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    REVUE DE PRESSE
    Le musée de Cilicie d'Antélias, un livre ouvert sur l'histoire et la vie

    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89129


    Commémoration du génocide arménien Histoire, témoignage et richesse
    culturelle d'un patrimoine inaliénable. Celui de l'Arménie et de sa
    diaspora. En ce 24 avril, jour de deuil et de prière, jour où les
    Arméniens se souviennent de leurs morts, des routes de l'exode et de
    l'exil, un regard sur le musée de Cilicie d'Antélias, écrin pour plus
    de 350 `uvres d'art.

    La peinture et la sculpture arméniennes, venues des siècles les plus
    reculés, ont des racines profondes avec les civilisations les plus
    raffinées au carrefour des grands empires engloutis depuis des
    lustres. Reflet d'un peuple laborieux, inventif, porté aux arts et aux
    valeurs morales, empreint du sens religieux chrétien, ces expressions
    artistiques attestent depuis toujours de l'esprit d'un pays, du
    caractère d'une terre, des remous de l'histoire, des variétés d'un
    paysage, de l'élan jamais assoupi de citoyens porteurs de message.
    Message de paix, de travail et d'amour de la vie.

    Cette peinture et ces sculptures ouvrent des embranchements multiples
    dont les assises remontent à l'ge des premiers alphabets, premier
    tracé de toute ligne et dessin ainsi que des enluminures sacrées et
    profanes. Face aux invasions, les Arméniens ont toujours fait preuve,
    dans leur histoire aux innombrables rebondissements, d'une volonté
    farouche de conserver leur identité nationale. Une identité qui se
    perpétue bien entendu aujourd'hui dans la République d'Arménie, qui a
    rejoint les États indépendants depuis décembre 1991, sortant ainsi
    définitivement de la tutelle de la Russie, mais aussi à travers la
    diaspora dispersée aux quatre points cardinaux, après le génocide de
    1915.

    Avec la création du musée de Cilicie à Antélias, au siège du
    catholicossat arménien, voilà un espace de plus de 1500 m2 consacré à
    la peinture et la sculpture. Espace qui se définit comme l'incarnation
    d'un art prospère. Un art tonique, certes, aux contours souvent graves
    et mélancoliques, mais représentant l'expression habitée et illuminée
    de plus d'un horizon. Expression dotée d'une volonté de créer, de
    témoigner, de dire la vérité. Un art qui refleurit non seulement sur
    les terres du pays de Grégoire l'Illuminateur, mais aussi à travers
    des frontières lointaines de la mère patrie. Là où bat le c`ur de
    chaque enfant des legs de la richesse culturelle d'Ardachès, de
    Tigrane, Vartan Mamikonian, Komitas, Siamento... Dans ce passé
    regorgeant de trésors et de faits historiques vibre l'me d'un peuple.
    Et c'est à cet enchaînement de la vie, à ce maillon d'une chaîne
    d'arménité que convie ce musée dédié à la virtuosité des pinceaux, des
    palettes, des chevalets, des truelles et des burins.

    Essence de l'me arménienne Sont exposées ici des `uvres dont les plus
    anciennes remontent au XVIIe siècle. Des images saintes de la Vierge à
    l'enfant Jésus aux représentations les plus modernes, aussi bien
    figuratives qu'abstraites, cet art a pour point commun non seulement
    l'essence de l'me arménienne, mais aussi un savoir-faire immémorial.
    Pour ces artistes de tous crins et appartenant à plus de cinq siècles
    différents, le pouvoir de l'imaginaire, l'audace à braver les
    interdits, le credo chrétien et le lyrisme patriotique viennent se
    greffer au talent.

    Une tournée au milieu de ces toiles et de ces statuaires s'impose.
    Pour mieux saisir les nuances, décrypter les sensibilités, redécouvrir
    la fraîcheur native des couleurs et capter la vibrante diversité d'une
    narration picturale à multiples facettes. Flnerie qui, des pinceaux
    des peintres anonymes du siècle de Sayat Nova aux `uvres les plus
    récentes, atteste de la variété, de la vigueur et de la source
    intarissable d'une inspiration à l'écoute d'une terre, d'un peuple,
    d'une foi, des émois personnels et intérieurs, du cheminement de
    l'histoire.

