TURQUIE
Turquie : le procès de 365 officiers accusés de complot proche de son dénouement
Un tribunal de la banlieue d'Istanbul a entendu jeudi une dernière
fois 365 officiers accusés de complot contre le gouvernement au
pouvoir en Turquie et devait rendre en soirée son verdict, le premier
d'une série de procès politiques qui divisent le pays.
Pour ses ultimes paroles devant la cour de Silivri, à une cinquantaine
de kilomètres à l'ouest d'Istanbul, l'ancien général Cetin Dogan a une
nouvelle fois démenti être le `cerveau` de l'opération `Masse de
Forgeron` et retourné ces accusations contre ses juges.
`Nous voyons ici un procès mis en oeuvre pour faire payer aux soldats
(...) de Mustafa Kemal (Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne),
qui ont donné leur vie à leur pays, leur attachement à la République
et à ses principes`, a déclaré à la barre l'ancien général.
Dénonçant un `procès injuste et illégal`, l'ex-officier a visé les
tenants d'une `mentalité qui perçoit comme des ennemis tous ceux qui
n'appartiennent pas à leur propre confrérie`.
Une allusion aux racines islamistes du Parti de la justice et du
développement (AKP) au pouvoir et à l'influence de la confrérie
religieuse du prédicateur Fethullah Gülen au sein de l'appareil
judiciaire.
Après lui, tous les accusés ont rejeté les accusations et dénoncé des
preuves fabriquées - leurs avocats étaient d'ailleurs absents de la
salle d'audience pour protester contre les réticences de la cour à
contrôler l'authenticité des documents produits contre leurs clients.
`Si un verdict est rendu, il ne sera pas juridique mais politique.
Nous sommes les victimes d'un règlement de compte avec l'armée`, a
lancé le général Bilgin Balanli.
`Masse de Forgeron` est le nom de code d'un complot qu'auraient
fomenté Cetin Dogan et d'autres militaires en 2003 pour chasser l'AKP
du pouvoir auquel il venait d'accéder un an plus tôt. Selon
l'accusation, cette opération prévoyait une série d'attentats destinés
à semer le chaos en Turquie et à justifier une intervention
pacificatrice de l'armée.
Pour leur participation supposée à ce complot, 365 officiers d'active
ou à la retraite, dont plusieurs anciens chefs d'armée et de corps
d'armée, encourent entre quinze et vingt ans de prison sous
l'accusation de `tentative d'empêcher par la force l'action du
gouvernement de la République`.
Deux cent cinquante d'entre eux comparaissent en détention préventive.
Les inculpés prétendent que le plan incriminé n'était en fait qu'un
scénario pédagogique comme l'armée en produit souvent.
Ce procès, débuté en décembre 2010, est la plus retentissante des
procédures pour complot qui émaillent depuis 2007 la vie judiciaire
turque, car il attaque frontalement une armée jusque-là intouchable,
gardienne autoproclamée de la laïcité dans un pays à la population
très majoritairement musulmane.
Derrière les accusations du ministère public et celles proférées jeudi
par Cetin Dogan s'opposent deux visions de la société turque.
Pour les milieux pro-gouvernementaux, généralement conservateurs et
religieux, les procès de ces dernières années constituent une avancée
majeure vers la démocratisation de la Turquie et le respect de l'Etat
de droit par une armée responsable de quatre putschs en un
demi-siècle.
Les cercles qui défendent l'héritage laïc d'Atatürk y voient en
revanche une chasse aux sorcières visant à faire taire l'opposition et
faciliter l'islamisation en catimini du pays.
La cour optera-t-elle pour une clémence susceptible de réconcilier ces
deux pôles de la société ou consacrera-t-elle par de lourdes peines la
victoire du premier sur le second ?
