Cinéma
Douloureux fragments d'Arménie
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=88968
Ce premier documentaire fort prometteur de Marlene Edoyan,
Montréalaise d'origine arménienne, porte une poésie de grande
mélancolie. Périple en road-movie à travers l'Arménie et le Caucase,
c'est à travers une série de témoignages que le pays s'offre en
fragments douloureux. L'ombre du génocide de 1915 par les Turcs
ottomans (qui en nient toujours l'existence) plane partout.
On pense à Calendar, le film du retour aux sources en Arménie d'Atom
Egoyan, réalisé en 1993, dans cette quête pour définir le peuple
arménien par sa blessure, à travers des personnes restées là-bas, qui
se cherchent un héritage et se heurtent au trou noir.
Dans Figure d'Armen, c'est l'extrême pauvreté de l'Armémie, comme de
ses voisins du Caucase, le Haut-Karabakh et la Géorgie, qui désole au
premier chef. Certains gardent la nostalgie de l'Union soviétique, où
régnait une forme d'ordre avec des possibilités de travail. Les
Arméniens interviewés, mis à part des propriétaires terriens - et
encore, ils en arrachent -, se sentent livrés au chaos. Les aînés
attendent en vain leur pension de l'État, les enfants du pays
s'exilent en Russie ou ailleurs pour travailler. Dans les pays
limitrophes, en Géorgie notamment, les communautés arméniennes sont
malmenées.
Tous ces témoignages, dont celui d'une aînée qui partage des souvenirs
épars du génocide, sont captés à travers les magnifiques images
d'Ashot Movsesian, qui donne leur pleine lumière au paysage montueux,
aux maisons délabrées, aux sourires édentés, au vieux d'un village
poussant un terrible lamento, ailleurs à un vieil homme digne et
courageux qui veille sur son ne. Des silences prennent le relais des
mots et d'une belle musique lancinante. Cette Arménie en suspension,
qui évoque sans cesse sa diaspora, qui crève de misère et d'identité
bafouée par la négation de son génocide, devient le symbole douloureux
des pertes immenses, mais aussi du refus têtu et admirable de
disparaître.
Les projections de Figure d'Armen, à Excentris dès le 19 avril, puis
les 27 et 28 avril au Cinéma du Parc, se feront en présence de la
cinéaste et d'invités qui aborderont les enjeux du film en ce 98e
anniversaire du génocide arménien.
Figure d'Armen
Réalisation : Marlene Edoyan. Image : Ashot Movsesian. Musique :
Stephen de Oliveira. Montage : Jonathan Durand. 74 min.
samedi 20 avril 2013,
Jean Eckian ©armenews.com
From: A. Papazian
Douloureux fragments d'Arménie
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=88968
Ce premier documentaire fort prometteur de Marlene Edoyan,
Montréalaise d'origine arménienne, porte une poésie de grande
mélancolie. Périple en road-movie à travers l'Arménie et le Caucase,
c'est à travers une série de témoignages que le pays s'offre en
fragments douloureux. L'ombre du génocide de 1915 par les Turcs
ottomans (qui en nient toujours l'existence) plane partout.
On pense à Calendar, le film du retour aux sources en Arménie d'Atom
Egoyan, réalisé en 1993, dans cette quête pour définir le peuple
arménien par sa blessure, à travers des personnes restées là-bas, qui
se cherchent un héritage et se heurtent au trou noir.
Dans Figure d'Armen, c'est l'extrême pauvreté de l'Armémie, comme de
ses voisins du Caucase, le Haut-Karabakh et la Géorgie, qui désole au
premier chef. Certains gardent la nostalgie de l'Union soviétique, où
régnait une forme d'ordre avec des possibilités de travail. Les
Arméniens interviewés, mis à part des propriétaires terriens - et
encore, ils en arrachent -, se sentent livrés au chaos. Les aînés
attendent en vain leur pension de l'État, les enfants du pays
s'exilent en Russie ou ailleurs pour travailler. Dans les pays
limitrophes, en Géorgie notamment, les communautés arméniennes sont
malmenées.
Tous ces témoignages, dont celui d'une aînée qui partage des souvenirs
épars du génocide, sont captés à travers les magnifiques images
d'Ashot Movsesian, qui donne leur pleine lumière au paysage montueux,
aux maisons délabrées, aux sourires édentés, au vieux d'un village
poussant un terrible lamento, ailleurs à un vieil homme digne et
courageux qui veille sur son ne. Des silences prennent le relais des
mots et d'une belle musique lancinante. Cette Arménie en suspension,
qui évoque sans cesse sa diaspora, qui crève de misère et d'identité
bafouée par la négation de son génocide, devient le symbole douloureux
des pertes immenses, mais aussi du refus têtu et admirable de
disparaître.
Les projections de Figure d'Armen, à Excentris dès le 19 avril, puis
les 27 et 28 avril au Cinéma du Parc, se feront en présence de la
cinéaste et d'invités qui aborderont les enjeux du film en ce 98e
anniversaire du génocide arménien.
Figure d'Armen
Réalisation : Marlene Edoyan. Image : Ashot Movsesian. Musique :
Stephen de Oliveira. Montage : Jonathan Durand. 74 min.
samedi 20 avril 2013,
Jean Eckian ©armenews.com
From: A. Papazian