UN SIECLE APRES LE GENOCIDE, LES ARMENIENS DU DERSIM VEULENT AFFIRMER LEUR EXISTENCE
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89081
TUNCELI (Turquie), 23 avr 2013 (AFP) - Pendant près d'un siècle, les
Armeniens islamises des montagnes du Dersim, dans l'est de la Turquie,
se sont mures dans le silence pour echapper aux persecutions. Mais
certains ont decide d'affirmer au grand jour leur existence en
commemorant mercredi le genocide de leur peuple.
Tout en houspillant ses chats et son Armenien de mari, Tahire
Aslanpencesi, petillante octogenaire du village de Danaburan,
rassemble ses maigres connaissances des evenements tragiques vecus par
les siens en 1915. "Ma mère m'a raconte comment sa famille avait ete
deportee. C'etait un bebe a l'epoque. Sa maman a voulu la jeter a
l'eau par desespoir, mais elle y a renonce parce que ca la faisait
trop souffrir", raconte Tahire. "Ma mère disait qu'elle aurait prefere
qu'on la jette, comme ca elle n'aurait pas endure tout ce qu'elle a
vecu ensuite", poursuit-elle.
Des centaines de milliers d'Armeniens ont peri dans des deportations
et des massacres survenus pendant la Première guerre mondiale dans
l'empire ottoman, auquel a succede la Turquie.
Les Armeniens avancent le chiffre d'un million et demi de morts dans
un genocide, une qualification adoptee par de nombreux pays, mais
fermement rejetee par Ankara. Certains pourtant ont survecu et
continue de vivre sur leurs terres, mais le plus souvent, comme la
mère de Tahire, en sacrifiant leur langue et leur religion. "Nous
sommes Armeniens, mais nous sommes musulmans. c'est mon arrière
grand-père Bedros qui s'est converti. Il a pris le nom d'Abdullah et a
donne a son fils celui de Mustafa. Il est devenu musulman parce qu'il
n'avait pas le choix", affirme Ibrahim Boztas, 79 ans.
Bedros est ainsi devenu alevi, une confession musulmane heterodoxe
fortement implantee dans la population kurde de la region du Dersim
-l'actuelle province turque de Tunceli- et dont la tolerance a sans
doute permis ici plus qu'ailleurs a des Armeniens d'echapper a la
mort. Pour eviter les brimades, les descendants de Bedros ont
multiplie les alliances matrimoniales avec un clan kurde, avec lequel
ils partagent le petit village d'Alanyazi. Ils ne se sont pourtant
jamais fondus dans la masse. "Nous, on se sent (armeniens), et, de
toute facon, ils nous le rappellent. Peu importe combien de leurs
filles on a epousees ou on leur a donne, ils continuent de dire qu'on
est Armeniens", commente Hidir Boztas, 86 ans, un des frères
d'Ibrahim.
La famille ne manque pas d'exemples de discriminations dont elle dit
avoir fait l'objet en raison de ses origines : spoliations de terres,
contrôles humiliants des hommes par l'armee pour verifier s'ils sont
bien circoncis, et meme torture d'un de ses membres.
Elle a aussi dû subir le lot commun des habitants de la region, de la
feroce repression de la revolte kurde de 1938 a la lutte contre les
rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui se poursuit
depuis 1984.
Autant de raisons qui ont pousse nombre d'Armeniens a choisir le silence.
"Dans tous les villages du Dersim il y a des gens (qui sont Armeniens)
comme nous, enfin peut-etre pas complètement parce qu'il y en a qui se
cachent ou qui n'y accordent pas beaucoup d'importance", estime
Mustafa Boztas, 42 ans, un des fils d'Ibrahim.
Lui en tout cas a choisi d'assumer ses origines. Installe a Izmir,
dans l'ouest de la Turquie, Mustafa a appele son entreprise de BTP
Bedros, "pour faire vivre le nom" de son ancetre.
Et il se dit pret a participer mercredi dans la ville de Tunceli a la
commemoration du genocide, afin d'encourager les Armeniens de Turquie
a "affirmer leur existence". C'est aussi l'objectif des organisateurs
de cette ceremonie, l'Association des Armeniens du Dersim.
"Nous avons voulu etre la première organisation armenienne a
commemorer en Turquie le genocide. Il s'agit en meme temps de
permettre aux gens de s'affirmer plus librement, d'accroître l'interet
pour les vestiges du christianisme qui subsistent ici", explique Miran
Pirginc Gultekin, le president de l'association, creee trois ans plus
tôt et qui revendique quelque 80 membres.
Le 24 avril est la date-anniversaire mondiale du genocide armenien.
L'affirmation d'un genocide armenien est encore largement taboue en
Turquie. Seules Istanbul et Diyarbakir, la principale ville kurde du
sud-est anatolien, ont a ce jour accueilli des ceremonies a la memoire
des victimes des massacres de 1915.
pour voir la video de l'AFP cliquer sur le lien
http://www.20minutes.fr/tv/afp-actus/70375-turquie-a-tunceli-des-commemorations-du-massacre-armenien#ooid=kybWE1YjpX0ouOxxmhRF6Ecojho4hmMG
mercredi 24 avril 2013,
Stephane ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89081
TUNCELI (Turquie), 23 avr 2013 (AFP) - Pendant près d'un siècle, les
Armeniens islamises des montagnes du Dersim, dans l'est de la Turquie,
se sont mures dans le silence pour echapper aux persecutions. Mais
certains ont decide d'affirmer au grand jour leur existence en
commemorant mercredi le genocide de leur peuple.
