LE MEMORIAL DU CAMP DES MILLES EVOQUE LE GENOCIDE ARMENIEN
Stephane
armenews.com
mardi 11 septembre 2012
Le Camp des MiIles, près d' Aix-en-Provence, est le seul camp francais
d'internement et de deportation de la seconde guerre mondiale encore
intact : cet important lieu de memoire sera desormais ouvert au public.
Jean-Marc Ayrault, accompagne de plusieurs autres ministres, inaugure
le Memorial du camp des Milles le 10 septembre. La date est symbolique,
car c'est justement le 10 septembre 1942 que le dernier train demarra
du camp des Milles, destination Auschwitz.
Entre 1939 et 1942, la tuilerie du camp des Milles fut utilisee dans un
premier temps comme lieu d'internement pour les " etrangers ennemis ",
pour la plupart des Allemands et des Autrichiens ayant fui le nazisme
: parmi eux des intellectuels ou des artistes, tel que Max Ernst ou
Hans Bellmer. Le camp des Milles devint par la suite un instrument
au service du regime de Vichy et servit de camp de deportation pour
les Juifs.
Les chiffres parlent d'eux-memes : plus de 10 000 personnes furent
internees au camp des Milles et 2 000 envoyees dans les camps de
concentration.
Le bâtiment de brique rouge, unique et precieux temoin des camps
d'internement qui ont existe en France, a ete garde au maximum dans
son etat initial. Le visiteur y decouvrira les dortoirs, mais aussi la
" salle des peintures " - ancien refectoire des officiers decore par
des peintres detenus, ou des videos et des document d'archives.
Cette visite invite a la reflexion, pour que cette page indicible
de notre histoire construise un futur où se realise enfin le "plus
jamais ca".
Ce troisième volet ( le volet reflexif) est destine, en s'appuyant
sur la force evocatrice de ce lieu imposant et sur le travail
scientifique accumule depuis la guerre, a renforcer la vigilance
et la responsabilite du visiteur face a la permanence des grandes
questions ethiques soulevees par le traumatisme civilisationnel de
la Shoah dont ce lieu rend compte, par les autres crimes contre
l'humanite de la dernière guerre, contre les Tsiganes notamment,
et plus generalement par l'autoritarisme et le totalitarisme.
Jusque-la, le visiteur s'est trouve confronte au passe et a son poids
emotionnel. Avec le volet qui s'ouvre, la memoire-reverence devient
memoire-reference : le visiteur est invite a depasser la distance qui
le separe du passe pour amorcer une reflexion pluridisciplinaire sur
le present et l'avenir prenant appui sur l'experience historique.
Bien entendu, tout lieu de memoire concourt a l'education, voire a
l'education civique. Mais ce volet, baptise "Comprendre pour demain",
se veut ainsi etre un temps reflexif complementaire et largement
innovant sur un lieu de memoire. L'experience semble montrer en effet
que l'emotion sur le passe, l'information historique ou la reference
rhetorique aux "lecons de l'histoire" ne suffisent pas ou plus toujours
pour identifier et combattre les expressions sans cesse renouvelees
du racisme, de l'antisemitisme, du fanatisme et de l'intolerance.
Il s'agit donc de susciter chez le visiteur une comprehension plus
intime des situations et une reaction intellectuelle constructive
en le faisant passer par les diverses etapes d'un parcours chrono-
thematique qui propose des materiaux ou des resultats relevant
d'approches et de disciplines variees, en plus de l'histoire.
À partir de l'histoire specifique du lieu, le caractère universaliste
des elements presentes sera illustre par les autres genocides averes,
armenien et rwandais. Dans cette perspective, trois grands thèmes de
reflexion ont ete definis par le Comite de pilotage : les resistibles
engrenages des intolerances ; le basculement de la democratie a
l'autoritarisme ; la responsabilite individuelle et collective face
au crime de masse.
Cette etape reflexive, en relation directe avec la connaissance
acquise dans les salles precedentes, peut s'apparenter a une station
experimentale au cours de laquelle, par divers moyens pedagogiques
(films, archives sonores, creation de scenarii, presentation de
resultats scientifiques, dispositifs interactifs divers...), le
visiteur participe au decorticage des mecanismes individuels et
collectifs qui conduisent de la haine ordinaire au crime contre
l'humanite, mais aussi de l'indifference a la resistance. Il doit
se trouver confronte a des situations historiques, mais aussi a des
postures, a des schemas mentaux, a des reflexes intellectuels qui
peuvent lui etre familiers et dont il pourrait mesurer dès lors avec
plus d'acuite les consequences sociales, heureuses ou dangereuses.
