24 AVRIL : VINCENT PEILLON AU PIEDS DE KOMITAS
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89118
Tandis qu'une ceremonie etait en cours sous l'Arc de Triomphe en
hommage aux anciens combattants et resistants Armeniens morts pour
la France, le Ministre de l'Education nationale deposait une gerbe
au pied de la Statue monumentale de Komitas, en hommage aux 1. 500
000 Armeniens victimes de l'indicible genocide de 1915 perpetre par
les Jeunes Turcs du Comite Union et Progrès.
Il y avait la entre 4000 et 5000 Franco-Armeniens masses Place du
Canada venus ecouter le ministre et les deux co-presidents du CCAF,
dont Ara Toranian qui tint le discours suivant :
" Monsieur le ministre,
Mesdames et messieurs les elus,
Chers amis,
Il y a exactement deux ans, a cette meme tribune, alors que nous
nous rassemblions pour le 96e anniversaire du genocide armenien,
me faisant le porte-parole des rescapes de notre peuple assassine,
je regrettais que ses morts ne fassent l'objet d'aucune commemoration
officielle. Je me desolais que nous soyons les seuls a entendre leurs
prières, et que le devoir de memoire que nous exercions le 24 avril
representa l'unique et ultime possibilite de les arracher au neant,
l'espace d'une journee.
Cet appel a finalement ete entendu. Depuis l'annee dernière, grâce
a une initiative de Nicolas Sarkozy, le 24 avril a trouve sa place
dans l'agenda des commemorations officielles de la Republique. Et ce
n'est que justice en regard de l'exceptionnelle gravite des faits
evoques mais aussi des relations particulières entre les histoires
francaises et armeniennes au cours des siècles derniers, et ce
jusque et y compris au moment du genocide de 1915. Cette mise a mort
planifiee de tout un peuple, Paris, avec l'Angleterre et la Russie,
ne l'avait-ils pas qualifie de " crime contre l'humanite " a peine un
mois après son declenchement, inaugurant ainsi tragiquement l'usage
de cette expression dans le langage diplomatique ? A ceux qui ont ose
se demander il y a un an, a l'occasion du debat sur la loi Boyer, en
quoi ces evenements pouvaient concerner la France, il faut rappeler
les engagements de son ministère des affaires etrangères et celles
de ses elites tout au long du XIXe et au debut du XXe siècle.
Oui bien sûr que les crimes contre l'humanite regardent l'humanite et
que leur condamnation ne s'arrete pas aux frontières de la France qui
comme une trentaine d'Etats a officiellement reconnu le genocide des
Armeniens. Et evidemment que la France est d'autant plus interesse
par cette question que ce negationnisme touche de plein fouet une
part d'elle meme, a travers les quatre et bientôt cinq generations
de descendants des rescapes qui y vivent. Le principe de fraternite
qui est au fronton notre devise republicaine n'implique-t-il pas que
la nation fasse preuve de solidarite avec cette partie d'elle meme
blessee dans sa memoire, offensee dans son etre ? Quant au principe
d'egalite, n'exige-t-il pas que le fleau du negationnisme, identifie
comme un delit par la loi Gayssot, le soit aussi pour l'entreprise
d'extermination des Armeniens ?
C'est dans cet esprit que les elus du peuple, en depit des pressions
exterieures ont vote le 21 decembre 2011 a l'Assemblee nationale et le
23 janvier 2012 au Senat un texte penalisant la negation outrancière de
tous les genocides reconnus par la France. Une loi dont nous attendons
avec impatience qu'elle soit a nouveau proposee au Parlement, comme
s'y est engage, a l'instar de son predecesseur, Francois Hollande,
l'actuel, president de la Republique qui avait egalement promis
d'etre la, en personne, a nos côtes, sur cette meme place, tous les
24 avril de son mandat. Nous ne doutons pas que l'annee prochaine il
sera present, avec on l'espère aussi le ministre de l'Education. Mais
combien de temps faudra-t-il encore attendre la mise en oeuvre de ce
projet de loi ?
A deux ans du centenaire de 1915, dont le CCAF est en train d'organiser
les preparatifs, le temps n'est-il pas venu d'endiguer ces outrages
a l'histoire qui avivent les plaies et n'en finissent pas de faire
revivre les horreurs du passe en s'evertuant a en effacer la trace
et la memoire. Combien d'annees faudra-t-il supporter la promotion
internationale de cette politique de deni, qui procède d'une
complicite a l'egard du crime et participe de son volet politique,
de son parachèvement ?
