Conférences « Etre Arménien en Turquie et en diaspora »
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=67348
Publié le : 21-09-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - « L'avocate Fethiye Çetin,
écrivaine et militante des droits de l'homme et l'actrice arménienne
Arsinée Khanjian ont parlé de ce que cela signifiait d'être un
Arménien, tant en Turquie qu'en diaspora, dans une série de
conférences itinérantes [à Berlin, Istanbul et Erevan] dont le titre
est « Escalader la montagne », initiée par la Fondation Civilitas et
Culture Anatolienne (Anadolu Kültür). » Un article intéressant mis à
part l'allusion aux « préjudices mutuels subis par les Arméniens et
les Turcs ». Le Collectif VAN vous livre la traduction d'un article en
anglais, paru le 10 septembre 2012 sur le site progressiste turc
Bianet, sous la rubrique GÉNOCIDE ARMÉNIEN.
Bianet
GÉNOCIDE ARMÉNIEN
Escalader la montagne de la vérité et de la justice
L'actrice Arsinée Khanjian et l'avocate Fethiye Çetin ont parlé de ce
que cela signifiait d'être un Arménien en Turquie et en diaspora, dans
une série de conférences dont le titre est « Escalader la montagne »,
lancée par la Fondation Civilitas et la Culture Anatolienne.
Nilay VARDAR
[email protected]
Istanbul - BIA News Center
10 septembre 2012
L'avocate Fethiye Çetin, écrivaine et militante des droits de l'homme
et l'actrice arménienne Arsinée Khanjian ont parlé de ce que cela
signifie d'être un Arménien tant en Turquie qu'en diaspora, dans une
série de conférences itinérantes dont le titre est « Escalader la
montagne » initiée par la Fondation Civilitas et la Culture
Anatolienne (Anadolu Kültür.)
La première série de conférence a eu lieu à Berlin le 4 septembre,
tandis que la seconde s'est déroulée à Istanbul le 6 septembre. La
troisième aura lieu à Erevan le 13 et sera diffusée en streaming,
enregistrée en vidéo et partagée sur un site en trois langues.
Les conférences visent à mettre en lumière l'aspect personnel des
relations arméno-turques, et à établir un rapport entre les préjudices
mutuels subis par les Arméniens et les Turcs, et les personnes dont
les familles ont été forcées de quitter l'Anatolie, et celles qui sont
restées.
Balayer la vérité
« Mes grands-parents étaient citoyens de l'État ottoman. Je suis née à
Beyrouth. J'ai escaladé la montagne ; je suis montée sur l'Ararat.
Ceci est très important pour les gens nés dans des lieux extérieurs à
leur pays ancestral, contre leur propre volonté, et pour les aider à
se construire une identité. Lorsque j'ai escaladé le Mont Ararat, j'y
ai trouvé la vérité et la justice. J'ai enterré dans cette montagne
les photos de mes grands-parents, qui étaient nés à Erzurum, et les
gants de ma mère, décédée jeune », a déclaré l'actrice Arsinée
Khanjian, citoyenne canadienne d'origine arménienne, née au Liban.
Khanjian a joué le rôle d'Ani dans le film « Ararat » du réalisateur
Atom Egoyan.
L'avocate et activiste des droits de l'homme, Fethiye Çetin, auteure
de : Le livre de ma grand-mère, ("Ananem") a ensuite pris la parole:
« Je suis née [dans la province du nord-est d'Elazig.] Assez jeune,
j'ai commencé à vivre avec mes grands-parents musulmans. Puis je suis
devenue socialiste. Un jour, ma grand-mère m'a prise sur ses genoux et
m'a raconté une histoire que je n'avais jamais entendue auparavant, en
faisant des gestes, comme si elle essayait d'enlever des saletés sur
sa jupe. C'était comme si elle balayait de ses mains tout ce qu'elle
avait vécu à l'ge de neuf ans. J'ai cru ma grand-mère. Elle disait la
vérité. », a déclaré Çetin.