Stephane
armenews.com
mardi 11 septembre 2012
Le Camp des MiIles, près d' Aix-en-Provence, est le seul camp francais
d'internement et de deportation de la seconde guerre mondiale encore
intact : cet important lieu de memoire sera desormais ouvert au public.
Jean-Marc Ayrault, accompagne de plusieurs autres ministres, inaugure
le Memorial du camp des Milles le 10 septembre. La date est symbolique,
car c'est justement le 10 septembre 1942 que le dernier train demarra
du camp des Milles, destination Auschwitz.
Entre 1939 et 1942, la tuilerie du camp des Milles fut utilisee dans un
premier temps comme lieu d'internement pour les " etrangers ennemis ",
pour la plupart des Allemands et des Autrichiens ayant fui le nazisme
: parmi eux des intellectuels ou des artistes, tel que Max Ernst ou
Hans Bellmer. Le camp des Milles devint par la suite un instrument
au service du regime de Vichy et servit de camp de deportation pour
les Juifs.
Les chiffres parlent d'eux-memes : plus de 10 000 personnes furent
internees au camp des Milles et 2 000 envoyees dans les camps de
concentration.
Le bâtiment de brique rouge, unique et precieux temoin des camps
d'internement qui ont existe en France, a ete garde au maximum dans
son etat initial. Le visiteur y decouvrira les dortoirs, mais aussi la
" salle des peintures " - ancien refectoire des officiers decore par
des peintres detenus, ou des videos et des document d'archives.
Cette visite invite a la reflexion, pour que cette page indicible
de notre histoire construise un futur où se realise enfin le "plus
jamais ca".
Ce troisième volet ( le volet reflexif) est destine, en s'appuyant
sur la force evocatrice de ce lieu imposant et sur le travail
scientifique accumule depuis la guerre, a renforcer la vigilance
et la responsabilite du visiteur face a la permanence des grandes
questions ethiques soulevees par le traumatisme civilisationnel de
la Shoah dont ce lieu rend compte, par les autres crimes contre
l'humanite de la dernière guerre, contre les Tsiganes notamment,
et plus generalement par l'autoritarisme et le totalitarisme.
Jusque-la, le visiteur s'est trouve confronte au passe et a son poids
emotionnel. Avec le volet qui s'ouvre, la memoire-reverence devient
memoire-reference : le visiteur est invite a depasser la distance qui
le separe du passe pour amorcer une reflexion pluridisciplinaire sur
le present et l'avenir prenant appui sur l'experience historique.
Bien entendu, tout lieu de memoire concourt a l'education, voire a
l'education civique. Mais ce volet, baptise "Comprendre pour demain",
se veut ainsi etre un temps reflexif complementaire et largement
innovant sur un lieu de memoire. L'experience semble montrer en effet
que l'emotion sur le passe, l'information historique ou la reference
rhetorique aux "lecons de l'histoire" ne suffisent pas ou plus toujours
pour identifier et combattre les expressions sans cesse renouvelees
du racisme, de l'antisemitisme, du fanatisme et de l'intolerance.
Il s'agit donc de susciter chez le visiteur une comprehension plus
intime des situations et une reaction intellectuelle constructive
en le faisant passer par les diverses etapes d'un parcours chrono-
thematique qui propose des materiaux ou des resultats relevant
d'approches et de disciplines variees, en plus de l'histoire.
À partir de l'histoire specifique du lieu, le caractère universaliste
des elements presentes sera illustre par les autres genocides averes,
armenien et rwandais. Dans cette perspective, trois grands thèmes de
reflexion ont ete definis par le Comite de pilotage : les resistibles
engrenages des intolerances ; le basculement de la democratie a
l'autoritarisme ; la responsabilite individuelle et collective face
au crime de masse.
Cette etape reflexive, en relation directe avec la connaissance
acquise dans les salles precedentes, peut s'apparenter a une station
experimentale au cours de laquelle, par divers moyens pedagogiques
(films, archives sonores, creation de scenarii, presentation de
resultats scientifiques, dispositifs interactifs divers...), le
visiteur participe au decorticage des mecanismes individuels et
collectifs qui conduisent de la haine ordinaire au crime contre
l'humanite, mais aussi de l'indifference a la resistance. Il doit
se trouver confronte a des situations historiques, mais aussi a des
postures, a des schemas mentaux, a des reflexes intellectuels qui
peuvent lui etre familiers et dont il pourrait mesurer dès lors avec
plus d'acuite les consequences sociales, heureuses ou dangereuses.