France Info
18 sept 2012
L'affaire Safarov, un fait divers qui ravive une guerre
le Mardi 18 Septembre 2012
Un officier d'Azerbaïdjan, Ramil Safarov, a tué un militaire arménien
à coups de hache. Gracié, il est considéré dans son pays comme un
héros. Cette affaire réveille les tensions entre Bakou et Erevan.
Au début, c'est un fait divers, sanglant. En février 2004, à Budapest,
en Hongrie, des militaires de plusieurs pays participent à un stage
d'anglais organisé par l'OTAN. Ils sont là dans le cadre d'un
"partenariat pour la paix". Mais une nuit, un officier venu
d'Azerbaïdjan, Ramil Safarov, pénètre dans la chambre d'un autre
militaire, un arménien, et il le tue dans son sommeil. Il lui assène
seize coups de hache. Il le laisse presque décapité.
Safarov est arrêté. Pour se justifier, il explique qu'il a vengé son
pays. Car dans les années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont
combattus sans pitié. Erevan et Bakou se disputaient une petite
région, le Haut-Karabakh. Le conflit a fait 30.000 morts. En 1994, les
armes se sont tues mais la pression n'est jamais retombée.
Safarov est condamné. Il purge sa peine en Hongrie, dans le pays où il
a commis son crime. Mais il y a quelques semaines, Budapest accepte
finalement de l'extrader. La Hongrie renvoie le meurtrier chez lui, en
Azerbaïdjan. Imagine-t-elle ce qui attend Ramil Safarov ? En tout cas,
dès que l'officier pose le pied à Bakou, il est acclamé. Au lieu de
terminer sa peine dans une prison azérie, il est gracié et il est
couvert de récompenses. L'Azerbaidjan lui donne le grade de
commandant. Il lui verse huit ans de salaires, pour compenser ses huit
ans de prison. Il lui offre même un appartement. Le meurtrier parade à
la télévision. Il est devenu un héros national. D'ailleurs, le
ministre des affaires étrangères ne s'en cache pas. Pour lui, Safarov
est une victime : son crime est compréhensible ; il est une
conséquence de la guerre du Haut-Karabakh.
Les arméniens sont furieux. Des centaines de personnes manifestent
dans plusieurs villes et donc ce soir à Paris. Elles en veulent au
président Aliev, mais aussi à la Hongrie. Elles l'accusent d'avoir
libéré Safarov pour de mauvaises raisons, pour faire plaisir à
l'Azerbaïdjan, pour renforcer le lien économique et politique avec
Bakou. L'Azerbaïdjan possède du gaz. Le pays pourrait aussi aider la
Hongrie à éponger sa dette. Pour l'Arménie, c'est trop. Erevan a rompu
ses relations diplomatiques avec la Hongrie.
Un geste de folie et seize coups de haches provoquent maintenant une
crise internationale. L'OTAN et les Nations Unies expriment leur
inquiétude. La grce de Ramil Safarov pourrait réveiller les fantômes
de la guerre.
http://www.franceinfo.fr/monde/l-histoire-du-jour/l-affaire-safarov-un-fait-divers-qui-ravive-une-guerre-741827-2012-09-18
18 sept 2012
L'affaire Safarov, un fait divers qui ravive une guerre
le Mardi 18 Septembre 2012
Un officier d'Azerbaïdjan, Ramil Safarov, a tué un militaire arménien
à coups de hache. Gracié, il est considéré dans son pays comme un
héros. Cette affaire réveille les tensions entre Bakou et Erevan.
Au début, c'est un fait divers, sanglant. En février 2004, à Budapest,
en Hongrie, des militaires de plusieurs pays participent à un stage
d'anglais organisé par l'OTAN. Ils sont là dans le cadre d'un
"partenariat pour la paix". Mais une nuit, un officier venu
d'Azerbaïdjan, Ramil Safarov, pénètre dans la chambre d'un autre
militaire, un arménien, et il le tue dans son sommeil. Il lui assène
seize coups de hache. Il le laisse presque décapité.
Safarov est arrêté. Pour se justifier, il explique qu'il a vengé son
pays. Car dans les années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont
combattus sans pitié. Erevan et Bakou se disputaient une petite
région, le Haut-Karabakh. Le conflit a fait 30.000 morts. En 1994, les
armes se sont tues mais la pression n'est jamais retombée.
Safarov est condamné. Il purge sa peine en Hongrie, dans le pays où il
a commis son crime. Mais il y a quelques semaines, Budapest accepte
finalement de l'extrader. La Hongrie renvoie le meurtrier chez lui, en
Azerbaïdjan. Imagine-t-elle ce qui attend Ramil Safarov ? En tout cas,
dès que l'officier pose le pied à Bakou, il est acclamé. Au lieu de
terminer sa peine dans une prison azérie, il est gracié et il est
couvert de récompenses. L'Azerbaidjan lui donne le grade de
commandant. Il lui verse huit ans de salaires, pour compenser ses huit
ans de prison. Il lui offre même un appartement. Le meurtrier parade à
la télévision. Il est devenu un héros national. D'ailleurs, le
ministre des affaires étrangères ne s'en cache pas. Pour lui, Safarov
est une victime : son crime est compréhensible ; il est une
conséquence de la guerre du Haut-Karabakh.
Les arméniens sont furieux. Des centaines de personnes manifestent
dans plusieurs villes et donc ce soir à Paris. Elles en veulent au
président Aliev, mais aussi à la Hongrie. Elles l'accusent d'avoir
libéré Safarov pour de mauvaises raisons, pour faire plaisir à
l'Azerbaïdjan, pour renforcer le lien économique et politique avec
Bakou. L'Azerbaïdjan possède du gaz. Le pays pourrait aussi aider la
Hongrie à éponger sa dette. Pour l'Arménie, c'est trop. Erevan a rompu
ses relations diplomatiques avec la Hongrie.
Un geste de folie et seize coups de haches provoquent maintenant une
crise internationale. L'OTAN et les Nations Unies expriment leur
inquiétude. La grce de Ramil Safarov pourrait réveiller les fantômes
de la guerre.
http://www.franceinfo.fr/monde/l-histoire-du-jour/l-affaire-safarov-un-fait-divers-qui-ravive-une-guerre-741827-2012-09-18