Bévue au Louvre ? « L'insondable bêtise » de l'Azerbaïdjan
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=67265
Publié le : 19-09-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "Ici en France, chaque
fois qu'est mis en cause la dignité de la personne humaine et la
liberté d'expression, nous serons lÃ. Partout dans le monde, (...)
quand le patrimoine est saccagé, nous serons là pour lutter contre les
groupes qui sont mus par l'insondable bêtise qui rend chaque
civilisation vulnérable", a déclaré François Hollande. Le chef de
l'Etat s'exprimait mardi matin devant l'auditoire venu assister Ã
l'inauguration des nouvelles salles du Louvre consacrées aux Arts de
l'Islam. Bévue ou attaque en sourdine, il se trouve justement que l'un
de ses invités, Ilham Aliev, président de l'Azerbaïdjan, pays-donateur
du musée du Louvre, a justement fait preuve de son « insondable bêtise
» en donnant l'ordre d'anéantir totalement tous les vestiges de
l'antique civilisation arménienne encore visible à Djoulfa au
Nakhitchevan.
http://www.youtube.com/watch?v=_gdIDEgDKK4
En 2005, l'Armée azérie a en effet définitivement rasé le cimetière
médiéval de Djoulfa où se dressaient des milliers de somptueuses croix
de pierre ciselées (Khatchkars), symboles de l'art religieux arménien.
A la place se dresse désormais un champ de tir de l'armée de
l'Azerbaïdjan.
Ce génocide culturel rejoint la volonté d'extermination physique Ã
l'encontre des Arméniens perceptible dans les propos de tous les
officiels azéris. Parmi eux, le dictateur azéri en personne qui a
déclaré en mars 2012 que « l'ennemi numéro un pour l'Azerbaïdjan, ce
sont les Arméniens dans le monde entier » ; ou l'ancien ministre de
l'Intérieur azéri, Ä°sgandar Hamidov qui avait annoncé la couleur en
2006: « Plus les Azéris tueront d'Arméniens, moins d'Arméniens il
restera. »
Quant à l'actuel Consul Général d'Azerbaïdjan à Istanbul, Représentant
permanent à l'Organisation de Coopération Economique de la Mer Noire
(OCEMN), Hasan Zeynalov, il avait déclaré en 2005 Ã la BBC: « Les
Arméniens n'ont jamais vécu au Nakhitchevan qui a été une terre
azerbaïdjanaise de temps immémorial, et c'est pourquoi il n'y a aucun
cimetière ni monument arménien, car il n'y en a jamais eu ».
Un point de vue relayé en France avec les pressions exercées Ã
l'UNESCO pour une simple exposition-photos organisée en juin 2011 au
siège de Paris.
Mais rassurons-nous, le Président de la République a déclaré en
préambule "Ici en France, chaque fois qu'est mis en cause la dignité
de la personne humaine et la liberté d'expression, nous serons lÃ. ".
Il y a donc fort à parier que la conduite indigne de son richissime
homologue azéri (qui a récemment gracié et récompensé cyniquement le
meurtre raciste d'un assassin d'Arménien) a été fustigée sous les ors
de l'Elysée où François Hollande recevait ensuite Ilham Aliev.
Collectif VAN
*********************
Discours du Président de la République lors de l'ouverture du nouveau
département des Arts de l'Islam au Musée du Louvre
Elysée
Madame la ministre de la Culture,
Messieurs les ministres,
Monsieur le président du Louvre,
Mesdames, Messieurs,
Le 20 septembre 1792, la première République française était proclamée.
La veille, il était décidé, par l'assemblée législative, de créer au
Louvre un lieu où seraient déposés « les tableaux et autres monuments
relatifs aux Beaux-Arts se trouvant dans toutes les maisons royales ».
Cela veut dire qu'avant même la proclamation de la République, les
révolutionnaires avaient voulu installer un grand musée.
Un an plus tard, il s'ouvrait. Installé dans le palais des rois, il
devenait alors le bien inaliénable des peuples de France.
