Le Matin, Suisse
20 septembre 2012 jeudi
Édition Semaine
NICOLLIER FCHE L'AZERBAÏDJAN
RENAUD MICHIELS; Fagioli
INSOLITE Pour s'être rendu au Haut-Karabagh, l'astronaute se voit
jugé «indésirable» par l'Azerbaïdjan. L'histoire est surtout cocasse,
mais elle pourrait embarrasser Berne.
Claude Nicollier a fché un pays! Comme nous le révélions hier sur
Lematin. ch, l'astronaute est jugé persona non grata par
l'Azerbaïdjan, qui lui interdit de poser un pied sur son territoire.
Le Suisse s'est attiré les foudres de Bakou car il s'est rendu
dimanche à Stepanakert, capitale du Haut- Karabagh. Une région dominée
par l'Arménie mais revendiquée par les deux pays.
La réaction a fusé. «La visite des territoires de l'Azerbaïdjan
occupés sans permission spéciale est prohibée. Ceux qui font de telles
visites illégales seront inclus dans la liste des indésirables», a
réagi le porte-parole de la diplomatie azérie Elman Abdullayev. Une
autre star est touchée: l'astronaute américain Charles Duke, l'un des
douze hommes à avoir marché sur la Lune. Il était aussi à Stepanakert.
Claude Nicollier n'était pas au courant des sanctions. «Je suis
interdit en Azerbaïdjan? Je le regrette, mais je précise que la
rencontre à Stepanakert était purement scientifique, elle n'avait rien
de politique. Je n'ai jamais tenu de propos contre l'Azerbaïdjan, nous
avons parlé de «Hubble» ou de l'exploration de l'espace Sur place, mon
GPS m'a indiqué que j'étais en Azerbaïdjan. C'est tout ce que je sais
de cette histoire. »
«Cette péripétie montre bien ce qu'est un conflit gelé entre deux
pays. On ne parle presque plus du Haut- Karabagh depuis la fin de la
guerre, il y a près de 20 ans. Pourtant, sur place, les plaies sont
toujours grandes ouvertes», commente Gilles Carbonnier, professeur en
économie du développement au Graduate Institute, à Genève.
Mais, surtout, la mésaventure pourrait embarrasser Berne. La Suisse
n'aimerait pas que soient entachées les belles relations qu'elle
entretient avec l'Azerbaïdjan, pays décrié pour son régime autoritaire
mais courtisé pour son pétrole. «L'Azerbaïdjan est aujourd'hui l'un de
nos trois principaux fournisseurs de pétrole, et l'entreprise
pétrolière d'Etat azérie a racheté le réseau de distribution
helvétique d'Esso», rappelle le professeur. «J'imagine que Berne est
un peu gênée que l'un de ses illustres ressortissants se retrouve
interdit de séjour par un partenaire stratégique aussi important. »
Alors, que va faire le Département fédéral des affaires étrangères?
Rien. «Le DFAE n'était pas au courant du voyage privé de M. Nicollier
en Azerbaïdjan», note la porte-parole Carole Wälti. «Dans cette
affaire, M. Nicollier n'a pas sollicité l'aide du DFAE. » Et de
rappeler que la Confédération déconseille à tous ses ressortissants de
se rendre dans le Haut- Karabagh. En clair, la diplomatie suisse
devrait s'activer seulement si M. Nicollier le demandait. Ce qui ne
le tente pas: «Je n'avais de toute façon pas prévu de passer des
vacances en Azerbaïdjan. »
From: Baghdasarian
20 septembre 2012 jeudi
Édition Semaine
NICOLLIER FCHE L'AZERBAÏDJAN
RENAUD MICHIELS; Fagioli
INSOLITE Pour s'être rendu au Haut-Karabagh, l'astronaute se voit
jugé «indésirable» par l'Azerbaïdjan. L'histoire est surtout cocasse,
mais elle pourrait embarrasser Berne.
Claude Nicollier a fché un pays! Comme nous le révélions hier sur
Lematin. ch, l'astronaute est jugé persona non grata par
l'Azerbaïdjan, qui lui interdit de poser un pied sur son territoire.
Le Suisse s'est attiré les foudres de Bakou car il s'est rendu
dimanche à Stepanakert, capitale du Haut- Karabagh. Une région dominée
par l'Arménie mais revendiquée par les deux pays.
La réaction a fusé. «La visite des territoires de l'Azerbaïdjan
occupés sans permission spéciale est prohibée. Ceux qui font de telles
visites illégales seront inclus dans la liste des indésirables», a
réagi le porte-parole de la diplomatie azérie Elman Abdullayev. Une
autre star est touchée: l'astronaute américain Charles Duke, l'un des
douze hommes à avoir marché sur la Lune. Il était aussi à Stepanakert.
Claude Nicollier n'était pas au courant des sanctions. «Je suis
interdit en Azerbaïdjan? Je le regrette, mais je précise que la
rencontre à Stepanakert était purement scientifique, elle n'avait rien
de politique. Je n'ai jamais tenu de propos contre l'Azerbaïdjan, nous
avons parlé de «Hubble» ou de l'exploration de l'espace Sur place, mon
GPS m'a indiqué que j'étais en Azerbaïdjan. C'est tout ce que je sais
de cette histoire. »
«Cette péripétie montre bien ce qu'est un conflit gelé entre deux
pays. On ne parle presque plus du Haut- Karabagh depuis la fin de la
guerre, il y a près de 20 ans. Pourtant, sur place, les plaies sont
toujours grandes ouvertes», commente Gilles Carbonnier, professeur en
économie du développement au Graduate Institute, à Genève.
Mais, surtout, la mésaventure pourrait embarrasser Berne. La Suisse
n'aimerait pas que soient entachées les belles relations qu'elle
entretient avec l'Azerbaïdjan, pays décrié pour son régime autoritaire
mais courtisé pour son pétrole. «L'Azerbaïdjan est aujourd'hui l'un de
nos trois principaux fournisseurs de pétrole, et l'entreprise
pétrolière d'Etat azérie a racheté le réseau de distribution
helvétique d'Esso», rappelle le professeur. «J'imagine que Berne est
un peu gênée que l'un de ses illustres ressortissants se retrouve
interdit de séjour par un partenaire stratégique aussi important. »
Alors, que va faire le Département fédéral des affaires étrangères?
Rien. «Le DFAE n'était pas au courant du voyage privé de M. Nicollier
en Azerbaïdjan», note la porte-parole Carole Wälti. «Dans cette
affaire, M. Nicollier n'a pas sollicité l'aide du DFAE. » Et de
rappeler que la Confédération déconseille à tous ses ressortissants de
se rendre dans le Haut- Karabagh. En clair, la diplomatie suisse
devrait s'activer seulement si M. Nicollier le demandait. Ce qui ne
le tente pas: «Je n'avais de toute façon pas prévu de passer des
vacances en Azerbaïdjan. »
From: Baghdasarian