseil de l'Europe, ainsi que d'autres organismes
    internationaux appelant le gouvernement a entreprendre un projet
    global pour démanteler le système de gardiens de village dans
    les provinces du sud-est de la Turquie. Le rapport constate que le
    système de gardiens de village, profondément ancré dans le tissu
    social et politique des communautés locales, représente un obstacle
    majeur a la justice dans la région.

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    Source/Lien : Human Rights Watch

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