Richesse de notre nation, le musée du Louvre est aujourd'hui le plus
grand musée du monde. Il n'a cessé d'évoluer, car le patrimoine est un
bien vivant.
Le Louvre est d'ailleurs bien plus qu'un musée, c'est une institution
de la République, forgée par plus de deux siècles de combats et de
conquêtes, une institution dont le prestige et le succès, toujours
plus spectaculaires : en 10 ans le nombre des visiteurs du Louvre a
presque doublé, passant d'un peu plus de 5 millions à 9 millions
aujourd'hui. 35% sont Français, et la moitié des visiteurs a moins de
30 ans, confirmant ainsi le succès international de cet établissement,
pour toutes les générations.
C'est une étape supplémentaire que nous franchissons aujourd'hui.
Elle s'inscrit dans le prolongement de la belle idée, de la grande
idée, du Louvre, du Grand Louvre, conçu et voulu par François
MITTERRAND et Jack LANG, ici présent.
C'est une véritable bataille qu'ils lancèrent il y a 30 ans, une de
celles que notre pays est capable de livrer et parfois de se livrer Ã
lui-même. En l'occurrence cette lutte fut menée dans les antichambres
de nos palais nationaux et dans les couloirs de nos ministères.
Cette bataille fut gagnée. Elle fut marquée par l'édification, de la
pyramide d'abord, un moment contestée, puis par l'installation du
ministère des Finances à Bercy, contestée pour d'autres raisons, et
par la reconquête des Tuileries.
Elle fut conduite contre les réticences de toutes sortes, contre les
conservatismes, contre les inerties, et il y fallut de l'audace, de
l'obstination, de tous les ministres de la Culture successifs, une
vision de ce que l'Etat peut faire et doit faire pour la culture.
L'inauguration des nouveaux espaces consacrés aux arts de l'Islam
constitue le dernier épisode en date de cette bataille.
Cette réalisation a nécessité, là encore, une forte volonté politique,
au-delà des changements et des alternances. C'est Jacques CHIRAC, en
2003, qui a annoncé la création de ce nouveau département et rappelé
l'apport essentiel des civilisations de l'Islam à notre culture.
Le 16 juillet 2008, Nicolas SARKOZY posait la première pierre,
parvenait aussi à sanctuariser les financements et à en mobiliser
d'autres.
Aujourd'hui il me revient d'inaugurer le huitième département du Louvre.
Je salue ceux qui, par leur générosité, et leur haute conscience, ont
rendu ce moment possible, tout simplement par le souci de permettre au
regard de tous, de constater, les merveilles des arts de l'Islam, le
roi du Maroc, l'émir du Koweït, le sultan d'Oman, le président de la
République d'Azerbaïdjan, ainsi que le Prince AL-WALEED d'Arabie
saoudite, ils comptent parmi les nombreux partenaires, publics et
privés, de France et d'ailleurs, qui ont contribué Ã ce projet d'un
coût de 100 millions d'euros. C'est la plus vaste opération de mécénat
qui n'ait jamais été entreprise au Louvre. Je veux d'ailleurs rappeler
que le mécénat continuera d'être stimulé, encouragé, car c'est une
chance pour notre pays. Grce à l'Etat, par son budget, aux dons
recueillis, les trésors que nous découvrons aujourd'hui sont
maintenant rassemblés et exposés.
La France possédait depuis longtemps, très longtemps, dans le domaine
des arts de l'Islam, l'une des plus belles collections du monde. Elle
les avait oubliées, elle les avait laissées s'accumuler dans des
réserves, elle confinait ces merveilles dans des caisses, elle les
dispersait dans des lieux, notamment au Musée des Arts décoratifs. Ce
qui manquait jusqu'à présent à ces chefs-d'Å`uvre, c'était l'espace :
seul un dixième des pièces disponibles était présenté au public.
Voilà cette anomalie réparée. Il en est terminé de cette injustice.
