L'ARMENIE, LE PAYS SANS AVENIR...
Jean Eckian
armenews.com
mardi 11 septembre 2012
C'est au cours d'un voyage a Erevan avec un ami d'origine armenienne,
que le journaliste Emmanuel Daniel a realise, du 1er au 12 août,
l'enquete qui fait l'objet de l'article publie sur Slate.fr, ici
reproduit.
Il nous precise qu'il s'est "beaucoup renseigne sur le pays avant
de partir (articles de presse, documentaires, etudes d'instituts de
geopolitiques, rencontre avec des bons connaisseurs de l'Armenie en
France... et egalement en parcourant "longuement" Armenews "avant
de partir".
" Je pensais au depart me concentrer sur le problème demographique
que connaît le pays ", explique t-il, " mais une fois sur place,
je me suis rendu compte que ces expatriations massives et prolongees
n'etaient pas simplement dues a la situation economique, mais bien
a une absence de confiance dans l'avenir.
J'ai ete frappe par le nombre de personnes qui m'ont fait part de leur
desillusion, de leur absence d'espoir dans le changement de societe
ainsi que de leur volonte de quitter le pays, au moins temporairement.
J'ai egalement rencontre des activistes et des observateurs
beaucoup plus optimistes que le reste de la population. Ce qui m'a
laisse penser que les Armeniens commencaient a faire entendre leur
mecontentement, bien que cela concerne un frange encore marginale
de la population. J'ai neanmoins le sentiment, comme le soulignait
une personne interviewee dans le papier, que l'amelioration de la
situation en Armenie devra passer par une normalisation des rapports
avec la Turquie, et dans une moindre mesure avec l'Azerbaïdjan.
En outre, le fait que l'Armenie se tourne de plus en plus vers l'Europe
me semble etre une bonne chose car cela pourrait permettre au pays
de limiter sa dependance economique, politique et militaire envers
la Russie. "
Propos recueillis par J.E
Outre sa collaboration avec Slate.fr, Emmanuel Daniel signe egalement
pour Les Inrockuptibles.
L'Armenie, le pays sans avenir Lasses par l'economie contrôlee,
les atteintes aux droits de l'homme et le risque de guerre contre
l'Azerbaïdjan, plusieurs dizaines de milliers d'Armeniens quittent
le pays chaque annee. Chez ceux qui restent, la desillusion est de
rigueur. Malgre tout, des mouvements civiques emergent, laissant
entrevoir de minces espoirs de changement.
par Emmanuel Daniel
Une dizaine de personnes patientent en silence, dans une ruelle
discrète d'un quartier residentiel peu frequente d'Erevan, la capitale
armenienne. Face a elles, un portique de securite, deux officiers
en uniforme et un ecriteau qui indique, en armenien et cyrillique,
l'entree du Service russe des migrations.
Ces hommes font la queue depuis plusieurs heures sous un soleil
cuisant dans l'espoir de decrocher un visa pour aller travailler
en Russie. L'ambiance est pesante et les candidats a l'emigration
evitent nos questions. Plus d'un million de personnes ont quitte le
pays depuis l'independance en 1991, et ces futurs migrants semblent
genes de venir grossir les rangs des deserteurs.
Sarkis [1], la quarantaine, est le seul a accepter de s'exprimer,
non sans avoir pris le soin de s'ecarter de la queue et de requerir
l'anonymat.
" Ce n'est pas par plaisir que je veux quitter l'Armenie. Mais
la situation est terrible ici. Je construis des cuisines, et je ne
gagne pas beaucoup d'argent. En Russie, je gagnerai suffisamment pour
nourrir ma famille. "
Il est conscient qu'une fois sur place, il est peu probable qu'il
trouve un emploi en relation avec ses competences. En effet, les
candidats a l'emigration se voient principalement proposer du travail
dans la construction, et notamment en Siberie, contree où des ouvriers
nord-coreens sont deja envoyes pour pallier le manque de main d'~\uvre.
Mais peu importe. " Je suis pret a faire n'importe quoi, je suis
debrouillard ", assure Sarkis, comme pour se convaincre lui-meme.
Comme lui, en 2010, près de 2.000 Armeniens sont passes par ce
programme mis en place par les autorites russes pour tenter d'enrayer
l'effritement demographique qui touche leur pays. Mais malgre les
incitations proposees par le Kremlin aux candidats a l'emigration
(aide financière allant jusqu'a 8.000 dollars, naturalisation, emploi
garanti...), ce programme n'est responsable que d'une infime partie
de l'exode en cours.
Un pays qui se vide de ses habitants...
pour lire la suite, cliquer sur le lien plus bas
ndlr : a noter qu'il y a quelques jours, l'Organisation Mondiale
de la Sante (OMS) a classe a la première place l'Armenie pour les
Enfants les plus heureux du monde.
