GENOCIDE ARMENIEN : LA FUITE AU CAUCASE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75085
Publie le : 21-08-2013
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Le Collectin VAN vous
invite a lire cette information publiee sur le site Imprescriptible.
Imprescriptible
La fuite au Caucase. Telegrammes adresses au journal armenien " Horizon
" de Tiflis par Mr. Samsoun Haroutiounian, president du Bureau National
Armenien de Tiflis, qui alla en personne au-devant des refugies.
(a) Telegramme d'Etchmiadzine, 12 août 1915.
Sur la route d'Igdir a Etchmiadzine (30 kil.environ) sont entasses des
groupes de refugies malades et sans secours. Ils y sont maintenant
depuis plusieurs jours exposes au plein soleil, bien qu'ils aient
des papiers leur permettant d'aller a Etchmiadzine. Il serait
urgent d'avoir des gens speciaux s'occupant de diriger et d'amener
ces fugitifs.
(b) Telegramme du 13 août 1915.
De la frontière turque a Igdir (première localite russe), tout le pays
est entièrement rempli de refugies. Plus loin, d'Igdir a Etchmiadzine,
tous les jardins et toutes les vignes sont remplis d'Armeniens
fugilifs. A Igdir, première station d'arrivee, sont agglomeres
20.000 refugies ; a Etchmiadzine 45.000 ; de ces deux centres ils se
dispersent par bandes en d'autres regions. A Etchmiadzine, l'on a
installe l'hôpital, bains et hospice pour les orphelins. D'Igdir a
la frontière turque, des cavaliers vont a la recherche des enfants
et des malades disperses et procèdent a la relève des cadavres. Il
arrive environ 50 orphelins par jour a Igdir ; on en garde une partie
ici les autres sont envoyes a Etchmiadzine.
Les refugies de Van et dela contree environnante ont fait tout
le trajet a pied. La plupart d'entre eux sont malades et affames,
n'ayant rien pu emporter au moment du depart. Au cours du trajet ils
n'ont pas ete attaques, si ce n'est a Perghri-Kale, où une bande de
Kurdes a coupe le cortège des refugies sans defense, laissant ainsi
derrière la première colonne environ 20.000 personnes dont on ignore le
sort. Par suite de la famine et de la fatigue, nombre de refugies ont
succombe ou ont ete atteints de maladie, entre autres de dysenterie.
Le flot des refugies etant incessant, il est impossible de determiner
exactement leur nombre. A Igdir, avec l'assistance d'Aram, ci-devant
gouverneur de la province de Van, et d'autres representants des
refugies, nous avons fixe leur chiffre approximatif comme suit :
Region de Van : 203.000, Malazguert : 60.000, non compris ceux qui
etaient arrives auparavant. La moyenne des decès s'elève, a Igdir a
15 par jour, a Etchmiadzine a 40.
Le soin de tous les refugies incombe aux organisations armeniennes
et principalement au " Comite de secours fraternel " d'Etchmiadzine
et au " Comite national ". Les secours ne sont point proportionnes
a une telle misère. Les refugies ont besoin de nourriture, de soins
medicaux, de vetements, surtout de linge, de chaussures. Ils manquent
de cuisines portatives, de tentes et de chars. Pour enrayer les
maladies contagieuses, il est indispensable d'installer des stations
sanitaires dans les villages.
(c) Telegramme d'Etchmiadzine, meme date.
Des centaines de milliers de refugies arrivent de l'Armenie turque a
Etchmiadzine ; on ne voit pas la fin de ces colonnes serrees qui se
meuvent dans un nuage de poussière. La plupart sont des femmes et des
enfants, pieds-nus, epuises et affames. Leurs recits des sauvageries
des Turcs et des Kurdes expriment d'indescriptibles terreurs. La
panique qui a cause la fuite de ces malheureux s'est produite
subitement ; des parents ont perdu leurs enfants et inversement. Un
grand nombre d'enfants sans parents, manquant de nourriture, epuises,
n'ont pu continuer a marcher et sont morts en route. D'autres ont
ete recueillis. Il y a ainsi a Igdir et a Etchmiadzine environ 5oo
de ces petits prives des caresses maternelles. Nous adressons un
appel pressant a nos dames armeniennes pour venir au secours de ces
petits abandonnes.