Provenant du Louvre, mais aussi du Musée des Arts décoratifs, 3000
Å`uvres sont désormais présentées. Elles sont placées dans un écrin
magnifique : ce grand geste architectural que nous découvrons, de
Mario BELLINI et Rudy RICCIOTTI, qui, dans la cour Visconti ont
inscrit l'avant-garde la plus audacieuse, dans l'Histoire la plus
vénérable et ont été capables de mélanger la modernité avec
l'Histoire.
Ce département des arts de l'Islam est un projet emblématique à plus
d'un titre.
D'abord c'est une conception de la culture, d'une culture ouverte Ã
tous. Chaque citoyen, chaque personne, a droit à la beauté et à la
création. Nul ne doit en être écarté, pour quelles que raisons que ce
soient, les pires étant le préjugé ou l'ignorance. C'est la mission de
la ministre de la Culture, Aurélie FILIPPETTI, que de faire vivre
cette égalité. C'est pourquoi le gouvernement a placé l'éducation
artistique parmi ses priorités, car rien n'est inné. Le beau, quand il
est l'Å`uvre de l'esprit, s'apprend aussi. Et cet enseignement doit
permettre aux enfants, Ã tous les enfants, d'acquérir bien plus qu'un
savoir, une curiosité, une sensibilité, une élévation d'esprit, une
fierté.
Ce projet traduit, ensuite, une volonté, celle de conforter la
vocation universelle du Louvre, car la culture est universelle.
Les civilisations ne sont pas des blocs qui s'ignoreraient ou qui se
heurteraient. Les civilisations progressent par leurs rencontres, par
leurs dialogues.
Ainsi s'exprime la grandeur de l'art : il nous élève en nous tournant
vers les autres, il nous fait mieux prendre conscience de nous-mêmes.
La culture, comme l'évoquait BAUDELAIRE, est une « invitation au
voyage ». Voyage dans le temps et voyage dans l'espace. Voyage aussi
dans notre propre intimité.
Découvrir les arts de l'islam pour les visiteurs du monde entier, qui
se presseront bientôt dans ces salles, ce sera donc traverser des
continents, parcourir des siècles, mais aussi découvrir une part
d'eux-mêmes. C'est vrai en particulier des Français et des Européens,
qui constateront avec surprise ce qu'ils doivent aux cultures de
l'Orient. Les exemples sont innombrables : le Taj Mahal, les chiffres
arabes, les rapports étroits qui unissent les philosophies grecque et
islamique, ARISTOTE et AVERROES. VoilÃ, nous partageons les mêmes
Å`uvres, nous sommes liés par l'histoire, héritiers que nous sommes de
cultures qui nous rassemblent.
Vous avez fait allusion, Monsieur le Président, Ã ce magnifique
baptistère de Saint-Louis, cette création mamelouke, qui servit
pendant des siècles aux baptêmes des enfants royaux de France.
Révélation, ainsi les monarques de droit divin avaient baigné dans des
Å`uvres islamiques. Nous ne le savions pas. Voilà qui nous rappelle
cette origine parfois commune.
Je pense aussi à cette aiguière de l'Egypte fatimide, qui faisait
partie du trésor de l'abbaye de Saint-Denis.
Une fois encore, l'évidence : entre l'Europe chrétienne et les
cultures d'islam, les correspondances sont innombrables.
Je dis les « cultures d'islam » car cet univers est fait de mille et
un mondes, il est multiple.
Variété des époques. Du VIIème siècle au XIXème, les collections
présentées ici invitent à un itinéraire dans le temps où chaque moment
a sa signification, son identité, son esprit, sa lumière.
Variété des lieux. De l'Espagne à l'Inde, de l'Egypte à l'Iran, de la
Turquie à la Malaisie, de Samarcande à la Transoxiane, ce sont les
arts andalou, mamelouk, ottoman, persan et tant d'autres qui se
montrent ici. Les langues et les traditions se croisent, se mêlent, se
répondent, et contribuent à cette mosaïque qu'est la culture en terres
d'islam.
Variété, enfin, des inspirations. Les inspirations sont ici à la fois
laïques ou religieuses, marquées par l'hellénisme ou par
l'orientalisme, interprétant de façons diverses l'interdit de la
représentation. Ni les textes, ni les Å`uvres, pas davantage les hommes
n'ont de visage unique, c'est pourquoi ils sont représentés de mille
façons.
