QUAND LA TURQUIE S'éVEILLERA
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89258
Pour la première fois depuis le génocide de 1915 qui a conduit
a l'extermination de 1 500 000 Arméniens de l'Empire ottoman, une
délégation officielle composée de membres de la société civile
de la diaspora arménienne d'Europe et d'associations antiracistes
européennes, s'est rendue en Turquie pour commémorer le génocide
arménien, a l'appel de deux ONG turques, l'IHD (İnsan Hakları
Dernegi - Human Rights Association) et DurDe ! (Say Stop to Racism
and Nationalism), ainsi que de l'UGAB (Union Générale Arménienne
de Bienfaisance) - représentée par Nicolas Tavitian - et de l'EGAM
(European Grassroots Antiracist Movement) mené par Benjamin Abtan,
ancien Président de l'UEJF.
Ce sont au total 23 responsables de divers mouvements citoyens
(dont, pour la France, Hadrien Lenoir, représentant de SOS Racisme,
Elie Petit, Vice-Président de l'UEJF (Union des Etudiants Juifs de
France) ainsi que de l'European Union of Jewish Students, et Séta
Papazian, Présidente du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre
le Négationnisme]) qui ont participé a Istanbul du 21 au 24 avril
2013 a des rencontres avec des étudiants et des intellectuels turcs,
kurdes et arméniens.
La délégation a assisté a l'ensemble des cérémonies organisées le
24 avril, date qui symbolise le déclenchement du génocide arménien.
Chaque année, en Turquie, le nombre de participants (a 90% des
non-Arméniens) de la commémoration du 24 avril évolue a la hausse
: cette année, 2500 a 3000 citoyens ont, selon la police, répondu
a l'appel de DurDe sur la place Taksim a Istanbul. Auparavant, la
manifestation de l'IHD a Sultanahmet avait, quant a elle, réuni
200 personnes contre une poignée de téméraires seulement l'année
dernière.
Les deux rassemblements ont bénéficié de la protection des forces
de police (en civil a Sultanahmet, et de type Â" anti-émeutes Â" a
Taksim) qui ont dégagé ou tenu a distance les rares mais virulents
contre-manifestants négationnistes.
De toutes parts, les prises de position deviennent plus claires et
s'alignent sur celles de l'IHD et de personnalités de la trempe de
Ragip Zarakolu : grâce a ces précurseurs qui ont tracé le sillon
et n'ont pas accepté de compromissions, les démocrates turcs qui
continuent a utiliser la terminologie Â" sentimentale Â" de "Grande
Catastrophe", sont de plus en plus isolés. L'heure n'est plus - du
moins dans les mots choisis - a la Â" peine Â" et a la Â" souffrance
Â" mais a des discours sans ambiguïté : le thème des spoliations a
même été maintes fois abordé par les intellectuels turcs au cours
de notre séjour. Lors de chaque conférence, de chaque rencontre avec
des associations et des étudiants turcs, kurdes et arméniens, ainsi
que durant ses multiples déclarations a la presse, Benjamin Abtan,
Président de l'EGAM, a porté un message fort contre le racisme,
les crimes de haine et la perpétuation du génocide arménien par
le négationnisme.
Au premier rang, les représentants des associations UEJF, SOS Racisme,
UGAB Europe, Collectif VAN et EGAM, ont assisté ce 24 avril 2013 aux
commémorations du génocide arménien a Istanbul, organisées par
l'IHD a Sultanahmet et par DurDe sur la place Taksim (photo ci-dessus -
Copyright EGAM (Paul Max Morin). cliquer sur l'image pour agrandir
Accompagné de Séta Papazian, Présidente du Collectif VAN, il
s'est rendu le 24 avril a 14h au Cimetière arménien de Sisli où
est enterré Sevag Balikci. Le Président de l'EGAM a exprimé le
soutien de la délégation civile européenne aux parents du jeune
homme assassiné le 24 avril 2011 dans la caserne de Batman où il
effectuait son service militaire.
98 ans après le génocide de 1915, les Arméniens de Turquie, en
proie aux discriminations, intimidations, menaces et meurtres, vivent
toujours dans la peur. Il n'est d'ailleurs pas anodin de noter que des
mots d'ordre auraient circulé dans la communauté stambouliote pour
dissuader ses membres de prendre part aux commémorations du 24 avril.
Toute la violence exercée par l'Etat profond turc a travers ses
réseaux extrémistes est illustrée dans cette autocensure que
s'appliquent les minorités chrétiennes de Turquie.
Le mouvement solidaire auquel le Collectif VAN a participé ce 24 avril
en Turquie, pour historique qu'il soit, est encore malheureusement
très minoritaire. Néanmoins, en Turquie, tout devient possible.
L'Histoire nous a habitués au pire. Se pourrait-il que le processus
positif enclenché depuis ces dernières années se développe de
facon plus rapide et plus massive que prévu ?
Plutôt que de faire siens les messages de haine de Talaat Pacha, le Â"
Hitler Â" turc, souhaitons que la jeunesse de Turquie et de diaspora
soit de plus en plus nombreuse a s'identifier au Juste turc Faik Ali
Bey : ce dernier, gouverneur de Kutahya, avait refusé en 1915 d'obéir
aux ordres de déportation de la population arménienne. Un hommage
lui a été rendu le 24 avril en fin de matinée dans le cimetière
de Zincirlikuyu, a l'initiative de l'IHD et de l'historien londonien
Ara Sarafian.
Restons vigilants. Une chose est certaine : il nous appartient
d'accompagner ce travail que des Turcs mènent avec courage pour
l'acceptation de leur passé.