Jean Eckian
armenews.com
mardi 11 septembre 2012
C'est au cours d'un voyage a Erevan avec un ami d'origine armenienne,
que le journaliste Emmanuel Daniel a realise, du 1er au 12 août,
l'enquete qui fait l'objet de l'article publie sur Slate.fr, ici
reproduit.
Il nous precise qu'il s'est "beaucoup renseigne sur le pays avant
de partir (articles de presse, documentaires, etudes d'instituts de
geopolitiques, rencontre avec des bons connaisseurs de l'Armenie en
France... et egalement en parcourant "longuement" Armenews "avant
de partir".
" Je pensais au depart me concentrer sur le problème demographique
que connaît le pays ", explique t-il, " mais une fois sur place,
je me suis rendu compte que ces expatriations massives et prolongees
n'etaient pas simplement dues a la situation economique, mais bien
a une absence de confiance dans l'avenir.
J'ai ete frappe par le nombre de personnes qui m'ont fait part de leur
desillusion, de leur absence d'espoir dans le changement de societe
ainsi que de leur volonte de quitter le pays, au moins temporairement.
J'ai egalement rencontre des activistes et des observateurs
beaucoup plus optimistes que le reste de la population. Ce qui m'a
laisse penser que les Armeniens commencaient a faire entendre leur
mecontentement, bien que cela concerne un frange encore marginale
de la population. J'ai neanmoins le sentiment, comme le soulignait
une personne interviewee dans le papier, que l'amelioration de la
situation en Armenie devra passer par une normalisation des rapports
avec la Turquie, et dans une moindre mesure avec l'Azerbaïdjan.
En outre, le fait que l'Armenie se tourne de plus en plus vers l'Europe
me semble etre une bonne chose car cela pourrait permettre au pays
de limiter sa dependance economique, politique et militaire envers
la Russie. "
Propos recueillis par J.E
Outre sa collaboration avec Slate.fr, Emmanuel Daniel signe egalement
pour Les Inrockuptibles.
L'Armenie, le pays sans avenir Lasses par l'economie contrôlee,
les atteintes aux droits de l'homme et le risque de guerre contre
l'Azerbaïdjan, plusieurs dizaines de milliers d'Armeniens quittent
le pays chaque annee. Chez ceux qui restent, la desillusion est de
rigueur. Malgre tout, des mouvements civiques emergent, laissant
entrevoir de minces espoirs de changement.
par Emmanuel Daniel
Une dizaine de personnes patientent en silence, dans une ruelle
discrète d'un quartier residentiel peu frequente d'Erevan, la capitale
armenienne. Face a elles, un portique de securite, deux officiers
en uniforme et un ecriteau qui indique, en armenien et cyrillique,
l'entree du Service russe des migrations.
Ces hommes font la queue depuis plusieurs heures sous un soleil
cuisant dans l'espoir de decrocher un visa pour aller travailler
en Russie. L'ambiance est pesante et les candidats a l'emigration
evitent nos questions. Plus d'un million de personnes ont quitte le
pays depuis l'independance en 1991, et ces futurs migrants semblent
genes de venir grossir les rangs des deserteurs.
Sarkis [1], la quarantaine, est le seul a accepter de s'exprimer,
non sans avoir pris le soin de s'ecarter de la queue et de requerir
l'anonymat.
" Ce n'est pas par plaisir que je veux quitter l'Armenie. Mais
la situation est terrible ici. Je construis des cuisines, et je ne
gagne pas beaucoup d'argent. En Russie, je gagnerai suffisamment pour
nourrir ma famille. "
Il est conscient qu'une fois sur place, il est peu probable qu'il
trouve un emploi en relation avec ses competences. En effet, les
candidats a l'emigration se voient principalement proposer du travail
dans la construction, et notamment en Siberie, contree où des ouvriers
nord-coreens sont deja envoyes pour pallier le manque de main d'~\uvre.
Mais peu importe. " Je suis pret a faire n'importe quoi, je suis
debrouillard ", assure Sarkis, comme pour se convaincre lui-meme.
Comme lui, en 2010, près de 2.000 Armeniens sont passes par ce
programme mis en place par les autorites russes pour tenter d'enrayer
l'effritement demographique qui touche leur pays. Mais malgre les
incitations proposees par le Kremlin aux candidats a l'emigration
(aide financière allant jusqu'a 8.000 dollars, naturalisation, emploi
garanti...), ce programme n'est responsable que d'une infime partie
de l'exode en cours.
Un pays qui se vide de ses habitants...
pour lire la suite, cliquer sur le lien plus bas
ndlr : a noter qu'il y a quelques jours, l'Organisation Mondiale
de la Sante (OMS) a classe a la première place l'Armenie pour les
Enfants les plus heureux du monde.