Il n'y a pas une civilisation, mais des civilisations de l'islam.
Toutes raffinées et rayonnantes. Telles qu'elles se révèlent ici,
elles sont autant de preuves et d'espaces de liberté. Elles se fondent
sur la tolérance à l'égard de toutes les interprétations du monde.
Elles partent de la religion pour donner à l'Å`uvre humaine toute sa
force.
L'honneur des civilisations islamiques est d'être plus anciennes, plus
vivantes, et plus tolérantes que certains de ceux qui prétendent
abusivement aujourd'hui parler en leur nom. Il est l'exact contraire
de l'obscurantisme qui anéantit les principes et détruit les valeurs
de l'islam, en portant la violence et la haine.
Et quel plus beau message, oui, quel plus beau message que celui livré
ici, par les arts, au Louvre. Car dans cette profusion d'Å`uvres,
devant tant de patience, mise au service de l'harmonie, on comprend
que les meilleures armes pour lutter contre le fanatisme, qui se
réclame de l'islam, se trouvent dans l'islam lui-même.
La création comme la beauté doivent être à chaque instant défendues.
Ici, en France, chaque fois qu'est mise en cause la dignité de la
personne humaine et la liberté d'expression, nous serons lÃ, partout
dans le monde. Car c'est une agression à l'égard de toutes les
civilisations quand le patrimoine est saccagé, nous serons là pour
lutter contre les groupes mus par l'insondable bêtise, qui rend chaque
civilisation vulnérable. Je pense aux destructions récentes des
mausolées de Tombouctou, véritable richesse de l'Humanité toute
entière.
Et c'est au nom de cette liberté que la France aujourd'hui s'honore du
plus grand musée du monde, s'honore de cette plus belle collection des
arts de l'islam, et prend l'engagement de les protéger, de les mettre
en valeur, de les offrir au regard de tous, sans aucune exclusive. Je
veux exprimer toute ma gratitude aux équipes du musée du Louvre, qui
ont assuré cette maîtrise d'ouvrage jusqu'au bout. Je veux aussi dire
à la Conservatrice, Sophie MAKARIOU, combien je suis émerveillé par sa
persévérance, par son courage, par les choix qu'elle a pu faire avec
ses équipes. Il n'était pas facile de faire une sélection entre toutes
ces merveilles. Elle a pu y parvenir que parce que le président Henri
LOYRETTE a considéré -- et c'était également une volonté de la
République -- que le Louvre n'avait ni frontière ni limite, sauf
peut-être financière.
Et c'est au moment où est exposée à Paris la plus belle collection au
monde des Arts de l'Islam que s'ouvrira aussi, au début du mois de
décembre, le Louvre-Lens, vitrine nouvelle du Musée, et qu'Ã Abu
Dhabi, démarrera la construction d'un musée qui accueillera un art,
tous les arts, avec des Å`uvres de toutes origines, et avec des
tableaux de toutes les religions.
VoilÃ, réalisée la volonté des conventionnels de 1792, ils ne savaient
pas qu'un jour, nous serions là pour cette inauguration, mais ils
avaient posé les conditions, donné l'inspiration : faire du Louvre le
bien de tous, au-delà même de la nation, au-delà même de la France,
pour permettre que le regard du monde vienne jusqu'Ã nous. Ce
département consacré aux Arts de l'Islam est donc à la fois un projet
artistique de grande dimension, une réussite architecturale de grand
talent, une manifestation internationale de belle facture, Ã tous les
sens du terme, et un geste politique au service de l'harmonie, du
respect et de la paix. C'est cet acte-là que nous avons posé ensemble,
un acte de culture, un acte de confiance, un acte de paix, et un acte
politique.
Merci à tous.
Discours du Président de la République lors de l'ouverture du nouveau
département des Arts de l'Islam au Musée du Louvre
Lire aussi :
Stop au génocide blanc en Azerbaïdjan
Il y a 5 ans : la destruction du cimetière arménien de Djoulfa
Que se passe-t-il à l'UNESCO ?