Fethiye Çetin est aussi connue pour avoir été l'avocate de la famille
de Hrant Dink, un journaliste turco-arménien assassiné en plein jour
devant son bureau le 19 janvier 2007, à Istanbul. Seuls deux suspects
liés à son assassinat ont été condamnés, tandis que d'autres suspects
et un certain nombre de fonctionnaires impliqués dans l'affaire n'ont
jamais été inculpés.
Des femmes arméniennes contraintes au mariage
« De nombreux guides kurdes locaux que j'ai rencontrés près du Mont
Ararat, se sont approchés de moi et m'ont dit que leurs grands-mères
étaient arméniennes, s'attendant à ce que cela me fasse un peu
plaisir. Cependant, j'étais tellement surprise que je n'ai pas su quoi
dire. Ce qu'ils ont dit prouvait une réalité totale ; ces grands-mères
avaient été mariées de force et il n'existait pas un seul grand-père
arménien », a dit Khanjian.
« Maintenant que j'ai une identité double, je peux parler avec
facilité », a déclaré l'avocate Çetin, ajoutant qu'il lui avait été
difficile au début de partager son histoire, même avec ses amis
socialistes.
« Ce n'était pas par crainte, mais nous ne pouvions pas démolir les
tabous que nous avions nous-mêmes créés. Nous avons accepté la
politique de la négation, dans le cadre de ce silence assourdi. C'est
pourquoi, je porte aujourd'hui une responsabilité. Ma grand-mère a
déposé sur mes épaules, toute la saleté dont elle avait balayé sa jupe
et je ne veux pas transmettre ce fardeau aux générations futures »,
a-t-elle dit.
Khanjian a également ajouté qu'il existait des milliers de livres sur
le génocide arménien, mais qu'elle préférait évoquer ce thème par des
moyens artistiques :
« Quand nous avons tourné le film 'Ararat', celui-ci a été perçu en
Turquie comme du matériel de propagande. Ccependant, il ne s'agissait
pas d'un film sur le génocide. Son thème principal était la politique
négationniste toujours menée par la Turquie », a-t-elle dit.
(NV)
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 21 septembre
2012 - www.collectifvan.org
Retour à la rubrique
Source/Lien : Bianet
From: A. Papazian
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=67348
Publié le : 21-09-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - « L'avocate Fethiye Çetin,
écrivaine et militante des droits de l'homme et l'actrice arménienne
Arsinée Khanjian ont parlé de ce que cela signifiait d'être un
Arménien, tant en Turquie qu'en diaspora, dans une série de
conférences itinérantes [à Berlin, Istanbul et Erevan] dont le titre
est « Escalader la montagne », initiée par la Fondation Civilitas et
Culture Anatolienne (Anadolu Kültür). » Un article intéressant mis à
part l'allusion aux « préjudices mutuels subis par les Arméniens et
les Turcs ». Le Collectif VAN vous livre la traduction d'un article en
anglais, paru le 10 septembre 2012 sur le site progressiste turc
Bianet, sous la rubrique GÉNOCIDE ARMÉNIEN.
Bianet
GÉNOCIDE ARMÉNIEN
Escalader la montagne de la vérité et de la justice
L'actrice Arsinée Khanjian et l'avocate Fethiye Çetin ont parlé de ce
que cela signifiait d'être un Arménien en Turquie et en diaspora, dans
une série de conférences dont le titre est « Escalader la montagne »,
lancée par la Fondation Civilitas et la Culture Anatolienne.
Nilay VARDAR
[email protected]
Istanbul - BIA News Center
10 septembre 2012
L'avocate Fethiye Çetin, écrivaine et militante des droits de l'homme
et l'actrice arménienne Arsinée Khanjian ont parlé de ce que cela
signifie d'être un Arménien tant en Turquie qu'en diaspora, dans une
série de conférences itinérantes dont le titre est « Escalader la
montagne » initiée par la Fondation Civilitas et la Culture
Anatolienne (Anadolu Kültür.)
La première série de conférence a eu lieu à Berlin le 4 septembre,
tandis que la seconde s'est déroulée à Istanbul le 6 septembre. La
troisième aura lieu à Erevan le 13 et sera diffusée en streaming,
enregistrée en vidéo et partagée sur un site en trois langues.
