LES ARMENIENS DE TURQUIE COMMENCENT A CELEBRER - ET COMMEMORER - LEUR PASSE
REVUE DE PRESSE
Culture Armenienne en Turquie
De leurs Cendres
Les Armeniens de Turquie commencent a celebrer - et commemorer -
leur passe
24 août 2013 | DIYARBEKIR |
Un delicat escarpin d'argent, une coupe de cuivre gravee a la main.
Silva Ozyerli, une Armenienne d'origine, passe un doigt affectueux
sur ces objets et d'autres tresors familiaux disposes sur la table du
repas a Istanbul. Ils sont destines a etre exposes a la fin 2013 dans
un nouveau musee de la culture armenienne dans la ville de naissance
de Mme Ozyerli, Diyarbekir.
Le musee armenien, le premier de son genre en Anatolie, fera partie
de l'ensemble architectural de l'eglise Saint Guiragos (photo)
nouvellement restaure. Son but est de raconter la vie des Armeniens a
Diyarbekir, au sud-est de la Turquie essentiellement kurde avant 1915.
C'est cette annee-la que les troupes ottomanes et leurs complices
kurdes ont commence le massacre de plus de un million d'Armeniens
et d'autres Chretiens a travers le pays au cours de ce que beaucoup
d'historiens appellent le premier genocide du vingtième siècle.
La Turquie nie que les massacres de masse aient eu lieu, soutenant
que les Armeniens etaient morts de faim et de maladie au cours de
leur marche forcee dans les deserts de Syrie. (Le gouvernement ottoman
avait deporte les Armeniens, selon lui, pour leur securite, alors que
son empire s'effondrait. Le fait est qu'ils sont morts par milliers
dans leur marche, et qu'un nombre incalculable d'entre avaient ete
tues avant d'etre partis). Les livres de classe locaux perpetuent ce
mythe. L'autorisation de restaurer Saint Guiragos est interpretee comme
une etape d'une campagne plus importante pour apaiser les Armeniens
de la diaspora, qui ont fait pression sur les gouvernements a travers
le monde pour obtenir qu'ils reconnaissent le genocide.
Lorsque Saint Guiragos a re-ouvert en 2011, après etre restee
en ruines pendant plus de vingt ans, elle est devenue la première
eglise de Turquie qui ait connu une renaissance ; elle est redevenue
aujourd'hui un lieu de culte permanent.
" Le musee est une facon de montrer que des milliers d'Armeniens
ont contribue a la richesse de la ville et a sa culture ". explique
Ergun Ayik de la Fondation Saint Guiragos qui gère l'eglise. " Les
gens verront les photographies et les objets, et se demanderont où
ces gens sont-ils alles ? "
On pense que près de deux millions d'Armeniens vivaient en
Turquie avant le genocide. Ils sont aujourd'hui environ 70 000. Les
survivants se sont disperses au Moyen Orient, en Europe en Amerique
et en Australie. Beaucoup d'autres se sont convertis a l'Islam pour
survivre, mais leur nombre reste inconnu. Osman Koker, un historien
turc, estime que plus de la moitie des habitants de Diyarbekir etaient
des non-Musulmans a l'epoque, des Armeniens orthodoxes pour la plupart,
mais aussi catholiques, orthodoxes syriens et juifs. " A present ",
nous dit M. Koker, " il n'y en a pratiquement plus aucun ".
Et cependant, un nombre croissant d'Armeniens de Turquie revendiquent
leur heritage. En 2010, des centaines se sont reunis sur l'île
d'Akhtamar dans la province de Van de l'est de la Turquie, pour
assister a une messe inaugurale dans l'eglise de la Sainte Croix
nouvellement restauree (l'eglise est aujourd'hui un musee, mais
des messes y sont dites les jours de fete religieuse). Le ministre
turc de la culture a bien voulu faire connaître la liste des autres
eglises dont la restauration est prevue, nous dit Osman Kavala,
un philanthrope turc qui se consacre a la reconciliation entre
Armeniens et Turcs. Des cours de langue armenienne sont disponibles
depuis l'an passe a Sur, dans le quartier historique de Diyarbekir,
et sont de plus en plus frequentes par les " Armeniens invisibles "
de Turquie comme on les appelle, qui avaient abandonne leur culture
pour sauver leur vie. Abdullah Demirbas, le maire d 'arrondissement,
soutient que les Kurdes devraient egalement demander pardon pour leur
complicite dans le genocide.