Tragedy on the Araxes
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Publié le : 19-09-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "Ici en France, chaque
fois qu'est mis en cause la dignité de la personne humaine et la
liberté d'expression, nous serons lÃ. Partout dans le monde, (...)
quand le patrimoine est saccagé, nous serons là pour lutter contre les
groupes qui sont mus par l'insondable bêtise qui rend chaque
civilisation vulnérable", a déclaré François Hollande. Le chef de
l'Etat s'exprimait mardi matin devant l'auditoire venu assister Ã
l'inauguration des nouvelles salles du Louvre consacrées aux Arts de
l'Islam. Bévue ou attaque en sourdine, il se trouve justement que l'un
de ses invités, Ilham Aliev, président de l'Azerbaïdjan, pays-donateur
du musée du Louvre, a justement fait preuve de son « insondable bêtise
» en donnant l'ordre d'anéantir totalement tous les vestiges de
l'antique civilisation arménienne encore visible à Djoulfa au
Nakhitchevan.
http://www.youtube.com/watch?v=_gdIDEgDKK4
En 2005, l'Armée azérie a en effet définitivement rasé le cimetière
médiéval de Djoulfa où se dressaient des milliers de somptueuses croix
de pierre ciselées (Khatchkars), symboles de l'art religieux arménien.
A la place se dresse désormais un champ de tir de l'armée de
l'Azerbaïdjan.
Ce génocide culturel rejoint la volonté d'extermination physique Ã
l'encontre des Arméniens perceptible dans les propos de tous les
officiels azéris. Parmi eux, le dictateur azéri en personne qui a
déclaré en mars 2012 que « l'ennemi numéro un pour l'Azerbaïdjan, ce
sont les Arméniens dans le monde entier » ; ou l'ancien ministre de
l'Intérieur azéri, Ä°sgandar Hamidov qui avait annoncé la couleur en
2006: « Plus les Azéris tueront d'Arméniens, moins d'Arméniens il
restera. »
Quant à l'actuel Consul Général d'Azerbaïdjan à Istanbul, Représentant
permanent à l'Organisation de Coopération Economique de la Mer Noire
(OCEMN), Hasan Zeynalov, il avait déclaré en 2005 Ã la BBC: « Les
Arméniens n'ont jamais vécu au Nakhitchevan qui a été une terre
azerbaïdjanaise de temps immémorial, et c'est pourquoi il n'y a aucun
cimetière ni monument arménien, car il n'y en a jamais eu ».
Un point de vue relayé en France avec les pressions exercées Ã
l'UNESCO pour une simple exposition-photos organisée en juin 2011 au
siège de Paris.
Mais rassurons-nous, le Président de la République a déclaré en
préambule "Ici en France, chaque fois qu'est mis en cause la dignité
de la personne humaine et la liberté d'expression, nous serons lÃ. ".
Il y a donc fort à parier que la conduite indigne de son richissime
homologue azéri (qui a récemment gracié et récompensé cyniquement le
meurtre raciste d'un assassin d'Arménien) a été fustigée sous les ors
de l'Elysée où François Hollande recevait ensuite Ilham Aliev.
Collectif VAN
*********************
Discours du Président de la République lors de l'ouverture du nouveau
département des Arts de l'Islam au Musée du Louvre
Elysée
Madame la ministre de la Culture,
Messieurs les ministres,
Monsieur le président du Louvre,
Mesdames, Messieurs,
Le 20 septembre 1792, la première République française était proclamée.
La veille, il était décidé, par l'assemblée législative, de créer au
Louvre un lieu où seraient déposés « les tableaux et autres monuments
relatifs aux Beaux-Arts se trouvant dans toutes les maisons royales ».
Cela veut dire qu'avant même la proclamation de la République, les
révolutionnaires avaient voulu installer un grand musée.
Un an plus tard, il s'ouvrait. Installé dans le palais des rois, il
devenait alors le bien inaliénable des peuples de France.