Après avoir écouté le dernier prévenu, les juges ont annoncé qu'ils
rendraient leur verdict jeudi en fin de journée, tandis que les
familles présentes dans la salle ovationnaient les prévenus.
samedi 22 septembre 2012,
Stéphane ©armenews.com
Turquie : le procès de 365 officiers accusés de complot proche de son dénouement
Un tribunal de la banlieue d'Istanbul a entendu jeudi une dernière
fois 365 officiers accusés de complot contre le gouvernement au
pouvoir en Turquie et devait rendre en soirée son verdict, le premier
d'une série de procès politiques qui divisent le pays.
Pour ses ultimes paroles devant la cour de Silivri, à une cinquantaine
de kilomètres à l'ouest d'Istanbul, l'ancien général Cetin Dogan a une
nouvelle fois démenti être le `cerveau` de l'opération `Masse de
Forgeron` et retourné ces accusations contre ses juges.
`Nous voyons ici un procès mis en oeuvre pour faire payer aux soldats
(...) de Mustafa Kemal (Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne),
qui ont donné leur vie à leur pays, leur attachement à la République
et à ses principes`, a déclaré à la barre l'ancien général.
Dénonçant un `procès injuste et illégal`, l'ex-officier a visé les
tenants d'une `mentalité qui perçoit comme des ennemis tous ceux qui
n'appartiennent pas à leur propre confrérie`.
Une allusion aux racines islamistes du Parti de la justice et du
développement (AKP) au pouvoir et à l'influence de la confrérie
religieuse du prédicateur Fethullah Gülen au sein de l'appareil
judiciaire.
Après lui, tous les accusés ont rejeté les accusations et dénoncé des
preuves fabriquées - leurs avocats étaient d'ailleurs absents de la
salle d'audience pour protester contre les réticences de la cour à
contrôler l'authenticité des documents produits contre leurs clients.
`Si un verdict est rendu, il ne sera pas juridique mais politique.
Nous sommes les victimes d'un règlement de compte avec l'armée`, a
lancé le général Bilgin Balanli.
`Masse de Forgeron` est le nom de code d'un complot qu'auraient
fomenté Cetin Dogan et d'autres militaires en 2003 pour chasser l'AKP
du pouvoir auquel il venait d'accéder un an plus tôt. Selon
l'accusation, cette opération prévoyait une série d'attentats destinés
à semer le chaos en Turquie et à justifier une intervention
pacificatrice de l'armée.
Pour leur participation supposée à ce complot, 365 officiers d'active
ou à la retraite, dont plusieurs anciens chefs d'armée et de corps
d'armée, encourent entre quinze et vingt ans de prison sous
l'accusation de `tentative d'empêcher par la force l'action du
gouvernement de la République`.
Deux cent cinquante d'entre eux comparaissent en détention préventive.
Les inculpés prétendent que le plan incriminé n'était en fait qu'un
scénario pédagogique comme l'armée en produit souvent.
Ce procès, débuté en décembre 2010, est la plus retentissante des
procédures pour complot qui émaillent depuis 2007 la vie judiciaire
turque, car il attaque frontalement une armée jusque-là intouchable,
gardienne autoproclamée de la laïcité dans un pays à la population
très majoritairement musulmane.
Derrière les accusations du ministère public et celles proférées jeudi
par Cetin Dogan s'opposent deux visions de la société turque.
Pour les milieux pro-gouvernementaux, généralement conservateurs et
religieux, les procès de ces dernières années constituent une avancée
majeure vers la démocratisation de la Turquie et le respect de l'Etat
de droit par une armée responsable de quatre putschs en un
demi-siècle.
Les cercles qui défendent l'héritage laïc d'Atatürk y voient en
revanche une chasse aux sorcières visant à faire taire l'opposition et
faciliter l'islamisation en catimini du pays.
La cour optera-t-elle pour une clémence susceptible de réconcilier ces
deux pôles de la société ou consacrera-t-elle par de lourdes peines la
victoire du premier sur le second ?
Après avoir écouté le dernier prévenu, les juges ont annoncé qu'ils
rendraient leur verdict jeudi en fin de journée, tandis que les
familles présentes dans la salle ovationnaient les prévenus.
samedi 22 septembre 2012,
Stéphane ©armenews.com