Les Armeniens apprecient ces efforts, meme s'ils observent une
tension persistante chez les nationalistes turcs qui percoivent les
non-Musulmans comme des suspects. La decision du gouvernement de
convertir en mosquees plusieurs eglises orthodoxes grecques, combinee
a sa recente tendance a recourir, sans retenue, a la rhetorique
islamiste, provoque quelque inquietude ; les efforts pour apaiser
les Armeniens ne seraient-ils que cynisme et a courte vue ?
Mais on voulait ignorer ces inquietudes, cette après-midi la, au
cours d'une recente reunion a Saint Guiragos, lorsque des touristes
contemplaient l'autel et le dôme en oignon du beffroi restaures ; le
clocher avait ete detruit en 1916 parce qu'il dominait les minarets
voisins.
L'eglise attire des centaines de personnes chaque jour. " Beaucoup
d'entre elles sont des Armeniens islamises comme moi ", dit Gafur
Turkay de la Fondation Saint Guiragos. " La verite sur 1915 ne peut
pas etre cachee ". nous dit Pelin, le fils d'Ayik. " Mais comme jeune
Armenien je ne veux pas inspirer de la pitie. Je porte fièrement le
flambeau d'une riche civilisation qui ne fait pas que survivre. Elle
se developpe ".
http://www.economist.com/news/books-and-arts/21583981-turkish-armenians-are-beginning-celebrateand-commemoratetheir-past-ashes
?fsrc=scn/tw_ec/from_the_ashes
Traduction Gilbert Beguian
jeudi 29 août 2013, Stephane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=92537
REVUE DE PRESSE
Culture Armenienne en Turquie
De leurs Cendres
Les Armeniens de Turquie commencent a celebrer - et commemorer -
leur passe
24 août 2013 | DIYARBEKIR |
Un delicat escarpin d'argent, une coupe de cuivre gravee a la main.
Silva Ozyerli, une Armenienne d'origine, passe un doigt affectueux
sur ces objets et d'autres tresors familiaux disposes sur la table du
repas a Istanbul. Ils sont destines a etre exposes a la fin 2013 dans
un nouveau musee de la culture armenienne dans la ville de naissance
de Mme Ozyerli, Diyarbekir.
Le musee armenien, le premier de son genre en Anatolie, fera partie
de l'ensemble architectural de l'eglise Saint Guiragos (photo)
nouvellement restaure. Son but est de raconter la vie des Armeniens a
Diyarbekir, au sud-est de la Turquie essentiellement kurde avant 1915.
C'est cette annee-la que les troupes ottomanes et leurs complices
kurdes ont commence le massacre de plus de un million d'Armeniens
et d'autres Chretiens a travers le pays au cours de ce que beaucoup
d'historiens appellent le premier genocide du vingtième siècle.
La Turquie nie que les massacres de masse aient eu lieu, soutenant
que les Armeniens etaient morts de faim et de maladie au cours de
leur marche forcee dans les deserts de Syrie. (Le gouvernement ottoman
avait deporte les Armeniens, selon lui, pour leur securite, alors que
son empire s'effondrait. Le fait est qu'ils sont morts par milliers
dans leur marche, et qu'un nombre incalculable d'entre avaient ete
tues avant d'etre partis). Les livres de classe locaux perpetuent ce
mythe. L'autorisation de restaurer Saint Guiragos est interpretee comme
une etape d'une campagne plus importante pour apaiser les Armeniens
de la diaspora, qui ont fait pression sur les gouvernements a travers
le monde pour obtenir qu'ils reconnaissent le genocide.