Richesse de notre nation, le musée du Louvre est aujourd'hui le plus
grand musée du monde. Il n'a cessé d'évoluer, car le patrimoine est un
bien vivant.
Le Louvre est d'ailleurs bien plus qu'un musée, c'est une institution
de la République, forgée par plus de deux siècles de combats et de
conquêtes, une institution dont le prestige et le succès, toujours
plus spectaculaires : en 10 ans le nombre des visiteurs du Louvre a
presque doublé, passant d'un peu plus de 5 millions à 9 millions
aujourd'hui. 35% sont Français, et la moitié des visiteurs a moins de
30 ans, confirmant ainsi le succès international de cet établissement,
pour toutes les générations.
C'est une étape supplémentaire que nous franchissons aujourd'hui.
Elle s'inscrit dans le prolongement de la belle idée, de la grande
idée, du Louvre, du Grand Louvre, conçu et voulu par François
MITTERRAND et Jack LANG, ici présent.
C'est une véritable bataille qu'ils lancèrent il y a 30 ans, une de
celles que notre pays est capable de livrer et parfois de se livrer Ã
lui-même. En l'occurrence cette lutte fut menée dans les antichambres
de nos palais nationaux et dans les couloirs de nos ministères.
Cette bataille fut gagnée. Elle fut marquée par l'édification, de la
pyramide d'abord, un moment contestée, puis par l'installation du
ministère des Finances à Bercy, contestée pour d'autres raisons, et
par la reconquête des Tuileries.
Elle fut conduite contre les réticences de toutes sortes, contre les
conservatismes, contre les inerties, et il y fallut de l'audace, de
l'obstination, de tous les ministres de la Culture successifs, une
vision de ce que l'Etat peut faire et doit faire pour la culture.
L'inauguration des nouveaux espaces consacrés aux arts de l'Islam
constitue le dernier épisode en date de cette bataille.
Cette réalisation a nécessité, là encore, une forte volonté politique,
au-delà des changements et des alternances. C'est Jacques CHIRAC, en
2003, qui a annoncé la création de ce nouveau département et rappelé
l'apport essentiel des civilisations de l'Islam à notre culture.
Le 16 juillet 2008, Nicolas SARKOZY posait la première pierre,
parvenait aussi à sanctuariser les financements et à en mobiliser
d'autres.
Aujourd'hui il me revient d'inaugurer le huitième département du Louvre.
Je salue ceux qui, par leur générosité, et leur haute conscience, ont
rendu ce moment possible, tout simplement par le souci de permettre au
regard de tous, de constater, les merveilles des arts de l'Islam, le
roi du Maroc, l'émir du Koweït, le sultan d'Oman, le président de la
République d'Azerbaïdjan, ainsi que le Prince AL-WALEED d'Arabie
saoudite, ils comptent parmi les nombreux partenaires, publics et
privés, de France et d'ailleurs, qui ont contribué Ã ce projet d'un
coût de 100 millions d'euros. C'est la plus vaste opération de mécénat
qui n'ait jamais été entreprise au Louvre. Je veux d'ailleurs rappeler
que le mécénat continuera d'être stimulé, encouragé, car c'est une
chance pour notre pays. Grce à l'Etat, par son budget, aux dons
recueillis, les trésors que nous découvrons aujourd'hui sont
maintenant rassemblés et exposés.
La France possédait depuis longtemps, très longtemps, dans le domaine
des arts de l'Islam, l'une des plus belles collections du monde. Elle
les avait oubliées, elle les avait laissées s'accumuler dans des
réserves, elle confinait ces merveilles dans des caisses, elle les
dispersait dans des lieux, notamment au Musée des Arts décoratifs. Ce
qui manquait jusqu'à présent à ces chefs-d'Å`uvre, c'était l'espace :
seul un dixième des pièces disponibles était présenté au public.
Voilà cette anomalie réparée. Il en est terminé de cette injustice.