(d) Telegramme d'Erivan, 21 août 1915 :
Le courant des fugitifs continue, mais moins intensivement a l'heure
qu'il est ; plus de 35.000 refugies sont concentres a Etchmiadzine
et 20.000 a Erivan. Malgre le zèle dont sont animes le Comite de
secours d'Etchmiadzine sous la presidence du prelat Bagrad et les
comites nationaux de Tiflis et de Moscou avec leurs nombreux comites
auxiliaires, la situation est extraordinairement douloureuse ;
il n'y a pas de pain en quantite suffisante, ni nourriture chaude,
ni secours medicaux. La majeure partie des refugies sont malades. A
Etchmiadzine et a Erivan sont installes quelques hôpitaux où se
trouvent environ 1.000 malades, cependant nombre de refugies gravement
atteints sont couches sous les murs, dans les cours et meme dans les
rues. Ils souffrent de la dysenterie. Le nombre des decès est enorme :
avant-hier l'on a enterre 103 personnes et hier 80 a Etchmiadzine.
Au lycee d'Etchmiadzine sont empiles 3.500 enfants dont les parents
ont disparu. Ils couchent sur le plancher. Hier soir, j'ai visite le
bâtiment ; j'ai compte dans la grande salle 110 bebes couches sur
le plancher et absolument nus ; quelques-uns dormaient, d'autres
pleuraient : l'impression etait si poignante que l'on ne pouvait
retenir ses larmes. Incapable de supporter ce terrible spectacle,
je me suis eloigne de cet enfer. Dans la cour une scène non moins
penible m'attendait : sous les arbres, les murs, dans les coins,
partout gisaient les refugies. On entendait les cris de douleur
des malades ; ci et la, on voyait des cadavres. Devant la porte
du couvent, j'ai trouve les corps inanimes de trois enfants. Les
dames de Vagharchabad et d'autres regions cousent des vetements
et preparent le necessaire pour la literie, mais ces secours sont
insuffisants. Le professeur Kichkine, representant de la Societe
Homo-Husse vient d'arriver de Moscou pour se rendre compte de la
situation des refugies et organiser les secours possibles. Il nous a
dit qu'au dela d'Erivan un poste d'approvisionnement avait ete etabli
a Arkhta1, où les refugies recoivent du pain sec et encore il n'y en a
pas pour tous. Partout où les refugies s'arretent, il y a des malades,
mais point de secours medicaux. Le professeur Kichkine a donne les
ordres necessaires pour installer immediatement, d'Etchmiadzine a
Aghstafa des postes sanitaires avec approvisionnements et demande
au siège central, a Moscou, des medecins, des cuisines portatives,
des vetements et du linge etc...
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Source/Lien : Imprescriptible.fr
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" de Tiflis par Mr. Samsoun Haroutiounian, president du Bureau National
Armenien de Tiflis, qui alla en personne au-devant des refugies.
(a) Telegramme d'Etchmiadzine, 12 août 1915.
Sur la route d'Igdir a Etchmiadzine (30 kil.environ) sont entasses des
groupes de refugies malades et sans secours. Ils y sont maintenant
depuis plusieurs jours exposes au plein soleil, bien qu'ils aient
des papiers leur permettant d'aller a Etchmiadzine. Il serait
urgent d'avoir des gens speciaux s'occupant de diriger et d'amener
ces fugitifs.
(b) Telegramme du 13 août 1915.
De la frontière turque a Igdir (première localite russe), tout le pays
est entièrement rempli de refugies. Plus loin, d'Igdir a Etchmiadzine,
tous les jardins et toutes les vignes sont remplis d'Armeniens
fugilifs. A Igdir, première station d'arrivee, sont agglomeres
20.000 refugies ; a Etchmiadzine 45.000 ; de ces deux centres ils se
dispersent par bandes en d'autres regions. A Etchmiadzine, l'on a
installe l'hôpital, bains et hospice pour les orphelins. D'Igdir a
la frontière turque, des cavaliers vont a la recherche des enfants
et des malades disperses et procèdent a la relève des cadavres. Il
arrive environ 50 orphelins par jour a Igdir ; on en garde une partie
ici les autres sont envoyes a Etchmiadzine.
Les refugies de Van et dela contree environnante ont fait tout
le trajet a pied. La plupart d'entre eux sont malades et affames,
n'ayant rien pu emporter au moment du depart. Au cours du trajet ils
n'ont pas ete attaques, si ce n'est a Perghri-Kale, où une bande de
Kurdes a coupe le cortège des refugies sans defense, laissant ainsi
derrière la première colonne environ 20.000 personnes dont on ignore le
sort. Par suite de la famine et de la fatigue, nombre de refugies ont
succombe ou ont ete atteints de maladie, entre autres de dysenterie.