Devons-nous accepter que cette barbarie dont on voulait croire
qu'elle appartenait a d'autres cieux et a une autre epoque, continue
de s'abattre sur nos enfants et petits enfants ici et maintenant dans
le pays où leurs aïeux ont trouve refuge parce qu'il pensait qu'il
n'y aurait jamais de malediction a y etre armenien. Jusqu'a quand ce
fanatisme va-t-il durer et jusqu'où va-t-il aller ?
Puisque nous avons le privilège d'avoir parmi nous le ministre
de l'Education nationale, qu'il me soit permis ici d'adapter et de
recontextualiser des vers de Corneille qui evoque si bien la condition
des fils et des filles des rescapes que nous sommes, porteurs de ce
poids terrifiant de l'histoire, comptable devant les victimes de cet
impossible heritage : " On peut nous contraindre a vivre sans bonheur
Mais on ne peut nous reduire a vivre sans honneur ", c'est-a-dire a
abandonner aux vautours du negationnisme le cadavre sans sepulture
du peuple armenien assassine. "
Avant l'intervention de Vincent Peillon et en sa presence, Mourad
Papazian, co-President du CCAF, a reitere ses propos tenus le matin
meme a la Mairie de Paris ; a savoir, rappeler au President de la
Republique sa promesse datant deja de 7 ans et renouvelee l'annee
passee, de travailler sur un texte de loi condamnant la negation
du genocide des Armeniens. Une attente qui prend, bonhomme allant,
l'allure d'une Arlesienne qui ne dirait pas son nom.
Video du discours du Ministre de l'Education nationale, Vincent
Peillon cliquer ICI
Saro Mardiryan (parti Hentchak), a ensuite fait la lecture du discours
qui a ete tenu par l'organisation des droits de l'homme ce 24 avril
a Istanbul.
Vers 20h les milliers de jeunes et moins jeunes ont forme un cortège
qui les a menes, pour la première fois sur les Champs Elysees,
directement face a la "vitrine" de l'ambassade de Turquie en France.
Jean Eckian + photos
jeudi 25 avril 2013, Jean Eckian ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89118
Tandis qu'une ceremonie etait en cours sous l'Arc de Triomphe en
hommage aux anciens combattants et resistants Armeniens morts pour
la France, le Ministre de l'Education nationale deposait une gerbe
au pied de la Statue monumentale de Komitas, en hommage aux 1. 500
000 Armeniens victimes de l'indicible genocide de 1915 perpetre par
les Jeunes Turcs du Comite Union et Progrès.
Il y avait la entre 4000 et 5000 Franco-Armeniens masses Place du
Canada venus ecouter le ministre et les deux co-presidents du CCAF,
dont Ara Toranian qui tint le discours suivant :
" Monsieur le ministre,
Mesdames et messieurs les elus,
Chers amis,
Il y a exactement deux ans, a cette meme tribune, alors que nous
nous rassemblions pour le 96e anniversaire du genocide armenien,
me faisant le porte-parole des rescapes de notre peuple assassine,
je regrettais que ses morts ne fassent l'objet d'aucune commemoration
officielle. Je me desolais que nous soyons les seuls a entendre leurs
prières, et que le devoir de memoire que nous exercions le 24 avril
representa l'unique et ultime possibilite de les arracher au neant,
l'espace d'une journee.
Cet appel a finalement ete entendu. Depuis l'annee dernière, grâce
a une initiative de Nicolas Sarkozy, le 24 avril a trouve sa place
dans l'agenda des commemorations officielles de la Republique. Et ce
n'est que justice en regard de l'exceptionnelle gravite des faits
evoques mais aussi des relations particulières entre les histoires
francaises et armeniennes au cours des siècles derniers, et ce
jusque et y compris au moment du genocide de 1915. Cette mise a mort
planifiee de tout un peuple, Paris, avec l'Angleterre et la Russie,
ne l'avait-ils pas qualifie de " crime contre l'humanite " a peine un
mois après son declenchement, inaugurant ainsi tragiquement l'usage
de cette expression dans le langage diplomatique ? A ceux qui ont ose
se demander il y a un an, a l'occasion du debat sur la loi Boyer, en
quoi ces evenements pouvaient concerner la France, il faut rappeler
les engagements de son ministère des affaires etrangères et celles
de ses elites tout au long du XIXe et au debut du XXe siècle.