Lorsque Saint Guiragos a re-ouvert en 2011, après etre restee
en ruines pendant plus de vingt ans, elle est devenue la première
eglise de Turquie qui ait connu une renaissance ; elle est redevenue
aujourd'hui un lieu de culte permanent.
" Le musee est une facon de montrer que des milliers d'Armeniens
ont contribue a la richesse de la ville et a sa culture ". explique
Ergun Ayik de la Fondation Saint Guiragos qui gère l'eglise. " Les
gens verront les photographies et les objets, et se demanderont où
ces gens sont-ils alles ? "
On pense que près de deux millions d'Armeniens vivaient en
Turquie avant le genocide. Ils sont aujourd'hui environ 70 000. Les
survivants se sont disperses au Moyen Orient, en Europe en Amerique
et en Australie. Beaucoup d'autres se sont convertis a l'Islam pour
survivre, mais leur nombre reste inconnu. Osman Koker, un historien
turc, estime que plus de la moitie des habitants de Diyarbekir etaient
des non-Musulmans a l'epoque, des Armeniens orthodoxes pour la plupart,
mais aussi catholiques, orthodoxes syriens et juifs. " A present ",
nous dit M. Koker, " il n'y en a pratiquement plus aucun ".
Et cependant, un nombre croissant d'Armeniens de Turquie revendiquent
leur heritage. En 2010, des centaines se sont reunis sur l'île
d'Akhtamar dans la province de Van de l'est de la Turquie, pour
assister a une messe inaugurale dans l'eglise de la Sainte Croix
nouvellement restauree (l'eglise est aujourd'hui un musee, mais
des messes y sont dites les jours de fete religieuse). Le ministre
turc de la culture a bien voulu faire connaître la liste des autres
eglises dont la restauration est prevue, nous dit Osman Kavala,
un philanthrope turc qui se consacre a la reconciliation entre
Armeniens et Turcs. Des cours de langue armenienne sont disponibles
depuis l'an passe a Sur, dans le quartier historique de Diyarbekir,
et sont de plus en plus frequentes par les " Armeniens invisibles "
de Turquie comme on les appelle, qui avaient abandonne leur culture
pour sauver leur vie. Abdullah Demirbas, le maire d 'arrondissement,
soutient que les Kurdes devraient egalement demander pardon pour leur
complicite dans le genocide.
Les Armeniens apprecient ces efforts, meme s'ils observent une
tension persistante chez les nationalistes turcs qui percoivent les
non-Musulmans comme des suspects. La decision du gouvernement de
convertir en mosquees plusieurs eglises orthodoxes grecques, combinee
a sa recente tendance a recourir, sans retenue, a la rhetorique
islamiste, provoque quelque inquietude ; les efforts pour apaiser
les Armeniens ne seraient-ils que cynisme et a courte vue ?
Mais on voulait ignorer ces inquietudes, cette après-midi la, au
cours d'une recente reunion a Saint Guiragos, lorsque des touristes
contemplaient l'autel et le dôme en oignon du beffroi restaures ; le
clocher avait ete detruit en 1916 parce qu'il dominait les minarets
voisins.
L'eglise attire des centaines de personnes chaque jour. " Beaucoup
d'entre elles sont des Armeniens islamises comme moi ", dit Gafur
Turkay de la Fondation Saint Guiragos. " La verite sur 1915 ne peut
pas etre cachee ". nous dit Pelin, le fils d'Ayik. " Mais comme jeune
Armenien je ne veux pas inspirer de la pitie. Je porte fièrement le
flambeau d'une riche civilisation qui ne fait pas que survivre. Elle
se developpe ".
http://www.economist.com/news/books-and-arts/21583981-turkish-armenians-are-beginning-celebrateand-commemoratetheir-past-ashes
?fsrc=scn/tw_ec/from_the_ashes
Traduction Gilbert Beguian
jeudi 29 août 2013, Stephane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=92537