Provenant du Louvre, mais aussi du Musée des Arts décoratifs, 3000
Å`uvres sont désormais présentées. Elles sont placées dans un écrin
magnifique : ce grand geste architectural que nous découvrons, de
Mario BELLINI et Rudy RICCIOTTI, qui, dans la cour Visconti ont
inscrit l'avant-garde la plus audacieuse, dans l'Histoire la plus
vénérable et ont été capables de mélanger la modernité avec
l'Histoire.
Ce département des arts de l'Islam est un projet emblématique à plus
d'un titre.
D'abord c'est une conception de la culture, d'une culture ouverte Ã
tous. Chaque citoyen, chaque personne, a droit à la beauté et à la
création. Nul ne doit en être écarté, pour quelles que raisons que ce
soient, les pires étant le préjugé ou l'ignorance. C'est la mission de
la ministre de la Culture, Aurélie FILIPPETTI, que de faire vivre
cette égalité. C'est pourquoi le gouvernement a placé l'éducation
artistique parmi ses priorités, car rien n'est inné. Le beau, quand il
est l'Å`uvre de l'esprit, s'apprend aussi. Et cet enseignement doit
permettre aux enfants, Ã tous les enfants, d'acquérir bien plus qu'un
savoir, une curiosité, une sensibilité, une élévation d'esprit, une
fierté.
Ce projet traduit, ensuite, une volonté, celle de conforter la
vocation universelle du Louvre, car la culture est universelle.
Les civilisations ne sont pas des blocs qui s'ignoreraient ou qui se
heurteraient. Les civilisations progressent par leurs rencontres, par
leurs dialogues.
Ainsi s'exprime la grandeur de l'art : il nous élève en nous tournant
vers les autres, il nous fait mieux prendre conscience de nous-mêmes.
La culture, comme l'évoquait BAUDELAIRE, est une « invitation au
voyage ». Voyage dans le temps et voyage dans l'espace. Voyage aussi
dans notre propre intimité.
Découvrir les arts de l'islam pour les visiteurs du monde entier, qui
se presseront bientôt dans ces salles, ce sera donc traverser des
continents, parcourir des siècles, mais aussi découvrir une part
d'eux-mêmes. C'est vrai en particulier des Français et des Européens,
qui constateront avec surprise ce qu'ils doivent aux cultures de
l'Orient. Les exemples sont innombrables : le Taj Mahal, les chiffres
arabes, les rapports étroits qui unissent les philosophies grecque et
islamique, ARISTOTE et AVERROES. VoilÃ, nous partageons les mêmes
Å`uvres, nous sommes liés par l'histoire, héritiers que nous sommes de
cultures qui nous rassemblent.
Vous avez fait allusion, Monsieur le Président, Ã ce magnifique
baptistère de Saint-Louis, cette création mamelouke, qui servit
pendant des siècles aux baptêmes des enfants royaux de France.
Révélation, ainsi les monarques de droit divin avaient baigné dans des
Å`uvres islamiques. Nous ne le savions pas. Voilà qui nous rappelle
cette origine parfois commune.
Je pense aussi à cette aiguière de l'Egypte fatimide, qui faisait
partie du trésor de l'abbaye de Saint-Denis.
Une fois encore, l'évidence : entre l'Europe chrétienne et les
cultures d'islam, les correspondances sont innombrables.
Je dis les « cultures d'islam » car cet univers est fait de mille et
un mondes, il est multiple.
Variété des époques. Du VIIème siècle au XIXème, les collections
présentées ici invitent à un itinéraire dans le temps où chaque moment
a sa signification, son identité, son esprit, sa lumière.
Variété des lieux. De l'Espagne à l'Inde, de l'Egypte à l'Iran, de la
Turquie à la Malaisie, de Samarcande à la Transoxiane, ce sont les
arts andalou, mamelouk, ottoman, persan et tant d'autres qui se
montrent ici. Les langues et les traditions se croisent, se mêlent, se
répondent, et contribuent à cette mosaïque qu'est la culture en terres
d'islam.