Les conférences visent à mettre en lumière l'aspect personnel des
relations arméno-turques, et à établir un rapport entre les préjudices
mutuels subis par les Arméniens et les Turcs, et les personnes dont
les familles ont été forcées de quitter l'Anatolie, et celles qui sont
restées.
Balayer la vérité
« Mes grands-parents étaient citoyens de l'État ottoman. Je suis née à
Beyrouth. J'ai escaladé la montagne ; je suis montée sur l'Ararat.
Ceci est très important pour les gens nés dans des lieux extérieurs à
leur pays ancestral, contre leur propre volonté, et pour les aider à
se construire une identité. Lorsque j'ai escaladé le Mont Ararat, j'y
ai trouvé la vérité et la justice. J'ai enterré dans cette montagne
les photos de mes grands-parents, qui étaient nés à Erzurum, et les
gants de ma mère, décédée jeune », a déclaré l'actrice Arsinée
Khanjian, citoyenne canadienne d'origine arménienne, née au Liban.
Khanjian a joué le rôle d'Ani dans le film « Ararat » du réalisateur
Atom Egoyan.
L'avocate et activiste des droits de l'homme, Fethiye Çetin, auteure
de : Le livre de ma grand-mère, ("Ananem") a ensuite pris la parole:
« Je suis née [dans la province du nord-est d'Elazig.] Assez jeune,
j'ai commencé à vivre avec mes grands-parents musulmans. Puis je suis
devenue socialiste. Un jour, ma grand-mère m'a prise sur ses genoux et
m'a raconté une histoire que je n'avais jamais entendue auparavant, en
faisant des gestes, comme si elle essayait d'enlever des saletés sur
sa jupe. C'était comme si elle balayait de ses mains tout ce qu'elle
avait vécu à l'ge de neuf ans. J'ai cru ma grand-mère. Elle disait la
vérité. », a déclaré Çetin.
Fethiye Çetin est aussi connue pour avoir été l'avocate de la famille
de Hrant Dink, un journaliste turco-arménien assassiné en plein jour
devant son bureau le 19 janvier 2007, à Istanbul. Seuls deux suspects
liés à son assassinat ont été condamnés, tandis que d'autres suspects
et un certain nombre de fonctionnaires impliqués dans l'affaire n'ont
jamais été inculpés.
Des femmes arméniennes contraintes au mariage
« De nombreux guides kurdes locaux que j'ai rencontrés près du Mont
Ararat, se sont approchés de moi et m'ont dit que leurs grands-mères
étaient arméniennes, s'attendant à ce que cela me fasse un peu
plaisir. Cependant, j'étais tellement surprise que je n'ai pas su quoi
dire. Ce qu'ils ont dit prouvait une réalité totale ; ces grands-mères
avaient été mariées de force et il n'existait pas un seul grand-père
arménien », a dit Khanjian.
« Maintenant que j'ai une identité double, je peux parler avec
facilité », a déclaré l'avocate Çetin, ajoutant qu'il lui avait été
difficile au début de partager son histoire, même avec ses amis
socialistes.
« Ce n'était pas par crainte, mais nous ne pouvions pas démolir les
tabous que nous avions nous-mêmes créés. Nous avons accepté la
politique de la négation, dans le cadre de ce silence assourdi. C'est
pourquoi, je porte aujourd'hui une responsabilité. Ma grand-mère a
déposé sur mes épaules, toute la saleté dont elle avait balayé sa jupe
et je ne veux pas transmettre ce fardeau aux générations futures »,
a-t-elle dit.
Khanjian a également ajouté qu'il existait des milliers de livres sur
le génocide arménien, mais qu'elle préférait évoquer ce thème par des
moyens artistiques :
« Quand nous avons tourné le film 'Ararat', celui-ci a été perçu en
Turquie comme du matériel de propagande. Ccependant, il ne s'agissait
pas d'un film sur le génocide. Son thème principal était la politique
négationniste toujours menée par la Turquie », a-t-elle dit.
(NV)
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 21 septembre
2012 - www.collectifvan.org
Retour à la rubrique
Source/Lien : Bianet
From: A. Papazian