Oui bien sûr que les crimes contre l'humanite regardent l'humanite et
que leur condamnation ne s'arrete pas aux frontières de la France qui
comme une trentaine d'Etats a officiellement reconnu le genocide des
Armeniens. Et evidemment que la France est d'autant plus interesse
par cette question que ce negationnisme touche de plein fouet une
part d'elle meme, a travers les quatre et bientôt cinq generations
de descendants des rescapes qui y vivent. Le principe de fraternite
qui est au fronton notre devise republicaine n'implique-t-il pas que
la nation fasse preuve de solidarite avec cette partie d'elle meme
blessee dans sa memoire, offensee dans son etre ? Quant au principe
d'egalite, n'exige-t-il pas que le fleau du negationnisme, identifie
comme un delit par la loi Gayssot, le soit aussi pour l'entreprise
d'extermination des Armeniens ?
C'est dans cet esprit que les elus du peuple, en depit des pressions
exterieures ont vote le 21 decembre 2011 a l'Assemblee nationale et le
23 janvier 2012 au Senat un texte penalisant la negation outrancière de
tous les genocides reconnus par la France. Une loi dont nous attendons
avec impatience qu'elle soit a nouveau proposee au Parlement, comme
s'y est engage, a l'instar de son predecesseur, Francois Hollande,
l'actuel, president de la Republique qui avait egalement promis
d'etre la, en personne, a nos côtes, sur cette meme place, tous les
24 avril de son mandat. Nous ne doutons pas que l'annee prochaine il
sera present, avec on l'espère aussi le ministre de l'Education. Mais
combien de temps faudra-t-il encore attendre la mise en oeuvre de ce
projet de loi ?
A deux ans du centenaire de 1915, dont le CCAF est en train d'organiser
les preparatifs, le temps n'est-il pas venu d'endiguer ces outrages
a l'histoire qui avivent les plaies et n'en finissent pas de faire
revivre les horreurs du passe en s'evertuant a en effacer la trace
et la memoire. Combien d'annees faudra-t-il supporter la promotion
internationale de cette politique de deni, qui procède d'une
complicite a l'egard du crime et participe de son volet politique,
de son parachèvement ?
Devons-nous accepter que cette barbarie dont on voulait croire
qu'elle appartenait a d'autres cieux et a une autre epoque, continue
de s'abattre sur nos enfants et petits enfants ici et maintenant dans
le pays où leurs aïeux ont trouve refuge parce qu'il pensait qu'il
n'y aurait jamais de malediction a y etre armenien. Jusqu'a quand ce
fanatisme va-t-il durer et jusqu'où va-t-il aller ?
Puisque nous avons le privilège d'avoir parmi nous le ministre
de l'Education nationale, qu'il me soit permis ici d'adapter et de
recontextualiser des vers de Corneille qui evoque si bien la condition
des fils et des filles des rescapes que nous sommes, porteurs de ce
poids terrifiant de l'histoire, comptable devant les victimes de cet
impossible heritage : " On peut nous contraindre a vivre sans bonheur
Mais on ne peut nous reduire a vivre sans honneur ", c'est-a-dire a
abandonner aux vautours du negationnisme le cadavre sans sepulture
du peuple armenien assassine. "
Avant l'intervention de Vincent Peillon et en sa presence, Mourad
Papazian, co-President du CCAF, a reitere ses propos tenus le matin
meme a la Mairie de Paris ; a savoir, rappeler au President de la
Republique sa promesse datant deja de 7 ans et renouvelee l'annee
passee, de travailler sur un texte de loi condamnant la negation
du genocide des Armeniens. Une attente qui prend, bonhomme allant,
l'allure d'une Arlesienne qui ne dirait pas son nom.
Video du discours du Ministre de l'Education nationale, Vincent
Peillon cliquer ICI
Saro Mardiryan (parti Hentchak), a ensuite fait la lecture du discours
qui a ete tenu par l'organisation des droits de l'homme ce 24 avril
a Istanbul.
Vers 20h les milliers de jeunes et moins jeunes ont forme un cortège
qui les a menes, pour la première fois sur les Champs Elysees,
directement face a la "vitrine" de l'ambassade de Turquie en France.
Jean Eckian + photos
jeudi 25 avril 2013, Jean Eckian ©armenews.com