Info Collectif Van (voir lien plus bas)
mardi 30 avril 2013, Jean Eckian ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89258
Pour la première fois depuis le génocide de 1915 qui a conduit
a l'extermination de 1 500 000 Arméniens de l'Empire ottoman, une
délégation officielle composée de membres de la société civile
de la diaspora arménienne d'Europe et d'associations antiracistes
européennes, s'est rendue en Turquie pour commémorer le génocide
arménien, a l'appel de deux ONG turques, l'IHD (İnsan Hakları
Dernegi - Human Rights Association) et DurDe ! (Say Stop to Racism
and Nationalism), ainsi que de l'UGAB (Union Générale Arménienne
de Bienfaisance) - représentée par Nicolas Tavitian - et de l'EGAM
(European Grassroots Antiracist Movement) mené par Benjamin Abtan,
ancien Président de l'UEJF.
Ce sont au total 23 responsables de divers mouvements citoyens
(dont, pour la France, Hadrien Lenoir, représentant de SOS Racisme,
Elie Petit, Vice-Président de l'UEJF (Union des Etudiants Juifs de
France) ainsi que de l'European Union of Jewish Students, et Séta
Papazian, Présidente du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre
le Négationnisme]) qui ont participé a Istanbul du 21 au 24 avril
2013 a des rencontres avec des étudiants et des intellectuels turcs,
kurdes et arméniens.
La délégation a assisté a l'ensemble des cérémonies organisées le
24 avril, date qui symbolise le déclenchement du génocide arménien.
Chaque année, en Turquie, le nombre de participants (a 90% des
non-Arméniens) de la commémoration du 24 avril évolue a la hausse
: cette année, 2500 a 3000 citoyens ont, selon la police, répondu
a l'appel de DurDe sur la place Taksim a Istanbul. Auparavant, la
manifestation de l'IHD a Sultanahmet avait, quant a elle, réuni
200 personnes contre une poignée de téméraires seulement l'année
dernière.
Les deux rassemblements ont bénéficié de la protection des forces
de police (en civil a Sultanahmet, et de type Â" anti-émeutes Â" a
Taksim) qui ont dégagé ou tenu a distance les rares mais virulents
contre-manifestants négationnistes.
De toutes parts, les prises de position deviennent plus claires et
s'alignent sur celles de l'IHD et de personnalités de la trempe de
Ragip Zarakolu : grâce a ces précurseurs qui ont tracé le sillon
et n'ont pas accepté de compromissions, les démocrates turcs qui
continuent a utiliser la terminologie Â" sentimentale Â" de "Grande
Catastrophe", sont de plus en plus isolés. L'heure n'est plus - du
moins dans les mots choisis - a la Â" peine Â" et a la Â" souffrance
Â" mais a des discours sans ambiguïté : le thème des spoliations a
même été maintes fois abordé par les intellectuels turcs au cours
de notre séjour. Lors de chaque conférence, de chaque rencontre avec
des associations et des étudiants turcs, kurdes et arméniens, ainsi
que durant ses multiples déclarations a la presse, Benjamin Abtan,
Président de l'EGAM, a porté un message fort contre le racisme,
les crimes de haine et la perpétuation du génocide arménien par
le négationnisme.
Au premier rang, les représentants des associations UEJF, SOS Racisme,
UGAB Europe, Collectif VAN et EGAM, ont assisté ce 24 avril 2013 aux
commémorations du génocide arménien a Istanbul, organisées par
l'IHD a Sultanahmet et par DurDe sur la place Taksim (photo ci-dessus -
Copyright EGAM (Paul Max Morin). cliquer sur l'image pour agrandir
Accompagné de Séta Papazian, Présidente du Collectif VAN, il
s'est rendu le 24 avril a 14h au Cimetière arménien de Sisli où
est enterré Sevag Balikci. Le Président de l'EGAM a exprimé le
soutien de la délégation civile européenne aux parents du jeune
homme assassiné le 24 avril 2011 dans la caserne de Batman où il
effectuait son service militaire.
98 ans après le génocide de 1915, les Arméniens de Turquie, en
proie aux discriminations, intimidations, menaces et meurtres, vivent
toujours dans la peur. Il n'est d'ailleurs pas anodin de noter que des
mots d'ordre auraient circulé dans la communauté stambouliote pour
dissuader ses membres de prendre part aux commémorations du 24 avril.
Toute la violence exercée par l'Etat profond turc a travers ses
réseaux extrémistes est illustrée dans cette autocensure que
s'appliquent les minorités chrétiennes de Turquie.
Le mouvement solidaire auquel le Collectif VAN a participé ce 24 avril
en Turquie, pour historique qu'il soit, est encore malheureusement
très minoritaire. Néanmoins, en Turquie, tout devient possible.
L'Histoire nous a habitués au pire. Se pourrait-il que le processus
positif enclenché depuis ces dernières années se développe de
facon plus rapide et plus massive que prévu ?
Plutôt que de faire siens les messages de haine de Talaat Pacha, le Â"
Hitler Â" turc, souhaitons que la jeunesse de Turquie et de diaspora
soit de plus en plus nombreuse a s'identifier au Juste turc Faik Ali
Bey : ce dernier, gouverneur de Kutahya, avait refusé en 1915 d'obéir
aux ordres de déportation de la population arménienne. Un hommage
lui a été rendu le 24 avril en fin de matinée dans le cimetière
de Zincirlikuyu, a l'initiative de l'IHD et de l'historien londonien
Ara Sarafian.
Restons vigilants. Une chose est certaine : il nous appartient
d'accompagner ce travail que des Turcs mènent avec courage pour
l'acceptation de leur passé.
Info Collectif Van (voir lien plus bas)
mardi 30 avril 2013, Jean Eckian ©armenews.com