Variété, enfin, des inspirations. Les inspirations sont ici à la fois
laïques ou religieuses, marquées par l'hellénisme ou par
l'orientalisme, interprétant de façons diverses l'interdit de la
représentation. Ni les textes, ni les Å`uvres, pas davantage les hommes
n'ont de visage unique, c'est pourquoi ils sont représentés de mille
façons.
Il n'y a pas une civilisation, mais des civilisations de l'islam.
Toutes raffinées et rayonnantes. Telles qu'elles se révèlent ici,
elles sont autant de preuves et d'espaces de liberté. Elles se fondent
sur la tolérance à l'égard de toutes les interprétations du monde.
Elles partent de la religion pour donner à l'Å`uvre humaine toute sa
force.
L'honneur des civilisations islamiques est d'être plus anciennes, plus
vivantes, et plus tolérantes que certains de ceux qui prétendent
abusivement aujourd'hui parler en leur nom. Il est l'exact contraire
de l'obscurantisme qui anéantit les principes et détruit les valeurs
de l'islam, en portant la violence et la haine.
Et quel plus beau message, oui, quel plus beau message que celui livré
ici, par les arts, au Louvre. Car dans cette profusion d'Å`uvres,
devant tant de patience, mise au service de l'harmonie, on comprend
que les meilleures armes pour lutter contre le fanatisme, qui se
réclame de l'islam, se trouvent dans l'islam lui-même.
La création comme la beauté doivent être à chaque instant défendues.
Ici, en France, chaque fois qu'est mise en cause la dignité de la
personne humaine et la liberté d'expression, nous serons lÃ, partout
dans le monde. Car c'est une agression à l'égard de toutes les
civilisations quand le patrimoine est saccagé, nous serons là pour
lutter contre les groupes mus par l'insondable bêtise, qui rend chaque
civilisation vulnérable. Je pense aux destructions récentes des
mausolées de Tombouctou, véritable richesse de l'Humanité toute
entière.
Et c'est au nom de cette liberté que la France aujourd'hui s'honore du
plus grand musée du monde, s'honore de cette plus belle collection des
arts de l'islam, et prend l'engagement de les protéger, de les mettre
en valeur, de les offrir au regard de tous, sans aucune exclusive. Je
veux exprimer toute ma gratitude aux équipes du musée du Louvre, qui
ont assuré cette maîtrise d'ouvrage jusqu'au bout. Je veux aussi dire
à la Conservatrice, Sophie MAKARIOU, combien je suis émerveillé par sa
persévérance, par son courage, par les choix qu'elle a pu faire avec
ses équipes. Il n'était pas facile de faire une sélection entre toutes
ces merveilles. Elle a pu y parvenir que parce que le président Henri
LOYRETTE a considéré -- et c'était également une volonté de la
République -- que le Louvre n'avait ni frontière ni limite, sauf
peut-être financière.
Et c'est au moment où est exposée à Paris la plus belle collection au
monde des Arts de l'Islam que s'ouvrira aussi, au début du mois de
décembre, le Louvre-Lens, vitrine nouvelle du Musée, et qu'Ã Abu
Dhabi, démarrera la construction d'un musée qui accueillera un art,
tous les arts, avec des Å`uvres de toutes origines, et avec des
tableaux de toutes les religions.
VoilÃ, réalisée la volonté des conventionnels de 1792, ils ne savaient
pas qu'un jour, nous serions là pour cette inauguration, mais ils
avaient posé les conditions, donné l'inspiration : faire du Louvre le
bien de tous, au-delà même de la nation, au-delà même de la France,
pour permettre que le regard du monde vienne jusqu'Ã nous. Ce
département consacré aux Arts de l'Islam est donc à la fois un projet
artistique de grande dimension, une réussite architecturale de grand
talent, une manifestation internationale de belle facture, Ã tous les
sens du terme, et un geste politique au service de l'harmonie, du
respect et de la paix. C'est cet acte-là que nous avons posé ensemble,
un acte de culture, un acte de confiance, un acte de paix, et un acte
politique.
Merci à tous.
Discours du Président de la République lors de l'ouverture du nouveau
département des Arts de l'Islam au Musée du Louvre
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