    Dominée par les coiffes et les barbes majestueuses des grands prélats,
    bercée par les silhouettes des églises en flanc de vallée, au sommet
    d'une montagne ou simplement posées au c`ur d'un haut plateau,
    enrichie par un fier esprit de solitude et de rêverie, fixée par de
    saisissants portraits de personnages aux regards méditatifs et
    magnétiques, cernée par les scènes de déportation, de massacre et de
    lutte pour la survie, cette peinture appartient à un monde à la fois
    pieux, doux et tourmenté.

    Un monde sorti du ventre d'un inconscient collectif dont les points
    communs sont la détermination à vaincre l'adversité, la foi en la
    mansuétude de Dieu, l'art de restituer la réalité ou d'en déjouer les
    pièges. Avec ce subtil usage des couleurs grenat.

    Des peintres anonymes du XVIIe siècle qui ont signé des `uvres à
    consonances religieuses ou cléricales aux paysages d'Edgar Chahine, en
    passant par le peloton d'artistes qui ont pour noms Assadour,
    Guiragossian, Torossian, Hounanian, Berberian, Guvder, Carzou et
    Jansem - pour ne citer que ceux-là -, la peinture mêle ici, en un
    bouillonnant panaché, toutes les générations, toutes les tendances et
    toutes les inspirations.

    Il va sans dire qu'il y a là, entre ces murs endiguant la spiritualité
    et le sens esthétique du peuple arménien, non seulement les errances
    de l'histoire, la douleur des deuils et la force de l'espoir, mais
    aussi presque tous les détails d'un répertoire accusant l'aspect
    sombre des jours noirs ainsi que les moments de joie de tout parcours
    humain. Livre ouvert de la vie que ce musée, mais avec des inégalités,
    des lacunes voire des absences. Et même certains artistes ne sont pas
    parfois représentés au meilleur de leur production. Qu'importe.

    Par-delà ces petites réserves, ce précieux assemblage, embryon de
    toute vie artistique, présente ou future, est sans conteste un
    précieux témoignage. Non seulement du point de vue d'un humanisme
    jamais en berne, mais aussi des richesses picturales qui accompagnent
    les pages de l'histoire.

    « Khatchkar » et sculpture moderne

    D'une marine d'Aïvasovsky et ses vagues lisses ou mugissantes, aux
    rides en traits de serpes des personnages marqués au fer rouge du
    destin de Jansem, en passant par les temples et les lieux de culte
    détruits de Hounanian... voilà entre contemplation, fatalité et
    renaissance une quintessence de certains points saillants du parcours
    du peuple arménien.

    La sculpture, point d'orgueil d'un peuple qui s'est illustré par les
    Khatchkar (croix sculptées en dentelles sur pierres), a aussi une
    place de choix dans cette aire dédiée à perpétuer les valeurs
    intellectuelles, artistiques, créatives et esthétiques de tous les
    Arméniens du monde.

    Plus d'une vingtaine de maîtres de la pierre, du bois et du bronze
    pour ces formes lisses, rugueuses, luisantes ou mates qui jonglent,
    dans une fantaisie domptée, avec les rigoureuses lois de l'équilibre.

    Mais pour cette éloquence du marbre et des matières rebelles à tout
    assouplissement, au souffle renouvelé par les sculpteurs arméniens dès
    la seconde moitié du XIXe siècle, on retrouve, outre certains
    bas-reliefs ou statuettes nées d'un mélange de modelage et de touches
    adroites, beaucoup de bustes. Bustes qui renvoient à la représentation
    de personnages influents ou de prélats hauts placés à la tête de la
    hiérarchie cléricale. Des sculpteurs, tels Dikran et Zaven Khedeshian,
    offrent la beauté de la pierre travaillée pour parler surtout du
    visage humain. ?uvres remarquables pour des bustes aux regards et
    expressions vivants.

    Et dans ce monde jailli des nervures, des protubérances, des
    rugosités, des nodosités, de la porosité des roches, arrive un nouvel
    invité sur les socles-présentoirs où le bronze, ferme, dur, d'une
    brillance discrète, est roi. Et on nomme la sculpture Résurrection de
    Raffi Tokatlian.

    Avec ferveur et piété, transcendant les douleurs de l'univers, voilà
    une représentation finement ciselée de la renaissance divine. À
    l'image d'un peuple qui, tel un Phénix, n'en finit pas de renaître et
    de déployer ses ailes, même en cet espace muséal, sanctuaire et
    gardien des valeurs ancestrales et modernes arméniennes.

    http://www.lorientlejour.com/article/811565/le-musee-de-cilicie-dantelias-un-livre-ouvert-sur-lhistoire-et-la-vie.html

    samedi 27 avril 2013,
    Stéphane ©armenews.com

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