Le flot des refugies etant incessant, il est impossible de determiner
exactement leur nombre. A Igdir, avec l'assistance d'Aram, ci-devant
gouverneur de la province de Van, et d'autres representants des
refugies, nous avons fixe leur chiffre approximatif comme suit :
Region de Van : 203.000, Malazguert : 60.000, non compris ceux qui
etaient arrives auparavant. La moyenne des decès s'elève, a Igdir a
15 par jour, a Etchmiadzine a 40.
Le soin de tous les refugies incombe aux organisations armeniennes
et principalement au " Comite de secours fraternel " d'Etchmiadzine
et au " Comite national ". Les secours ne sont point proportionnes
a une telle misère. Les refugies ont besoin de nourriture, de soins
medicaux, de vetements, surtout de linge, de chaussures. Ils manquent
de cuisines portatives, de tentes et de chars. Pour enrayer les
maladies contagieuses, il est indispensable d'installer des stations
sanitaires dans les villages.
(c) Telegramme d'Etchmiadzine, meme date.
Des centaines de milliers de refugies arrivent de l'Armenie turque a
Etchmiadzine ; on ne voit pas la fin de ces colonnes serrees qui se
meuvent dans un nuage de poussière. La plupart sont des femmes et des
enfants, pieds-nus, epuises et affames. Leurs recits des sauvageries
des Turcs et des Kurdes expriment d'indescriptibles terreurs. La
panique qui a cause la fuite de ces malheureux s'est produite
subitement ; des parents ont perdu leurs enfants et inversement. Un
grand nombre d'enfants sans parents, manquant de nourriture, epuises,
n'ont pu continuer a marcher et sont morts en route. D'autres ont
ete recueillis. Il y a ainsi a Igdir et a Etchmiadzine environ 5oo
de ces petits prives des caresses maternelles. Nous adressons un
appel pressant a nos dames armeniennes pour venir au secours de ces
petits abandonnes.
(d) Telegramme d'Erivan, 21 août 1915 :
Le courant des fugitifs continue, mais moins intensivement a l'heure
qu'il est ; plus de 35.000 refugies sont concentres a Etchmiadzine
et 20.000 a Erivan. Malgre le zèle dont sont animes le Comite de
secours d'Etchmiadzine sous la presidence du prelat Bagrad et les
comites nationaux de Tiflis et de Moscou avec leurs nombreux comites
auxiliaires, la situation est extraordinairement douloureuse ;
il n'y a pas de pain en quantite suffisante, ni nourriture chaude,
ni secours medicaux. La majeure partie des refugies sont malades. A
Etchmiadzine et a Erivan sont installes quelques hôpitaux où se
trouvent environ 1.000 malades, cependant nombre de refugies gravement
atteints sont couches sous les murs, dans les cours et meme dans les
rues. Ils souffrent de la dysenterie. Le nombre des decès est enorme :
avant-hier l'on a enterre 103 personnes et hier 80 a Etchmiadzine.
Au lycee d'Etchmiadzine sont empiles 3.500 enfants dont les parents
ont disparu. Ils couchent sur le plancher. Hier soir, j'ai visite le
bâtiment ; j'ai compte dans la grande salle 110 bebes couches sur
le plancher et absolument nus ; quelques-uns dormaient, d'autres
pleuraient : l'impression etait si poignante que l'on ne pouvait
retenir ses larmes. Incapable de supporter ce terrible spectacle,
je me suis eloigne de cet enfer. Dans la cour une scène non moins
penible m'attendait : sous les arbres, les murs, dans les coins,
partout gisaient les refugies. On entendait les cris de douleur
des malades ; ci et la, on voyait des cadavres. Devant la porte
du couvent, j'ai trouve les corps inanimes de trois enfants. Les
dames de Vagharchabad et d'autres regions cousent des vetements
et preparent le necessaire pour la literie, mais ces secours sont
insuffisants. Le professeur Kichkine, representant de la Societe
Homo-Husse vient d'arriver de Moscou pour se rendre compte de la
situation des refugies et organiser les secours possibles. Il nous a
dit qu'au dela d'Erivan un poste d'approvisionnement avait ete etabli
a Arkhta1, où les refugies recoivent du pain sec et encore il n'y en a
pas pour tous. Partout où les refugies s'arretent, il y a des malades,
mais point de secours medicaux. Le professeur Kichkine a donne les
ordres necessaires pour installer immediatement, d'Etchmiadzine a
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au siège central, a Moscou, des medecins, des cuisines portatives,
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