Tout en houspillant ses chats et son Armenien de mari, Tahire
Aslanpencesi, petillante octogenaire du village de Danaburan,
rassemble ses maigres connaissances des evenements tragiques vecus par
les siens en 1915. "Ma mère m'a raconte comment sa famille avait ete
deportee. C'etait un bebe a l'epoque. Sa maman a voulu la jeter a
l'eau par desespoir, mais elle y a renonce parce que ca la faisait
trop souffrir", raconte Tahire. "Ma mère disait qu'elle aurait prefere
qu'on la jette, comme ca elle n'aurait pas endure tout ce qu'elle a
vecu ensuite", poursuit-elle.
Des centaines de milliers d'Armeniens ont peri dans des deportations
et des massacres survenus pendant la Première guerre mondiale dans
l'empire ottoman, auquel a succede la Turquie.
Les Armeniens avancent le chiffre d'un million et demi de morts dans
un genocide, une qualification adoptee par de nombreux pays, mais
fermement rejetee par Ankara. Certains pourtant ont survecu et
continue de vivre sur leurs terres, mais le plus souvent, comme la
mère de Tahire, en sacrifiant leur langue et leur religion. "Nous
sommes Armeniens, mais nous sommes musulmans. c'est mon arrière
grand-père Bedros qui s'est converti. Il a pris le nom d'Abdullah et a
donne a son fils celui de Mustafa. Il est devenu musulman parce qu'il
n'avait pas le choix", affirme Ibrahim Boztas, 79 ans.
Bedros est ainsi devenu alevi, une confession musulmane heterodoxe
fortement implantee dans la population kurde de la region du Dersim
-l'actuelle province turque de Tunceli- et dont la tolerance a sans
doute permis ici plus qu'ailleurs a des Armeniens d'echapper a la
mort. Pour eviter les brimades, les descendants de Bedros ont
multiplie les alliances matrimoniales avec un clan kurde, avec lequel
ils partagent le petit village d'Alanyazi. Ils ne se sont pourtant
jamais fondus dans la masse. "Nous, on se sent (armeniens), et, de
toute facon, ils nous le rappellent. Peu importe combien de leurs
filles on a epousees ou on leur a donne, ils continuent de dire qu'on
est Armeniens", commente Hidir Boztas, 86 ans, un des frères
d'Ibrahim.
La famille ne manque pas d'exemples de discriminations dont elle dit
avoir fait l'objet en raison de ses origines : spoliations de terres,
contrôles humiliants des hommes par l'armee pour verifier s'ils sont
bien circoncis, et meme torture d'un de ses membres.
Elle a aussi dû subir le lot commun des habitants de la region, de la
feroce repression de la revolte kurde de 1938 a la lutte contre les
rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui se poursuit
depuis 1984.
Autant de raisons qui ont pousse nombre d'Armeniens a choisir le silence.
"Dans tous les villages du Dersim il y a des gens (qui sont Armeniens)
comme nous, enfin peut-etre pas complètement parce qu'il y en a qui se
cachent ou qui n'y accordent pas beaucoup d'importance", estime
Mustafa Boztas, 42 ans, un des fils d'Ibrahim.
Lui en tout cas a choisi d'assumer ses origines. Installe a Izmir,
dans l'ouest de la Turquie, Mustafa a appele son entreprise de BTP
Bedros, "pour faire vivre le nom" de son ancetre.
Et il se dit pret a participer mercredi dans la ville de Tunceli a la
commemoration du genocide, afin d'encourager les Armeniens de Turquie
a "affirmer leur existence". C'est aussi l'objectif des organisateurs
de cette ceremonie, l'Association des Armeniens du Dersim.
"Nous avons voulu etre la première organisation armenienne a
commemorer en Turquie le genocide. Il s'agit en meme temps de
permettre aux gens de s'affirmer plus librement, d'accroître l'interet
pour les vestiges du christianisme qui subsistent ici", explique Miran
Pirginc Gultekin, le president de l'association, creee trois ans plus
tôt et qui revendique quelque 80 membres.
Le 24 avril est la date-anniversaire mondiale du genocide armenien.
L'affirmation d'un genocide armenien est encore largement taboue en
Turquie. Seules Istanbul et Diyarbakir, la principale ville kurde du
sud-est anatolien, ont a ce jour accueilli des ceremonies a la memoire
des victimes des massacres de 1915.
pour voir la video de l'AFP cliquer sur le lien
http://www.20minutes.fr/tv/afp-actus/70375-turquie-a-tunceli-des-commemorations-du-massacre-armenien#ooid=kybWE1YjpX0ouOxxmhRF6Ecojho4hmMG
mercredi 24 avril 2013,
Stephane ©armenews.com
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